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Citation emblématique de Nicolas Spykman

« Geography is the most fundamental factor in foreign policy because it is the most permanent. »
From The Geography of the Peace

Traduction : « La géographie est le facteur le plus fondamental en politique étrangère car il est le plus permanent »

 

CV de Nicolas Spykman :

D’origine hollandaise, Nicholas J. Spykman est né en 1893 aux Etats-Unis.

Il enseigna les sciences politiques à l’université de Yale, il fut notamment l’un des fondateurs de l’école réaliste en matière de politique étrangère américaine. Spykman est également connu pour être le père de la doctrine du « Containment ». Disciple critique de Mahan, Spykman est son continuateur en même temps que le continuateur partiel et dissident de Mackinder. Il considéra, tout comme Mackinder, que la Terre est composée du « Heartland » et du « Rimland ». Plus tard dans le devoir, nous reviendrons et expliquerons le sens de ces deux termes.

Il mourut en 1943 à l’âge de 50 ans suite à un cancer. Ainsi, il ne pourra pas assister à la conférence de Yalta qui mettra en application sa doctrine en encerclant le communisme.

Bibliographie de Nicolas Spykman  :

America’s strategy in world politics, the United States and the balance of power – 1942

The geography of the peace – 1944

Les axes de recherche de Nicolas Spykman :

Spykman énonce clairement que la géographie est un élément primordial lorsqu’il est question de s’intéresser à la politique étrangère puisque seul le facteur géographique demeure permanent. Il servira donc de base pour toute réflexion, questionnement sur la politique étrangère. Autrement dit, la géopolitique serait impossible, inexistante sans l’étude préalable de la géographie et de son fonctionnement. Ainsi, en quoi la géographie peut être un élément fondamental en politique étrangère ?

La thèse de Nicolas Spykman :

Dans La géographie et la politique étrangère, Spykman a examiné la superficie, l’emplacement dans le monde et la localisation régionale des nations en termes de politiques étrangères. Il pensait que la géographie était le facteur le plus important dans la politique étrangère d’un État car  « la zone géographique de l’État est la base territoriale à partir de laquelle elle exerce ses activités en temps de guerre et la position stratégique qu’elle occupe en temps de paix temporaire lors des armistices ». Par rapport à d’autres facteurs qui influent sur les politiques étrangères des États telles que la densité de population, la structure économique, la forme de gouvernement ou la politique de l’État , la géographie est un élément stable. «Parce que les caractéristiques géographiques des États sont relativement invariables et immuables, les exigences géographiques de ces États resteront les mêmes pendant des siècles. »

De plus, Spykman a examiné l’Histoire du monde entier et celle-ci montre que la plupart des États forts et puissants ont été les grands États en termes de superficie. Cependant, il a reconnu que les petits États au moyen du contrôle de la mer (Venise, la Hollande, la Grande-Bretagne) ont ainsi formé des empires et ont détenu le pouvoir. Spykman a ainsi expliqué que la superficie ne devait pas être considérée comme une force mais davantage comme une puissance. Une grande superficie peut être une force mais aussi une faiblesse en fonction du développement social, moral et idéologique pour le développement des forces dynamiques au sein d’un État.

Néanmoins selon Spykman, l’élément le plus essentiel d’un État grand et puissant est de centraliser le contrôle des effectifs. Ce contrôle dépend de l’existence d’un système efficace de communication du centre vers la périphérie. Ainsi il a remarqué comment les routes et les canaux ont permis aux Incas, Perses, Romains, Français, Chinois, Russes le développement de leurs empires. Plus récemment, il a expliqué que les chemins de fer et les aéroports ont rendu possible l’intégration encore plus efficace des zones très éloignées.

Le chapitre le plus important dans La géographie de la paix fut certainement l’analyse et la critique de Spykman sur la vision du monde du géopoliticien Mackinder : Spykman a crédité Mackinder d’être le premier à étudier en détail « les relations entre la terre et la puissance maritime sur une échelle mondiale. » Mackinder, dès 1904, avait identifié le noyau de l’Eurasie comme la «région pivot» ou « Heartland ». Il considérait cette région comme un foyer potentiel d’un empire mondial. Il appelait les régions côtières en Europe, en Asie et au Moyen-Orient qui bordaient le Heartland : « the inner or marginal crescent» (le croissant intérieur ou marginal). Les autres zones terrestres du globe étaient des îles comme la Grande-Bretagne, le Japon, l’Australie, l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud. Mackinder les a placées dans le «croissant extérieur» de sa carte géopolitique.

Spykman a accepté la notion géographique de Mackinder du « Heartland », mais il considère cependant que Mackinder avait surévalué le potentiel énergétique de la région. La région-clé de la politique mondiale ne fut pas le « Heartland », mais plutôt la région côtière en bordure de la « Heartland » que Mackinder nomme le « croissant intérieur ou marginal », et que Spykman, dans La géographie de la paix, a rebaptisé en  « Rimland ».

Spykman décrit le Rimland comme suit:

La région frontière de la surface Eurasienne doit être vue comme une région intermédiaire, placée entre le Heartland et les mers. Il fonctionne comme une zone énorme d’amortisseur de conflit entre le la puissance terrestre et la puissance navale. En regardant dans les deux directions, il doit fonctionner de deux manières et doit donc se défendre sur la terre et également sur la mer. Le Rimland inclut les pays d’Europe occidentale, le Moyen-Orient, Asie du Sud-ouest, la Chine et l’Extrême-Orient. Ces pays, combinés avec les îles de la Grande-Bretagne et au Japon, possèdent davantage de ressources industrielles et de main-d’œuvre que le Heartland, et exercent à la fois une puissance terrestre et maritime. Spykman a noté que les trois aspirants les plus récents à l’hégémonie mondiale (la France de Napoléon, l’Allemagne de Guillaume, et l’Allemagne nazie) sont tous issus du Rimland. Dans chaque cas, cela avait été une coalition de puissances du Rimland, des îles maritimes et du Heartland.

Spykman a averti que la grande menace à la sécurité des États-Unis fut la possibilité que les régions du Rimland de la masse continentale eurasienne soient dominées par une seule puissance. C’est pourquoi, Spykman écrit: «Qui contrôle le Rimland règne sur l’Eurasie; qui règne sur l’Eurasie contrôlera alors les destinés du monde. »

Bien que Spykman se caractérise souvent comme un éminent critique des théories du géopoliticien Mackinder, leur vision du monde révèle une perspective géopolitique commune pour les États-Unis. Bien que les deux théoriciens divergent sur le potentiel de puissance de certaines régions géopolitiques sur le continent eurasiatique, ils ont tous les deux reconnu que les puissances en Eurasie menaçaient la sécurité de la Grande-Bretagne et des États-Unis. Dans « La géographie de la paix », Spykman conclut en énonçant que «Les États-Unis doivent reconnaître une fois de plus, et de façon permanente, que la constellation de puissance en Europe et en Asie est une préoccupation éternelle pour elle, à la fois en temps de guerre et en temps de paix. »

L’analyse géopolitique de Spykman continue d’être pertinente pour le monde du XXIe siècle, car il s’est concentré sur les caractéristiques permanente et durable des relations internationales. Le maintien du pluralisme géopolitique du Rimland de Spykman continue d’être un intérêt vital des États-Unis.

Critique personnelle :

Après avoir étudié la thèse de Nicholas Spykman, nous nous apercevons que son étude reste d’actualité, ses prévisions se sont actuellement confirmées. Bien que son étude date du milieu XXème siècle, il fut l’un des précurseurs avec Mackinder à annoncer la menace du monde occidental sur les États-Unis. En effet, les USA restent une des grandes puissances mondiales dans de nombreux domaines. Ils constatent cependant que plusieurs pays gagnent progressivement du terrain à l’échelle internationale. Tel est le cas des pays occidentaux tels l’Allemagne, ou encore la Chine et l’Inde. Spykman avait d’ailleurs annoncé que les pays à grande superficie pourraient apparaitre dans les grandes puissances mondiales futures. Tel est le cas actuel de la Chine et de l’Inde.

Outre l’importance de la superficie d’un pays, Spykman évoque également l’importance d’une zone géographique bien définie. Cette région d’intermédiaire entre le « Heartland » de Mackinder et les mers, fut baptisée le « Rimland » par Spkyman. Ainsi, Spykman fut très confiant quant à l’avenir prometteur de cette zone. Il était convaincu que le « Rimland » prendrait une importance stratégique et que son développement viendrait très vite concurrencer la puissance mondiale, les États-Unis. Quelques années plus tard, nous pouvons ainsi confirmer ses prévisions : l’Union Européenne peut aujourd’hui être considérée comme une superpuissance venant défier les États-Unis par exemple. Bien que ce soit une puissance en construction, elle s’est déjà imposée dans certaines branches, comme l’économie ou le commerce. Elle reste cependant fragile comme dans le domaine politique. Ainsi, Spykman mettait déjà en garde indirectement les États-Unis, des nouvelles zones menaçantes pouvant altérer la domination américaine sur le monde.

De plus, Spykman insiste sur l’importance considérable de la connaissance de la géographie pour ensuite comprendre les relations entre nations. Rien n’est plus vrai aujourd’hui. En effet, l’emplacement géographique d’un pays peut être la cause de conflits entre régions. Cette zone géographique peut causer bien des avantages comme des inconvénients. Comment peut-on comprendre certains conflits géopolitiques sans connaitre les ressources du pays ? Ainsi, les pays possédant des ressources pétrolières bénéficient d’un certain moyen de pression avec les pays adversaires. Mais ces pays pétroliers sont également sujets aux conflits. Nous comprenons ainsi que les guerres, les conflits sont majoritairement liés à la situation géographique des pays.

Pour conclure, ses théories, ses prévisions se sont toutes une par une confirmées. Son statut de précurseur lui vaut aujourd’hui une grande reconnaissance car il comprit très vite les problèmes qui régissaient le monde. Ces problèmes, ne cessent d’être d’actualité et sont vérifiés chaque jour.

Cinq mots illustrant sa pensée :

Après avoir étudié sa pensée, les cinq mots clés les plus évidents seraient : Géographie – Heartland – Rimland – Containment (endiguement) – Puissance

Schémas illustrant la pensée de Nicolas Spykman 

 

Schéma 1: Vision de Spykman

Schema 2 : Vision de Mackinder

 

 


Catégorie : Bibliographie