1. Introduction
Le Tadjikistan, ou plus précisément nommée, la République du Tadjikistan, est un pays d’Asie centrale enclavé d’une superficie totale de 143 100 km2 et d’une population totale de 8.735 millions habitants (2016). Sa capitale est Douchanbé qui compte 802 700 habitants. Il est limitrophe de l’Afghanistan au sud, de la Chine à l’est, du Kirghizistan au nord et de l’Ouzbékistan à l’ouest. Il est le seul État faisant anciennement partie de l’Asie centrale soviétique où la langue la plus parlée n’est pas une langue turque mais iranienne : le tadjik et la langue courante est le Russe (langue de communication interethnique).
Né suite à la chute de l’URSS en 1991, les frontières du pays sont issues de la création de la République socialiste soviétique du Tadjikistan en 1929 au sein de l’Union soviétique. Cependant ce pays de l’ex-URSS se trouve être le plus pauvre des pays faisant anciennement partie de l’URSS malgré de nombreuses ressources naturelles et une forte croissance.
Le Tadjikistan compte trois principales villes en plus de sa capitale : Khodjent avec 172 700 habitants, Kouliab qui compte 100 000 habitants ainsi que Kourgan-Touibé qui a une population de 101 600 habitants. Le pays possède sa propre monnaie, le somoni qui équivaut aujourd’hui à 0,097€ (octobre 2017).
Le cadre constitutionnel est celui d’une république présidentielle. Le Président est élu au suffrage universel pour un mandat de sept ans, renouvelable une fois seulement. Le Premier Ministre est nommé par le Président. Le conseil des ministres est nommé par le Président, approuvé par le Parlement. Actuellement, le président du pays est Emomali Rahmon. Les Tadjiks fêtent l’Indépendance du pays le 9 septembre.
La population se divise en trois catégories religieuses. Les Tadjiks représentent près des deux tiers de la population du Tadjikistan, le dernier tiers étant représenté par une minorité d’Ouzbeks.
L’Islam sunnite est prédominante car elle représente environ 90 % de la population Tadjik, on trouve une minorité de chiites ismaéliens (dans le Pamir, 5%), ainsi qu’environs 2,6% d’orthodoxes.
Sur les 186 pays classés par l’ONU, le Tadjikistan se trouve à la 129ème place du classement de l’Indice du Développement Humain (IDH) et ce avec une croissance démographique de 2,3%. La population du Tadjikistan est une population jeune (35% de la population ayant moins de 15 ans) avec une espérance de vie moyenne de 69 ans. Le taux d’alphabétisation du Tadjikistan est de 99,67% ce qui place le pays en 12ème position dans la liste des pays selon leur taux d’alphabétisation, indiqué par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
2. Évaluation du risque politique
- La stabilité du gouvernement : Est-ce que le président veut instaurer la dynastie Rahmon ?
Le gouvernement Tadjik est resté quelques années stable à la suite de l’indépendance. La population n’a pas montré de réelle volonté de changement suite à la guerre civile et a préféré la stabilité offerte par le gouvernement en place plutôt que de choisir un nouveau parti. Depuis quelques années, cette stabilité s’est progressivement dégradée.
Au pouvoir depuis 1994, le président Rahmon a été réélu pour un 4ème mandat le 6 novembre 2013 avec 83,36% des suffrages (participation de 90%) au terme d’une campagne marquée par l’absence de débat et de candidats alternatifs, les cinq autres concurrents ne se situant pas dans l’opposition. En septembre 2015 les autorités du pays ont décidé de classer le parti de la Renaissance islamique, premier parti d’opposition du pays, comme « organisation terroriste » en accusant ce dernier d’être à l’origine de combats meurtriers qui avaient eu lieu dans le pays quelques semaines plus tôt.
Suite à un référendum constitutionnel, le président pourra briguer un nombre illimité de mandats présidentiels. Cette possibilité d’être « président à vie » ne s’applique qu’à Emomali Rahmon, en raison de son statut particulier de « dirigeant de la nation ». Un statut que lui a attribué le Parlement en 2015 et qui lui confère, à lui et à sa famille, l’immunité pénale. Le référendum constitutionnel a eu lieu le 22 mai 2016, où plus de 94 % des électeurs ont dit oui à une quarantaine d’amendements. Parmi ces derniers : l’abaissement de l’âge d’éligibilité au poste de président de 35 à 30 ans, l’interdiction de créer des partis politiques sur la base de l’appartenance ethnique ou religieuse, l’interdiction des financements étrangers pour les partis. Aujourd’hui, en plus d’avoir éliminé ses opposants politiques, il a placé à de hauts postes plusieurs de ses enfants, dont Rustam Emomali à la mairie de Douchanbé. Suite au referendum qui a fait baisser l’âge d’éligibilité au poste de président à 30, Rustam Emomali pourra bientôt prendre la place de son père.
Emomali Rahmon est accusé de ne pas respecter les libertés religieuses et le pluralisme politique. Selon Amnesty International, la liberté d’expression dans le pays reste en 2015 « extrêmement limitée », les pouvoirs publics contrôlant « de plus en plus l’accès à l’information ».
Le 21 mai 2016, Reporters sans Frontières (RSF) a déclaré que le gouvernement avait « bloqué » les principaux sites d’information indépendants pendant la période précédant le référendum. L’association « dénonce […] une tentative d’intimidation des médias indépendants et une incitation à l’auto-censure ». Certains journalistes font même « l’objet de menaces et de tentatives de chantage de la part des services de renseignement », selon des témoignages reçus par RSF. Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF, évoque un « déni de démocratie ».
Pour montrer la puissance d’Emomali Rahmon, depuis avril 2017 les médias d’Etat doivent nommer le Président « Fondateur de la paix et de l’unité nationale, le leader de la nation ». Auparavant, les journalistes pouvaient réduire le titre du président tadjik à « Leader de la nation » ou bien « Chef d’Etat ». Selon un site indépendant, cité par Eurasianet, un homme a été arrêté le même mois après avoir jeté une photo du président par terre avant de se plaindre de sa pauvreté, alors que le chef de l’Etat, lui, “a tout, et mène une bonne vie”. Pour cet accès de colère, il risquerait plusieurs années de prison.
- Les conditions socio-économiques
Le Tadjikistan n’a jamais été une puissance économique sous l’URSS et la guerre civile dont il a été victime l’a même placé parmi les pays les plus pauvres du monde. La balance commerciale est largement déficitaire avec 4,34 milliards de dollars d’importations pour 978 millions de dollars d’exportations en 2014. En effet la vente du coton et de l’aluminium n’offre que de faibles revenus et laisse le pays vulnérable aux fluctuations économiques.
Le Tadjikistan reste le pays le plus pauvre de la CEI : alors que 43 % de la population vit avec moins de 2 $/jour, plus d’un million de Tadjiks travaillent en Russie (leurs transferts, dont le montant équivalait à 46% du PIB en 2013, ont été divisé par trois depuis) et au Kazakhstan. En moyenne, le coût de vie au Tadjikistan, en 2017, est 62% moins important qu’en France. Alors que le Tadjikistan dispose d’un fort potentiel hydroélectrique (jusqu’à 300 milliards de KWh/an, mis en valeur à moins de 6%, soit 17 Md KWh), ses projets de barrages se heurtent, au-delà de la question des investissements qui se chiffrent en milliards de dollars, aux intérêts des pays comme l’Ouzbékistan. En 2017 le SMIC est fixé à 250 somoni/mois (31$). Sa dette externe au 1 janvier 2017 constitue 2 milliards et 274,1 millions $; par rapport à l’année dernière cela a augmenté de 79,7 millions $.
- Les conflits internes et les pressions inter-ethniques
Après avoir obtenue son indépendance en 1991, le Tadjikistan a sombré dans une guerre civile. Durant cinq années deux camps se sont opposés, les communistes et les pro-islamistes. Les communistes ayant réussi à repousser les islamistes se sont alors livrés à une épuration ethnique envers les Gharmis et les Pamiris. Fin 1996, un accord de paix a été discuté, proposant entre autre un partage des pouvoirs. Malgré cela, la stabilité du pouvoir n’a été réelle qu’à la fin de la décennie.
Fin 2010, un conflit a de nouveau éclaté, dû à une embuscade tendue par des islamistes envers un convoi de l’armée Tadjiks. Suite à cette attaque plusieurs opérations militaires ont été mises en places pour riposter, toujours suivies de répliques de la part des insurgés.
En plus d’être de nouveau victime d’un conflit interne depuis quelques années, les minorités religieuses du Tadjikistan (juifs, protestants), semblent avoir été victimes de mesures discriminatoires et de destruction de leurs lieux de culte. Elles sont de plus discriminées au niveau juridique. En effet, d’après certaines lois, une minorité religieuse non musulmane ne peut avoir une existence légale que si elle compte au moins 400 membres dans une région rurale, 800 en ville et 1 200 à Douchanbe. Cela rend donc l’existence de certaines communautés très difficile, voire impossible du fait que environ 96% de la population est de religion musulmane.
Un autre problème qui touche la population du pays est l’attrait de certains jeunes pour l’islam radical, qui préoccupe beaucoup le gouvernement. Celui-ci a pris des mesures, à la fois préventives et répressives, pour lutter contre l’extrémisme et contrôler la pratique de l’islam : rapatriement des étudiants tadjiks du Pakistan, du Golfe et du Maghreb, contrôles des imams (qui sont maintenant rémunérés par l’Etat) et des prêches, fermeture de mosquées non accréditées (mais construction à Douchanbé de la plus grande mosquée d’Asie centrale). Les autorités ont toutefois peu de moyens pour contrer l’influence des fondamentalistes sur les nombreux Tadjiks émigrés en Russie. Elles estiment à près de 900 le nombre des ressortissants tadjiks partis combattre en Syrie et en Irak et plusieurs dizaines de volontaires présumés ont été arrêtés au Tadjikistan. Un colonel des forces spéciales a rejoint fin mai 2015 les rangs de Daech en Syrie, où il a été grièvement blessé.
Au Tadjikistan, le gouvernement dicte fréquemment à ses ressortissants quelle attitude adopter. Dernièrement, une commission visant à promouvoir les vêtements jugés appropriés à vu le jour et sa première décision a été de mettre une place une mesure assez incroyable : envoyer des SMS à la population indiquant la manière dont les gens doivent se vêtir, en particulier les femmes musulmanes. En plus de cela, en octobre 2017, les autorités de ce pays ont interdit aux habitants d’exprimer des « émotions extravagantes » lors des funérailles. Ainsi, pleurer trop bruyamment ou engager des pleureuses est désormais défendu.
- Les conflits externes et pays voisins entrainant un risque potentiel
L’Afghanistan
Très hostile aux Talibans, Douchanbé, qui avait soutenu l’Alliance du Nord dominée par les Tadjiks de la vallée du Panshir, est confronté à l’instabilité en Afghanistan et à la croissance du trafic de drogue (1344 km de frontières communes). Le Tadjikistan est le principal pays de transit de la « voie du nord » (d’après l’ONUDC, en moyenne 200 kg d’héroïne par jour). Le Tadjikistan mise sur la coopération économique pour favoriser la stabilité en Afghanistan.
L’Ouzbékistan
Mêmes si elles se détendent depuis l’été 2014, les relations avec ce voisin restent fraîches. L’Ouzbékistan reste opposé au projet de construction du grand barrage de Roghun. Outre le blocage régulier du fret ferroviaire à destination du Tadjikistan par Tachkent, les Tadjiks sont soumis à une obligation de visa pour se rendre en Ouzbékistan ou pour passer entre le nord et le sud du pays en contournant les chaînes montagneuses du centre. L’usine de production d’aluminium Talco, à quelques kilomètres de la frontière, est également accusée de pollution par l’Ouzbékistan. Depuis la mort du président Karimov survenue le 2 septembre 2016, l’Ouzbékistan entame une redéfinition de ses relations avec son voisinage direct. L’idée d’assouplir le régime de visas entre les deux pays est évoquée.
Le Kirghizstan
Les tensions interethniques survenues dans le sud du Kirghizstan en 2010 et les inquiétudes de ces deux pays liées à l’évolution de la situation en Afghanistan et à la porosité de leurs frontières ont relancé le dialogue entre Bichkek et Douchanbé. La démarcation des 971 km de frontière n’est effectuée que pour moitié et se poursuit, de même que les discussions sur les enclaves tadjikes dans le sud du Kirghizstan, qui sont fréquemment le théâtre d’incidents.
La Chine
La Chine est le premier investisseur au Tadjikistan, construisant routes, lignes électriques, usines (cimenteries notamment) et accordant à Douchanbé des financements, en contrepartie desquels elle négocie l’usage de terres agricoles et l’exploitation de ressources minières. L’accord du 12 janvier 2011 par lequel le Tadjikistan a cédé 1 158 km2 de territoire montagneux et inhabité à la Chine a mis fin à une revendication chinoise antérieure à la création de l’URSS et qui concernait initialement 28 500 km² dans le Pamir.
La Russie
La Russie reste la puissance tutélaire du Tadjikistan, notamment pour la sécurité avec la présence de la 201ème division de fusiliers motorisés (la plus importante base militaire russe à l’étranger avec une capacité de 7000 hommes) dont le bail a été renouvelé jusqu’en 2042. Quelque 200 conseillers russes sont par ailleurs présents à Douchanbé pour travailler sur les problématiques de la porosité de la frontière tadjiko-afghane.
La Russie reste un partenaire économique de premier plan (premier fournisseur avec 28% des importations) et attire de très nombreux émigrés du travail tadjiks. L’université russe à Douchanbé maintient une présence culturelle et intellectuelle, alors que la minorité russe ne représente plus qu’entre 0,5 et 1% de la population (contre presque 8 % avant l’indépendance).
- Le niveau de corruption
Le niveau de corruption du pays sur dix ans, d’après l’Indice de Perception de la Corruption (IPC), est passé de 2,1 en 2007 à 2,5 en 2016. Le Tadjikistan se place ainsi au 151ème rang mondial (sur 176) pour la lutte contre la corruption. Le respect des droits de l’homme par le pouvoir reste sujet à caution. De plus, la liberté de la presse et le droit à un procès équitable sont mal assurés par le gouvernement. De nombreux cas de tortures ont été dénoncés et les forces de l’ordres font preuves de violence et sont peu contrôlables. Depuis l’indépendance du pays, les droits sociaux et économiques sont devenus de plus en plus limités, du fait de la paupérisation de la société. Cela a conduit au travail forcé (des enfants comme des adultes), ainsi qu’à la discrimination et la violence à l’encontre des femmes.
- Les conditions de sécurité dans le pays liées à la criminalité et au terrorisme
Depuis son indépendance, le gouvernement du Tadjikistan lutte de façon active contre le terrorisme afin d’assurer la sécurité du pays. Le pays souhaite aussi installer un contrôle par appareils de radioscopies en raison de la nette augmentation des échanges avec l’Afghanistan. L’organisation Etat islamique recrute de plus en plus de combattants originaires du Tadjikistan. Le recrutement est organisé par des groupes tchétchènes, à Moscou, auprès de travailleurs immigrés paupérisés : l’International Crisis Group estime que, ces trois dernières années, entre 2 000 et 4 000 personnes se seraient rendues en Syrie depuis le Tadjikistan.
Ces dernières années le Tadjikistan enregistre une intensification de la violence liée au trafic de stupéfiants. En février 2014, des fonctionnaires de police tadjiks chargés de la lutte anti-drogue ont été attaqués dans la province de Khatlon, près de la frontière afghane, par un groupe armé d’environ trente personnes. Les attaquants ont tué deux policiers et en ont blessés au moins trois autres avant de prendre la fuite en traversant la frontière vers l’Afghanistan. Il est vraisemblable que l’attaque était destinée à réagir à un incident survenu quelques semaines auparavant durant lequel des gardes-frontières tadjiks avaient tué six trafiquants afghans et saisi une quantité significative de haschisch et d’opium.
Le trafic de cannabis et d’héroïne est en grande partie contrôlé par des organisations coutumières des conflits, et depuis déjà quelques dizaines d’années, dans toute la région, un certain nombre de « barons de la drogue » sont engagés dans une véritable lutte pour la suprématie. En outre, comme c’est souvent le cas dans les régions sujettes à de longues périodes de violence, le marché noir est devenu une source importante de financement pour divers groupes militaires. Moudjahiddines et Talibans afghans, forces frontalières russes, opposition tadjike et membres du gouvernement tadjik lui-même ont tous à un moment ou un autre été accusés d’entretenir des liens avec le trafic de drogues.
En août 2014, il a été annoncé que le « principal canal de distribution du cannabis » vers la Russie avait été fermé suite à une opération internationale compliquée de plusieurs mois. Cent kilos de cannabis ont par la même occasion été saisis et trois individus arrêtés. En janvier 2013, un Afghan de 50 ans avait lui aussi été arrêté près de la frontière tadjike-afghane en possession de plus de 65 kg de cannabis et accusé de trafic international.
3. Évaluation des risques économiques et financiers
Selon les estimations officielles, la croissance du Tadjikistan a connu une progression de 6,0% en 2015 à 6,9% en 2016 grâce à de meilleurs investissements. Les banques en difficulté et le faible niveau des paiements devraient ramener la croissance à 4,8% en 2017 en dépit d’une meilleure performance de la Fédération de Russie et chez les autres partenaires régionaux, suivie d’une légère reprise à 5,5% en 2018 (Banque Mondiale). Le taux d’inflation devrait atteindre 8% en 2017. Le gouvernement fait face à des défis en matière de financement de la dette publique, qui représente 35% du PIB, avec un déficit budgétaire estimé à 2,2% du PIB en 2016.
En 2016, le FMI a exprimé son inquiétude au sujet de l’économie tadjike, soulignant la fragilité du secteur bancaire, le risque représenté par la crise économique russe et le ralentissement de la croissance chinoise, la chute des prix des exportations clé, ainsi que les délais dans la mise en place de réformes structurelles. L’instabilité en Afghanistan voisin menace la sécurité du Tadjikistan. Néanmoins, le gouvernement du Tadjikistan a fixé des objectifs ambitieux pour 2020: doubler le PIB, réduire le niveau de pauvreté à 20%, et développer la classe moyenne.
Le Tadjikistan est un pays dont l’économie dépend de l’exportation du coton (20%) et de l’aluminium (61%). Entre 2004 et 2008, le Tadjikistan a subi une forte baisse des exportations à cause de la crise, passant d’un solde commercial de -11.6% en 2004 à – 55% du PIB en 2008. Ses principaux partenaires sont la Turquie, la Suisse, le Kazakhstan et l’Afghanistan en tant que clients, et la Russie, la Chine et le Kazakhstan en tant que fournisseurs. La France est le 34ème client du Tadjikistan, et son 17èmefournisseur.
Son économie dépend aussi fortement des transferts des tadjiks travaillant sur les chantiers en Russie et au Kazakhstan. Ils seraient un million et leurs transferts représenteraient la moitié du PIB. Les transferts de migrants, qui proviennent de la Russie à plus de 90%, représentent plus du quart du PIB – 27% en 2016 contre près de la moitié du PIB en 2014 – et ont atteint 1,9 milliards $ – contre 2,2 milliards $ en 2015 –. Cette situation rend le Tadjikistan fortement vulnérable à la récession de l’économie russe (2,8% en 2015 et -0,2% en 2016).
L’industrie représente approximativement 20% du revenu tadjik. Le secteur industriel est principalement constitué de l’usine de la compagnie tadjike d’aluminium (Talco), de la production d’électricité et de petites fabriques agroalimentaires. Le secteur des services a atteint 60% du PIB en 2013. Environs 20 % de la population vivrait sous le seuil de pauvreté absolue d’1,25 $ par jour. Enfin, près de 40 % du PNB proviendrait, en 2009, d’envois de fonds d’émigrés tadjiks.
Les facteurs limitant la croissance du pays sont la faiblesse de l’infrastructure économique, la diminution importante de la production industrielle et agricole, une mise en œuvre inadéquate des réformes structurelles, le trafic de drogues, un chômage généralisé et une dette extérieure importante. Plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, mais le taux aurait diminué d’environ 2% en 2013 selon les autorités gouvernementales. De plus, le Kazakhstan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan se disputent le partage des ressources d’eau limitées et sont en conflit à propos de la dégradation de l’environnement causée par la baisse du niveau de la Mer d’Aral.
4. Évaluation des risques géographiques et environnementaux
- Les risques sismiques et géologiques
Le Tadjikistan est une région entourée de terres, c’est une région montagneuse (93% du territoire) dominée par la chaîne Trans-Alay dans le nord et la chaîne du Pamir dans le sud-est. Il est situé dans une région à haut risque en ce qui concerne les tremblements de terre. L’intensité des secousses observées peut varier de 3 à 8 sur l’échelle de Richter. L’eau infiltrée au-dessous du réservoir sous grande pression sur la Vakhsh à Rogun, diminue les frottement des failles et en facilite les glissements producteur de séisme.
La frontière sud du Tadjikistan est particulièrement dangereuse. Dans un grand nombre de districts de haute montagne, il y a des risques d’avalanches ainsi que d’inondations et de glissements de terrain liés aux crues, en particulier lors des pluies intenses du printemps, les routes deviennent alors très dangereuses.
- Les risques sanitaires et épidémiques
Les équipements sanitaires du Tadjikistan sont insuffisants, on observe une augmentation du niveau de salinité du sol, de la pollution industrielle, de l’excès de pesticides et de l’assèchement du bassin de la Mer d’Aral. En effet, la culture du coton, très présente au Tadjikistan, est à la source de la plupart des problèmes écologiques actuels du pays. Outre la désertification induite par le gaspillage massif de l’eau dans cette culture, l’emploi de pesticides tels le DDT et d’engrais chimiques a exposé la population agricole à de fortes toxicités, dont les conséquences sanitaires sont toujours présentes.
5. Évaluation du Hard power
- Pouvoir militaire réel
Les forces armées tadjikes consistent en une armée de terre et une armée de l’air ainsi qu’une garde nationale présidentielle et de garde-frontières. Le commandant en chef des forces armées est le président Emomali Rahmon.
Contrairement aux autres anciennes Républiques soviétiques d’Asie centrale, le Tadjikistan n’a pas formé ses forces armées sur les ex-unités soviétiques basées sur son territoire mais utilise en grande partie de l’équipement soviétique. La 201e division motorisée de fusiliers de l’armée russe est néanmoins présente sur le territoire tadjik. Elles ont notamment participé à la guerre civile du Tadjikistan de 1992 à 1997.
Budget : 3,9% du PNB
Aptes au service militaire : 3 200 000 (2016)
- Poids du pays dans les institutions internationales
Le Tadjikistan est membre de l’ONU depuis le 2 mars 1992 et membre du Comité International Olympique (CIO) depuis 1993.
Le Tadjikistan participe à de nombreuses organisations internationales, et reçoit un volume important d’aide. Il est resté proche de la Russie au sein de la Communauté des États indépendants (CEI), mais développe les relations avec d’autres puissances régionales, telles la Chine, avec qui un conflit de délimitation des frontières fut résolu par un accord en 2002, et au travers d’enceintes régionales : Organisation du Traité de Sécurité Collective, Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et Eurasec (Communauté économique eurasiatique). Il soutient l’adhésion de l’Iran à l’OCS. Le Tadjikistan est aussi membre de l’OSCE, qui soutient divers programmes humanitaires et de réformes démocratiques dans le pays. Douchanbé a privilégié son adhésion à l’OMC le 2 mars 2013 avant d’envisager la possibilité d’adhérer à l’Union douanière Biélorussie-Russie-Kazakhstan, pays avec lesquels il ne partage aucune frontière.
- Technologie et innovation
Dépense en recherche et développement : 0,11% du PIB
Global Innovation Index (GII) : Tadjikistan classé au 94ème rang
L’Indice mondial de l’innovation (GII) est un indicateur du rôle essentiel que joue l’innovation en tant que moteur de la croissance économique et de la prospérité.
Le gouvernement dirige les investissements étrangers vers le développement des industries nouvelles, tout en modernisant les existantes. Tous les investissements privés sont filtrés et nécessitent l’approbation du gouvernement. Les lois sur les investissements sont mis en place de manière inégale. Le Tadjikistan se place 128ième dans le classement Doing Business 2017 publié par la Banque mondiale. Depuis 2014, le classement du pays s’est considérablement amélioré. La Banque Mondiale souligne en particulier les progrès réalisés en matière de création d’entreprise, d’obtention de prêts, de système fiscal et de commerce transfrontalier.
Cependant, une production industrielle médiocre, un environnement des affaires fragile et incertain ainsi qu’une infrastructure insuffisante sont parmi les facteurs qui limitent l’attrait du pays. Avec une moyenne annuelle d’environ 15% du PIB depuis 2008, le total des investissements est faible par rapport aux standards régionaux et internationaux. Le Tadjikistan a bénéficié d’un afflux d’IDE de 434 millions $ en 2016, une nette amélioration par rapport aux 168 millions $ d’IDE enregistrés en 2013. Le stock actuel d’IDE est estimé à 2,4 milliards $ (CNUCED). L’aluminium, le coton et l’énergie sont les secteurs qui attirent le plus les investissements étrangers. Le tourisme révèle aussi son potentiel. Le Tadjikistan offre un environnement favorable aux investissements régionaux et transfrontaliers.
Les principaux pays investisseurs sont, par ordre, la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Royaume-Uni et les États-Unis. La Russie a notamment investi dans la construction d’une centrale hydroélectrique de petite capacité, ainsi que dans le secteur bancaire. En 2016, le Tadjikistan a officiellement contracté la société italienne Salini Impregilo pour la construction d’un barrage hydroélectrique sur une période de 13 ans pour une valeur de 3,9 milliards USD.
En décembre 2016, la chambre basse du Parlement Tadjik a adopté la « Stratégie nationale de développement pour la République du Tadjikistan jusqu’à 2030 ». Les auteurs de cette stratégie voient le Tadjikistan se développer, d’ici à 2030, en un pays au développement durable, compétitif, offrant à ses habitants un niveau et une qualité de vie dignes tout en leur permettant de développer leur potentiel humain.
6. Évaluation du Soft power
- Reconnaissance médiatique et culturelle
Le Tadjikistan est quasiment absent des médias internationaux. Son champ de reconnaissance médiatique ne dépasse pas les pays voisins.
Biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial
Culturel : Sarazm (2010) est un site protohistorique exceptionnel (fin Ve – deuxième moitié du IIIe millénaire), situé dans la vallée du Zeravshan. A la fin de l’URSS, une coopération s’est établit entre des chercheurs français et tadjiks dans le domaine archéologique afin de participer aux fouilles et aux recherches sur le site de Sarazm.
Naturel : Parc national tadjik (montagnes du Pamir) (2013). Ses caractéristiques : Un paysage naturel remarquable, comprenant le pic Ismail Samani, le glacier Fedtchenko et le lac Sarez, un biome unique caractérisé par un climat aride, sur une altitude élevée qui en fait le troisième plus haut site du Patrimoine mondial après l’Everest et le Nanda Devi, une réserve hydrologique majeure et un relief unique.
- Vecteurs d’influences (cinéma, médias, diasporas…)
Média : Oinikhol Bobonazarova, une militante tadjik reconnue des droits humains, a remporté le Prix International Women of Courage en 2014.
Cinéma : Bakhtiyor Khudonazarov est un réalisateur, scénariste et producteur tadjik. Son film Loona Papa est internationalement reconnu.
Jamshed Usmonov, né en 1965 à Asht, est un réalisateur tadjik de langue persane. Il a étudié à l’école des Beaux-Arts de Douchanbé et à l’école de cinéma à Moscou.
Musique : Jurabek Nabiev (né en 1941) : chanteur et joueur de luth rawap (instrument à cordes pincées, dont la table d’harmonie est une peau, un peu comme le banjo). Interprète prestigieux du shashmaqôm tadjik.
Sport : Rasul Bokiev (né en 1982), judoka (moins de 73 kg), est le premier médaillé olympique tadjik (bronze, Pékin, 2008).
- ONG
De nombreuses ONG sont présentes au Tadjikistan:
- ACTED : Agence d’Aide à la Coopération Technique Et au Développement
- Beriozka Humanitaire : Association finançant des convois d’aide humanitaire par de multiples activités
- Croix Rouge
- Pharmaciens sans frontières
- Pompiers De L’urgence Internationale : association humanitaire française qui œuvre pour porter secours et assistance aux pays victimes de catastrophes naturelles
- Scolasia : association française qui lutte depuis avril 2000 en faveur de l’éducation des enfants les plus défavorisés d’Asie Central
- Le GERES : Groupe Énergies Renouvelables, Environnement et Solidarités – est une association à but non lucratif, créée en 1976 au lendemain du premier choc pétrolier.
- Handicap International : L’ONG française est désormais présente au Tadjikistan, avec un bureau à Douchanbé. Aide au handicap et action contre les mines sont ses principaux axes d’activités.
7. Conclusion
Le Tadjikistan est un pays d’Asie centrale ex-membre de l’URSS. Ce pays aux influencent culturelles et religieuses très variées possède certaine force. Malgré une indépendance relativement récente, le Tadjikistan est membre de nombreuses organisations internationales et est constitué d’une population jeune, au taux d’alphabétisation élevé. De plus, de nombreux accords et investissements de pays étrangers permettent le développement de la recherche et de l’industrie, notamment hydroélectrique. Depuis 1986, grâce à la production d’aluminium et la culture du coton qui permettent l’exportation vers les nombreux pays limitrophes du Tadjikistan comme la Chine et la Russie dont elle maintient un lien fort, le pays à réussi à booster son PIB malgré l’inflation. Cependant sa population reste très pauvre car, malgré sa production industrielle importante, le Tadjikistan a peu de ressources naturelles et manque d’un accès suffisant à l’eau pour le développement de son industrie hydroélectrique. En outre, par manque d’infrastructures économiques et d’investissements, le Tadjikistan se voit obligé d’importer de l’électricité. Par ailleurs, le pays est enclavé et se situe dans une zone à fort risques sismiques et géologiques ce qui freine le développement de l’industrie. Le gouvernement, en place depuis de nombreuses années, est corrompu, tout comme les forces de l’ordre qui n’hésitent pas à abuser de leur pouvoir et faire preuve de violence envers les habitants. On observe aussi quelques tensions interethniques importantes et le manque de volonté d’intervenir de la part du gouvernement. Néanmoins, depuis une dizaine d’année, celui-ci mène une lutte contre le terrorisme, qui se révèle être très présent dans le pays. Ce même terrorisme qui permet le trafic de drogue et qui limite ainsi la croissance économique du pays. De plus, le Tadjikistan se trouve être en conflit avec ses pays voisins allant même jusqu’à des menaces terroristes. Enfin, le pays manque cruellement de reconnaissance médiatique et d’influence, du fait de ses faibles échanges avec le monde.
Pour conclure, les risques politiques et économiques sont importants mais le Tadjikistan possède certaines forces et opportunités pouvant lui permettre de se développer à long terme.
Analyse SWOT
Références
https://www.tradesolutions.bnpparibas.com/fr/implanter/tadjikistan/investissements
http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Tadjikistan
https://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_au_Tadjikistan
http://www.ou-et-quand.net/budget/tadjikistan/
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