Citation emblématique :
«La guerre se déroule donc déjà, non pas entre l’Islam et ses voisins, mais d’abord au sein de l’Islam lui-même.» (ALDER Alexandre, Rendez-vous avec l’Islam, Grasset & Fasquelle, Paris, 1 septembre 2005, 262p.)
Biographie
Alexandre Adler et un historien et journaliste français spécialiste des relations internationales. D’origine juive allemande, il est né à Paris le 23 septembre 1950.
C’est un homme multicarte, c’est un historien mais également un universitaire ainsi qu’un journaliste. Ces 3 facettes expliquent une carrière riche et diversifiée :
Cursus universitaire et enseignement
En 1969 il rentre à l’Ecole normale supérieure et passe l’agrégation d’histoire.
Il enseigne à l’Université Paris VIII puis auprès de l’enseignement militaire supérieur, il dirige de 1992 à 1998 la chaine des relations internationales du collège interarmées de défense et est auditeur à l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale.
Il est également directeur scientifique de la chaire de géopolitique de l’Université Paris-Dauphine (créée en 2009).
Journalisme :
Il commence sa carrière journalistique en 1982 dans Libération. En 1992, il rejoint la direction de Courrier International dont il sera le rédacteur en chef puis le directeur éditorial, tout en entretenant diverses collaborations avec Le Point, l’Express et Le Monde. En 2002, il quitte Courrier International et entre au Figaro, ou il est actuellement membre du comité éditorial.
Parallèlement, Alexandre Adler est aussi présent sur les ondes. De 1993 à 1995, il est chroniqueur sur Europe 1, puis sur RTL jusqu’en 1996. Depuis 2002, il est anime une chronique dans l’émission « Les Matins » de France Culture.
Alexandre Adler à également une carrière télévisuelle, de 1994 à 2003 il a présenté « Les Mercredi de l’Histoire » sur Arte, en 1998 il a réalisé les chroniques « Histoire de comprendre » pour France 5 et a collaboré avec Direct 8 et TV5 Monde.
Vie politique
Alexandre Adler a un parcourt politique assez atypique. En 1965, il adhère à la SFIO qu’il quitte en 1968 pour le Parti Communiste Français. Il démissionne du PCF en 1980. En 1984, il rejoint le Parti Socialiste pour travailler au sein de sa commission de politique extérieure. Il s’en éloigne en 1988, et soutient Jacques Chirac lors des élections de 1995 et de 2002.
Il soutient le « oui » à la constitution européenne lors du referendum de 2005 et Nicolas Sarkozy lors des élections de 2007 en France.
Concernant la politique extérieur, il soutient George W. Bush face à Al Gore, la politique des USA au Moyen-Orient, notamment les guerres en Afghanistan (2001) et en Irak (2003). En revanche, il soutiendra John Kerry aux élections suivantes, puis Barack Obama.
Bibliographie
• Sociétés secrètes, Grasset, 12 juin 2007.
• Le rapport de la CIA : Comment sera le monde en 2020 ?, Robert Laffont, 29 septembre 2005, 288p.
• Rendez-vous avec l’Islam, Grasset & Fasquelle, Paris, 1 septembre 2005, 262p.
• L’Odyssée américaine, Grasset & Fasquelle, Paris, 16 juin 2004, 326 p.
• Au fil des jours cruels : 1992-2002, Grasset, Paris, 18 mars 2003, 320p.
• J’ai vu finir le monde ancien, Grasset, Paris, 29 mai 2002, 280 p. (Prix du livre politique 2003).
• Le Communisme, Presses Universitaires de France, 2ème édition, Paris, 23 février 2011, 128p.
• Pour l’amour du peuple : un officier de la Stasi parle, Edition Albin Michel, 4 novembre 1999, 162p.
• Adler Alexandre, Cohen Francis, Décaillot Maurice, Frioux Claude, Robel Léon, L’URSS et nous, Éditions sociales, 31 août 1978, 223p.
• Le nouveau rapport de la CIA : Comment sera le monde en 2025 ?, Robert Laffont, 5 février 2009, 298p.
• Le monde est un enfant qui joue, Grasset & Fasquelle, 29 avril 2009, 291p.
• Berlin 9 novembre 1989 : la chute, XO Editions, 24 septembre 2009, 191 p.
• Adler Alexandre, Fumaroli Marc, Kriegel Blandine et Thuan Trinh Xuan, Le Big bang et après ?, Edition Albin Michel, 31 mars 2010, 159p.
• Adler Alecandre et Rony Jean, L’internationale et le genre humain, Edition Mazarine, Paris, 1980, 320p.
Définition de la problématique
Dans son ouvrage l’Odyssée Américaine, Alexandre Adler essaye de savoir si les États-Unis peuvent être considérés comme un empire.
On parle d’empire américain pour designer l’influence des États-Unis à l’échelle mondiale, dans les domaines politiques militaire, économique et culturel. Il est clair que, depuis la fin de la guerre froide, les USA se sont imposés comme seule superpuissance.
On pourrait résumer l’impérialisme américain, s’il existe, à 2 composantes :
- la doctrine de « Destinée Manifeste » légitimisme leurs actes d’ingérence, comme les opérations militaires (le « hard power ») dans d’autres pays, parfois même sans l’avis de l’ONU (exemple : la dernière guerre du golfe). Cette doctrine, apparemment toujours d’actualité, permet aux USA d’intervenir aux quatre coins du globe, mais est-ce réellement un acte que l’on peut qualifier de conquête territoriale ?
- la globalisation de la culture américaine (le « soft power ») renforcerait la notion d’empire américain à travers le monde et confirmerait l’emprise des USA sur le monde.
Pourtant, contrairement aux empires coloniaux qu’étaient l’Espagne, la France ou encore le Royaume-Uni, les USA ne semblent pas avoir la même faim de territoire, ce qui compromettrait leur qualification d’Empire.
La thèse d’Alexandre Adler
Alexandre Adler ne croit pas en la théorie présentant les États-Unis comme un empire.
La notion d’empire est assez vague. Pourtant, certains historiens ont tenté de définir les traits caractérisant un véritable empire, selon l’américain Ross Finley, un empire est un « exercice durable par un État d’une autorité, d’un pouvoir, ou d’un contrôle sur un ou plusieurs États, communautés ou peuples. ». C’est à dire que pour être qualifié d’empire, il faudrait que les États Unis contrôlent d’une manière officielle un autre pays se différenciant de son territoire initial. D’autre part, le français Jean Tulard pense qu’un État ne peut être qualifié d’empire s’il ne manifeste pas une réelle volonté expansionniste.
Selon Adler, les États-Unis ne rassemblent pas ces caractéristiques. Le Royaume-Uni, avec la colonisation et la domination indienne avait créé un empire en ayant un véritable pouvoir fort sur une partie précise, importante et stratégique du globe, au moyen de quelques dizaines de milliers de ressortissants qualifiés dirigeant complètement l’inde. L’Inde était alors totalement contrôlée et dépendante de son envahisseur. Adler explique que les USA ne sont pas un empire et ne souhaitent pas en être un. En effet, le géopoliticien explique que les États-Unis ne savent pas s’implanter durablement dans d’autre pays à la manière de la puissance britannique de l’époque.
En effet les États-Unis n’ont jamais manifesté l’envie ou le besoin d’annexer des régions occupées. Même si les USA ont toujours eut le gout de l’interventionnisme politique et militaire, ils ne sont jamais restés dans une région dans le but de l’annexer. Par exemple, l’amendement Platt de 1901 désignait Cuba comme un protectorat américain, ou la politique étrangère était défini par les USA, a été ensuite abrogé en 1933 par Roosevelt rendant la liberté « totale » à ce pays. Autre exemple, à l’occasion de différentes guerres les USA ont construit des bases militaires, notamment en France, en Allemagne, au Japon, aux Philippines et les ont délaissés lorsqu’ils y furent conviés.
Adler explique également que les USA dans leurs multiples interventions au Moyen-Orient n’ont jamais eut de stratégie « à long terme » avec pour but l’implantation de structure américaine possédant un quelconque pouvoir. Il semble que les américains n’aient pas de réel plan concret pour cette zone du monde, et que les idées directrices comme la liberté et la démocratie soient plutôt « un argument de vente interne » pour légitimer les interventions. Dans son livre, Alexandre Adler cite Clemenceau pour imager l’interventionnisme américain : « On peut tout faire avec une baïonnette, sauf s’asseoir dessus ». Pour lui, l’intervention sur Bagdad avait avant tout pour vocation d’envoyer un message fort au monde arabe. Adler pense que les État Unis on « choisi » d’intervenir en Irak en partie à cause des évènements du 11 septembre 2001, lorsque Saddam Hussein « s’est réjoui » de l’acte de terrorisme organisé par Oussama Ben Laden. Les USA auraient choisi l’Irak qui était alors dans une situation politique et social fragile et contestable pour montrer leur puissance au monde, et plus particulièrement au Moyen-Orient. Selon Adler, le fait que les États-Unis n’ai pas ou peu montré leur volonté de reconstruction matériel, sociale et politique de l’Irak après la seconde guerre du Golfe traduit leur volonté de ne pas rester dans le pays dans lequel ils sont intervenus. D’autre part, lors de la restauration du pouvoir, les USA ne semblent pas avoir cherché à mettre des personnages proches des USA, c’est à dire « client » des États-Unis. Selon Adler, les USA ne cherchent pas non plus à tirer un quelconque profit économique de la situation. Le géopoliticien voit juste cet évènement comme clôturant un cycle d’interventionnisme commencé avec la seconde guerre mondiale, et non pas la volonté de bâtir un empire ou encore celle de fonder des postes avancés au Moyen-Orient et à travers le monde.
Critique
Certain qualifient les États-Unis d’empire. Par définition on dit qu’un état est empire, dans son sens propre, lorsque celui ci fait preuve d’une certaine volonté expansionniste au niveau territorial. Les USA ont déjà fait des actions que l’on pourrait qualifier d’expansionniste, par exemple l’annexion définitive de la moitié du territoire mexicain en 1846 ou encore celle d’Hawaï en 1898. Au fil du temps, les interventions américaines se sont multipliées, en partie sous l’impulsion des différentes doctrines comme la « destinée manifeste » énoncé par publiciste O’Sullivan en 1845, mais les USA n’ont depuis jamais occupé définitivement une région du globe.
Il est vraie que depuis la fin de la seconde guerre mondiale, et encore plus depuis celle de la guerre froide, la puissance américaine s’est affirmée et s’est imposée au monde, sans toutefois entreprendre des conquêtes territoriales. On ne peut donc pas qualifier les USA d’empire dans le sens strict du terme, mais il est tout a fait possible de dire que les États-Unis entretienne une position dominante et impérialiste sur le reste du monde, qui ne passe certainement plus par les conquêtes territoriales mais bien par une importante influence politique et culturelle, ainsi qu’une pression militaire non négligeable. On peut parler de néo-impérialisme, en effet ont dit d’un pays qu’il entretient une politique impérialiste lorsqu’il « cherche à conserver ou à étendre sa domination sur d’autres peuples ou d’autres territoires ». Cette nouvelle forme d’impérialisme ne passe donc plus par l’annexion territoriale, mais par une nouvelle forme de domination.
Cette domination passe avant tout par la puissance militaire, en effet les États-Unis ont installés au fil du temps plus d’un millier de bases disséminées à travers le monde et bénéficie d’une présence militaire dans plus de 150 pays. Cette présence accrue et la pression militaire permanente qu’entretien les USA sur le monde renforce leur hégémonie. Leurs déploiements militaires à travers le monde à la faculté de s’adapter à la situation géopolitique et à l’évolution des différentes stratégies tactiques. Par cette présence militaire, les États-Unis essaient de contenir les courants socialistes et communistes, par exemple avec l’implantation de sept bases militaires aux frontières du Venezuela, membre fondateur de l’alliance économique des pays à dominante socialiste d’Amérique du Sud (l’Alba). D’autre part, les diverses interventions militaires américaines, véritables démonstrations de leur puissance militaire et technologique, permettent d’envoyer un message fort au reste du monde tout en gardant un certain contrôle sur les zones voulues. De plus, ces interventions militaires ayant parfois pour but de renverser des chefs de gouvernements permettent la diffusion du modèle libéral voulu par les américains. D’autre part, le déploiement important de forces pour la traque du terroriste Oussama Ben Laden est un avertissement clair : on ne peut s’attaquer impunément aux USA. « L’impérialisme américain » passe avant tout par sa puissance militaire déployée à travers le monde qui exerce une grande influence sur la géopolitique mondiale.
Une des composantes de cet impérialisme est également la domination culturelle des États-Unis. En effet, les USA sont les plus gros producteurs et exportateurs de films, séries télévisées, et musique. Cette culture made in USA très populaire à travers le monde est forcement emprunte de l’idéologie américaine. Hollywood, épicentre de la production cinématographique mondiale, participe implicitement au soutient de l’idéologie américaine et à sa diffusion dans le monde. De plus, l’anglais se repend et s’impose comme un acquis nécessaire non seulement dans le monde des affaires mais de plus en plus dans la vie quotidienne. Ceci traduit bien la part de plus en plus importante que prend la culture américaine dans le monde.
Il est vrai que les Etats-Unis ne sont et ne cherchent pas réellement à devenir un empire. Ils ne manifestent aucune volonté colonialiste explicite. Pourtant, leur politique militaire traduit bien des intentions impérialistes en plaçant les États-Unis comme un acteur incontournable de la géopolitique mondiale. D’autre part, l’influence culturelle en pleine expansion des USA participe à l’élaboration de l’emprise américaine sur le reste du monde.
Mots Clés
Islam – Judaïsme – États-Unis – Socialisme – Coulisse du pouvoir
Schéma
Schéma 1 : Illustration du « hard-power » américain avec la localisation des bases et troupes militaires dans le monde (2010)
Schéma 2 : Illustration du « soft-power » américain avec les parts de marché des géants de la boisson : les américains Pepsi-Cola et Coca-Cola.
Sources
Schéma 1 : http://www.nytimes.com/ref/business/20070527_COKE_GRAPHIC.html
Schéma 2 : http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_United_States_military_bases?uselang=fr
Le néo-impérialisme made in USA : http://journal.alternatives.ca/fra/journal-alternatives/publications/dossiers/l-empire-contre-attaque/article/le-neo-imperialisme-made-in-usa
Alexandre Adler : « L’Odyssée Américaine » : http://www.ina.fr/ardisson/tout-le-monde-en-parle/video/I09145344/alexandre-adler-l-odyssee-americaine.fr.html
Alexandre Adler : http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Adler, http://www.evene.fr/celebre/biographie/alexandre-adler-15947.php et http://www.monde-diplomatique.fr/2005/06/REYMOND/12563
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