Citation emblématique de Kenneth Waltz :
« Asking who won a given war, someone has said, is like asking who won the San Francisco earthquake » (Demander qui a gagné telle guerre est comme demander qui a gagné le tremblement de terre de San Francisco).
Phrase introductive de Man, the State and War, Kenneth N. Waltz, 1959, Columbia University Press, 263 pages.
CV de Kenneth Waltz :
Kenneth Waltz est né aux Etats-Unis à Ann Harbor dans le Michigan en 1924. Il est professeur émérite de Sciences politiques à l’université de Berkeley et chercheur à l’université de Columbia. C’est un auteur important dans le domaine de la théorie des relations internationales. Il est un des fondateurs du néoréalisme.
C’est un ancien combattant de la seconde guerre mondiale. Il est diplômé de l’université Columbia, il a été président de l’American Political Science Association (1987-1988) et membre de l’American Academy of Arts and Sciences.
Il a eu quelques récompenses telles que le Heinz Eulau Award pour le meilleur article dans The American Political Science Review et le James Madison Award.
Bibliographie de Kenneth Waltz :
- Man, the State, and War. Columbia University Press. New York: 1959.
- Foreign Policy and Democratic Politics: The American and British Experience. Little, Brown and Company. New York: 1967.
- Theory of International Politics. McGraw Hill. New York: 1979.
- The Use of Force: Military Power and International Politics. University Press of America. New York: 1983. (coauthored with Robert Art).
- “Reflections on Theory of International Politics. A Response to My Critics” in: Keohane, Robert: Neorealism and Its Critics. 1986.
- The Spread of Nuclear Weapons: A Debate Renewed. W. W. Norton & Company. New York: 1995.
- Realism and International Politics. Routledge. 2008.
La thèse de Kenneth Waltz :
Waltz est un des créateurs du néoréalisme ou « réalisme structurel ». C’est une théorie des relations internationales selon laquelle l’action des Etats peut être expliquée par les pressions exercées sur eux par une concurrence internationale qui restreint et contraint leur choix. Le néoréalisme explique le comportement des Etats comme par exemple pourquoi les relations entre Athènes et Sparte du Vème siècle avant J.-C. ressemblent à celles entre les Etats-Unis et l’URSS pendant la guerre froide.
C’est à partir de son livre Theory of International Politics que naît le néoréalisme.
En 1981, pendant la montée de craintes d’une confrontation nucléaire entre les deux superpuissances, Kenneth Waltz publie une monographie : The Spread of Nuclear Weapons[1] dans laquelle il soutient que la généralisation progressive des armes nucléaires dans le monde a des effets potentiellement positifs[2].
Cependant il ne souhaite pas une course à l’armement. Waltz cite « more may be better », c’est-à-dire que plus le nombre de pays détenant l’arme nucléaire augmente, le mieux c’est.
La bombe nucléaire n’est mentionnée seulement pour faire peur au potentiel ennemi et pour montrer la puissance des deux blocs. L’arme nucléaire n’est utilisée qu’en dernier recours. Les armes nucléaires ont des impacts importants sur la course à l’armement. Elles sont plus puissantes que les armes conventionnelles, c’est pourquoi on les utilise toujours en dernier recours.
Il prend l’exemple de la guerre froide, dont les tensions se sont apaisées grâce à la détention de la bombe nucléaire par les deux blocs, on parle de « Détente ».
Le monde lors de la guerre froide était bipolaire. Cette bipolarité permis aux blocs soviétiques et américains de maintenir leur modèle dans leur bloc respectif comme ils étaient de loin les plus grandes puissances du monde. L’arme nucléaire a été un élément clé à la stabilité de l’ordre mondial profondément touchée lors de la guerre froide.
Dans ce livre, il parle des bienfaits de la propagation de l’armement nucléaire puisque cela instaure prudence et modération créant ainsi une sorte d’« alliance » entre les pays détenteurs de l’arme nucléaire. Contrairement à l’opinion publique, Waltz pense qu’il n’est pas dangereux que les Etats voyous détiennent la bombe nucléaire sachant que s’ils utilisent cette arme ils s’autodétruiraient ce qui n’est pas dans leur but. Ce dernier étant de propager leur conception du monde. Il critique également le fait que certains politiciens ou militaires américains prétendent que les Etats-Unis sont menacés et qui augmente ainsi le budget militaire. Il cite l’exemple de la Chine dont la puissance est surestimée, elle n’est pas vraiment une menace pour les Etats-Unis. Kenneth Waltz démontre avec la chute du régime soviétique, que lorsqu’une menace importante s’éteint, on voit naître de nouvelles menaces qui ont pour but de la remplacer. Cela semble correspondre à un cycle. La menace est un élément que l’on retrouve de nombreuses fois et qui semble avoir un rôle important dans la géopolitique, c’est ce que remarque Kenneth Waltz.
Waltz explique la dynamique de la politique internationale en accordant la priorité au système des relations entre Etats. Selon lui, ce système est organisé comme une anarchie qui voit chaque Etat comme menacé d’extinction par d’autres plus puissants et donc obligé de donner la priorité à sa sécurité extérieure pour survivre.
Ces Etats sont donc obligés d’analyser les capacités militaires des autres pays afin d’être sûrs de pouvoir faire contrepoids face à n’importe quelle puissance qui viendrait à être en mesure de les menacer. C’est le cas actuellement de l’Iran qui souhaite détenir l’arme nucléaire afin de montrer sa puissance et son développement au reste du monde et surtout à l’Occident. L’ONU n’est pas en accord avec cette démarche, l’Iran étant un pays politiquement instable et en conflit avec les Etats-Unis. De plus, en 2008 des analystes ont mis en avant que le développement de l’arsenal nucléaire de la Corée du Nord conduit à une nette séparation entre Washington et Séoul. Waltz décrit la Guerre froide comme un jeu d’équilibre des puissances. Les réalistes pouvaient donc prétendre que la grande stratégie des Etats-Unis dans l’après Seconde guerre mondiale avait des motivations défensives, c’est-à-dire empêcher le bloc soviétique d’étendre son modèle à travers l’Europe et de finalement réunir une concentration de puissance qui aurait fortement menacée les Etats-Unis.
Cependant, la propagation de l’arme nucléaire pourrait affaiblir la structure d’alliances entre les Etats. En effet, plus cette arme se répand dans le monde plus les Etats-Unis sont forcés de protéger de plus en plus d’Etats. Leur image à défendre le monde pourrait être compromise. Les Etats-Unis reprennent alors leur rôle de gendarme du monde, faisant penser à l’apparition d’un nouvel ordre mondial unipolaire. Il faut aussi prendre en compte que si certains pays possèdent l’arme nucléaire alors certaines alliances se détruiraient, car ces pays n’auraient plus besoin d’être protéger par ceux qui détiennent cette arme. Les pays possesseurs de cette arme n’auraient plus d’influence et cela entraînerait des tensions. De plus, si la Chine parvenait à se doter de l’arme nucléaire cela pourrait créer un effet d’entraînement, avec plus de pressions politiques sur les Etats qui l’entoure. Tout cela créerait un grand bouleversement de l’ordre mondial.
Cinq mots illustrant sa pensée :
Néoréalisme, équilibre, sécurité, Etats, nucléaire.
Schéma illustrant la pensée de Kenneth Waltz :
Schéma : Relations entre les Etas et le nucléaire
Annexe : Documents complémentaires illustrant la pensée de Kenneth Waltz :
Tableau 1 : Différence entre les pays possédant l’arme nucléaire et ceux qui ne l’ont pas
Tableau 2 : Type des renoncements pour certains pays
Figure 1 : L’arme nucléaire dans le monde
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