MADAGASCAR
A propos de l’Île Rouge, le Général de Gaulle disait ” Madagascar restera-t-il toujours un pays d’avenir ?”. Madagascar est une île située au sud est de l’Afrique, dans l’océan indien. Le contexte politique y est assez instable ; depuis l’Indépendance, il y a en moyenne une révolution tous les 20 ans. Actuellement, le gouvernement au pouvoir est un gouvernement de transition (la Haute Autorité de Transition), à la tête duquel on trouve Andre Rajoelina. Au 11 novembre 2013, on attend toujours les résultats des élections démocratiques qui ont eu lieu le 25 octobre dernier. Il y a deux langues officielles ; le Français, du fait du passé colonial, et le Malgache. La population est divisée en deux ethnies principales ; les Merinas et les Côtiers. Les premiers ont des origines plutôt asiatiques et les seconds viennent d’Afrique. La monnaie en cours est l’Ariary (appelé aussi Franc Malgache). 10 000 ariary correspondent à un peu moins de 2€. Madagascar est le 151ème pays selon l’Indice de Développement Humain. La population est passée de 19.1 millions d’habitants en 2008 à 20.7 millions en 2011. On estime qu’en 2005, 2 millions de Malgaches se concentraient déjà dans la capitale.
1. Evaluation du Risque Politique
Le risque politique de Madagascar est assez élevé. Depuis la chute du régime marxiste au début des années 1990, les présidents se succèdent au rythme des révolutions. Les années 2000 ont été marquées par l’accession au pouvoir de Marc Ravalomana. Élu sur des promesses de modernisation et sur son image d’hommes d’affaire à succès, son mandat a surtout été marqué par sa main mise sur les richesses du pays à travers ses sociétés personnelles. Il est renversé en 2009 par A. Rajoelina, alors maire de la capitale, qui profite de l’exaspération générale du pays et met en place une haute autorité de transition. Ces bouleversements politiques entraînent à chaque fois une réponse forte de la communauté internationale qui suspend son aide financière, contribuant ainsi à amplifier davantage la crise économique du pays. Sous la pression de la France, de l’Union Européenne, et des États Unis, les dirigeants actuels ont accepté l’organisation d’élections qui se tiennent au mois de décembre 2013. Quelque soit le résultat de ce processus de vote, il est peu probable que l’instabilité politique et la désorganisation socio-économique du pays diminueront. On peut cependant anticiper la reprise de l’aide internationale et la réintégration politique du pays au sein de la SADEC. Les relations avec la France, qui colonisa Madagascar jusqu’en 1960 sont tendues, depuis que le président de la HAT, A. Rajoelina, et sa famille n’ont plus l’autorisation de séjourner sur le territoire français.
Les conditions socio-économiques continuent de se dégrader ; L’IDH a atteint son plus haut point en 2009 (0,5). Depuis la crise politique, son niveau se détériore (0,48 en 2011). En 2011, Madagascar est à la 251ème place.
Par ailleurs, le peuple Malgache est jeune et continue de croître ; 61% de la population a moins de 25 ans et le taux de fécondité est de 4,3 enfants par femme. Il y a donc une force de travail qui continue de se développer, et qui migrent dans les villes, avec un taux d’urbanisation estimé à 4,73% de 2010 à 2015. Au sein de la population, il existe des pressions interethniques entre les Merinas, plutôt d’origine asiatique et qui occupent les Hauts Plateaux, et les Côtiers, venant d’une immigration plus tardive, d’Afrique, et regroupés sur les côtes. Les élections qui se sont déroulés le 20 décembre 2013 opposent deux personnalités qui appartiennent à l’ethnie Merinas. De plus la capitale se trouvant sur les Hauts Plateaux, c’est de nouveau l’ethnie Merinas qui bénéficie du dynamisme de la capitale.
La corruption est assez importante à Madagascar et la fiabilité des politiques est faible ; Lorsque M. Ravalomanana est arrivé au pouvoir, il a nationalisé un grand nombre d’entreprises. Maintenant que M. Rajoelina a mis en place le gouvernement de la transition, les trafics du bois de rose et des pierres semi-précieuses ont explosé. Un autre exemple ; les biens confectionnés en Chine arrivent à rentrer sur le territoire en étant exonéré des droits de douane, grâce à la corruption des douaniers. En 2013, Transparency International place le pays à la 127ème place sur 177.
La population locale souffre des bandes organisées. Particulièrement dans le sud où s’est développé la bande des dahalo. Ces derniers attaquent les villages et volent le bétail. Ils sont assez organisés pour faire face aux forces de l’ordre. En 2012, lors d’un affrontement 5 militaires et 1 gendarme ont péri.
En ce qui concerne les expatriés, les lieux touristiques ne sont pas sécurisés et une recrudescence des vols et des agressions a été enregistré.
2. Evaluation des risques économiques et financiers
D’après les données de la Banque Mondiale, le PIB par habitant en 2013 était de $447. En 2009 et 2010, il était évalué à $419 et a connu une augmentation à $457 en 2011.
Le taux de croissance du PIB est de 6.68% depuis 2009, et de -2.19% depuis 2011. Sur la période 2005-2011, la croissance économique était de 2.8% en moyenne.
La chute de la croissance en 2011 s’explique principalement par la crise politique.
La croissance de Madagascar s’appuie sur l’industrie, notamment extractive, et sur le secteur tertiaire (banques, tourisme, télécommunications). Grâce aux performances du secteur minier, le solde courant déficitaire se réduit à 5.7% du PIB sur 2012-2013. Un des grands projets miniers se situe à Ambatovy et consiste en l’extraction de Cobalt et Nickel.
Le taux d’inflation encore assez fort en 2012 (5.8% du PIB) ne cesse de s’améliorer ; il était estimé à 9.5% en 2011.
En 2011, le déficit budgétaire était de 1.3% du PIB. Ce taux est relativement bon et a été obtenu grâce à la politique d’austérité mise en place depuis 2011.
L’évolution de la dette extérieure est encourageante puisqu’en 2005, elle représentait 73% du PIB, en 2010 24% du PIB et en 2011, 19.7% du PIB.
La balance commerciale de Madagascar est déficitaire, mais ne cesse de s’améliorer depuis 2008, où elle avait atteint -30% du PIB, jusqu’en 2011 où elle se rapproche des -11% du PIB. Les principaux pays fournisseurs de Madagascar sont en 2011, les Emirats Arabes Unis (16.8% des importations) et la Chine (13.8%). La France est l’un des principaux pays clients ; elle représente 36% des exportations.
Selon les statistiques de la Banque Centrale et grâce à ses interventions, le taux de change effectif réel était en hausse de 4.9% en 2011, résultant d’une inflation intérieure nettement plus élevée que celle des partenaires commerciaux. En moyenne annuelle en 2011, l’euro s’échange à 2800,8 Ariary et le dollar à 1992,9 Ariary.
La pression fiscale est la plus faible du continent Africain ; son taux s’évalue à environ 10% du PIB. Les IDE (Investissements Directs à l’Etranger) subissent pourtant une baisse de 2.9% en 2011, la situation politique décourage fortement les investisseurs potentiels.
Au final, bien que les conditions économiques actuelles soient difficiles, la situation pourrait s’améliorer si l’environnement politique de Madagascar se stabilisait.
3. Evaluation des risques géographiques et environnementaux
1. Les risques sismiques et géologiques
L’île rouge peut être divisée en 5 régions ; la côte est, le massif Tsaratanana, les hauts plateaux du centre, où se situe la capitale Antananarivo, la côte ouest et le sud est. Elle offre une diversité de paysage incluant la forêt primaire, la savane sèche et les rizières.
Les risques naturels présents à Madagascar sont principalement les cyclones, les inondations et les sécheresses. De ces risques la zone centrale des plateaux est beaucoup mieux préservée que les zones côtières.
Madagascar se situe parmi les 10 pays possédant le plus haut indice de risques de mortalité associés aux cyclones. La grande île se situe au même niveau que l’Inde, la République Dominicaine et Haïti. Les populations côtières sont particulièrement menacées.
Dans le grand sud, Madagascar est menacé par les sécheresses (température élevée, faibles précipitations, vents violents). Ce climat empêche la diversification des cultures. Cette région est par ailleurs l’une des plus pauvres de l’île rouge.
Les inondations, associées d’une part aux cyclones, se produisent aussi pendant la saison des pluies (de novembre à mars). Elles sont dues à la vulnérabilité naturelle de l’île mais aussi à la mauvaise gestion de l’aménagement du territoire, particulièrement en milieu urbain. Par ailleurs à cause de la déforestation, la végétation a du mal à absorber les excès de pluie, et l’érosion embourbe les rivières et ralentit l’évacuation des eaux.
2. Les risques sanitaires et épidémiques
Les principaux risques sanitaires concernent le paludisme, les maladies diarrhéiques et la tuberculose.
Le paludisme est présent dans tous le pays, particulièrement sur la côte orientale. Dans les milieux urbains, les locaux sont beaucoup plus exposés que les expatriés. De nombreux cas de fièvre évoquant le virus de la dengue, maladie transmise par les moustiques, sont aussi recensés sur la côte nord-est de Madagascar.
Les maladies diarrhéiques sont encore très répandues ; la dernière épidémie de choléra a eu lieu en 1999. Récemment, des foyers de peste se sont déclarés dans des zones rurales. La typhoïde et l’hépatite A est encore présente de manière endémique, la tuberculose n’est pas rare.
4. Evaluation du Hard power
Madagascar voit sa défense assurée par les Forces Armées. Cet ensemble est composé d’une Force aérienne (500 hommes), d’une marine (500 hommes), de l’Armée de Terre (12 500 hommes) et de la gendarmerie (8 100 hommes).
Les missions de l’armée s’articulent autour de deux axes : la défense du territoire et le soutien aux populations lors de crises climatiques.
Par rapport à la surface du territoire, les Forces Armées sont trop peu nombreuse, par exemple pour faire face aux trafics et aux exportations illégales.
D’autre part, étant donné le contexte de crise politique, l’influence malgache est plutôt faible. Le pays a par exemple été suspendu de l’Union Africaine.
5. Evaluation du soft power
Le soft power malgache est plutôt de l’ordre de l’inexistant. La seule trace en est le dessin animé Madagascar, production hollywoodienne sortie en 2005.
Par ailleurs, le Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques a été créé il y a dix ans seulement. L’histoire malgache dans la diplomatie reste à faire.
Quant aux ONG malgaches dédiées au développement, elles sont peu nombreuses et leur taille est trop petite pour qu’elles puissent espérer exercer une quelconque influence sur le reste du monde.
Madagascar en est au stade de développement et ne peut se prévaloir d’une puissance militaire ou diplomatique.
6. Matrice SWOT
FORCES
– Population : 22 Millions de Malgaches
– Ressources Minières (Nickel, Alménite), pierres précieuses, Saphir…
– Tourisme
– Agriculture à fort potentiel (climats variés) – Vanille, girofle, litchi, cacao, ilang-ilang…
– Développement de la Zone Franche
– Positionnement par rapport à l’Île Maurice
– Appartenance à la SADEC
– ZEE importante
FAIBLESSES
– Contexte politique instable
– Niveau d’Education
– Organisation Sociale issue de l’Insularisme
– Pas d’infrastructures de transports
– Balance Commerciale déficitaire
– Corruption
OPPORTUNITES
– Faible coût de la main d’oeuvre
– Hausse de la demande en matières premières
– Hausse de la demande – Terres agricoles convoitées
RISQUES
– Augmentation des importations chinoises
– Désintérêt de la France et de la communauté internationale pour Madagascar
7. Conclusion
Madagascar est une île à forte potentialités du fait de ses ressources minières, de la jeunesse de sa population, de son immense ZEE. Les atouts de cette île ont du mal à prendre de la valeur du fait de l’instabilité politique et de l’ingérence effectuée par les institutions comme la SADEC. La corruption des douaniers et les fortes importations de produits chinois ne permettent pas réellement au pays de développer un secteur industriel, malgré la présence des ressources minières et l’agilité, la précision des Malgaches.
D’autre part, l’Etat Malgache enregistre peu de recettes du fait de la corruption, du pillage organisé par les personnes au pouvoir et de l’explosion du secteur informel. De ce fait, es infrastructures qui pourraient permettre de promouvoir l’Education et les Transports ne peuvent pas être développées et même uniquement maintenues.
Les élections qui ont eu lieu le 20 décembre 2013 ne seront probablement pas précurseur de l’amélioration de la situation; les Malgaches sont désillusionnés et trop pauvres pour que puisse s’exercer une démocratie qui serve les intérêts du peuple.
Les ressources de Madagascar attendent peut être une personnalité forte et dédiée à son pays pour faire de Madagascar un pays qui attire les investissements.
Bibliographie, Sitographie
http://www.instat.mg/index.php?option=com_content&view=article&id=33&Itemid=56
http://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Project-and-Operations/Madagascar
http://www.statistiques-mondiales.com/madagascar.htm
http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/NY.GDP.PCAP.CD
http://assist-developpement.com/assist-developpement/profil-commercial/
http://siteresources.worldbank.org/INTMADAGASCARINFRENCH/Resources/GRC.pdf
http://www.netglobers.fr/africa/madagascar-principaux-risques-sanitaires-a-madagascar.html
http://populationsdumonde.com/fiches-pays/madagascar
http://www.irinnews.org/fr/report/95920/analyse-madagascar-terre-de-bandits-impitoyables
http://www.transparency.org/country#MDG
Lorsqu’on prétend faire de la géopolitique, on commence par situer le pays géographiquement et humainement.
Un tas d’inexactitudes et d’approximations dans le sujet, dont l’un des plus choquants est : ” Les conditions socio-économiques continuent de se dégrader ; L’IDH a atteint son plus haut point en 2009 (0,5). Depuis la crise politique, son niveau se détériore (0,48 en 2011). En 2011, Madagascar est à la 251ème place.” J’ignorai qu’il y avait au bas mot 251 pays sur notre planête !! Quand à avancer qu’il y a deux ethnies seulement, sans parler du reste … enfin, il y aurait trop à dire sur le contenu ‘léger’ de cet article.