Introduction :
Le titre de calife a été donné aux premiers successeurs de Mohammed, le prophète de l’islam. Issu de l’arabe khalifa, il désigne en quelque sorte « l’empereur » dans le monde islamique. En effet, le prophète meurt en 632, ses disciples conviennent donc de remplacer le prophète par un calife qui veut dire « successeur » en arabe.
Le califat fut supprimé par Atatürk en 1924. Cependant, le 29 juin dernier, premier jour du mois de Ramadan, Abou Bakr al-Baghdadi s’est autoproclamé calife Ibrahim sur les territoires conquis par l’État islamique, qui vont d’Alep (nord de la Syrie) à Diyala (est de l’Irak).
En quoi le manque de légitimité du Califat est il une source des nombreux conflits, non seulement internes à l’Islam mais aussi internationaux?
Pour répondre à cette problématique, j’ai choisi d’étudier chronologiquement le califat de son apparition à nos jours.
- Historique
Le califat apparait à la mort de Mahomet. Il faut alors remplacer le prophète à la tête de l’État musulman.
Le titre de calife rassemble à la fois celui d’amir al muminin, «commandeur des croyants», et d’imam, « guide des musulmans dans l’obéissance à la Loi ». Les missions du calife sont :
– Le maintien de l’unité du monde islamique
– Assurer sa défense et son extension
– Veiller au respect de la loi
– Gouverner et administrer l’empire
Cependant un problème se pose, car aucun processus d’élection ou de désignation n’avait été envisagé avant la mort du prophète. C’est pourquoi de nombreuses luttes d’influence ont eu lieu pour la revendication du titre.
Les 4 premiers califes sont appelés les « biens dirigés ». Parmi eux, les deux premiers califes Abu Bakr (632-634) et Umar (634-644) ont été désignés en raison de leur lien avec Mahomet auquel ils avaient en effet donné chacun une fille. Plus tard, le troisième calife Uthman (644-656) est quant à lui désigné par un conseil de sages. Le quatrième calife est Ali (656-661), il est le cousin et le gendre du prophète.
Par la suite, les partisans des différents califes se sont opposés pour la conquête du pouvoir politique et religieux donnant lieu à l’éclatement de l’Umma. C’est en 657 que le monde musulman se scinde en 3 branches :
– Les sunnites : ce sont les partisans des Omeyyades, parents du calife Uthman
– Les chiites : qui sont les partisans du calife Ali et de sa descendance
– Les kharidjites : qui se traduit par « ce qui se sont séparé » en français, ce sont des partisans d’Ali, mais qui s’en sont détaché.
À la suite du règne du calife Ali, la première dynastie califale s’installe à Damas, c’est la dynastie des Omeyyades. (661-750) Cette dernière est renversée par la dynastie des Abbassides (750-1258) qui décide d’établir la capitale du califat à Bagdad. Durant ce califat, le pouvoir du Calife diminue passant d’un pouvoir absolu à un pouvoir plus spirituel. Dans le même temps, le califat de Cordoue (929-1031) est instauré par un partisan des Omeyyades. Un autre califat est créé en Afrique du Nord par la branche chiite, il s’agit du califat Fatimide (909-1171). L’époque des Mamelouks (1261-1517) s’inscrit dans la continuité du califat Abbasside qui règne depuis Le Caire suite à l’attaque de Bagdad par les Mongols. Le dernier califat est le califat ottoman d’Istanbul. Cette fois il est dirigé par des Turcs et non pas par des Arabes. Il est aboli par Mustafa Kemal Atatürk en 1924.
- L’État islamique, le nouveau Califat ?
Le 29 juin dernier, nous avons pu assister au retour du califat. En effet, un siècle après sa disparition ce régime politique islamique réapparait en Irak et en Syrie. Le califat réapparait sous le nom de l’État islamique, mais rapidement la diplomatie occidentale préfère l’appellation Daesh qui est la traduction du sigle “Isil” (Islamic State of Iraq and the Levant) en langue arabe. Cette volonté de ne pas utiliser le terme Etat islamique est avant tout de faire disparaître le mot islamique pour éviter tout amalgame avec les musulmans non extrémistes.
Ce califat devrait être imposé sur les régions conquises par ce groupe en Syrie et en Irak, où il a réussi à s’emparer de larges territoires. Le porte-parole de l’EIIL a estimé que le califat était « le rêve de tout musulman » et « le souhait de tout djihadiste », prévenant les musulmans, dans une menace à peine voilée, « qu’avec l’annonce du califat, il est désormais de leur devoir de prêter allégeance au calife Ibrahim ». S’adressant aux autres groupes djihadistes et islamistes, il a lancé : « Vous n’avez aucune excuse religieuse pour ne pas soutenir cet État. Sachez qu’avec l’établissement du califat, vos groupes ont perdu leur légitimité.»
Le leader de l’organisation de l’État islamique, Abou Bakr al-Baghdadi, a affirmé vendredi 13 novembre 2014 que son “califat” gagnait du terrain dans le monde arabe. Annonçant dans cette allocution que la campagne des alliés contre l’EI était un échec, Baghdadi précise avoir accepté des serments d’allégeance de la part de partisans en Libye, en Égypte, au Yémen, en Arabie saoudite et en Algérie.
Comme nous avons pu le voir dans la première partie, des califats ont existé simultanément en des lieux différents. Aujourd’hui, Abou Bakr al-Baghdadi n’est pas le seul à vouloir imposer son Califat. En effet, Aboubakar Shekau annonce que la ville de Gwoza, a été placée sous le règne du califat islamique le 24 aout dernier. « Nous sommes dans le califat islamique. Nous n’avons rien à faire avec le Nigeria », déclare-t-il. Le leader de Boko Haram (organisation terroriste) avait apporté son soutien au chef de l’État islamique (EI) Abou Bakr Al-Baghdadi.
Conclusion :
La particularité d’un califat est qu’il mêle religion et politique. On pourrait assimiler le statut de Calife à celui de Pape. Tous les deux ont une influence qui traverse les frontières, car les religions s’étalent sur tous les continents. Cependant, le problème qui se pose aujourd’hui est que, Abou Bakr al-Baghdadi ou encore Aboubakar Shekau, qui se sont autoproclamé Calife, use de cette influence soi-disant religieuse a des fins terroristes. En s’assimilant à un calife, il donne un repère à tous les musulmans censés connaître ce terme qui fait partie de leur culture religieuse. Ainsi certains musulmans, en perte de repère et au départ loin d’être extrémistes vont chercher à rejoindre ce mouvement et à partir faire le djihad (la guerre sainte). Enfin, une partie du problème provient du manque de clarté quant à la nomination d’un Calife, un flou qui permet à n’importe qui de s’autoproclamer Calife.
Ouverture : L’établissement d’un processus de nomination clair et approuvé par toute les branches de l’islam pourrait-il empêcher l’expansion des Califats actuels et la création de nouveaux Califats ?
Bibliographie :
La croix
France culture
ARTE
http://www.youtube.com/watch?v=hWGKoZuAzqg
France 24
Encyclopédie Larousse
Le monde
sud ouest
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