LA WALLONIE
Contexte :
La Belgique ou Royaume de Belgique est un pays bordé par les Pays-Bas au nord, l’Allemagne et le Luxembourg à l’Est, ainsi que par la France au sud. La Région Wallonne, qui est située au sud du pays, est proche culturellement de la France, d’ailleurs sa langue officielle est le français. Elle appartient au domaine linguistique roman, par opposition au domaine linguistique germanique du nord. En effet, au nord de la Belgique, la Région flamande est quant à elle proche culturellement et linguistiquement des Pays-Bas.
Le mot Wallonie vient du terme Wallon, un très ancien mot germanique utilisé pour désigner les populations romanes.
Politiquement, la Belgique bénéficie de deux régimes politiques : elle est une monarchie constitutionnelle à régime parlementaire et à la fois, un Etat fédéral.
Philippe Léopold Louis Marie de Belgique est le 7e roi des Belges depuis le 21 juillet 2013.
Elle est un des six pays fondateurs de l’Union Européenne dont elle accueille, dans sa capitale Bruxelles, les principales institutions (le Parlement européen, le Conseil de l’Union européenne et la Commission européenne), ainsi que celles d’autres organisations internationales comme l’OTAN.
A noter que la capitale Bruxelles est la troisième Région belge « Région de Bruxelles Capitale » qui est officiellement bilingue, c’est une enclave majoritairement francophone dans la région flamande.
Depuis environ 1886, les francophones (les wallons) revendiquent leur identité, leur culture et leur langue. Ils souhaitent protéger leur patrimoine culturel face à des néerlandophones qui affirme de plus en plus leur présence au sein du territoire belge.
Cette réalité provoque d’éternelles querelles entre ces deux peuples.
Quel avenir pour la Wallonie ?
Pour répondre à cette problématique nous allons chercher à comprendre l’histoire de ce peuple, l’origine du conflit, puis, investiguer les possibles issues pour l’avenir, et pour finir, nous allons faire un parallèle avec d’autres cas au sein de l’Union Européenne ainsi qu’hors de ses frontières.
Selon le mouvement wallon, la Wallonie a toujours été une terre romane depuis l’époque romaine, sous la forme d’une avancée latine au sein de l’Europe germanique.
En effet, Jules César, lors de sa conquête de la Gaule, investit le territoire correspondant aujourd’hui à la Wallonie.
En 1830, alors que la révolution industrielle est achevée en Wallonie, une révolte éclata au sein des provinces du sud du Royaume uni des Pays-Bas, ce qui mena à l’indépendance de la Belgique. La Wallonie fait alors partie du Royaume de Belgique.
Cette révolution industrielle est entre les mains d’une bourgeoisie francophone ce qui lui confère une certaine puissance. Elle impose alors le français tant en Wallonie qu’en Flandre, mais il en découle un nationalisme flamand naissant.
Ce nationalisme fait peur aux Wallons car les flamands sont majoritaires, ils sont très religieux et conservateurs à l’instar des wallons qui sont plus à gauche et laïque. Un mouvement wallon se crée avec pour demande le fédéralisme, en adressant une lettre au Roi sur la séparation de la Wallonie et de la Flandre.
C’est par la loi du 31 juillet 1921 qu’une véritable frontière linguistique est officialisée : les communes du nord doivent désormais utiliser exclusivement le néerlandais et celles du sud le français. Dans l’agglomération bruxelloise, l’usage de l’une ou l’autre langue est indifférent.
L’élément historique qui renforce cette division est la Première Guerre Mondiale, les officiers wallons commandent des soldats flamands qui ne comprennent pas les ordres donnés en français, les Flamands sont de toute façon considérés comme de la « chair à canon ». Cette humiliation engendre la sympathie de nombreux Flamands pour les occupants allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, ce qui divise encore plus les deux communautés linguistiques.
Dans les années 1960, l’économie wallonne, basée essentiellement sur le travail des métaux et l’extraction de la houille, s’essouffle. Alors que la Flandre a réussi son envol, notamment en se tournant vers le commerce international.
Du fait de ces différences économiques, la Wallonie a besoin de se réformer structurellement pour faire face aux nouveaux enjeux économiques. Ce qui va devenir possible grâce à l’instauration d’un régime politique fédéral en 1980.
La Région wallonne est alors créée et elle est l’institution politique gouvernant la Wallonie.
La capitale de la Wallonie est Namur.
Ce fédéralisme aboutit à la création de deux types d’entités fédérées, les Communautés et les Régions. Les Régions reçoivent l’autorité sur ce qui est territorial et économique (économie, agriculture, travaux publics, organisation des pouvoirs locaux, aménagement du territoire, etc.), et les communautés pour ce qui est culturel.
La Belgique comprend trois régions : la Région wallonne, la Région flamande et Région de Bruxelles-Capitale.
Elle comprend également trois communautés : la Communauté française, la Communauté flamande et la Communauté germanophone (situé à l’Est de la Belgique au sein de la Région wallonne).
Depuis l’instauration du fédéralisme, plusieurs crises politiques ont vu le jour, et ceci toujours à cause de différences économique, idéologique et politique entre le Nord et le Sud du pays, les flamands étant majoritairement de droite et les wallons majoritairement de gauche. Il en devient difficile de se mettre d’accord. Par exemple, En 2010, le pays connaît plus de 500 jours sans gouvernement.
La Belgique est, semble-t-il, à un pas seulement de la scission en une partie wallonne et une partie flamande.
S’il n’y avait pas eu Bruxelles, le pays se serait peut-être déjà scindé. Paradoxalement, sans Bruxelles, il n’y aurait pas de conflit, mais il n’y aurait pas non plus de raison de vivre ensemble. La capitale est la seule région bilingue du pays : c’est elle qui cause la discorde. Par ailleurs, Bruxelles est le siège de l’Union européenne, le symbole de l’Europe unie.
En cas de scission, quel serait l’avenir de la Wallonie ?
– 1er cas : l’indépendance ?
Certains fédéralistes wallons voient l’existence d’une Wallonie dans le cadre d’une Europe des régions. Ils revendiquent une implication des Régions dans le processus décisionnel européen. D’ailleurs, en 1985 à Louvain-la-Neuve est créée le Conseil des Régions d’Europe qui deviendra en 1987 l’Assemblée des régions d’Europe et à laquelle participe la Wallonie depuis le début. La construction européenne serait aujourd’hui un des moteurs du mouvement wallon.
Mais ce sont les flamands qui sont vraiment partisans de la scission, les Wallons, eux, s’accrochent à l’idéal d’un Etat belge francophone qui n’existe plus. De plus, l’économie wallonne n’est pas assez forte pour pouvoir s’en sortir seule.
On peut alors imaginer un possible rattachement à la France.
– 2ème cas : un rattachement à la France ?
Il existe un parti politique « Rassemblement Wallonie France », c’est la principale formation politique à défendre le « rattachisme », qui consiste à faire de la Wallonie une région française. C’est un parti qui fut créée en réponse au nationalisme flamand toujours plus virulent.
Il est bien entendu difficile de réunir des électeurs sur un programme aussi mince. Pour autant, plusieurs sondages semblent révéler une sympathie pour leur cause en Wallonie comme en France. Le rattachement semble inévitable à long terme au vu de la pression flamande sur le souhait de se séparer de la Wallonie.
Pour finir, le cas de la Wallonie est unique mais on peut trouver des similitudes avec d’autres pays qui ont des régions en crise identitaire :
– Différences linguistiques et économiques : la Catalogne et l’Espagne : pour les catalans, l’Espagne ne respecte pas son identité linguistique, de plus, c’est une région plus dynamique économiquement comparée au reste de l’Espagne.
– Différences historiques et économiques : l’Ecosse et le royaume uni : l’Ecosse était à l’origine indépendante, son pouvoir économique lui donne maintenant l’occasion de retrouver cette indépendance perdue.
→ On peut faire un parallèle avec la volonté des flamands à devenir indépendants (économie florissante et identité linguistique).
C’est le choix du français qui est à l’origine de la discorde, et ceci dès la fondation de l’Etat, contrairement à ce qui se passe en Suisse, où les quatre langues officielles sont reconnues.
– Au delà de l’UE : la Crimée et l’Ukraine : il existe un conflit entre l’Est et l’Ouest de l’Ukraine pour cause des différences historiques, linguistiques, religieuses, idéologiques, politiques et économiques. La Crimée (région de l’est de l’Ukraine) est proche culturellement de la Russie, tandis que l’Ouest de l’Europe occidentale.
→ On retrouve des similitudes avec la Wallonie et la France et dans la séparation Nord/Sud, excepté que la France ne souhaite pas s’emparer de la Wallonie à l’instar de la Russie avec la Crimée. De plus, la Wallonie n’a pas pour objectif absolu de rejoindre la République française.
Conclusion :
Ils existent des tensions entre les Flamands et les Wallons en raison des différences de langues et du développement économique inégal des deux régions. Ce conflit a mené à plusieurs réformes de grande envergure, dont une transition d’un État unitaire à un État fédéral, conduisant un système de gouvernement complexe.
La Wallonie souhaite garder à tout prix son identité culturelle et linguistique, et en cas de scission avec la Flandre (même si elle ne le souhaite pas), il est possible qu’elle rejoigne la République française du fait d’une culture très proche les rassemblant et également pour des raisons économiques.
Néanmoins, le fait de se quereller est le fondement historique et culturel belge, on peut alors espérer que cette situation reste telle quelle et qu’ils continuent à surmonter les difficultés comme ils ont su le faire jusqu’à présent.
Avec la globalisation, la mondialisation, des pays se rapprochent pour ne former qu’un, par exemple l’Union Européenne. Mais alors que l’état d’esprit « l’union fait la force » est promu, certaines régions de pays européens souhaitent se diviser. N’est ce pas contraire à la volonté de se réunir ? Ou bien est-ce que l’Union Européenne permet, encourage ce phénomène ? En effet, les régions ont peut être désormais l’impression de faire parti d’un tout (l’Union Européenne), elles ne se sentent donc pas seules et peuvent se détacher de leur pays d’origine afin de révéler leur identité.
Mais le problème essentiel avec la Wallonie et la Flandre est qu’en cas de scission, que serait une Union Européenne qui aurait une « capitale » divisée ?
Annexes :
« Depuis des siècles, la terre des Wallons est une terre romane et n’a cessé de l’être. Voilà le fait capital de l’histoire des Wallons qui explique leur façon de penser, de sentir, de croire. D’autre part, dans l’ensemble du monde roman, la terre des Wallons, coincée entre des territoires germaniques, occupe une position spéciale, une position d’avant-garde. En effet, une frontière de près de trois cents kilomètres sépare ces extremi Latini des Flamands au Nord, des Allemands à l’Est. »
La Wallonie, terre romane de Félix Rousseau
« Etre belge, c’est accepter de ne pas être belge à soi tout seul. C’est accepter qu’une partie de nous nous échappe. Etre belge, c’est reconnaître en nous notre part d’étranger. »
Sous le titre “Qu’est-ce qu’être belge”, quatre jeunes citoyens de ce pays, issus des trois communautés (francophone, néerlandophone et germanique), cosignent dans Le Soir et De Morgen un texte aux accents de manifeste, véritable appel à l’unité dans la diversité.
Sources :
– Wikipédia : la Belgique, la Wallonie, politique en Belgique, crise politique belge
– Courrierinternational.com : http://www.courrierinternational.com/article/2010/06/10/un-conflit-historique-et-eternel
– Vice.com : http://www.vice.com/fr/read/belge-francais-rassemblement-wallonie-france-909
– Belgique-française.fr : http://www.belgique-francaise.fr/1-1-la-question-belge-flamands-wallons-et-bruxellois/1-1-la-question-belge-flamands-wallons-et-bruxellois
– Lefigaro.fr : http://www.lefigaro.fr/international/2014/09/15/01003-20140915ARTFIG00181-au-fait-pourquoi-l-ecosse-vote-pour-ou-contre-son-independance.php
Bibliographie pour aller plus loin…
Les enjeux des conflits linguistiques, le français à l’épreuve des modèles belge, suisse et canadien de Michel De Coster, sociolinguistique
L’union Européenne et la montée du régionalisme : Exemplarité et partenariats de Christian Franck
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