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Les Pyrénées

Problématique : Les Pyrénées et la géopolitique de l’environnement à travers le problème de l’ours

Apparus il y environ 40 millions d’années, les Pyrénées sont une chaîne montagneuse situées au sud-ouest de l’Europe, qui s’étend sur 3 pays : la France, l’Espagne et l’Andorre, où elle fait office de frontière naturelle. Le massif s’étend sur près de 430km de l’Atlantique à la Méditerranée et culmine jusqu’à 3 404 mètres d’altitude (pic d’Aneto), séparant ainsi l’Europe de la Péninsule Ibérique.

Le massif dispose d’une faune et d’une flore très abondantes, protégeant par ailleurs des espèces menacées grâce notamment à plusieurs parcs nationaux : le parc naturel des Pyrénées côté français pour les Pyrénées centrales ou encore le parc des Pyrénées catalanes. A cela s’ajoute de nombreuses réserves naturelles.

Depuis plusieurs années, la France, ainsi que l’Espagne s’organise pour réintroduire des espèces telles que l’ours et le loup, dans un objectif écologique mais également économique et politique. Toutefois, cette initiative fait l’objet de nombreuses controverses, notamment venant de la part des agriculteurs du secteur.

Le problème de l’Ours : géopolitique locale de l’environnement :

L’ours des Pyrénées est présent dans la chaine montagneuse, physiquement et symboliquement. Même si sa population, est extrêmement réduite (seulement une vingtaine), il n’a jamais cessé d’occuper le massif pyrénéen, générant  une spécificité culturelle. En effet, le culte de l’ours est attesté à travers les divinités du panthéon pyrénéen associées à cet animal jusqu’aux carnavals folkloriques qui perdurent à l’époque moderne. L’ours a longtemps été considéré comme un homme déchu, sauvage, mais proche d’eux.

Localisation ours pyrénées

L’ours est protégé sur l’ensemble du territoire national depuis 1981. Face aux effectifs en chute libre, le secrétariat d’Etat à l’Environnement de l’époque, a lancé, avec l’aide de spécialistes internationaux, le premier plan de sauvegarde de l’ours brun dans les Pyrénées. L’objectif est de rétablir une population d’ours sur cette zone. Formalisé en 1988, il devient la directive interministérielle « Actions nationales et locales pour la restauration de l’ours des Pyrénées ».

En 1993, la France et l’Espagne mettent en place un programme commun pour la protection du mammifère. S’en suivra le lâché de 3 ours bruns d’origine slovène en 1996.

En 2005, la décision du gouvernement de renforcer la population d’ours bruns marque le démarrage du processus de concertation avec l’ensemble des acteurs locaux dans la perspective de réunir les conditions nécessaires pour une compatibilité entre le maintien, et le développement des activités humaines et la présence des ours. Après de nombreuses garanties données par les autorités publiques aux éleveurs et agriculteurs pour les aider à poursuivre et maintenir leur activité et dans le cadre du plan ours, le ministre de l’écologie et du développement durable annonce le renforcement de la population ursine avec un lâcher de 5 spécimens au printemps 2006, avec l’objectif de doubler la population en 3ans, mais aussi pour redonner une image dynamique aux Pyrénées Centrales

L’ours et le pastoralisme

La réintroduction de l’espèce fait l’objet d’une importante médiatisation. Nombreux sont les éleveurs pyrénéens opposé à cette initiative, attribuant à l’ours de nombreux dégâts (destruction de ruches, morts de brebis, etc.).

Face au contexte économique difficile, où il est difficile de vivre avec moins de 350 brebis (les revenus sont peu élevés) l’élevage excessif s’est développé, caractérisé par la dominante de grands troupeaux qui pâturent sur de vastes espaces avec beaucoup de déplacements et une surveillance peu contraignante. L’influence de la PAC y est aussi pour beaucoup. En effet, les subventions sont attribuées proportionnellement à la taille des troupeaux.

Sur le massif pyrénéen versant français, le cheptel ovin compte 573 000 têtes. Les pertes annuelles habituelles liées aux ours représentent aujourd’hui en moyenne 200 bêtes par an (soit à peine 1% des pertes annuelles). Il existe des pertes directes liées à l’attaque propre d’un ovin, mais aussi des pertes indirectes comme l’affolement du troupeau, le dérangement du berger et du troupeau (avec ses effets potentiellement induits en terme productif : avortements, baisse de lactation…), les bêtes égarées suite à l’attaque qui représentent de nombreux d’inconvénients.

Il faut quand même noté que l’ours n’est pas la seule cause de dégâts aux troupeaux mais sa présence est souvent vécue comme un risque préjudiciable.

 L’État apporte un soutien financier aux éleveurs dans cette situation. Une commission spécialisé, la Commission d’Indemnisation des Dégâts d’Ours (CIDO) examine des dossiers pour déterminer la responsabilité de l’ours en cas de dommages sur les animaux ou les ruches. Les dommages d’ours sont indemnisés et des mesures destinées à limiter les dégâts sur les troupeaux sont proposées : garde permanente des troupeaux par un berger, utilisation de chiens patou et de parcs électrifiés pour protéger les animaux. Ces mesures permettent de réduire les attaques causées par les ours et autres prédateurs.

Ce graphique représente l'évolution entre 2006 et 2012 des dossiers déposés auprès de la CIDO, et des attaques attribuées à l'ours. Il montre également l'évolution des ruches et animaux attaqués par le mammifère.

Ce graphique représente l’évolution entre 2006 et 2012 des dossiers déposés auprès de la CIDO, et des attaques attribuées à l’ours. Il montre également l’évolution des ruches et animaux attaqués par le mammifère.

Ce graphique représente le nombre d'attaques moyennes de l'ours comparativement à la population ursine présente et au nombre de dossiers imputés à l'espèce.

Ce graphique représente le nombre d’attaques moyennes de l’ours comparativement à la population ursine présente et au nombre de dossiers imputés à l’espèce.

Concernant la production apicole en montagne, l’ours peut s’attaquer aux ruches pour se nourrir du miel qu’elles contiennent. Ces attaques ont généralement lieu en début de saison, à la sortie de l’hibernation lorsque peu d’aliments sont disponibles. Afin d’aider les apiculteurs à protéger leurs ruches, l’Etat a également mis en place un accompagnement financier comme le financement de clôtures électriques.

Dynamisme économique

La présence de l’ours, symbole d’un environnement préservé, a favorisé la valorisation de produits pyrénéens de qualité s’appuyant sur sa présence.

L’association pays de l’ours – ADET a mené une réflexion sur la labellisation et la promotion des activités de professionnels de la montagne prenant en compte l’environnement et la présence de l’ours un facteur de développement du territoire. Ce travail permis la mise en place des chartes de qualité du pays de l’ours signées par une centaine de professionnels, donnant une image attractive du territoire pyrénéen et favorisant un tourisme respectueux de la nature et des hommes.

Antérieurement à la mise en place des chartes de qualité, l’association « les bergers du Haut Béarn » avec le soutien du WWF – France a créé en 1994 le programme Pé Descaous (le « va-nu-pieds », surnom de l’ours en béarnais). L’objectif est de produire un fromage fermier de façon traditionnelle et de le commercialiser en utilisant l’image de l’ours, matérialisée par une empreinte de patte d’ours sur la croûte, symbole de la qualité du terroir. Une trentaine de bergers-fromagers participent au programme et une vingtaine de tonnes de fromage est produite en moyenne chaque année, en majorité du fromage de brebis.

Fromage symbole du dynamisme apporté par la présence de l'ours dans les Pyrénées
Fromage symbole du dynamisme apporté par la présence de l’ours dans les Pyrénées

Autre phénomène résultant de la présence de l’ours, le développement du broutard des Pyrénées, un ovin né et élevé en montagne au lait de sa mère et à l’herbe, et ayant transhumé en montagne au moins 3 mois. En effet, la présence de l’ours a révélé l’inadaptation du mode d’élevage des ovins, devenu intensif et délaissant de plus en plus les montagnes et la présence du berger durant l’estive. Ce mode d’élevage s’est redéveloppé grâce aux aides associées au retour de l’ours.

L’association des pays de l’ours- ADET a édité une charte du broutard des pays de l’ours, regroupant les conditions d’élevage nécessaire pour obtenir l’appellation. L’objectif est de permettre la coopération entre les acteurs des Pyrénées afin de favoriser le développement durable et valoriser le territoire montagneux tout en accordant une attention particulière à la montagne.

Le berger, grâce à sa présence, et l’aide de ses chiens, protège le troupeau des prédateurs, et gère au mieux la montagne en limitant les piétinements répétés des espaces. De plus la production locale de qualité permet de développer le potentiel économique de la zone pyrénéenne. L’ours associé à l’image de la montagne, et de l’authenticité favorise le retour de ce mode d’élevage. Toutefois, la volonté d’une rentabilité plus rapide et le maintien des aides de l’Europe selon les effectifs, ne permet pas la pleine expansion de ce mode d’élevage durable.

Au niveau touristique, l’ours attire. Nombreux sont les randonneurs et vacanciers à vouloir apercevoir le mammifère. Face à la difficulté d’en approcher un de près, des parcs animaliers où l’on peut voir des ours : les Angles dans les Pyrénées orientales, Borce dans les Pyrénées-Atlantiques, ou encore la Maison de l’ours à Saint Lary-Soulan dans les Hautes-Pyrénées. Ces initiatives participent pleinement au développement de ces stations, mais ont une aire d’influence essentiellement locale.

 Malgré l’ensemble de ces mesures et le dynamisme engendré par l’ours et son image, les anti-ours continuent de manifester contre de nouveaux lâchés dans les montagnes pyrénéennes.

Dernièrement, la France a fait l’objet d’une procédure d’infraction par la commission européenne suite aux plaintes d’organisations écologistes dénonçant le non-respect de la directive « Habitat », concernant la conservation des habitats naturels ainsi que des espèces de la faune et de la flore sauvage. De son côté, la région autonome de Catalogne, en Espagne, prévoit le lâché d’un ours mâle au printemps 2015.

Mots clés:

Environnement – Economie – Développement  – Protection – Ours

Citation:

« Ces espèces animales sont également révélatrices de mutations écologiques, politiques, socio-économiques et territoriaux majeurs dans les zones montagnardes périphériques des Alpes et des Pyrénées » Farid Benhamou

http://www.buvettedesalpages.be

http://www.paysdelours.com/

http://www.pyrenees-pireneus.com/Faune/ours/Ours_des_Pyrenees.htm

http://www.midi-pyrenees.developpement-durable.gouv.fr 

http://www.midi-pyrenees.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Note310314_bilan_dommage-massif-2013_cle19f1cd.pdf

Pour aller plus loin :

http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/breves/2006/popup/TheseBenham.pdf

http://france3-regions.francetvinfo.fr/midi-pyrenees/2014/11/10/ours-des-pyrenees-reclament-desesperement-femelles-589028.html


Catégorie : Dictionnaire de Géopolitique

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