Introduction
Le Burkina Faso a longtemps porté le nom de Haute Volta. En effet, ce n’est qu’en 1984 que le pays a été renommé par Thomas Sankara[1] qui fut le dirigeant du gouvernement révolutionnaire populaire du Burkina Faso de 1983 à 1987. Burkina Faso signifie le « Pays des hommes intègres » en langues moré et dioula[2].
Le pays compte 17.322.796 habitants, il est niché au cœur de l’Afrique de l’Ouest entre six pays. Au nord entre le Mali et le Niger, au sud le Togo, le Bénin, le Ghana et la Côte d’ivoire séparent le pays de la côte. Le régime politique est de type présidentiel.
Le Burkina Faso compte quelque soixante-cinq ethnies et sous-ethnies, toutefois cette pluralité ethnique n’empêche pas pour autant la cohésion nationale. Deux principales familles dominent le paysage ethnique burkinabé à savoir : la famille Voltaïque et la famille Mandé. Toutefois, la langue officielle du Burkina Faso est le Français qui est utilisé dans les villes.
Sur le plan monétaire, le franc CFA d’Afrique occidentale est la monnaie officielle du Burkina Faso. En 2012 le Burkina Faso est logé à la 183ème place sur 187 pays pour l’année 2012. Son IDH est de 0,343, ce qui place le pays parmi les pays à « développement humain faible ».
A/ Une stabilité politique et institutionnelle construite dans le temps
Sur le plan politique et institutionnel, le Burkina Faso se singularise par une stabilité, par une cohésion sociale, mais également par un élargissement continu des espaces de libertés. Cette stabilité politique et institutionnelle que connaît le pays depuis presque plus de deux décennies s’illustre par : L’existence effective d’un Etat de droit républicain, l’existence d’une démocratie multipartite, la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire).
- Une nette séparation des pouvoirs
- Un pouvoir exécutif fort
Le président du Faso est l’élément central du pouvoir exécutif, qu’il partage avec le Premier ministre[3]. Le président est élu pour un mandat de cinq renouvelable une fois. Toutefois, il est à notre sens important de rappeler que la constitution burkinabè a été révisée à trois reprises notamment en 1997 pour mettre fin à la limitation du mandat présidentiel, puis en 2000 pour ramener la durée du mandat présidentiel qui était de sept ans à cinq ans, et enfin en 2002 pour introduire à nouveau sa limitation à renouvelable une fois.
- Un pouvoir législatif autonome
Le pouvoir législatif est exercé par l’Assemblée nationale avec des députés qui sont élus au suffrage universel pour un mandat de cinq ans. Le gouvernement est soumis à un réel contrôle de la part du législatif.
- Un pouvoir judiciaire indépendant
Le pouvoir judiciaire est indépendant et se compose d’une branche vouée au contrôle de constitutionnalité des lois, assuré par le Conseil constitutionnel[4].
- Une pluralité ethnique qui n’empêche néanmoins pas la paix et la cohésion nationale
Le Burkina Faso a su gérer de manière harmonieuse et pacifique la diversité ethnique qui subsiste sur son territoire.
- Le conflit malien : un risque potentiel pour le Burkina Faso ?
Le récent conflit malien présente un énorme risque économique, alimentaire et sanitaire pour le Burkina Faso qui dispose d’une frontière directe avec le Mali. En effet, la ville malienne de Gao se trouve à moins de deux cent kilomètres de la frontière burkinabè.
- La corruption au Burkina Faso : la Douane, la Police et la Justice en tête du classement
Selon un récent rapport (2012) du Réseau national de la lutte anti-corruption (REN-LAC) sur le niveau de la corruption au Burkina. Il ressort des enquêtes d’opinion que la Douane, la Police et la Justice sont les structures les plus corrompues.
v Sur le plan Sécuritaire
- Terrorisme
Des actions terroristes ont été notées ces dernières années dans les régions frontalières maliennes et nigériennes, au Nord et Nord-Est du Burkina Faso.
- Criminalité
Dans l’ensemble, peu d’étrangers sont victimes d’actes de criminalité sur le territoire burkinabé. Néanmoins, il existe tout de même des actes de banditisme perpétrés par des coupeurs de routes qui n’hésitent pas à user de la violence armée pour parvenir à leur fin.
B/ Le Burkina Faso en chiffres
ü Le secteur agricole représente 33% du PIB et emploie 82% de la population active. Le coton constitue la principale culture de rente du pays.
Le Produit Intérieur Brut par habitant (PIB) pour l’année 2013, s’élève à 683 dollars US. Malgré une atmosphère économique hostile, les autorités burkinabè soutiennent que le PIB du Burkina a pu atteindre un taux de croissance de 8%.
ü Le taux d’inflation annuel : 3,82% (2012), soit 1,0 point de pourcentage de plus qu’en 2011.
ü En ce qui concerne le solde budgétaire (en % du PIB), il est de – 0,5 pour l’année 2012. Il est important de souligner qu’en 2012 pour la totalité des pays de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest), les soldes budgétaires, dons compris, sont négatifs, ce qui traduit l’impact de la crise mondiale sur les économies de l’Afrique de l’Ouest[5].
ü Le solde courant (en % du PIB) : – 3,5 (2012).
ü La dette externe du Burkina Faso (en % du PIB) : 27,5 (2012).
ü Le solde commercial du Burkina : le déficit de la balance commerciale du Burkina Faso s’est fortement réduit au cours de l’année 2011, passant de – 417 milliards de FCFA en 2010 à – 103,6 milliards de FCFA en 2011. Pour 2012 le déficit de la balance commerciale est de 0,2 milliards de Dollars US.
ü La stabilité du taux de change : 1 euro = 655 FCFA
C/ Une situation géographique et environnementale compliquée
Le Burkina Faso appartient à une zone climatique de type sahélien, caractérisée par un déficit pluviométrique assez important, mais aussi par une rigueur de la nature et un environnement naturel fragile à risques. Cette situation physique et climatique rendent fragiles l’agriculture burkinabé.
ü Les risques sanitaires et épidémiques
Le Paludisme : le Burkina Faso est d’ailleurs classée dans les pays du groupe 3 (Pays qui connaissent la forme la plus grave de la maladie). La Méningite, le Burkina se situe dans la « ceinture des méningites» de l’Afrique sahélienne, zone à haut risque épidémique en saison sèche (décembre à mai).
D/ Evaluation du Hard power et du Soft power du Burkina Faso
ü Le Hard Power
Le « pays des hommes intègres » dispose d’une armée aguerrie et ses soldats, disciplinés et bien formés, sont rigoureux dans l’exécution des tâches. Si la Cote d’ivoire reste indéniablement la locomotive économique ouest-africaine, le Burkina Faso lui se place comme une puissance militaire d’où les coopérations entre les deux pays sur ce plan.
Le Burkina Faso est membre de plusieurs organisations régionales et internationales : l’Union Africaine (UA), la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest(CEDEAO), l’Organisation des Nations Unies (ONU)…
ü Le Soft Power
Le secteur cinématographique par le biais de l’incontournable FESPACO (Festival panafricain de cinéma de Ouagadougou) constitue un véritable vecteur de rayonnement culturel pour le Burkina Faso. Cet évènement se tient tous les deux ans à Ouagadougou, il représente de ce fait une véritable vitrine pour le « pays des hommes intègres » car plaçant le pays sur la scène culturelle internationale[6].
ü Les ONG
Le Burkina Faso compterait plus de cinq cent organisations non gouvernementales (ONG). Selon les médias, les acteurs eux-mêmes, le « pays des hommes intègres » demeure un pré carré de l’action des ONG. Cette ouverture à l’implantation des ONG en terre burkinabè, s’explique sans doute par une volonté des politiques à promouvoir la stabilité du pays.
Forcesv Stabilité politique et socialev Puissance militaire ouest-africainev Une criminalité faible
v Un pouvoir législatif et judiciaire indépendant v FESPACO (Vitrine du pays sur la scène culturelle internationale) |
Faiblessesv Taux de corruption élevé dans l’administrationv Pays enclavév Déficit pluviométrique important
v Système sanitaire peu performant
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Opportunitésv Population majoritairement jeunev Jouer un rôle de stabilisateur dans la région vu la longue période de stabilité politique que connait le paysv Promouvoir d’avantage le cinéma africain sur la scène internationale | Menacesv Risque important lié au récent conflit malien |
Conclusion
Malgré la présence d’une grande pauvreté sur son territoire, une position géographique enclavée sans accès à la mer, des ressources naturelles limitées et une économie fortement tributaire des exportations de coton, le Burkina Faso est parvenu néanmoins à maintenir le taux de croissance de son PIB à plus de 5% par an depuis 1994. Cela est sans doute lié à la longue période de stabilité politique que connait le pays au cours des quinze dernières années.
Toutefois le pays connait un fort taux de corruption notamment dans les structures douanières et policières mais aussi au niveau de la justice. Les conséquences qui peuvent en découler sont nombreuses et néfastes. En effet la corruption affaiblie les institutions républicaines et pervertit la démocratie.
Un autre aspect qui mérite d’être souligné c’est le rôle de médiateur que ne cesse de jouer le président du Faso en l’occurrence Blaise Compaoré dans les crises régionales. En effet le chef de l’Etat burkinabè a eu à jouer un rôle prépondérant dans le règlement des conflits et crises régionales des vingt dernières années.
Sur le plan environnemental, le Burkina Faso est confronté à un sérieux problème de déforestation.
Sources :
Atlas de l’Afrique : le Burkina Faso, Auteurs : Collectif, Les éditions J.A, 2005, p.116
Centre de Recherches sur les Espaces Tropicaux, Aspects du développement économique dans un pays enclavé : le Burkina Faso, Collection « Pays Enclavés » – N°9, 1998, p.98
Thomas Sankara parle : La révolution au Burkina Faso (1983-1987), Pathfinder, p.449
Jacques BARRAT, Derek EL ZEIN, Nicolas LAMBERT, Géopolitique du Burkina Faso, Collection géopolitiques du XXIe siècle, SEM 2008, p.284
LEJEAL Frédéric, Le Burkina Faso, Karthala, 2002, p.335
www.insd.bf (Institut national de la Statistique et de la démographie)
http://www.zigzag-francophonie.eu/BURKINA-FASO-FESPACO-cinema-et
http://www.uneca.org/sites/default/files/document_files/16_cie_rapport_economique.pdf
[1] Thomas Sankara est né en décembre 1949 à Yako dans le centre du pays, il était militaire, homme politique panafricaniste et tiers-mondiste burkinabè. Thomas Sankara va incarner et diriger la révolution burkinabè du 4 aout 1983 jusqu’à son assassinat survenu en 1987, dans l’ouvrage Thomas Sankara parle : La révolution au Burkina Faso (1983-1987), Pathfinder, p.22-23
[2] LEJEAL Frédéric, Le Burkina Faso, Karthala, 2002, p.127
[3] Jacques BARRAT, Derek EL ZEIN, Nicolas LAMBERT, Géopolitique du Burkina Faso, Collection géopolitiques du XXIe siècle, SEM 2008, p.195
[4] Op.cit., p.199
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