L’Antarctique

L’Antarctique

Pôle environnemental ou pôle économique ?

Introduction :

Cet immense continent gelé depuis des siècles a suscité la curiosité et l’avidité de l’homme depuis ses premières excursions. Aujourd’hui vaste centre de recherche scientifique international à la pointe de la technologie, il constitue le principal “thermomètre” de la Terre. Entre ressources exploitables et interdites, législation internationale et enjeux planétaires, quelle place occupe l’antarctique dans le monde ?

I – La géographie

Continent le plus froid du monde, avec une température moyenne de -10°C, il est recouvert à plus de 98% par de la glace et ce, sur pas moins de 14 millions de km². Ajouter à cela une altitude moyenne de 2300 m, faisant de lui le continent le plus élevé du monde, la topographie et le climat paraissent bien difficile à vivre pour l’homme : il n’y a d’ailleurs aucune population permanente.

Le continent se compose de l’islandis, partie la plus élevée et la plus désertique du territoire. L’islandis est prolongé parfois par d’immenses plateformes de glace appelées ice-shelf (1.5 million de km²). La troisième partie est constituée de la banquise, se formant chaque hiver et pouvant atteindre 20 millions de km², doublant la surface englacée de l’hémisphère sud. De ce fait, le continent n’est accessible (lors de la fonte de la banquise) que durant 2 à 3 mois d’été austral, de novembre à mars.

Sources :

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/antarctique-22653/l-antarctique/article/presentation-de-l-antarctique

http://www.institut-polaire.fr/ipev/les_regions_polaires/antarctique

 II – L’histoire

2.1 Des expéditions…

L’histoire de la découverte de l’antarctique est résumée sur la frise chronologique suivante. (Cliquez pour agrandir)

On distingue 3 périodes :

1) De l’Antiquité au XVIIème siècle : on imagine l’antarctique et l’homme ne peut que l’apercevoir car limité technologiquement (glace infranchissable)

2) Au XIXème siècle : peu à peu, l’antarctique attire l’homme et il arrive à y accoster, à hiverner et à y construire des bases

3) Le XXème siècle jusqu’au traité sur l’antarctique (1959) : la présence de nationalités différentes des explorateurs explose grâce à l’année géophysique internationale; les plus avancés technologiquement comme les États-Unis multiplient les bases et commencent à récolter sérieusement les ressources du continent.

Sources : http://www.institut-polaire.fr/ipev/les_regions_polaires/antarctique/rappels_historiques

2.2 Traité sur l’antarctique 1959, Washington

Après les 2 grandes guerres mondiales et l’année géophysique internationale, la nécessité de préserver ces terres (sa flore, sa faune et ses ressources) de l’Homme devient évidente. Le traité fut signé par la plupart des nations importantes ou proches de la zone dont : France, Japon, Australie, Argentine, Belgique, Chili, Nouvelle-Zélande, Norvège, URSS, RU, Irlande, USA, Union Sud-Africaine. Il y est clairement écrit que :

“[…] Intérêt de l’humanité tout entière que l’Antarctique soit à jamais réservée aux seules activités pacifiques et ne devienne ni le théâtre ni l’enjeu de différends internationaux

“Conforme aux intérêts de la science et au progrès de l’humanité […] de développer cette coopération en la fondant sur la liberté de la recherche scientifique dans l’Antarctique”

Ce traité a donc pour but :

– De geler (c’est le cas de le dire) toute revendication territoriale : l’antarctique n’appartient à personne et à tout le monde et donc d’interdire toute élimination de déchets radioactifs et test nucléaire très en vogue à cette période

– De limiter l’accès aux ressources : interdiction pour les ressources minérales, limitation pour la faune et la flore

– De développer la coopération des états dans la recherche scientifique sur le continent

Il fut suivi du Protocole de Madrid, relatif à diverses protections environnementales mais surtout, qui gèle toutes modifications du traité de l’Antarctique pendant 50 ans.

Sources : http://www.relais-sciences.org/odb/poles_loupe.php?page=antarctique_02&cat=6

2.3 … Aux revendications

Pourtant, certains revendiquent une partie du territoire, légitimée selon eux pour principalement 2 raisons :

– leurs explorateurs y sont parvenus les premiers (et/ou) ont fait avancer les recherches : Royaume-Uni, France, Norvège…

– d’autres le revendiquent par la proximité de leur terre : l’Argentine, le Chili, la Nouvelle-Zélande…

Malgré le traité, pourquoi dont ce territoire est-il si prisé ?

III – Les ressources

3.1 A toucher avec les yeux

Il y a 3 types de ressources en Antarctique : les exploitables, les interdites et les intangibles.

Les exploitables, principalement la faune maritime. Par exemple le krill, une crevette très prisée des russes, japonais et chiliens car il s’agit d’une espèce riche en protéine et vitamines, facile à pêcher et à conditionner. Le problème est que le krill est la base de la chaîne alimentaire d’espèces nettement plus importantes, comme la baleine ou le phoque, et que ces espèces sont protégées ! Donc qui dit protéger les grandes, dit limiter la pêche des petites…

Il y a probablement des réserves minérales, de même type que celles d’Australie-Occidentale (Or, Fer, Uranium, Cuivre…). Idem pour des sédiments de la mer de Ross qui devraient être riche en hydrocarbures… Ces ressources sont interdites ! Leur prospection perturberait l’équilibre de la planète Terre…

Quant aux intangibles, elles se fondent sur l’équilibre environnemental auquel l’antarctique participe et sur la perturbation qu’entrainerait la prospection ou la récolte de certaines ressources.

Cependant, devant les demandes croissantes en ressources et l’expansion de l’humanité, la question de la remise en cause de ce traité se fait de plus en plus pressentir…

Sources : La conservation et la gestion des ressources de l’Antarctique, Francioni Francesco, 2008

3.2 Recherches scientifiques ou recherche d’hydrocarbures ?

Des pays comme la Russie, la Chine, la Corée du Sud ou la Nouvelle-Zélande, visent à l’indépendance énergétique. En 2011, Poutine avait déjà exprimé sa volonté de faire des recherches en hydrocarbures et a consacré un budget de 1.5 milliards de dollars à des recherches en Antarctique. La Chine a implanté sa station Kunlun depuis 2009, les objectifs scientifiques de cette base restent encore à prouver…

Sources : http://geopolis.francetvinfo.fr/la-conquete-de-lantarctique-se-poursuit-a-vitesse-grand-v-8575

http://www.educapoles.org/fr/education_material/teaching_dossier_detail/edd_le_statut_geopolitique/ 

IV – Un continent isolé : une péninsule touristique

prisée

tourisme antarct

L’antarctique est bien évidemment le continent le plus isolé au monde. Il se situe à 975 km de l’Amérique du sud, à 2 500 de l’Australie et à 4 500 de l’Afrique du sud.

Cependant, l’Argentine et le Chili étant les plus proches voisins, il a été facile pour eux de développer des centres touristiques sur la péninsule.

Mais le tourisme à l’Antarctique qui fut d’abord réservé à l’élite, se popularise et les installations s’agrandissent. On note le développement d’installations quasi-permanentes : école, hôpital, poste, banque. Avec l’agrandissement des infrastructures, le cercle d’influence des pays installés s’étend lui aussi, avec le risque dans les années futures du “j’étais là avant et j’ai déjà construit tout cela”.

Avec 98% des touristes qui ne visitent que cette zone, les tensions augmentent entre chiliens et argentins. Des coups de feu furent même tirés avant la signature du traité.

A noter également, le conflit d’intérêts entre scientifiques et compagnies touristiques qui fréquentent les mêmes lieux, contraignant parfois même les scientifiques à abandonner certains sites au profit des touristes…

Sources : Strobel Mathias, Tétart Frank, « Le tourisme en Antarctique : un enjeu géopolitique ? », Hérodote 4/ 2007 (n° 127)

Conclusion

L’Antarctique qui était inconnu au bataillon il y a encore quelques décennies, est aujourd’hui source de conflits d’intérêts. Les revendications des États vont se faire de plus en plus pesantes avec le temps. Entre enjeux écologiques et commerce lucratif d’hydrocarbure, agro-alimentaire ou touristique, combien de temps encore durera ce traité qui ne semble qu’être la seule barrière, presque déjà franchie, à l’exploitation d’un nouveau continent ?

L’explorateur français Jean-Louis Etienne disait : “L’Antarctique a cette force d’attraction des choses inaccessibles qui appellent l’Homme à s’engager avec passion”. Lui parlait d’exploration et de nature, l’homme actuel songe plutôt à ses richesses.

Benoît CHAMBEROD

 

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