Environ vingt huit siècles après sa création par Kong Zi (confucius), le confucianisme reste aujourd’hui une idéologie très présente dans la société chinoise, et continue à faire l’objet de nombreuses recherches non seulement en Chine mais aussi dans le monde occidental.
Pendant les trois dernières décennies, nous avons témoigné d’énormes changements économiques et sociaux de la Chine. Dans un contexte où la consommation et l’individualisme se développent rapidement, il est intéressant d’étudier la situation actuelle du confucianisme qui se caractérise comme une pensée « collectiviste ».
Le confucianisme : un des fondements de la pensée chinoise
Traditionnellement, nous identifions trois fondements dans la pensée chinoise : le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme. Selon les époques, l’un de ces courants a prédominé. Mais aujourd’hui, les chinois se référent à l’un ou l’autre (ou aucun) selon leur carrière, leur goût ou même leur humeur du moment.
Pourtant, la mode de gouvernance actuel en Chine est assez influencé par le confucianisme en terme de hiérarchie, des disciplines et du respect absolu.
Les principes du confucianisme
Confucius, fondateur du cette pensée, est né en 551 avant J.-C., une époque très troublée. Ayant un talent exceptionnel dans l’étude des dispositions, il est amené à chercher les principes du bon gouvernement. Sa sagesse s’est gardée dans le temps grâce au livre Lun Yu (Les Entretiens de Confucius), écrit par ses disciples.
La morale confucéenne repose sur certaines vertus fondamentales telles que la bienveillance, la droiture, le devoir comme exigence de sa propre nature, et la sagesse. Pour Confucius, l’homme doit se développer en poursuivant ces qualités et ceux qui en disposent devraient s’engager dans la vie politique et gouverner le peuple.
Un autre élément très important chez Confucius est la notion de Li (rite), c’est-à-dire que chacun devrait se comporter comme il faut selon son rôle (un père doit se comporter en père par exemple). Le comportement inapproprié est jugé très grave car l’ordre social peut être bouleversé.
Son influence sur l’idéologie chinoise
Si nous analysons de plus près, nous voyons que la morale confucéenne est celle de l’homme de « devoir », contraire à celle occidentale où les « droits » de l’Homme jouissent d’une primauté. Par cette logique, l’homme est jamais indépendant mais dépendant de son entourage, d’où vient l’importance d’être « juste milieu » et de créer une « harmonie » avec l’extérieur du soi.
Cette idéologie se reflète non seulement sur le comportement des individus chinois qui sont souvent très réservés, mais aussi sur le fonctionnement des pouvoirs publics qui privilégient avant tout le maintien d’ordre social.
Aujourd’hui, la Chine reste un pays où il existe une primauté de l’Etat et un fort privilège pour la classe des fonctionnaires. Cela signifie-t-il que le confucianisme prédomine actuellement l’idéologie chinoise ?
Le confucianisme d’aujourd’hui
L’évolution du confucianisme et le néo-confucianisme
Comme tout courant de pensée ou philosophique, le confucianisme évolue dans le temps. Surtout à la fin du XIXème siècle, avec le « mouvement d’auto-renforcement »[1], les Chinois ont commencé à tout apprendre à la société occidentale, y compris la philosophie et la morale.
C’est sous cette condition que le courant « néoconfucianiste” [2] est né, regroupant une vingtaine de grands philosophes chinois ayant une bonne connaissance des philosophies occidentales et pourtant, voyant le confucianisme comme « seul susceptible de donner à la Chine une morale, une spiritualité, bref une âme qui soit, à la fois, celle de son idiosyncrasie et compatible avec la modernité ».
Une idéologie traditionnelle face aux transformations de la société
Cette notion de « modernité », a longtemps été, et est toujours considérée comme l’équivalence de l’« occidentalisation » [3] par une bonne partie des Chinois. Ce processus est toujours en cours, et il comprend les aspects tels que la libération des marchés, la popularisation de l’individualisme et de la consommation, ainsi qu’une demande croissante de « droits » chez le peuple chinois.
Malgré ces transitions sociales, les Chinois semblent être inséparables de leurs valeurs traditionnelles dans leur globalité. Selon une recherche réalisée par Johannes Schaaper et Zhen Jiao en 2013, « les valeurs personnelles dominantes en Chine appartiennent essentiellement aux domaines motivationnels conformité, bienveillance et sécurité, qui sont de nature confucéenne et qui ont une orientation collectiviste ».
Selon différentes études et témoignages, nous voyons qu’aujourd’hui, même si la société chinoise se transforme rapidement vers le modèle occidental, son peuple a gardé, volontairement ou non, la plus part de leurs valeurs traditionnelles.
Parmi les pensées chinoises, nous pouvons dire que la valeur confucéenne collectiviste prédomine la Chine jusqu’à maintenant. Et demain, est ce la Chine verra le jour où cette pensée ne pourrait plus s’adapter à son contexte social ?
[1] Une période de réformes institutionnelles qui se déroula en Chine entre 1861 et 1895, à la fin de la dynastie Qing, suite à une série de défaites militaires et de concessions faites aux puissances étrangères.
[2] Un courant philosophique qui prit son essor sous la dynastie Song et devint la version officielle du confucianisme depuis le XIVe siècle jusqu’au tout début du XXe siècle
[3] Un mécanisme mondialisé et ancien d’imprégnation culturelle de sociétés appartenant a la nation d’Europe de l’ouest par les valeurs de celles-ci
Annexes :
5 mots clefs :
Chine, Idéologie, Collectivisme, Tradition, Occidentalisation
Citation :
« Confucius est le symbole unique du passé glorieux et de l’unité de la Chine impériale. »
Tableau récapitulatif :
Bibliographie :
Régine Pietra (2008), La Chine et le Confucianisme Aujourd’hui. Paris : Édition du Félin
Johannes Schaaper et Zhen Jiao (2013), « Valeurs confucéennes en Chine mesurées par les valeurs personnelles et domaines motivationnels de Schwartz », Management International/ International Management/ Gestión Internacional, vol. 17, n°4, p. 58-82
GUIDE CHINE. Chine Informations. [en ligne]. http://www.chine-informations.com/guide/confucius-et-le-confucianisme_27.html
Pour aller plus loins :
Sous contrainte du volume, nous n’avons pas eu l’occasion de parler une autre l’idéologie de la Chine contemporaine : le maoïsme. Même si le maoïsme est aujourd’hui en déclin, son influence qui a été très forte à l’époque fait que le confucianisme ne retrouvera jamais la place prépondérante qui était la sienne avant l’avènement de la République populaire de Chine.
Référence : Laurent Hou (2013), « Maoïsme et confucianisme en Chine contemporaine : une introduction ». http://www.china-institute.org
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