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« Balancée entre un destin européen et un partenariat russe, la Moldavie a-t-elle de réelles chances de rejoindre l’UE malgré son hétérogénéité ? »

I)     La Moldavie : un cas concret de géopolitique

A.    Un pays multiculturel et multi linguiste

La République de Moldavie est une République parlementaire avec à sa tête depuis mars 2012 le Président Nicolae Timofti. Ce dernier est membre d’un parti indépendant libéral en faveur d’une alliance de la Moldavie avec l’Europe. (Le dernier gouvernement communiste date de 2009).

Le pays s’étend sur 33 700 km² (ce qui représente la superficie de la Belgique) pour 3,5 millions d’habitants, et a pour capitale Chisinau. Il est appelé par les roumains la Bessarabie, la Roumanie ayant elle-même une région au sud se nommant la Moldavie.

La langue officielle est le roumain, elle est parlée par 70% de la population moldave, l’autre partie de la population parle russe, une infime partie des moldaves s’exprime elle en turc.

Leur monnaie est le lei moldave, qui a un taux de change équivalent à 19 lei pour 1€.

Le pays a acquis son indépendance du bloc soviétique le 27 août 1991, date qui est devenue aujourd’hui la fête nationale.

La religion orthodoxe est pratiquée par presque la totalité de la population moldave, qu’elle soit roumanophone, russophone ou turcophone.

Les plus célèbres moldaves au monde sont certainement les chanteurs du groupe « O-Zone » et leur fameux titre « Dragostea din tei ».

Le cas ethnique

La Moldavie, bien que très éloignée de l’Europe occidentale, est un pays latin. Elle est cependant composée d’une diaspora de communautés :

–          Dans l’essentiel du territoire, la population est roumanophone

–          Au sud se situe la région autonome de Gagaouazie peuplée essentiellement de turcophones, c’est un héritage de l’ancienne présence ottomane

–          Au nord-est, dans la République autoproclamée du Dniestr (Transnistrie) se trouvent la majorité des populations russophones

–          De faibles minorités comme les gitans moldaves au nord-ouest ainsi que les bulgarophones au sud-ouest sont aussi présent sur le territoire moldave

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/moldavie/presentation-de-la-moldavie/

 

B.    Une économie désastreuse ultra-dépendante de l’extérieur

Le PIB était en 2013 de 7,4 Milliards de $, pour un taux de croissance de 8,9%, ce qui est relativement élevé. Leur taux de chômage est de 6,2%, mais on peut rappeler que près de 25% de la population active travaille à l’étranger. C’est d’ailleurs cette population qui fournit près d’un tiers du PIB du pays via remises et versements.

Ses principaux clients sont la Russie (26,3%), la Roumanie (17%), l’Italie (7,7%) et l’Allemagne (4,7%).Ses principaux fournisseurs sont quant à eux encore la Russie (14,9%), la Roumanie (13%), l’Ukraine (12%) et la Chine (8,7%).

Les principaux secteurs qui contribuent au PIB de la Moldavie sont l’agriculture, l’industrie et les services. Elle souffre néanmoins d’un grand retard structurel rendus visibles après 1991, malgré de nombreux atouts, comme par exemple de nombreux savoir-faire industriels qui ont été préservés, de grandes entreprises multinationales y sont implantées, comme par exemple le spécialiste français du béton Lafarge. La Moldavie est un pays fertile mais dépourvu de ressources naturelles. Avant son indépendance en 1991, elle irriguait de nombreux pays d’Union Soviétique, elle a donc perdu après sa chute une grande partie de ses débouchés commerciaux.

 

Le cas du vin moldave

La part des principaux secteurs dans le PIB sont l’agriculture (12%), l’industrie (17%) et les services (29%).Pour se rendre compte de l’importance de la viniculture sur l’économie moldave, un cas précis est très démonstratif : à deux reprises la Russie a lancé un embargo sur le vin en provenance de la Moldavie, pour la « punir » de son orientation pro-européenne, mais en invoquant des raisons de santé (le vin moldave contiendrait trop de pesticides), cela a fait chuter la croissance du pays de 7,5% en 2005 à 3% en 2007.

Les Moldaves essayent néanmoins de se mettre aux normes européennes pour pouvoir commercer et exporter de plus en plus vers cette région et se détourner de l’emprise Russe, c’est aussi une raison de moderniser leur industrie de production.

En ce qui concerne l’industrie vinicole, il serait judicieux de rappeler que la Moldavie est le pays qui boit le plus d’alcool au monde, par rapport au L/habitant. Il est donc naturel que la consommation mais aussi la production d’alcool occupent une place très importante dans la vie quotidienne moldave, dans son économie mais aussi dans sa politique étrangère.

Elle abrite d’ailleurs à Milestii Mici la plus grande cave à vin du monde, qui s’étend sur 200 km de long avec près de 2 millions de bouteilles ; un passage obligé pour les touristes en déplacement en Moldavie, c’est d’ailleurs la principale attraction touristique du pays.

En plus d’être une réelle fierté nationale, l’industrie vinicole moldave est l’emblème de la tradition ayant survécu à la dissolution de l’URSS. Elle représente un fort potentiel touristique et économique pour ce pays qui est le moins visité d’Europe (11.000 touristes en 2011 et en 2005 les chiffres montraient que chaque touriste consommait en moyenne l’équivalent de 3L d’alcool par touriste et par séjour).

Quelques chiffres clés pour en faire la démonstration :

–          95% de sa production de vin est destinée à l’export

–          La viticulture représente + 20% du PIB du pays (exportations 9%)

–          Et 1/3 de ses exportations

Cette haute consommation d’alcool a néanmoins un effet négatif sur la santé de la population moldave, qui voit son espérance de vie assez basse, 66 ans pour les hommes et 75 ans pour les femmes.

Le vin moldave a un libre accès sur le marché de l’Union Européenne depuis le 1 janvier 2014. Les membres du Parlement Européen ont voté le 10 décembre 2013, la proposition de la Commission Européenne censée éliminer toutes les restrictions aux importations de vin moldave. La Moldavie est inscrite sur la liste mondiale des 10 principaux pays producteurs et exportateurs de vin.

La Moldavie bénéficie d’un climat favorable et des terres cultivées de bonne qualité mais ne possède pas d’importants gisements miniers. En conséquence, l’économie dépend fortement de l’agriculture, fruits, légumes, vin et tabac. La Moldavie doit importer son pétrole, son charbon et son gaz naturel principalement depuis la Russie. La pénurie de l’énergie a contribué au brusque déclin de la production après l’implosion de l’Union Soviétique en 1991.

La République de Moldavie est un pays agraire-industriel. Le “tchernoziom” (riche terre noire), considéré comme étant parmi les plus fertiles sols au monde, dont la surface dépasse en Moldavie 75% des terres, est la plus importante richesse du pays. Les produits agro-alimentaires constituent 60% de la valeur des exportations. Le secteur agricole emploie directement ou indirectement plus de 50% de la main-d’œuvre. L’agriculture de la Moldavie est spécialisée dans la culture des céréales, betteraves, tournesol, tabac, légumes et fruits, mais la vigne est sa véritable richesse. Cette extrême spécialisation économique et l’enclavement du pays, sans accès à la mer, rendent la transition économique très difficile. Le secteur agricole reste pour l’instant le moteur principal du développement de l’économie moldave. Le secteur agricole représente 13,8% du PIB et emploie près de 27% de la population active. Les principales productions de la Moldavie sont les fruits et légumes, le tabac et le vin. Après l’embargo, la Moldavie a orienté ses exportations viticoles vers l’Europe, 80% du vin exporté en 2006 allait à destination de la Russie, il est aujourd’hui de 25%.

http://geopolis.francetvinfo.fr/moldavie-le-pays-ou-lalcool-est-divin-38365

http://www.moldavie.fr/spip.php?article2071

 

C.   Un pays en conflit politique permanent

Le Président et le 1er Ministre Iurie Leanca clament une orientation pro-européenne qu’ils voient comme la seule option salvatrice pour la Moldavie. Depuis fin avril 2014 les Moldaves circulent sans visa dans l’espace Schengen. Les responsables libéraux moldaves comptent sur ce rapprochement avec l’Union Européenne pour s’ouvrir à un nouveau marché.  Fin avril, le premier ministre Moldave a aussi signé un accord visant à accorder à la Moldavie la somme de 25 millions d’euros pour l’éducation et l’apprentissage.

Mais ce rapprochement avec l’Union Européenne n’est pas sans déplaire à la Russie qui essaye par tous les moyens de contrer cette perspective européenne empruntée par la Moldavie. Elle est soutenue par l’opposition communiste au Parlement, cette même opposition qui a gouverné sans interruption la Moldavie de 1991 à 2009. La Moldavie est presque totalement dépendante de la Russie quand à ses importations en hydrocarbures…

http://www.e-democracy.md/en/elections/parliamentary/2010/results/

 

D.    La misère et la pauvreté comme réalité quotidienne

Malgré de nombreuses réformes effectuées pour essayer de restructurer son économie, la Moldavie reste dans les pays les plus pauvres d’Europe (avant-dernière devant l’Albanie)  avec 30% de la population sous le seuil de pauvreté. Pour appuyer ce constat, nous avons trouvé dans un article de presse le témoignage d’une femme retraitée vivant avec 60€ de retraite par mois, et un professeur gagne moins de 150€ par mois.

La Moldavie est selon l’Organisation Internationale pour les Migrations, l’un des principaux pays source de traite d’êtres humains. Une étude nous a d’ailleurs appris que 70% des femmes moldaves entre 15 et 25 ans avaient au moins une fois dans leur vie monnayée un rapport sexuel.

Elle est de plus réputée pour la présence de trafics en tous genres sur son territoire (drogue, prostitution, trafic d’organes …).

90 % des personnes entre 18 et 29 ans disent vouloir quitter le pays, les plus instruits vont en Roumanie, là où ils parlent la même langue et où le niveau de vie est plus élevé, les autres vont dans des pays du Sud de l’Europe, en particulier l’Italie, cela s’expliquant aussi par la proximité linguistique (langue latine proche du roumain).

Le dessous des cartes – Arte : https://www.youtube.com/watch?v=7_HUGCDkpsQ

http://www.parlament.md/Home/tabid/37/language/fr-FR/Default.aspx

http://www.courrierinternational.com/article/2011/08/05/en-quete-d-un-sesame-pour-l-ue

 

II)   Un pays divisé

A.    Drapeaux

La première chose à analyser est la comparaison entre le drapeau moldave et roumain.

Ils sont composés tous les deux des mêmes couleurs présentes dans cet ordre : bleu, jaune, rouge. La signification de ces couleurs est la suivante :

–          Bleu : liberté (rapport au bleu du ciel)

–          Jaune : justice (champs)

–          Rouge : fraternité (sang)

Le drapeau moldave a comme élément distinctif un symbole présent sur la partie jaune du drapeau, son nom en moldave est le « stema ». Le stema est composé de divers éléments :

–          L’animal principal est l’aigle, il tient dans sa bouche une croix chrétienne qui symbolise l’identité orthodoxe, dans ses serres se trouvent à droite un sceptre en or et à gauche une branche d’olivier

–          Sur le corps de l’aigle de trouve un taureau jaune sur un fond rouge et bleu, ce taureau est jaune et est un animal identitaire du peuple moldave

–          Au milieu des cornes du taureau de trouve un soleil, il représente la renaissance

–          A droite du taureau se trouve une lune symbolisant la renaissance

–          A gauche du taureau est disposée une rose

On peut ensuite s’intéresser au drapeau de la région séparatiste de Transnistrie :

–          Il est composé de deux trois bandes, deux rouges sur les extrémités et une verte au milieu. C’est une reprise du drapeau de la république socialiste soviétique moldave avec la faucille et le marteau sur le haut gauche du drapeau

http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article452

 

B.    Séparation du territoire : Moldavie / Transnistrie

La Moldavie a en son sein une république autonome autoproclamée : la Transnistrie.

Elle est composée essentiellement de russophones et a sa propre monnaie (rouble de Transnistrie), son gouvernement basé dans sa capital Tiraspol, son armée.

L’indépendance a été acquise par la force des armes à l’automne 2012 suite à une guerre de 142 jours opposant l’armée moldave aux différentes forces étant en Transnistrie (armée russe, volontaires de Transnistrie). Elle reste cependant internationalement reconnue comme partie intégrante de la Moldavie ce qui n’empêche pas les dirigeants et son peuple d’espérer à terme intégrer la fédération de Russie, un référendum organisé en 2006 a plébiscité le rattachement à 97%

 Separation Transnistrie Moldavie

C.     Une économie interdépendante

Environ 50 000 transnistriens travaillent à l’étranger, ils envoient de l’argent à leur famille car l’économie de la région autonome ne permet par aux gens de vivre dignement, cependant la situation reste légèrement meilleure que dans le reste de la Moldavie.

Le 27 juin a été signé un accord d’association et de libre échange entre la Moldavie et l’Union Européenne, la Ministre des affaires étrangères de Transnistrie estime que cela va entrainer à court terme une baisse de la production industrielle de 60%, elle soutient donc une union douanière avec la Russie. Cependant les ¾ des exportations de la Transnistrie se font vers l’ouest. Le déficit budgétaire de la Transnistrie (1 milliard de dollars) est comblé par la fédération de Russie.

Les entreprises de Transnistrie sont enregistrées en Moldavie pour exporter plus facilement vers l’UE, cependant elles ne paient pas de taxes en Moldavie. Le problème est qu’une grande partie de l’économie du pays (40% de l’industrie) résidait avant la sécession de 1992 en Transnistrie.

Les grands axes de communication, en particulier la voir ferroviaire permettant aux marchandises moldaves de se rendre en Ukraine et donc au grand port de la mer Noire d’Odessa passent toutes par la Transnistrie. Cela pose un problème essentiel du fait qu’une réelle frontière existe entre la Moldavie et la Transnistrie qui est contrôlée par des douaniers.

Sur le plan énergétique, la Transnistrie est située sur le trajet des gazoducs de Moldovagaz, société détenue à 50 % par Gazprom, à 35 % par le gouvernement moldave et à 13,5 % par Tiraspol. Chisinau soupçonne la Transnistrie de payer son gaz moins cher en retenant une partie des flux, laissant les autorités moldaves payer la note finale.

La Transnistrie est accusée par le Parlement européen d’être une plateforme pour le crime, la contrebande et le trafic d’êtres humains. Ce que les autorités locales démentent en affirmant qu’ils ne sont en rien impliqués et que cela est une manipulation afin de monter les Etats européens contre la Transnistrie.

 

D.    Une influence russe omniprésente en Transnistrie 

Environ 200 000 citoyens russes (sur les 500 000 habitants de la région) vivent en Transnistrie, la double nationalité y est autorisée. Les dirigeants locaux ayant très souvent un passeport russe et non moldave.

Le Président de la Transnistrie affirme que son premier objectif est « l’indépendance et la reconnaissance de la communauté internationale ». Pour à terme demander une intégration à la fédération de Russie.

L’Ukraine accuse par ailleurs la Transnistrie d’envoyer des hommes armés soutenir les séparatistes pro-russes dans l’est du pays.

Moscou est ambiguë dans ses relations avec Tiraspol, car si la Russie ne reconnaît pas la Transnistrie, elle y a malgré tout ouvert un consulat, symbole de relations diplomatiques. Les transnistriens voulant se rendre à l’étranger peuvent y obtenir aisément un passeport russe.

Au niveau culturel et linguistique, la Transnistrie a adopté l’alphabet cyrillique et l’enseignement y est dispensé en russe. Seules huit écoles sur tout le territoire offrent un enseignement en roumain.

Il y aurait approximativement 500 soldats russes en Transnistrie, ce sont des casques bleus (voir photo ci dessous) qui sont stationnés sous mandat de l’ONU, cependant leur nombre pourrait passer à 3000 en cas de conflit ouvert avec la Moldavie.

« La Transnistrie rêve de Russie » – Euronews: https://www.youtube.com/watch?v=WouVQHuYA4Y

« La Transnistrie veut définitivement divorcer de la Moldavie » – Euronews: https://www.youtube.com/watch?v=0BW0g7Ipo50

 

I)     Un virage européen vers l’incertitude

A.    A marche forcée vers l’UE

L’attrait pour l’UE parmi les citoyens est essentiellement économique, en effet chaque année, 5 000 Moldaves reçoivent la nationalité du pays voisin, la Roumanie. Depuis la loi de la citoyenneté roumaine (1991), les moldaves peuvent obtenir relativement facilement la nationalité roumaine. Il leur suffit d’établir un certificat attestant que le lieu de naissance faisait bien partie du territoire de la Roumanie jusqu’en août 1940, date à laquelle les Russes ont colonisé la terre entre le Dniestr et le Prout. Cela leur permet d’aller travailler via les accords européens en Europe occidentale et de gagner considérablement mieux leur vie qu’en Moldavie.

Certains rêves d’un rattachement de la Moldavie à la Roumanie, ces partisans de la « Bessarabie en Roumanie » existent mais ils sont peu nombreux. La plupart des moldaves roumanophones se sentent profondément moldaves et non roumains.

De plus, la Roumanie n’aurait pas grand-chose à gagner d’une intégration de la Moldavie dans son territoire étant donné la situation économique de son voisin. La frontière sur la rivière Prout est soumise à un contrôle assidu des douaniers roumains, qui doivent faire face tous les jours à une immigration clandestine ainsi qu’à de la contrebande de cigarettes.

D’autres sont plus réticents, ce rapprochement avec l’UE est aussi contester par une partie des roumanophones socialistes et communistes voyant dans la Russie l’éternel allié.

La presse locale, avec des titres en roumain et en russe, est le reflet d’une société divisée.

Selon un récent sondage, si un tiers des moldaves veulent adhérer à l’UE, ils restent 22% à souhaiter un rapprochement avec l’union douanière proposée par la Russie, alors qu’un autre tiers affirme ne pas avoir encore pris de décision. Quant à l’Otan, les choses sont claires : la moitié des moldaves ne veut pas de l’alliance militaire, qui ne recueille que 20% de sympathisants…

Le 27 mai 2014, L’Union européenne a signé un accord d’association avec l’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie, trois ex-républiques soviétiques qui veulent se rapprocher de l’Europe occidentale.

http://fr.euronews.com/2014/05/15/moldavie-l-accord-d-association-sera-signe-le-27-juin/

http://www.courrierinternational.com/article/2014/04/14/les-visas-europeens-un-aimant-pour-la-nationalite-moldave

http://eeas.europa.eu/eastern/index_en.htm

 

B.    Billard à trois bandes entre la Russie, l’UE et l’Ukraine

Les tensions sont ravivées en Moldavie et particulièrement en Transnistrie suite à des accords signés avec l’Europe. Les russophones de Transnistrie craignent d’être enclavés et regardent d’un œil inquiet le rapprochement de l’Ukraine avec l’UE, sachant que l’armée ukrainienne combat aujourd’hui les séparatistes pro-russes à quelques kilomètres de la frontière transnistrienne, en particulier dans le grand port industriel d’Odessa qui est un place stratégique du commerce régional.

La Transnistrie a souffert de l’arrivée au pouvoir de la coalition orange pro-occidentale d’Ioulia Timochenko puis plus récemment de la prise du pouvoir à Kiev des pro-européens depuis la fuite de l’ancien président pro-russe Viktor Ianoukovytch. En effet, des mesures plus restrictives quand au commerce entre l’Ukraine et la Transnistrie ont été décidées, ce qui a pour effet d’enclaver la région autonome qui autrefois bénéficiait de la « complaisance » de l’ancien pouvoir ukrainien allié de la Russie.

La Moldavie s’inquiète aussi de la présence russe sur un pan entier de son territoire qu’elle ne veut pas perdre, en effet une garnison russe est constamment présente en Transnistrie. Le problème est qu’il est annoncé d’avance, dans le cas d’une intégration de la Moldavie à l’UE, que le scénario d’une scission avec un possible conflit militaire en vue si la Moldavie venait à intervenir dans sa région indépendantiste pour l’en empêcher se produirait.

La Russie protégera ses citoyens en cas de conflit armé en Transnistrie, a prévenu le 01/10/2014 le vice-premier ministre russe, lors d’une rencontre à Moscou avec le président de cette région séparatiste de Moldavie.”Je veux dire à ceux qui ne pensent pas comme nous: il ne faut pas mettre son nez en Transnistrie (…), il ne faut pas faire augmenter les tensions, parce qu’il y a des citoyens russes qui habitent là-bas”, a déclaré le vice-premier ministre, cité par les agences russes. La Russie va “bien évidemment” protéger ses citoyens et “il ne faut pas tester notre patience et notre force”.

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/10/01/97001-20141001FILWWW00194-transnistrie-la-russie-met-en-garde.php

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/03/21/97001-20140321FILWWW00450-le-cas-de-la-transnistrie-inquiete-kiev.php?pagination=3

http://www.huffingtonpost.fr/2014/08/04/russie-embargo-arme-commerciale-sanctions-internationales_n_5647293.html

http://php4.arte.tv/info/2014/20140519-empire/empire_fr.html.   

 

C.  Quelles conséquences pour la Moldavie et la région ?

A voir les mouvements récents des troupes russes ainsi que d’agitateurs pro-russes en Transnistrie, on peut penser que la Russie ne restera pas les bras croisés dans cette affaire et que la Moldavie devra choisir entre l’UE ou la sauvegarde de la Transnistrie comme région autonome de son territoire.

L’avenir des minorités russophones en Moldavie et roumanophones en Transnistrie est lié à la direction que prendra la Moldavie. En effet, les différentes identités se sont renforcées depuis la chute du régime soviétique, ces deux régions se cristallisent sur leurs différentes cultures (langue, alphabet, histoire), des mouvements de populations ou dans le pire des cas une possible guerre civile ne sont pas à exclure.

Economiquement, de nombreux moldaves travaillent en Russie, des sanctions quand au changement des quotas de travailleurs moldaves en Russie peuvent être à craindre, ce qui pénaliserait énormément l’économie du pays dépendant pour une bonne partie des revenus envoyés depuis l’étranger.

Un conflit d’ordre majeur est à craindre dans le sens où une Moldavie proche de l’UE en affrontement avec des troupes russes situées en Transnistrie induirait directement une implication directe ou indirecte de belligérants dans la région : OTAN, conseillers militaires, volontaires, milices…

Etant donnée la marche forcée de l‘Ukraine et de la Moldavie vers l’UE, en niant les minorités russophones et les constantes identitaires, la Transnistrie ne risque-t-elle pas comme l’a fait la Crimée de rejoindre la fédération de Russie via une intervention russe ou un référendum d’autodétermination?

Cette suite peut paraître logique sur le modèle de Crimée (Ukraine), mais aussi de l’Ossétie du sud et de l’Abkhazie (Géorgie), la Transnistrie pourrait donc suivre ces régions qui se sont rattachées à la Russie suite à un conflit avec un ancien allié de Moscou se trouvant aujourd’hui dans le camp occidental.

“La Moldavie, un pays qui peine à trouver sa place” – Euronews : https://www.youtube.com/watch?v=oZh3oiMKpfg

http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/03/20/la-transnistrie-sera-t-elle-la-prochaine-crimee_4385073_3214.html


Conclusion

Le pro-occidentaux ont remporté les élections en Ukraine, une coalition des différents partis composant cette orientation politique devrait voir le jour à Kiev. Cependant, les régions séparatistes de Donetsk et Lougansk ont été privées des élections et ont décidé d’organiser leurs propres suffrages, elles sont pour cela soutenues par la Russie qui a annoncé qu’elle reconnaitra les résultats qui sont sortis des urnes, donnant les pro-russes vainqueurs.

Cela aura bien entendu un impact direct sur la Moldavie, très proche territorialement des régions séparatistes d’Ukraine, cette même Ukraine qui a décidé comme la Moldavie un destin européen dont personne ne saurait prédire les conséquences à court et à long terme…

http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/10/26/nette-victoire-des-pro-occidentaux-aux-legislatives-en-ukraine_4512702_3214.html

http://www.liberation.fr/monde/2014/10/29/moscou-defie-kiev-avec-son-soutien-aux-elections-separatistes-en-ukraine_1131671

 

Fiona ANZIUTTI, Fiona MINCHELLA, Valentin HOTTEGINDRE


Catégorie : Moldavie

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