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Joschka Fisher

Présentation du journal Der Spiegel, source de l’article :

Der Spiegel est un journal allemand fondé en 1947 par Rudolf Augstein et dont le rédacteur en chef actuel est Wolfgang Büchner. Regroupant des idées politiques plutôt de Centre-Gauche, c’est un grand hebdomadaire d’enquêtes et d’investigations. Le magazine subit de fortes critiques pour ses prises de positions parfois radicales et discriminatoires.

Der Spiegel online est quant à lui la version en ligne du journal Der Spiegel. Il a été créé en 1994 et est la revue en ligne la plus visitée des Allemands.

 

Présentation de l’article :

Joschka Fischer will EU umkrempeln (Joschka Fischer veut refonder l’Union Européenne) est un article tiré du Spiegel Online. Il a été mis en ligne le 15.05.2000.

L’Union européenne comptait alors 15 membres (France, Belgique, Allemagne, Autriche, Portugal, Espagne, Italie, Gèce, Danemark, Royaume-Uni, Irlande, Pays-Bas, Luxembourg, Suède, Finlande). À cette date, le traité d’Amsterdam été en vigueur depuis 1 an. Ce dernier repose sur les 3 piliers du traité de Maastricht.

Joschka Fischer dont le point de vue est exposé dans l’article traduit ci-dessous était en 2000 un homme politique allemand du parti des Verts. Il occupait alors la position de vice-chancelier et de ministre des Affaires étrangères depuis 1998.

 

Traduction de l’article:

Joschka Fischer veut refonder l’Union Européenne

Ce n’est pas en tant que ministre des Affaires étrangères, mais plutôt en tant que simple citoyen que Joschka Fischer a prononcé un discours sur l’avenir de l’Europe. Fischer n’a pas présenté une vision approximative, mais une idée bien précise pour la future Europe, il faut entendre par là une refonte totale de l’Union européenne.

Berlin – Par le biais d’une évolution progressive de l’Union européenne (UE) à une Fédération européenne, le ministre des Affaires étrangères Joschka Fischer (Grüne ) veut régler le problème de l’élargissement de l’UE aux pays de l’Est. Lors d’une conférence vendredi à Berlin, Fischer expliquait que la création préalable d’un « noyau de l’Europe » regroupant les pays particulièrement engagés pourrait s’avérer bénéfique. Ce noyau devra être ouvert à tous les pays. Les États nations devront alors faire montre de compétences essentielles. La France et l’Allemagne devraient en détenir les rôles clés.

Fischer décrit son discours comme étant une « vision personnelle de l’avenir de l’UE » à partir de laquelle il voudrait voir naître des discussions. Sa vision de « la finalité de l’intégration européenne» ne doit pas être mise en œuvre dans les prochains mois, mais il s’agirait bien plutôt d’une réflexion à long terme. Il explique que « Personne ne doit avoir peur de ce sujet », faisant clairement référence aux Euros septiques de Grande-Bretagne.

Fischer affirme qu’avec le passage d’une Union européenne de 15 à 30 États membres, le processus de décision de l’UE devra évoluer, pour que la Communauté européenne reste efficiente et qu’elle soit acceptée par les citoyens. Sans cette évolution, on assisterait à de graves crises qui, à terme, mèneraient à un échec de la Communauté européenne.

Fischer promeut un « renouvellement constitutionnel de l’Europe ». Celui-ci serait garanti par le passage d’une Confédération d’États de l’Union à la création d’un Parlement dans une Fédération européenne. Ainsi les États nations devraient « continuer à exister et jouer un rôle bien plus important au niveau européen que celui des Bundesland en Allemagne » avance Fischer. Dans un traité constitutionnel européen doivent être mentionnées les entités détenant le pouvoir souverain et les normes indispensables européennes. Les autres compétences sont laissées aux États-nations.

Toujours selon Fischer l’évolution vers une fédération se ferait en deux ou trois étapes. Tout d’abord la collaboration entre les États voulant une coopération plus étroite dans certains domaines doit s’intensifier. Dans un deuxième temps un groupe d’État créerait, au moyen d’un nouveau traité fondamental européen, un « Centre de Gravitation » qui aurait déjà les structures de la future fédération. C’est pourquoi cela doit être clair que : « Ce prototype ne devra en aucun cas être exclusif, mais devra au contraire être ouvert à tous les États membres et à tous les candidats à l’entrée dans l’UE, désirant participer à partir d’un certain moment. »

Le ministre a proposé que le parlement européen soit constitué de députés élus qui seraient également membres des parlements nationaux. Une deuxième chambre devra être mise en place qui pourra être soit, à l’image du Sénat américain, composée de sénateurs élus au suffrage universel direct dans les États membres, soit être une Chambre des Etats comme le Conseil fédéral allemand.

Les idées de Joschka Fischer ont généré au sein du CDU et du FDP de fortes critiques. Le secrétaire général du CSU Thomas Goppel a décrit Fischer comme « quelqu’un qui ne connaissait rien à l’idée européenne ». Au sujet de l’isolation de l’Autriche, Fischer se comporte en outre en « Rambo de l’Europe » et ralentit la Communauté européenne. Le président du groupe parlementaire CDU/CSU Friedrich Merz a déclaré que Fischer s’est emparé d’un sujet auquel le CDU et le CSU ont déjà apporté beaucoup de réponses dans les années 80 et 90. Le FDP a quant à lui déclaré que les idées de Fischer étaient floues.

 

Commentaire :

L’article date certes de 2000, mais la forme que doit prendre l’Union européenne est une question récurrente. L’idée de vouloir une fédération d’États peut être attirante pour que l’Europe reste compétitive au niveau mondial, mais est-ce pertinent pour autant ? La force de l’Europe est sa diversité, mais c’est aussi sa faiblesse. La multiplicité des savoir-faire des différentes cultures et la complémentarité des mentalités peuvent être un atout majeur, mais encore faut-il réussir à coordonner le tout afin d’arriver à un ensemble sinon homogène au moins fonctionnel et capable d’affronter la concurrence.

Les pays européens n’en sont pas au même stade de développement économique et social. Atteindre un certain niveau est aujourd’hui nécessaire à l’adhésion dans l’UE, mais cela reste subjectif. Il semble évident que si nous arrivons à une cohésion totale entre les pays de l’Union européenne, tous les pays devraient être sur un pied d’égalité, mais cela est-il vraiment possible d’une part et surtout est-ce « sage » ? Il est important que chaque pays garde son identité par ses traditions culturelles, mais cela ne rentre-t-il pas alors en contradiction avec un certain alignement ? Et les différences des pays européens et des pays voulant rentrer dans l’UE (par exemple la Turquie) ne sont-elles pas trop différentes ?

 

Sitographie:

article tiré du Spiegel-Online : http://www.spiegel.de/politik/deutschland/grundsatzrede-joschka-fischer-will-eu-umkrempeln-a-76237.html
Image de l’article : http://bruxelles.blogs.liberation.fr


Catégorie : Europe de l'Ouest / du Nord , Presse étrangère

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