Fiche Pays – Djibouti

La République de Djibouti est un petit État situé sur la corne de l’Afrique. Celle-ci entretient un lien très étroit avec la France, étant devenue indépendante qu’en 1977; Djibouti s’appelait anciennement Côte française des Somalis et territoire Français des Afars et des Issas.

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·      Chiffres clés :

Superficie : 23 000 km2

Nombre d’habitants : 873 000 (estimation pour 2013)

Nom des habitants : Djiboutiens

Ethnie : Afars et Issas

Capitale : Djibouti

Langues officielles : arabe et français

Monnaie : franc de Djibouti

IDH : 0.430/1

IDH (rang mondial) : 154/187

Nature de l’État : république à régime présidentiel

Constitution :

                                            Adoption : 4 septembre 1992

Exécutif :

Président de la République : Ismaïl Omar Guelleh

Mode de désignation : élection au suffrage universel direct

Durée du mandat : 6 ans, renouvelables une fois

Législatif :

Chambre des députés

Nombre de membres : 65

Le gouvernement n’est pas responsable devant la Chambre des députés.

·      Introduction :

Malgré des conditions climatiques difficiles et peu de richesses minières dans le sol, Djibouti est au cœur de toutes les convoitises. En effet, elle se situe dans une zone géostratégique exceptionnelle, située dans la corne de l’Afrique au cœur de trois continents et à proximité des capitales du Moyen-Orient. Elle joue un rôle primordial dans la gestion géopolitique internationale.  C’est pour ces raisons que les armées américaine, française et japonaise sont présentes sur ce petit territoire rempli d’atouts tactiques.

·      Évaluation du risque politique

Les risques politiques dans la République de Djibouti sont très importants. En effet, le président Ismail Omar Guelleh est souvent comparé à un dictateur ayant le plein pouvoir. Celui-ci a même modifié la constitution afin de pouvoir se présenter pour un 3e mandat consécutif. Il est au pouvoir de son pays depuis 1999. Le parti de l’opposition est quasiment inexistant, étant donné que les principaux acteurs sont pour la plupart en exil ou emprisonné. Lors du printemps arabe, de jeunes Djiboutiens ont essayé de faire entendre leur voix, mais ils ont été violemment réprimés. De fortes tensions se font ressentir dans ce pays où le seuil de pauvreté est très élevé (50% à 60% de la population vit sous le seuil de pauvreté selon l’Unicef), et les élites proches du pouvoir très riche. Une disparité grandissante entre les grosses fortunes et les besogneux s’affiche de plus en plus aux yeux de la population qui est exaspérée. Il y a donc une insécurité alimentaire pour une majorité de la population qui pourrait entrainer de graves émeutes comme dans les années 80. Le taux de chômage atteint des sommets dans les classements mondiaux (près de 60 % des actifs, dans la version officielle du gouvernement). Le niveau d’éducation faible reflète ces inégalités importantes.

D’un autre côté, les tensions peuvent venir également de la part des religions. L’Arabie Saoudite voisine envoie régulièrement de l’argent au gouvernement djiboutien afin de remettre à neuf des mosquées et islamiser la population. Malgré une religion commune (musulman sunnite), de trop grandes différences existent entre les deux principaux groupes humains, les Afars (présents principalement dans le Nord et l’Ouest) et les Issas (population vivant dans le Sud), aujourd’hui majoritaire. Les antagonismes entre ces deux peuples menacent encore régulièrement l’unité du pays.

Djibouti est de plus par nature très sensible à la conjoncture régionale, souvent mouvementée. Les guerres civiles extérieures (Somalie, Éthiopie) ont eu des répercussions sur le pays, avec l’arrivée de milliers de réfugiés ; la France a dû intervenir pour soutenir et maintenir l’ordre. La forte présence d’Al-Qaïda dans ces pays alentours fait de Djibouti un centre de surveillance important.

De nos jours, Djibouti est également concerné par les difficultés internationales face à la piraterie. En effet, le pays est au cœur de la stratégie occidentale de lutte contre la piraterie maritime au large des côtes somaliennes dans le Golfe d’Aden, ce qui permet à Djibouti de jouer un rôle central dans le dispositif naval mis en place par UE et l’OTAN, ainsi que par plusieurs marines nationales. Il s’agit de surveiller l’une des voies maritimes les plus fréquentées et importantes du monde face aux pirates somaliens de plus en plus présents et déterminés.

C’est pour ces multiples raisons que Djibouti accueille plusieurs grandes bases militaires, très stratégiques, pour différentes armées : française, américaine, japonaise et allemande.

Après les attentats du 11 septembre 2001, une base américaine a été installée à Djibouti : environ 1 800 hommes destinés à intervenir contre d’éventuels groupes terroristes dans une région qui s’étend de l’Afrique orientale à la péninsule arabique. De nombreux drones de surveillance sont lancés depuis cette base. Ce positionnement sur la corne de l’Afrique permet aux Américains d’être proches de leurs rivaux.

Le Japon et l’Allemagne ont également des attaches logistiques pour leur militaire. Ce qui est important de noter est qu’il s’agit de la première base étrangère permanente du Japon depuis 1945. Ce qui démontre et souligne encore une fois l’importance aux yeux du monde entier de ce petit état africain.

Djibouti abrite également la plus importante base militaire française à l’étranger, avec environ 3000 hommes. Ces importantes infrastructures militaires abritent notamment la base aérienne 188.  Depuis de nombreuses années, l’armée française a reconnu en Djibouti un territoire stratégique à ne pas négliger. La base française accueille le matériel et les hommes engagés dans la guerre d’Afghanistan, notamment des navires.

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Cependant, la présence française n’est pas toujours la bien venue. De nombreux risques sont présents pour les ressortissants français présents sur place (environ 5000). Le gouvernement français, mais en garde sur son site internet les quelques touristes qui se rendent sur le territoire par rapport aux risques terroristes et d’enlèvements. En démontre également l’affaire du juge Borrel, histoire sombre remplie de doutes qui n’a toujours pas été résolu. Ce magistrat a été retrouvé mort sur le territoire Djiboutien, le corps carbonisé. L’enquête française a privilégié dans un premier temps la thèse du suicide avant de retenir celle d’un assassinat après de nouvelles expertises plus de dix ans plus tard. Aujourd’hui, le témoin clef Mohamed Saleh Alhoumekani, un belgo-yéménite officier à la garde présidentielle à Djibouti, nous fait part de ses nouvelles déclarations après avoir été emprisonné illégalement au Yemen en 2013. Il met en cause le président actuel Guelleh et son entourage, pour leur implication dans la mort du juge. Cette affaire Borrel empoisonne les relations entre Paris et son ex-colonie depuis maintenant quelques années. La veuve du magistrat français se bat encore pour que le secret défense soit levé sur cette affaire, et que la vérité soit dévoilée.

·      Évaluation des risques économiques et financiers

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Les risques économiques sont fortement liés avec les risques politiques dans cet état. En effet, le président a une mainmise relative sur tous les pouvoirs, qu’ils soient exécutifs, législatifs, les médias… En outre, il a installé un pouvoir autoritaire en attribuant la plupart des postes importants de l’administration à ses proches. La corruption est de plus omniprésente. De cette situation résultent une gouvernance et un environnement des affaires très médiocres. Les principaux revenus sont l’activité portuaire et les bases militaires françaises et américaines, qui paient des loyers élevés (on parle de 30 millions d’euros pour simplement la base française). Ces leviers de croissance ont été modernisés pour assurer un minimum de stabilité économique à cet état. C’est grâce au soutien des Investissements Directs Étrangers (IDE) de la part des pays du Golfe tel que Dubaï que les agrandissements ont pu être effectués dans le port de Djibouti. Mais celui-ci garde tout de même une trop grande dépendance envers l’Éthiopie, puisque la plupart de l’activité repose sur l’économie de son voisin enclavé. 90% des marchandises à destination ou au départ du marché de 71 millions d’Éthiopiens passent par ce port.

Le Fond Monétaire Internationale (FMI) a apporté une aide de 10 millions d’euros (1% du PIB de Djibouti), et a été très satisfaite de l’avancement apporté par ce soutien, la stabilité micro-économique s’étant consolidé ces dernières années. La croissance du PIB a progressé régulièrement, se maintenant à près de 5%. La dynamique de la croissance économique continuera d’être tirée par les transports, les activités portuaires, les télécommunications, le secteur bancaire et celui du bâtiment. Cependant, Djibouti est très dépendante de son secteur tertiaire, celui des services, qui représente plus de 80% de son PIB. L’industrie et l’agriculture restent à un état embryonnaire, car freiné par de nombreux handicaps. Au vu des faibles ressources disponibles dans ce pays, la balance commerciale est très largement déficitaire.

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 En parallèle, de nouvelles banques et institutions financières se sont installées ces dernières années. Certains parlent de Djibouti comme du futur Hong-Kong africain. La raison de cet engouement pour ce petit territoire est l’attractivité de sa zone franche, qui permet de nombreux allégements fiscaux pour les investisseurs étrangers. Une autre particularité est sa politique monétaire axée sur une monnaie librement convertible en parité fixe avec le Dollar américain et son économie libérale, offrant d’importantes garanties et des traitements équitables à tous les investisseurs, quelle que soit leur origine.

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·      Évaluation des risques géographiques et environnementaux

Djibouti est un État aussi grand que la région de la Lorraine en France. Les conditions climatiques sont très peu favorables. En effet, il s’agit d’une région désertique et aride, la plupart de l’année avec une chaleur étouffante et humide. Les averses de pluie sont très rares. En 2012, le pays a subi une forte sécheresse qui a eu d’importantes conséquences sur les populations pauvres. Le sol ne contenant aucune ressource naturelle exploitable pour le moment, Djibouti est très dépendante de ses importations d’énergie. Les conditions naturelles sont donc peu favorables aux productions rurales. Quelques tribus nomades existent encore et vivent de l’élevage de bovins. Mais les quatre cinquièmes des habitants du pays habitent à la capitale, Djibouti.

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Sa disposition géographique est unique, à l’entrée de la mer rouge (détroit de Baab Al-Mandab). Ce détroit entre Djibouti et le Yemen est d’environ 30 kilomètres seulement. Al-Qaida a à plusieurs reprises menacé de le bloquer, mais l’organisation n’a pour le moment jamais réussi. La fermeture de cette voie obligerait les porte-conteneurs à faire le tour de l’Afrique plutôt que d’emprunter le canal de Suez. Il y aurait de fortes conséquences sur le commerce international, car le transport serait beaucoup plus long et donc beaucoup plus cher. Actuellement, 3 millions de barils de pétrole transitent chaque jour par ce détroit. Il s’agit donc d’une zone géostratégique permettant d’avoir le contrôle sur le canal de Suez.

Par ailleurs, il s’agit d’une zone de fractures entre la plaque africaine et la plaque arabe. C’est donc une zone d’instabilité tectonique où les phénomènes volcaniques sont fréquents.

Les risques sanitaires et épidémiques sont élevés dans ce pays. L’ambassade de France à Djibouti encourage les voyageurs à faire de nombreux vaccins avant de se rendre sur ce territoire. On recense très peu de médecins et d’hôpitaux, en dehors de la capitale. Le paludisme, maladie parasitaire transmise par les piqûres de moustiques, est  la principale maladie répandue.

Les États voisins sont des pays peu stables, avec des situations politiques très mouvementées. Il s’agit de la Somalie, l’Éthiopie, l’Érythrée et le Yémen. C’est pour cela que l’armée américaine s’est installée à Djibouti afin de surveiller ce qu’elle considère les états « voyous », qui regroupe les cerveaux et les bastions armés d’Al-Qaïda.

·      Évaluation du Hard Power :

L’armée a depuis longtemps une accroche importante avec le gouvernement Djiboutien. L’essentiel de l’effectif militaire est dans l’armée de terre. Ces forces sont d’environ 3500 hommes permanents. Des liens importants avec les armées françaises et américaines existent, dans des objectifs de conseils et de formations.

Djibouti est par ailleurs un membre permanent de l’ONU, Organisation des Nations Unies. Mais son poids dans les institutions internationales se ressent principalement lors de la lutte contre la piraterie somalienne, au large des côtes Djiboutienne. Cet état est également membre de la plupart des grandes organisations internationales (Banque Mondiale, FMI,…) et régionales (COMESA,…).

Des signes positifs d’investissements étrangers viennent de la part de l’émirat de Dubaï, qui a débloqué plus de 600 millions d’euros pour créer un hôtel 5 étoiles dans la capitale, ainsi qu’un centre touristique haut de gamme. L’aéroport a également été remis à neuf, afin de pouvoir devenir un hub important, entre l’Asie, le Moyen-Orient et l’Afrique.

Djibouti est très en retard au niveau de l’innovation, l’industrie étant peu présente dans le pays. Elle n’est pas présente dans les classements internationaux. On constate donc que l’innovation dans le port de Djibouti et dans les quelques infrastructures présente proviennent d’entreprises étrangères.

·      Évaluation du Soft Power :

La République de Djibouti ne jouit pas d’une culture forte. Elle est très influencée par son passé. Ainsi, les liens avec la France se font ressentir dans la culture du pays, ainsi que celle de son voisin éthiopien. La religion est imbriquée dans les civilisations des pays de la corne de l’Afrique. Malgré une situation stable, l’insécurité de la région ne permet pas au tourisme de se développer pour le moment.

Djibouti ayant des revenus par habitant élevés et un statut de pays stable par rapport aux états voisins, les ONG sont peu présentes. En effet, ce territoire représente un havre de paix et de protection pour les réfugiés des pays voisins, principalement les Somaliens et les Érythréens. Ces populations cherchent l’asile à Djibouti, car l’insécurité dans leur pays est grandissante. Le HCR, High Commissioner for Refugees, explique que « Djibouti est un pays qui attire peu d’ONG internationales. Sur le terrain, les ONG nationales n’ont ni l’expérience ni les capacités requises pour gérer l’afflux de réfugiés». Les besoins financiers s’élèvent chaque année à plus de 25 millions de Dollars.

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·      Conclusion

Cette analyse du risque pays de la République de Djibouti nous montre que la situation est tendue, pour différentes raisons. La capitale Djibouti continue à croitre grâce à l’aide des investissements étrangers et de la présence d’entreprises internationales, tandis que le reste du pays reste à un niveau de développement archaïque. Les révolutions arabes n’ont pas réussi à atteindre ce pays dans lequel la démocratie n’est pas encore d’actualité. Cependant, le gouvernement a des ambitions économiques très grandes, à l’aide de la modernisation de son port et l’attrait d’entreprises financières. Grâce à des relations diplomatiques entre la France et Djibouti entretenues depuis de nombreuses années, l’armée française continue à déployer une base stratégique pour le contrôle de l’Afrique et du Moyen-Orient. Entre les convoitises de leur voisin de l’Arabie Saoudite et celles de leurs rivaux américains, Djibouti est au centre des stratégies géopolitiques des principales nations. Ce pays s’est entouré d’alliés puissants sur l’ensemble du globe. L’instabilité des pays voisins ne devrait pas influer par rapport à la position privilégiée de ce territoire au cœur d’une région qui influence le contexte international. Ce petit territoire tributaire de conditions climatiques défavorables est devenu une plaque tournante de la géostratégie mondiale et continuera à avoir un rôle important à jouer dans les enjeux politiques futurs.

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SITOGRAPHIE :

 

http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/République_de_Djibouti/116701

http://www.banque-centrale.dj

http://www.assemblee-nationale.fr/11/rap-info/i2591.asp

http://geoclamart.perso.sfr.fr/download/ptitgeo26_djibouti.pdf

http://www.ccd.dj/djibouti/chiffres-cles.html

http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Djibouti

http://www.objectif-import-export.fr/fr/fiche-pays/djibouti/risque-pays-economie

http://www.cairn.info/revue-outre-terre-2005-2-page-451.htm

http://geography.howstuffworks.com/africa/geography-of-djibouti.htm

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http://www.slateafrique.com/2483/djibouti-peut-dire-merci-a-al-qaida

http://unctad.org/Sections/dite_dir/docs/wir11_fs_dj_en.pdf

https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/dj.html

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/01/03/mort-du-juge-borrel-un-temoin-cle-evoque-des-pressions-de-djibouti_4342806_3212.html

http://www.unicef.org/infobycountry/djibouti_statistics.html

http://www.defense.gouv.fr/ema/forces-prepositionnees/djibouti/dossier/les-forces-francaises-stationnees-a-djibouti

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