I/ Introduction
L’Iran ou plus précisément la République islamique d’Iran est comme son nom l’indique une république théocratique à travers laquelle la législation est en grande partie dictée par le droit musulman ou au moins en conformité avec celui-ci. Avant la révolution iranienne de 1979 et le départ du Shah Mohammad Reza Pahlavi, l’Iran était une monarchie constitutionnelle autoritaire prooccidentale. Sa capitale est Téhéran, et compte 10 400 000 habitants. L’État iranien est localisé géographiquement au Moyen-Orient (ou en Asie de l’Ouest selon le point de vue) et s’étend sur une superficie de 1 648 195 km2. Il possède des frontières terrestres avec l ’ I rak , la Turquie, l’Azerbaïdjan, l’Arménie, le Turkménistan,
l’Afghanistan et le Pakistan. Il partage également des frontières maritimes avec le Koweït, l’Arabie saoudite, Bahreïn, le Qatar, les Émirats Arabes Unis et Oman. La langue officielle de l’Iran est le persan (ou farsi) mais tous les iraniens ne parlent pas persan en famille. Dans cet espace multiethnique, on retrouve environ 18% de la population qui parle une langue turque ou encore 10% de la population qui s’exprime aussi en kurde. En 2014, on estimait à 80 840 713 le nombre d’iraniens avec environ 61% de perses, 16% d’azéris, 10% de kurdes, 7% de gilakis et mazandérans, 2% d’arabes et 4% d’autres appartenances ethniques. 98% de la population est de confession musulmane et 89% de la population est musulmane chiite ce qui en fait la grande spécificité de l’Iran.
En 2013, 72% de la population iranienne est urbaine. La monnaie officielle de l’Iran est le rial ; 1 euro équivaut à 31, 764 IR (mai 2015). L’Iran a un Indice de Développement Humain (IDH)* en nette progression depuis les années 80 (0.443 en 1980 et 0.749 en 2013) mais qui tend à stagner depuis le milieu des années 2000. Son IDH en 2012 était 0.742 ce qui place la République au-dessus de la moyenne mondiale (0.694) et en dessous de l’IDH français (0.884 en 2013) et équivaut à peu près à l’indice de la France en 1985. En étant iranien en 2014 on peut espérer vivre jusqu’à 70,89 ans. 85% de la population est alphabétisée. L’Iran a une culture nationale très ancienne et très riche contrairement aux autres états relativement jeunes de la région.
Ce qui fut autrefois la Perse est aujourd’hui au centre de l’actualité internationale de par le développement controversé de son programme nucléaire. La mauvaise volonté de l’Iran en matière de transparence vis-à-vis des aspects potentiellement militaires de son programme nucléaire, a contraint la communauté internationale à établir des sanctions économiques à son encontre, sanctions prévues par le Traité de Non-Prolifération nucléaire que l’Iran a signé. Cette situation critique serait actuellement en phase de détente suite aux accords de Genève du 23 Novembre 2013 qui prévoient un allègement des sanctions contre plus de coopération iranienne sur le dossier nucléaire. Cette conjoncture nouvelle marque certainement le début d’une ère d’intégration de l’Iran sur la scène internationale et a de quoi redonner un nouveau souffle à une économie iranienne asphyxiée par les sanctions. Face aux espoirs du présent, l’évaluation des risques à l’investissement en Iran prend tout son intérêt.
*calculé selon la méthode du Programme des Nations Unies pour le Développement (voir sources)
II/ Évaluation du risque politique
Quelques précisions sur la politique iranienne :
La République iranienne est basée sur la loi islamique et sur le principe du Velayat-e faqih. Le Velayat-e faqih signifie la « tutelle des théologiens » et confère au religieux la plus grande partie du pouvoir politique.
Le chef d’état du régime iranien est ainsi un Ayatollah (plus haut titre dans la hiérarchie du clergé chiite) élu en tant que Guide Suprême de la Révolution Islamique. Le Guide Suprême est élu à vie par l’Assemblée des Experts (membres du clergé choisis par la population) qui a en théorie la possibilité de le démettre de ses fonctions mais qui dans la pratique n’a jamais utilisé ce pouvoir. C’est Ali Khamenei qui occupe la fonction de Guide Suprême depuis 1989. Il est le chef des armées, il oriente les politiques générales du pays et supervise leur exécution et il fait également office d’arbitre entre les différentes branches du pouvoir.
Il nomme le chef du pouvoir judiciaire, six des douze membres du Conseil des gardiens de la Constitution, les commandants des Forces armées, l’information, les fondations religieuses, et confirme la validation, par le Conseil des gardiens des gardiens, de l’élection du président. Le président de la République quant à lui a un rôle plus proche de celui de premier ministre que nous connaissons. Le président est à la tête du gouvernement composé de 20 ministres, mais il n’a aucun contrôle sur les institutions importantes comme la Justice et les Forces armées. Il est également chargé de la diplomatie et de l’économie.
C’est le chef du gouvernement et le Guide Suprême lui délègue le commandement des armées sous réserve de conserver tout de même le mot final tout comme pour la politique étrangère. Le président a une marge de manoeuvre réelle mais si sa politique est en désaccord avec celle du Guide Suprême, ce dernier a le mot final. Il est élu au suffrage universel tous les quatre ans, renouvelable une fois mais sa présentation aux élections n’est pas libre et doit être validée par le Conseil des Gardiens qui fait un tri drastique entre tous les candidats. Cet organe a le pouvoir d’interpréter la Constitution, d’approuver ou mettre un veto à des projets de loi approuvés par le Parlement La politique iranienne est réservée aux islamistes qui s’affrontent en deux camps : les conservateurs et les réformateurs. Le parlement iranien est élu par les citoyens iraniens âgés de plus de 18 ans, il vote les lois mais doit composer avec le conseil des gardiens qui approuve ou s’oppose aux projets parlementaires. Les membres du conseil des gardiens sont tous nommés par le Guide Suprême. Ce système fait de l’Iran un régime très verrouillé.
Stabilité du gouvernement et des institutions :
La République Islamique d’Iran a été proclamée le 1 er avril 1979 à la suite d’une révolution. La constitution iranienne actuelle date de décembre 1979 et a été révisée seulement une fois, le 28 Juillet 1989 à la mort de l’Ayatollah Khomeini. Le chef de l’État actuel, le Guide Suprême Ali Khamenei, est en place depuis plus de 20 ans et possède des pouvoirs d’arbitre qui permettent d’éviter une paralysie du système politique qui déboucherait évidemment sur une crise. Ce régime autoritaire est pensé pour être stable.
Cependant la République a sérieusement tremblé en juin 2009 à la suite de la réélection du président Ahmadinejad, un conservateur endurci et fidèle au Guide Suprême. Des centaines de milliers d’iraniens sont descendus dans la rue pour protester contre des élections jugées largement frauduleuses et ont ainsi participé à la plus grande contestation que le régime ait connue. Les pasdarans (les gardiens de la Révolution islamique, branche armée entièrement contrôlée par le Guide Suprême) ont réprimé violemment les manifestations et sont à l’origine d’au moins 150 morts. En plus d’une efficacité à réprimer les manifestants, le régime a fait preuve d’une grande capacité à restreindre la liberté de la presse et de l’internet pendant les évènements de Juin 2009. Ahmadinejad a pu finir son mandat. Cet épisode de la vie politique iranienne montre que même en période de grave crise, le régime et le gouvernement savent se montrer relativement solides. Sauf retournement de situation, le nouveau gouvernement plus modéré de Rohani élu en juin 2013 laisse présager un environnement plus stable (au moins en matière de politique interne) pour les années 2013-2017.
Conditions socio-économiques, revendications ethniques et corruption :
Le grand problème actuel de l’Iran réside dans les sanctions internationales (elles sont en train d’être renégociées favorablement) qui le touchent à cause de la portée militaire éventuelle de son programme nucléaire. Ces sanctions, surtout américaines, visent principalement le secteur énergétique iranien qui est la principale source de revenus du pays. Cela se traduit dans l’économie persane par une montée catastrophique de l’inflation (taux d’inflation qui frôle les 40%) et corollairement par une baisse significative du pouvoir d’achat. Les sanctions ne sont pas les seules fautives, on accuse volontiers la mauvaise gestion en matière d’import/export des précédents gouvernements d’Ahmadinejad. Le gouvernement iranien reconnaît les difficultés croissantes de l’économie iranienne du fait des sanctions, mais cherche aussi à mener « les réformes de fonds recommandées par les institutions de Bretton Woods ». La mission du Fonds monétaires international de février et septembre 2014 a mis en évidence l’importance d’adopter des réformes importantes dans les secteurs bancaire et fiscal (taxation des fondations religieuses et parapubliques), et dans le programme de logements sociaux.
Dans l’immédiat, le gouvernement réduit le nombre de bénéficiaires des subventions alimentaires et énergétiques.
L’emploi est aussi un autre problème qui vient noircir le tableau. Le taux de chômage est estimé à 12% en 2014, et il est sans doute sous-évalué, en effet d’après le FMI il serait d’environ 30%. Le pays n’est pas égal en matière de développement économique et des régions sont en retard par rapport au reste du pays. À cela s’ajoute un taux de chômage plus élevé dans ces mêmes zones peuplées de minorités ethniques et religieuses comme les kurdes de la province d’Ilam. Bien qu’à terme cette situation puisse déboucher sur des revendications ethniques il semblerait toutefois que le sentiment national en Iran soit très fort et que l’iranité apparaisse plus forte que la religion ou le sentiment ethnique. D’autre part, notons l’existence de tensions contre les nombreux immigrés afghans qui fuient la guerre et qui posent des problèmes croissants. En parallèle, la corruption est un autre élément qui fait partie des grands fléaux problématiques de l’Iran. Le rapport de Transparency International du 3 décembre 2013 place le pays à la 144 ème place sur 177 dans le palmarès des pays les moins corrompus ce qui le fait reculer de 11 places par rapport à 2012. Cette évaluation de la corruption se fait selon plusieurs critères : la pratique de pots-de-vin dans les services publics, les possibilités d’obtenir des postes gouvernementaux par le biais de la corruption ou encore le niveau de corruption de l’appareil judiciaire.
Conflits internes
Les principales revendications populaires proviennent de la situation économique entrainée en grande partie par les sanctions internationales. Lors des récentes élections le redressement de l’économie nationale et le réchauffement des relations avec l’Occident étaient au centre des préoccupations de la population. En dehors de ça, la population relativement jeune de l’Iran aspire à plus de démocratie et à plus de liberté. Par exemple le strict code vestimentaire imposé aux femmes (existence d’une police chargée de surveiller le port du voile) fait partie des sujets sensibles pour les iraniennes qui sont tout de même très bien intégrées dans la société (il y a plus d’étudiantes que d’étudiants).
Preuve de cette évolution, la porte parole de la diplomatie iraniènne, Marzieh Afkham va devenir la première femme a obtenir un poste d’ambassadeur depuis 1979. Sous le précédent président la situation était très tendue et malgré des organes de
répression efficaces (voir les évènements de juin 2009) la situation était potentiellement explosive. Mais l’élection récente d’Hassan Rohani change complètement la donne.
Rohani est un conservateur très modéré, partisan du réchauffement des relations internationales et de l’assouplissement interne du caractère autoritaire du régime exacerbé sous Ahmadinejad. Il est soutenu largement par la population (élu dès le premier tour à plus de 50% des voix), le parlement pourtant conservateur a salué son succès pour l’obtention d’un accord avec les occidentaux sur l’allégement des sanctions et enfin le Guide Suprême en personne, d’habitude réfractaire à toute modération, lui a apporté récemment son soutien. Un avenir paisible semble donc se dessiner sous la présidence de Rohani. Toutefois le soleil promis pourrait laisser place à l’orage si l’Iran trompe la communauté internationale sur son programme nucléaire, si les sanctions économiques ne sont pas suffisamment allégées et mettent en échec les bonnes perspectives économiques prédites par la présidence Rohani ou encore si un scandale quelconque (corruption ou autre) éclate au sommet du régime.
Conflits externes et pays voisins entrainant un risque potentiel
La République Islamique d’Iran a une grande façade maritime qui débouche sur le Golfe persique (ou Golfe arabique selon le point de vue), autrement dit la région la plus riche en pétrole du monde. De ce fait l’Iran est assis sur une poudrière géopolitique. À cet égard on se souviendra de la guerre Iran-Irak (1980-1988) qui était bel et bien une guerre d’attrition à travers laquelle Saddam Hussein voulait s’accaparer une région hautement pétrolière sous contrôle iranien. Autrefois adversaire principal de l’Iran, l’Irak est aujourd’hui neutralisée et ce depuis la deuxième guerre du Golfe. Mais la chute du régime de Saddam Hussein a créé un face à face direct entre l’Iran et ce qui est aujourd’hui son ennemi juré :
l’Arabie Saoudite. La concurrence est telle entre les deux pays qu’on parle même de « Guerre froide du Moyen- Orient » pour définir leurs relations. En plus d’être des concurrents acharnés sur le plan économico-pétrolier, ces deux grands régionaux
s’opposent sur la religion (chiisme pour l’Iran, sunnisme voire wahhabisme pour l’Arabie saoudite), sur la scène internationale (positions en contradiction avec l’ordre mondial occidental pour l’Iran, positions en adéquation avec cet ordre pour l’Arabie saoudite) ainsi que sur le Golfe persique. Sur le plan géopolitique le contrôle iranien du détroit d’Ormuz irrite au plus haut point les saoudiens et a plusieurs fois failli être un casus belli. L’Arabie saoudite a trouvé le moyen de contourner le passage obligé d’Ormuz en construisant des pipelines qui traversent tout le pays ce qui rend la situation moins dangereuse.
Cet ennemi se condolide avec la guerre menée au Yemen. En effet depuis l’été 2014, les al- Houthi, tribus de religion zaydite proche du chiisme mais aux pratiques s’apparentant aussi a celles du sunnismes, sont a l’offensive. Ils sont soutenues discrètement par l’Iran qui a trouvé la le moyen de s’opposer a l’influence de l’Arabie Saoudite. En septembre 2014, les al-Houthi ont conquis la capitale du Yemen : Sanaa puis les provinces de la côte ouest. En janvier 2015, le nouveau président Adb-Rabbo Mansour Hadi a du quitter son poste sous la pression des al-Houthi. Il s’est réfugié dans le Sud à Aden ou des résistants et des milices sunnites tentent de renverser la situation.
Le 25 mars, les al-Houti saisissent la base d’Al-Anad, bombardent le palais présidentiel et le président Hadi est exfiltré vers l’Arabie Saoudite, puis prennent Aden.
Le 26 mars 2015, l’Arabie Saoudite a la tête d’une coalition de pays arabes a bombardé les rebelles au Yemen pour empecher les Houthistes de prendre le pouvoir. L’Iran, lui, soutient les rebelles chiites houthistes en leur fournissant des armes. Ceux-ci a été confirmé par l’ONU, alors que l’Iran cherche a le garder secret. Les spécialistes en géopolitique et les journaux parlent de « Guerre froide » opposant Riyad à Téhéran.
Outre cet ennemi tenace on peut citer Israël comme adversaire notable de l’Iran. Après que Mahmoud Ahmadinejad ait affiché sa volonté de détruire l’État hébreu durant son mandat, c’est à présent au tour d’Israël de menacer Téhéran. Après la conclusion des accords de Genève de Novembre 2013, Netanyahou, le premier ministre israélien, a en effet déclaré qu’Israël n’hésiterait pas à attaquer seul les sites nucléaires iraniens. Ces déclarations peuvent être interprétées plus comme un message adressé aux États-Unis pour qu’ils continuent à donner des garanties sécuritaires à Israël que comme une véritable volonté belliqueuse, mais le risque existe. En plus de ce risque et face à la situation actuelle de réchauffement des relations irano-occidentales les cartes peuvent être redistribuées au Moyen-Orient et bouleverser l’échiquier géopolitique de la région. L’issue du processus en cours peut potentiellement entraîner deux options polémogènes à prendre en compte. La première option pourrait s’enclencher s’il s’avère que l’Iran continue secrètement de développer une arme nucléaire. Dans ce cas là il y aurait un grand risque de conflit armé avec une coalition occidentale menée par les États-Unis. Cette option est toutefois peu probable car les iraniens aspirent à redevenir une grande puissance et ceci n’est pas possible avec la situation économique actuelle. Le nouveau gouvernement semble avoir pleinement saisi l’importance de mettre l’économie au premier plan au détriment de la puissance nucléaire. Il n’est absolument pas dans l’intérêt de ce pays étranglé par les sanctions internationales de ne pas respecter ses engagements récents. La deuxième option, peut être plus probable, s’amorcerait dans le cas où l’Iran, aidé par ses nouveaux amis occidentaux, devienne l’hégémon régional et concurrence de plus en plus l’Arabie saoudite. Une guerre pourrait être éventuellement déclenchée dans ce cas là, mais il n’est pas sûr non plus que les saoudiens soient prêt à se risquer à des sanctions internationales à leur tour. La guerre sera plutôt économique comme l’affirme Bertrand Badie.
Les conditions de sécurité dans le pays lié à la criminalité et au terrorisme : Si dans le passé l’Iran et surtout sa capitale était peu sujette à la délinquance, il semblerait que celle-ci ait augmenté de manière inquiétante jusqu’à s’insérer dans le débat publique local. En Outre, certaines régions comme le Sistan-Balouchistan (frontalière à l’Afghanistan) ou Kermanshah (frontalière à l’Irak) sont sujettes au trafic de drogue (pour le Sistan- Balouchistan) et au terrorisme (pour les deux).
Les trafics de drogue de l’Afghanistan vers la Russie et l’Europe passent par l’Iran. Le trafic de drogue est donc un point important que le gouvernement veut combattre. En effet dans la plupart des pays, les autorités confisquent entre 3 et 10% de drogue, or en République Islamique, les autorités confisquent jusqu’à 33% de drogue. C’est en Iran que 80% de l’opium et 40% de la morphine dans le monde sont confisqués.
L’Iran est au coeur d’une zone où des groupes terroristes évoluent, s’ajoute à cela de forts soupçons qui pèsent contre l’Iran vis-à-vis de son implication dans le terrorisme international. Son évolution potentielle en tant que grande puissance régionale en ferait une cible de choix en proie au terrorisme sunnite, peut-être kurde et pourquoi pas israélien. L’ambassade d’Iran au Liban a été la cible d’attentats meurtriers en Novembre 2013, en pleines négociations avec l’Occident. Le centre de l’Iran semble être plus sécurisé face au risque terroriste mais cette menace peut s’accroitre dans les années qui viennent sans pour autant faire vivre les iraniens et du coup les investisseurs dans la terreur. Citons quand même le ministère des affaires étrangères (MAE) français qui déconseille à ses ressortissants d’aller en Iran sauf pour des raisons impératives et qui déconseille formellement d’aller dans les régions frontalières à l’Irak et à l’Afghanistan.
Selon le MAE les risques d’enlèvements sont toujours probables à l’heure actuelle et il convient aux étrangers de suivre avec attention les relations qu’entretiennent leur pays avec l’Iran : pour la France elles sont en passe de s’améliorer.
III. Évaluation des risques économiques et financiers
Les secteurs de l’économie iranienne :
D’après la constitution de l’Iran, le système économique de la république islamique est fondé sur 3 secteurs :
• le secteur public, qui regroupe toutes les grandes industries de base, le
commerce extérieur, les mines, la banque, les assurances, l’énergie, les barrages et les réseaux d’aqueducs, la radio et la télévision, les poste, télégraphe et téléphone, l’aviation, les lignes maritimes, les routes et les chemins de fer.
• le secteur coopératif, qui regroupe les sociétés et établissements coopératifs de production et de distribution créés conformément aux principes islamiques.
• le secteur privé, qui regroupe les activités de l’agriculture, de l’élevage, de l’industrie, du commerce et des services complémentaires aux deux autres secteurs.
Le secteur pétrolier :
L’Iran est le deuxième producteur de pétrole de l’OPEP et détient 10 % des réserves mondiales confirmées de pétrole. Il a aussi les deuxièmes réserves mondiales de gaz naturel (après la Russie) avec une réserve de 29,61 milliards de mètres cubes (au premier janvier 2011). La production de pétrole iranienne culmine en 1974 à 6,1 millions de barils par jour.
En 2011, l’Iran exportait 2 millions de barils par jour. En septembre 2012, suite aux sanctions économiques occidentales, le volume est passé à 800 000 barils par jour.
Le secteur des transports :
L’Iran a assemblé 1 051 430 véhicules en 2008, volume constitué de voitures à 89,5%, plaçant le pays au 16e rang mondial par sa production, après la Turquie, mais devant l’Italie9. Le marché iranien est par ailleurs estimé à 1,3 million de véhicules10. Cependant, la production automobile iranienne a fortement reculé en 2009, rétrogradant au 18e rang mondial, et passant à 752.310 véhicules : ceci marque une chute de 28,54 % par rapport à 2008, alors que la production mondiale a baissé de 13,5 %.
Le secteur de l’agriculture :
L’agriculture reste un des secteurs employant le plus grand nombre de personnes, avec 22 % de la population active d’après le recensement de 1991. Les sécheresses de 2007 et 2008 ont provoqué un effondrement de la production agricole et ont obligé l’Iran à acheter 1,18 million de tonne de blé aux États-Unis, livrables entre 2008 et 2009.
L’économie iranienne est historiquement basée sur une forte implication de l’État qui élabore des plans quinquennaux et exerce un contrôle serré sur les industries énergétiques (essentiellement pétrole et gaz) ainsi que sur les grandes entreprises. Le coeur de son économie gravite autour des revenus du pétrole. Les sanctions internationales contre l’Iran qui vise en particulier ce secteur (plus les exportations, les transports et le secteur financier) se sont finalement révélées très efficaces puisque l’économie persane se retrouve aujourd’hui dans une situation critique.
Données chiffrées :
En 2014 le Produit Intérieur Brut iranien (PIB) était de 402,7 milliards de dollars. En
prévision pour 2019 l’Iran aurait un PIB de 1 855 milliard de $ et se placerait au 19ième rang mondial.
La République islamique affichait en 2014 une croissance de 1.5% et cela pourrait encore grimpé en 2015 (une croissance de 2,2% selon le FMI).
Le PIB par habitant a légèrement augmenté par rapport à 2013 et atteint en 2014 5,165 USD (5,284 USD en prévision pour 2015).
L’inflation quand à elle a considérablement baissé passant d’environ 40% à 20% en 2014. L’endettement de l’Etat (en % du PIB) reste stable (11,3% en 2013 et 11,2% en 2014).
Le taux de chômage (en % de la population active) a augmenté d’1,2% par rapport à 2013 (passant de 10,4% à 11,6%). Le solde budgétaire (en % et en fonction du PIB) a baissé et atteint -2,1% en 2014 (contre -0,9% en 2013). Le solde courant (en % du PIB) a également dégringolé passant de 7,5% en 2013 à -4,2% en 2014.
La dette publique reste quand à elle stable autour des 11%.
La monnaie iranienne est le RIAL. En Février 2015, le taux d’échange du dollar est 34 000 rials, et 1 euro égale 39 000 rials. Le rial ne cesse de baisser depuis l’application, il y a un an, des sanctions américaines et européennes contre l’Iran, soupçonné de préparer un programme nucléaire militaire (fin 2011, il fallait 12 000 rials pour un dollar).
D’après les données officielles, l’Iran a un taux de pauvreté qui avoisine les 18 % de la population, par conséquent 16,5 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. Or, selon le CIA World Factbook, 40 % de la population vivait en 2002, sous le seuil de pauvreté. Pourtant, en dépit du fait que l’IDH du pays se situe dans la catégorie moyenne (0.746, en 2004), la société iranienne serait en phase de transition. Dès lors, bien qu’étant traditionnellement rurale, l’Iran poursuit sa mutation dans le but d’accéder à une société semi-industrialisée. Quelle qu’en soi la cause, la pauvreté augmente en République Islamique d’Iran. De ce fait, le gouvernement iranien doit affronter de nombreux fléaux, tels qu’un taux de chômage élevé, qui est estimé à 25 %, de même qu’une répartition déséquilibrée des revenus, étant donné que la part du revenu des 20 % les plus riches équivaut à 50 %, tandis que celle des 20 % les plus pauvres représentait seulement 15 %, en 2004.
—> L’inflation galopante, le chômage et la pauvreté croissante entraînent les forces vives du pays, notamment les jeunes, à quitter l’Iran.
Face à ces données on comprend mieux la stratégie actuelle de l’Iran qui vise explicitement à annuler les sanctions internationales à son encontre. Et les accords récents de Genève (24 novembre 2013 entre les Membres permanents du Conseil de Sécurité et l’Allemagne, d’une part, et l’Iran, d’autre part, le Conseil de l’UE comme les Etats-Unis ont allégé pour six mois, à compter du 20 janvier 2014, le régime de sanctions applicable. Sous réserve du régime restrictif des transferts de fonds, les sanctions sont levées pour toutes les activités en lien avec l’industrie automobile, l’aéronautique (s’agissant des pièces détachées à destination de l’aviation civile iranienne), l’or, les métaux précieux et la pétrochimie) viennent confirmer qu’il est en bonne voie pour atteindre ses objectifs. Même si comme le dit Laurent Fabius, le ministre français des Affaires Étrangères, l’allégement des sanctions est « ciblé et réversible » il n’empêche qu’une brèche immense est ouverte et que les perspectives d’investissements étrangers sont énormes.
Le marché iranien, fort de presque 80 millions d’habitants, a un très grand potentiel, il représente le dernier grand marché qui ne fait pas partie de l’Organisation Mondiale du Commerce. En effet l’Iran a un statut d’observateur à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) depuis 2005. Les États-Unis n’ont cessé de bloquer l’Iran dans ses efforts visant à joindre l’OMC depuis que Téhéran a demandé un statut de membre il y a plusieurs années. Le veto arrive sans surprise -Washington soutient que l’Iran est un état terroriste et maintient les sanctions commerciales contre lui. Et malgré le soutien de pays comme la Chine à la candidature de l’Iran, sans l’approbation de Washington, Téhéran ne réussira pas à intégrer l’organisation.
Les iraniens sont un peuple éduqué (plus de 93% des 15-40 ans sont alphabétisés) et avide de biens de consommation et de biens technologiques: le marché de l’internet est en train d’exploser et le nombre de souscription à un abonnement de téléphonie mobile dépasse le nombre d’habitants. Ce marché est solvable et présente de grands besoins en équipements et en projets d’infrastructures. Les coûts de production sont faibles. De plus le nouveau gouvernement affiche une grande motivation pour faciliter la privatisation de l’économie nationale ainsi que les procédures pour l’investissement étranger. Il y a de grands enjeux pour les intérêts français. Rappelons qu’avant les sanctions états-uniennes sur le secteur automobile iranien, Peugeot (PSA) fabriquait 400 000 voitures par an.
Cela représentait le deuxième plus gros marché après la France pour la multinationale. Notons par ailleurs que les sanctions sur le secteur automobile ont largement cassé les opportunités françaises et avantagé les intérêts américains de Général Motors. Aussi Google et Apple comptent arriver massivement dans le pays. Les américains seront donc des concurrents de taille sur ce marché potentiellement émergent. Toutefois, s’il est avéré que les relations entre gouvernements français et iranien sont fluctuantes, les deux peuples se côtoient depuis le Moyen-Age et la France a accueilli de nombreux iraniens en exil. Ceci peut être un avantage de poids face au « Grand Satan » américain.
Pour Behzad Azarsa, conseiller économique de l’ambassade iranienne à Paris, les français pourraient tirer profit de rapprochements dans les secteurs du tourisme, de l’agriculture, des technologies, de la construction et destination transports. Selon lui « la prudence, en ce moment surtout, n’est pas nécessairement bonne conseillère » (voir sources). Les prochains investisseurs auront également à composer avec des concurrents asiatiques et russes.
Poids des sanctions de l’ONU, UE et USA en raison du programme nucléaire iranien
– Le durcissement des sanctions internationales, en 2013, vis-à-vis de l’Iran a aggravé le ralentissement économique que traverse le pays depuis plusieurs années. L’embargo sur les exportations d’hydrocarbures, mais aussi l’exclusion des banques iraniennes du système SWIFT, ont fortement limité les échanges extérieurs. Ce recul de l’activité combiné à une inflation forte et erratique a réduit le pouvoir d’achat des ménages et a entrainé un redoublement des tensions sociales en période de taux de chômage élevé.
Dans ce contexte, les négociations qui devraient se clôturer en juin 2015 seront déterminantes. Une levée de l’embargo international et une reprise économique permettraient de désamorcer le climat de tensions que traverse le pays avant la tenue des élections parlementaires prévues en mars 2016. De plus, une réussite des négociations en ferait un allié potentiel des puissances occidentales au Moyen Orient. Le pays joue un rôle de plus en plus central dans la dynamique politique de la sous-région grâce notamment au renforcement de ces liens avec Irak et la Syrie et à sa lutte contre l’Etat Islamique.
Cependant, la nature du programme nucléaire iranien est encore sujette à débat. Les Etats Unis et l’Europe souhaiteraient que ce dernier se cantonne à une utilisation civile de l’uranium enrichi. Or l’Iran possède suffisamment de ressources pour en produire à une échelle militaire. Aussi, un échec des négociations sur la question nucléaire risquerait de mettre un terme au processus d’ouverture initié par le modéré président Horani et pourrait favoriser le retour de partis plus radicaux au pouvoir.
Bien que les négociations entre les Etat Unis et l’Iran soient engagées depuis les accords de Genève en 2013, l’opposition à une normalisation des relations entre les deux pays persistent. D’une part, l’hostilité historique nourrie par le régime iranien vis-à-vis des Etats Unis reste présente au sein d’une partie de la classe politique iranienne. D’autre part, l’accession d’une majorité républicaine au sénat américain réfractaire à un accord avec l’Iran risquerait, via le vote de nouvelles sanctions, de ralentir le processus de négociations.
– En 2015, la reprise devrait se poursuivre tirée par un redressement de la consommation privée et du secteur non pétrolier. La stabilisation attendue de l’inflation autour de 15 % devrait favoriser une augmentation du pouvoir d’achat des ménages iraniens. Le redémarrage de la production du secteur automobile devrait également contribuer à dynamiser l’activité. Directement touché par les sanctions internationales, ce dernier avait enregistré une croissance nulle en 2012 et 2013. Cependant, un ralentissement de la production des hydrocarbures qui représente 75 % des exportations iraniennes est fort probable. Le secteur pétrolier demeure encore sous le coup des sanctions internationales et la baisse constatée des cours mondiaux autour de 75 dollars en 2015 pourrait le fragiliser d’avantage.
– Le faible déséquilibre des finances publiques devrait perdurer en 2015. La contraction des recettes fiscales risque en effet de se poursuivre en raison de la baisse du cours des hydrocarbures, principale source de financement de l’Etat. Le prix du brut pourrait en effet se stabiliser à un prix inférieur à celui permettant l’équilibre budgétaire iranien. Le gouvernement Horani a d’ores et déjà entrepris de limiter les effets de cette baisse en la répercutant sur le budget 2015 au risque d’initier une politique d’austérité dans un contexte social difficile.
Le solde courant restera faiblement excédentaire en 2015 mais cet excédent est fragile. En dépit des sanctions, les entreprises iraniennes ont bénéficié, en raison de la dépréciation du rial iranien, d’une baisse des prix de leurs exportations leurs ouvrant d’avantage les marchés asiatiques. Cependant la faible progression des exportations en hydrocarbures pourrait influer négativement sur les évolutions du compte courant.
-À la suite des sanctions, l’Iran reste coupé des marchés européens et américains. Le pays reste fermé aux exportations malgré le processus d’ouverture initié par le président Rohani. De plus, même si les sanctions devaient être levées le pays souffre toujours de carences institutionnelles et d’un cadre contractuel handicapant l’environnement des affaires.
En clair :
Point fort de l’économie iranienne
-importantes réserves de gaz et de pétrole – sanctions maintenues par l’ONU
(respectivement aux second et quatrième rangs – forte inflation mondiaux)
-très faible endettement extérieur
-positionnement stratégique de la sous-région
Point faible de l’économie iranienne
– sanctions maintenues par l’ONU
– forte inflation
– tensions sociales
– mauvais environnement des affaires
IV. Évaluation des risques géographiques et environnementaux
Les risques sismiques et géologiques :
L’Iran se situe entre deux zones sismiques principales : la plaque iranienne est coincée entre la plaque arabique et la plaque eurasiatique. De ce fait le risque sismique en Iran est très élevé et encore plus à Téhéran. En 1990, un tremblement de Terre de magnitude 7.7a fait plus de 45 000 morts dans le Nord-Ouest du pays. Les 2 derniers séismes en date, sont de décembre 2003 (mort de 31 000 personnes, dans la ville de Bam) et le 11 aout 2012 (double séisme au nord-ouest de l’Iran qui a fait 306 morts, en majorité des femmes et des enfants, et 3037 bléssés). De plus les infrastructures ne sont pas forcément développées pour absorber un séisme de forte magnitude. En 2002 le chef du centre international de recherche sismographique alarmait les autorités iraniennes sur la probabilité de 65% qu’un séisme de forte magnitude se déclenche dans les dix prochaines années (à partir de 2002). Ce pourcentage augmenterait avec le temps.
Les risques sanitaires et épidémiques
L’Iran n’est pas particulièrement dangereux d’un point de vue épidémiologique mais il faut être vigilant. Aucun vaccin n’est exigé pour séjourner en Iran il est néanmoins conseillé d’effectuer des vaccins contre la polio, la diphtérie, le tétanos, l’hépatite A et de se prémunir contre le paludisme si on séjourne dans certaines régions à risques. Il y a des risques de transmission du coronavirus. Il vaut mieux consommer des aliments cuits et des boissons en bouteilles hermétiquement fermées car l’eau est parfois non potable (aucun problèmes dans les grandes villes). D’un point de vue sanitaire il est important de préciser que les sanctions internationales ont entraîné une pénurie de beaucoup de médicaments.
V. Évaluation du hard power du pays
Pouvoir militaire réel
En Iran il y a deux organisations de la défense :
– le conseil suprême de la défense (CSD) : Selon l’article 110 de la Constitution de la
République islamique d’Iran de 1979, le CSD ou « Faqih » est directement placé sous l’autorité du guide suprême de la révolution. Il a la possibilité de proposer toute déclaration de guerre, de mobiliser les forces armées, de désigner les chefs des
différentes armées et des Pasdarans. Les plans stratégiques et la politique de défense sont de son ressort. Il a également un rôle de contrôle de la défense à tous les niveaux et peut imposer à tout moment un droit de veto.
– le conseil suprême de la sécurité nationale (CSSN) : Selon l’article 177 de la Constitution, le CSSN a en charge : de déterminer la politique de sécurité et de défense du pays ; de coordonner les activités politiques, sociales, culturelles, économiques et le renseignement en vue de respecter la politique de sécurité et de défense du pays ; de gérer les ressources du pays afin de faire face aux menaces intérieures et extérieures.
Troupes actives : 648 000 hommes. L’Iran alloue 17 700 millions de dollars (soit 4,39 % du PIB) au budget de la Défense (chiffres de 2015).
L’armée de terre iranienne comporte environ 350 000 hommes avec 60% de conscrits (service militaire de 18 mois obligatoire à 18 ans) et 1 600 véhicules blindés. Les forces aériennes font état d’environ 52 000 hommes avec 300 avions de combat (dont la moitié clouée au sol) et la marine iranienne est composée de 20 000 hommes avec entre autres 3 sous-marins « Kilo » russes et quelques mini sous-marins efficaces dans les eaux peu profondes du Golfe persique.
Par manque d’informations vérifiables, les experts ne sont pas d’accord lorsqu’il s’agit d’évaluer les capacités militaires de l’Iran. Certains comme ceux de la Rand Corporation défendent l’idée que la République islamique constitue une menace modérée pour ses voisins en raison de ses faibles capacités de projection à l’extérieur. D’autres pensent que l’évaluation de la menace doit davantage se baser sur l’idéologie agressive du régime plutôt que sur ses moyens militaires réels. Quoi qu’il en soit il est avéré que la stratégie de défense de l’Iran est essentiellement défensive afin de protéger son territoire ainsi que son système politique. Cette stratégie est fondée sur trois axes. Le premier réside dans les forces conventionnelles iraniennes qui sont scindées entre l’armée classique et les gardiens de la Révolution islamique. L’armée iranienne a perdu de sa superbe par rapport à ce qu’elle était avant la Révolution. Ses équipements sont disparates et ses commandements, divisés entre les deux branches armées, entretiennent une rivalité, ce qui est un point faible. Le deuxième axe repose sur des forces populaires qui, dans le cadre d’une guerre asymétrique, pourraient infliger des dégâts importants rendant improbable le contrôle du territoire iranien par ses ennemis. Et enfin le dernier axe s’appuie sur les armes stratégiques iraniennes : missiles continentaux et potentiellement arme atomique.
D’un point de vue matériel on dit de sa marine qu’elle a bonne réputation (efficace dans le harcèlement des pétroliers), en revanche cette appréciation n’est pas valable pour le reste de son armée. Seulement la moitié de ses matériels (char, artillerie lourde, hélicoptère de combat) serait opérationnelle. Sa force aérienne quant à elle est hétérogène et insuffisante pour assurer la défense d’un espace aussi vaste que le territoire iranien. On considère que l’Iran a des connaissances scientifiques avancées dans le domaine du nucléaire militaire mais les évènements récents limitent fortement la probabilité que le pays fasse l’acquisition prochaine de l’arme atomique. Ces connaissances scientifiques sont valables dans d’autres domaines et on parle souvent de l’ingéniosité des iraniens pour recycler leur matériel (voire leur matériel capturé) ou pour détourner les obstacles qui se dressent devant eux lors d’un conflit, cette compétence est donc à ranger du côté de ses atouts.
D’après l’IRIB (site américain spécialisé dans le pouvoir militaire) « il se peut que l’Iran ne soit pas encore une superpuissance mais ce pays a des capacités qui l’ont rendu capable de faire face aux pressions américains, européennes et onusiennes ». D’après ce site l’Iran est à même de produire des chars, des sous-marins et il peu procédé à des techniques de rétroingénierie pour concevoir des drones.
Poids du pays dans les institutions internationales
L’Iran, ce pays culturellement et historiquement plurimillénaire, est réputé pour la qualité de son corps diplomatique. En revanche même si la situation évolue favorablement à l’heure actuelle on peut dire de la République islamique qu’elle est exclue (de par ses positions révolutionnaires) de l’ordre mondial occidental. Pour preuve elle ne fait même pas partie de l’Organisation Mondiale du Commerce. Malgré cela, force est de constater, que l’Iran est au centre de l’actualité internationale et que l’expression de son avis attire l’attention du monde entier. Sa contestation de l’ordre pan occidental lui donne paradoxalement une dimension diplomatique accrue. De plus ses mauvaises relations avec l’Occident ne l’empêche pas d’être en très bon terme avec la Chine et la Russie ou encore avec certains pays d’Amérique latine comme le Venezuela. Le pays n’est pas si isolé que ça et exerce une influence territoriale de l’Afghanistan jusqu’en Syrie en passant par l’Irak. En prenant la présidence tournante du sommet des non alignés en 2012, l’Iran a étendu son aura auprès des pays du Sud. In fine, bien que non conventionnel, le poids de l’Iran sur la scène internationale est important.
Technologie et innovation
L’Iran a une longue histoire scientifique et les perses sont à l’origine d’importantes découvertes dans des domaines tels que la chimie, la médecine, l’optique qui ont grandement inspiré les scientifiques européens.
Par exemple :
• En 1960, Ali Javan a inventé le premier laser à gaz.
• Le cœur artificiel a été inventé par un cardiologue iranien, Toffy Musivand.
• L’Hémoglobine glycosylée (qui mesure la gravité du diabète a été découverte par
Samuel Rahbar
• La découverte des cellules souches spermatogoniques est due à Karim Nayernia
• L’invention des systèmes moléculaires à réplication organisée vaut le prix Feynman
1998 à Reza Ghadiri.
De nos jours, l´Iran est une puissance technologique, de loin plus performante que les autres pays musulmans. Ce ne sont pas des actes isolés ! Plus près de nous, Ebay est une création de M.Omydiar, le vice-président de Google est M.Omid Kordestani, l’ancien maire de Beverly Hills est Jamshid Delshad… Shirin Abadi est la seule femme musulmane à avoir reçu le prix Nobel.
L’Iran moderne est un pays très axé sur l’éducation et la formation et a l’ambition de redevenir une puissance scientifique comme par le passé. La preuve : en 2003, surprise des responsables du département d’« Electronical Engineering » de l’Université de Stanford, qui constatent que les meilleurs étudiants aux difficiles épreuves d’admission à leur cycle Ph.D. proviennent d’un même pays et d’un même établissement : la « Sharif University of Science and Technology » en Iran. Sharif dispense, selon de nombreux spécialistes, l’un des meilleurs programmes « undergraduate » (niveau licence) du monde en electronical engineering en compétition avec le MIT, Caltech, Stanford, Tsinghua et Cambridge.
Quelles sont les raisons d’un tel succès ? Les parents privilégient les formations d’ingénieurs et la médecine aux autres disciplines, telles que le droit par exemple. Le taux de ses publications scientifiques, le plus élevé du Moyen-Orient, a quadruplé
durant la dernière décennie mais reste largement en retrait par rapport au nombre de publications des scientifiques américains ou chinois. L’Iran est un des pionniers de la transplantation, il a aussi développé son propre riz génétiquement modifié et est en train de construire le télescope le plus puissant de la région. C’est aussi le 3ème pays à réussir l’implantation d’un télescope miniature dans l’oeil d’un patient pour améliorer ses troubles visuels causés par la dégénérescence maculaire liée à l’âge. L’Iran aspire à devenir le centre scientifique du monde musulman et investit réellement le domaine de la science mais les sanctions internationales viennent encore une fois limiter ses ambitions.
L’Iran met son avancé en technologie au profit de son armée : L´avion de combat, entièrement conçu et fabriqué par les ingénieurs iraniens, a effectué, en 2009, avec succès, son premier vol-test, en présence du ministre de la Défense et des hauts
responsables militaires, à Ispahan. Cet avion de combat baptisé « Azarakhsh » (la foudre) est le deuxième. Le premier du nom est baptisé « Saegheh » (l´éclair).
L’Iran testera son missile intercontinental d’ici 2015 et recrute des robots soldats (contrôlés à distance et armés de roquettes et mitrailleuse.
VI. Évaluation du soft power du pays
Le soft power d’un État est ce qui lui permet de convertir un autre État à adopter son point de vue de manière non coercitive avec l’aide de son modèle culturel ou de son économie rayonnante. Autrement dit c’est la capacité d’un État à se rendre attractif aux yeux des autres. Toutefois et c’est souvent le cas, les éléments qui forment le soft power peuvent échapper au contrôle de l’État en émanant directement de sa population ou de sa société civile.
Reconnaissance médiatique et culturelle et vecteurs d’influence
L’Iran possède une reconnaissance culturelle très importante du fait de son histoire très riche et du rayonnement passé de l’Empire perse à travers le monde. C’est aussi le centre mondial de la religion musulmane chiite, de ce fait elle exerce une influence considérable sur les populations d’Irak et d’Azerbaïdjan mais aussi du Liban avec le Hezbollah. Ses positions politiques lui valent également une forte reconnaissance en Syrie et en Afghanistan. Les observateurs s’accordent à dire que l’Iran gagne du terrain dans la région. En matière de vecteur d’influence, on peut dire que le cinéma iranien est mondialement reconnu et beaucoup de films iraniens ont été nominés ou ont reçu des prix internationaux, bien que ces films soient souvent dissidents du régime. Malgré les interdictions du régime islamique, le cinéaste iranien Jafar Panahi, pourtant interdit de filmer, a sorti « Taxi Téhéran » le 15 avril 2015. Ce film est contre la dictature et en faveur de la liberté d’expression. Il s’est vu récompensé par l’Ours d’or à Berlin.
Aussi, certains membres issus de la diaspora iranienne sont célèbres pour leur réussite. C’est le cas de Pierre Myanmar, fondateur de Ebay et de Salar Kamangar, le CEO de youtube. En 2010 l’Iran a lancé sa chaine iFilm dans le monde arabe. Cette chaine présente sur le câble propose des films, reportages et documentaires à destination de 300 millions de téléspectateurs potentiels. En Janvier 2012 il a lancé Hispan TV à destination des pays hispanophones. Il est vrai cependant que l’Iran, en raison des manquements de son régime aux droits de l’homme, ne bénéficie pas d’une très bonne image auprès des occidentaux. Ces derniers sont plus au fait des « dérapages » gouvernementaux et moins éclairés sur sa culture, pourtant opulente.
Les séjours en Iran sont « déconseillés sauf raison impérative » par le ministère des Affaires étrangères français. Or depuis, l’élection du nouveau président Hassan Rohani, les relations diplomatiques entre l’Iran et l’Occident se sont réchauffées. Les Occidentaux prévoient donc de suspendre partiellement les sanctions internationales qui pèsent sur l’économie du pays, et on peut imaginer que le MAE pourrait lever sa recommandation visà- vis de la destination. Des tour-opérateurs, comme ‘’Clio’’ n’ont jamais arrêtés leur tour en Iran, et ils notent une hausse de 35 à 40% des demandes depuis mai 2013.
Organisations Non Gouvernementales
Les ONG internationales ont mauvaise presse en Iran et sont vues en général comme un outil d’ingérence au service des étrangers. Les ONG iraniennes se sont considérablement développées dans les années 2000 et on estime leur nombre entre 3000 et 8000 mais le gouvernement n’en a autorisé que 88. Ces ONG sont donc discrètes et agissent surtout dans l’humanitaire et dans les domaines où il est délicat d’agir pour une République islamique comme celui du SIDA par exemple. On ne peut pas dire que les ONG iraniennes brillent sur la scène internationale et celles qui sont actives à l’extérieur sont ironiquement appelées par les iraniens des « ONG gouvernementales » à cause de la main mise du gouvernement sur ces dernières.
VI. Conclusion
L’Iran est un pays potentiellement explosif aussi bien dans le sens positif du terme que dans le sens négatif. Il existe de réelles menaces à l’investissement mais d’un autre côté les bénéfices possibles sont énormes dans ce marché presque vierge de 80 millions d’habitants. Aussi les risques paraissent considérables de par leurs conséquences potentielles mais sont minimes de par leur probabilité d’éclore. Tout se joue dans l’issue des négociations actuelles sur le nucléaire iranien et sur les sanctions qui en découlent.
La version la plus probable est aussi celle qui est la plus bénéfique économiquement. L’analyse des risques conclut que les chances que l’Iran et que l’Occident s’entendent et permettent au pays de retrouver une vraie croissance économique sont plus élevées que le contraire. Le rapport risque/opportunité apparait favorable à l’investissement, il faut toutefois être vigilant. La levée possible des sanctions peut aussi ne pas être suffisante pour redresser le pays et poser un gros problème au gouvernement actuel. Mais au final il y a une réelle opportunité à saisir. Les hommes d’affaires qui y réussiront le plus seront sans doute les moins prudents d’aujourd’hui même si les dangers existent. Il convient aux investisseurs futurs de toujours se tenir informés de l’évolution de la situation.
FORCES FAIBLESSES – deuxième production pétrolière de l’OPEP
(3ème réserve mondiale), deuxième réserve de gaz- bonne défense (défensive) militaire pouvoir diplomatique et soft power important
– dette extérieure très faible
– faibles coûts de production- sanctions internationales- instabilité régionale- économie
trop centrée sur le pétrole
– pas de capacité militaire de projection
– présence de l’ État dans l’économie ( mais envoie d’amélioration)
OPPORTUNITÉSMENACES- sanctions définitivement levées => reprise de la croissance et ouverture sur le monde du marché iranien de 79 millions d’habitants qui est très solvable- politiques économiques prises par le gouvernement actuel favorisant l’investissement étranger- partenariat irano-français très ancien
– situation géographique idéale pour s’attaquer aux marchés régionaux- allègement des sanctions réversibles ou éventuellement non suffisantes pour l’économie => instabilité politique interne- reprise du nucléaire militaire iranien => conflit international- guerre froide avec l’Arabie saoudite qui se réchauffe
– concurrence étrangère (américaine) sur le nouveau marché iranien potentiel
– séisme
– mauvaise image de la France pendant les négociations récentes
VII. Annexe
Fiche pratique pour ceux voulant voyager en Iran
Y aller :
Pour se rendre en Iran, il existe des vols directs entre Paris et Téhéran chez les compagnies Air France et Iran Air. Le voyage dure 5 heures. Attention, au mois de mars, mieux vaut réserver son billet à l’avance : de nombreux Iraniens expatriés rentrent en Iran pour le Nouvel an (21 mars).
Les formalités administratives :
Pour aller en Iran, il faut impérativement demander un visa touristique à l’ambassade de la République Islamique d’Iran, à Paris.
COMMENT SE COMPORTER ?
En Iran, veillez à respecter les lois islamiques : port du voile pour les femmes, pas de
bermuda pour les hommes. Interdiction de boire de l’alcool.
COMMENT SE DÉPLACER ?
Le réseau routier est dense et il existe en Iran de nombreuses compagnies de bus qui sillonnent le territoire. Les bus sont climatisés et confortables. Le train est aussi une option . Mais pour les grandes distances, mieux vaut prendre l’avion.
A Téhéran, il est préférable de se déplacer en taxi, pour éviter d’avoir à conduire soi-même dans la circulation chaotique.
NUMÉROS / ADRESSES UTILES ?
Ambassade d’Iran en France
Adr. : 4, avenue d’Iéna – 75116 Paris
Tél : 01.40.69.79.00
Fax : 01.40.70.01.57/01.47.23.89.48
Courriel : [email protected]
Ambassade Française en Iran
81 avenue Neauphle-le-Château – BP 113 – Téhéran 11365
Tél: [98] (21) 670 60 05 (à 08)
Fax: [98] (21) 670 65 44
IRAN Téhéran Section consulaire
81 avenue Neauphle-le-Château – BP 113 – Téhéran 11365
Tél: [98] (21) 670 60 03 (à 04)
Fax: [98] (21) 670 65 44
OFFICE DE TOURISME D’IRAN
c/o A.I.T.O
9, avenue de Friedland
75008 PARIS
Tél : 01 56 59 91 86
Fax : 01 45 61 16 20
Lexique important :
– Oui / non : Baleh/na
– Bonjour : Salam
– Au revoir : Khodafes
– S’il vous plaît : Lotfan
– Merci : Merci
– Je ne comprends pas : Ne mifahmam
– Combien coûte ? : In tche qadr hast?
VIII. Références
Bibliographie
-ADELKHAH Fariba, Les paradoxes de l’Iran : idées reçues sur la République islamique, le Cavalier bleu, Paris, 2013, 240p.
-BONIFACE Pascal (dir.), L’année stratégique 2016, Armand Colin, Paris 2015, 368p.
-BOZARSLAN Hamit, Sociologie politique du Moyen-Orient, La Découverte, Paris, 2011, 126p.
-COVILLE Thierry, Iran la révolution invisible, La Découverte, Paris, 2007, 280p.
-GHANNAD Hervé, Identité et politique extérieure de l’Iran, Studyrama, Paris, 2013, 365p.
-HOURCADE Bernard, Géopolitique de l’Iran, Armand Colin, Paris, 2010, 296p.
Sitographie :
-Ensemble de données chiffrées sur l’Iran: https://www.cia.gov/library/publications/theworld- factbook/geos/ir.html
-Sur l’IDH : http://hdrstats.undp.org/fr/pays/profils/IRN.html
-Sur l’inflation : http://affaires.lapresse.ca/economie/international/201311/11/01-4709552- iran-le- fmi-pointe-linflation-elevee.php
-Sur le soutien à Rohani : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/10/02/97001-
20131002FILWWW00288-rohani-soutenu-par-le-parlement-iranien.php
http://www.dhnet.be/dernieres-depeches/belga/le-president-rohani-juge-populaire-parpres- de-60-des-iraniens-52a897143570105ef7d1cf64
-Sur la rivalité Iran-Arabie saoudite : http://www.anneguion.ouvaton.org/spip.php?article90
-Sur le Sistan-Balouchistan : http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/attentatau-sistan-balouchistan-un-65882
-Sur les intérêts français en Iran – interview de Behzad Azarsa : http://www.lemonde.fr/
proche- or ient /ar t icle/2013/11/06/ la- f rance-a- la- reconquete-du-marcheiranien_3509011_3218.html
http://www.comiteafi.net/index.php?option=com_content&task=view&id=438&Itemid=9 7
http://www.futura-sciences.com/magazines/terre/infos/actu/d/terre-triste-realite-risquesismique- iran-1416/
-Sur les conditions sanitaires : http://www.cimed.org/index.php/cimed_fr/layout/set/popup/Les-fiches-sante/Liste-des- pays/Moyen-Orient/Iran/Teheran
-Sur l’Iran et le mouvement des nonalignés : http://www.lemonde.fr/international/article/2012/08/27/l-iran-tente-dinstrumentaliser-les-non-alignes_1751671_3210.html
-Sur les technologies et innovations : http : / / fr.wikipedia.org /wiki/Science_et_technologie_en_Iran Sur l’influence de l’Iran dans sa région : http://french.irib.ir/info/international/item/275404- l%E2%80%99influence-iranienne-granditdans- la-r%C3%A9gion,-celle-des-usa-se-r%C3%A9duit
-Sur les ONG : http://www.grotius.fr/ong-medias-et-societe-civile-en-iran/
Catégorie : Iran , Proche et Moyen-Orient , Risques, menaces & Opportunités Mots-clés : golfe persique, Iran, Moyen-Orient, -Opportunité, risque pays
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