fiche risque de l’Irlande

 

Fiche risque de l’Irlande                                     

 

Introduction

L’Irlande, c’est son nom officiel, est une république parlementaire. Son drapeau tricolore, inspiré du modèle français, est vert, blanc, orange. Le vert est la couleur traditionnelle de l’Irlande. Le blanc symbolise la paix entre les deux communautés religieuses, catholiques et protestantes. La couleur orange enfin, commémore pour les protestants la victoire du 3 juillet 1690 du roi d’Angleterre Guillaume III (issu de la maison d’Orange-Nassau) sur son rival catholique Jacques II. Il y a deux langues officielles : l’Irlandais et l’Anglais, cette dernière langue étant essentiellement utilisée. L’Irlande est principalement catholique (88.4 % de la population) et les protestants sont une toute petite minorité de 3 % ; les protestants de l’île vivent surtout de l’autre côté de la frontière, en Irlande du Nord, c’est-à-dire au Royaume-Uni.

La démographie était de 4 582 769 au premier janvier 2012. L’IDH, un des plus élevés du monde (7e à l’échelle mondiale en 2013) est de 0.916[1]. Membre de l’Union européenne, l’Irlande a adopté l’Euro en 2002 en remplacement de la livre irlandaise.

Évaluation du risque politique

Stabilité du gouvernement et des institutions

L’Irlande est une démocratie. Ses institutions garantissent les libertés publiques et la séparation des pouvoirs. La constitution confie l’exécutif au gouvernement ; le législatif au gouvernement et au parlement (appelé Oireachtas), composé de deux chambres : le Dáil Éireann (chambre basse) et le Seanad Éireann (sénat). Le gouvernement doit recevoir l’approbation du Dáil Éireann pour déclarer la guerre, ou participer à une guerre. Les traités sont ratifiés par le Dáil Éireann. Le gouvernement ne peut agir contrairement à la constitution et une cour de justice peut le contraindre à s’y conformer par un contrat de mandat. Enfin, les ministres ne respectant pas la constitution peuvent faire l’objet de poursuites judiciaires pouvant conduire jusqu’à l’emprisonnement. La Constitution ne peut être amendée que par référendum. Les derniers référendums ont porté sur l’avortement, le statut de l’Église catholique romaine, le divorce et la Constitution européenne.

La vie politique irlandaise est animée par plusieurs partis politiques. Deux partis prédominent :

Le Fianna Fáil et le Fine Gael. Aucun des deux ne se réclame spécifiquement comme étant de gauche ou de droite, bien que le Fine Gael puisse être assimilé à un parti de centre-droit. Ce parti est actuellement au pouvoir en coalition avec le troisième parti du pays, le Labour Party, de centre-gauche. La droite est incarnée par des libéraux : les Démocrates progressistes.

Ainsi, la vie politique irlandaise est pluripartite, les coalitions sont de mises et les députés indépendants ont un rôle. Ce pays a des institutions stables. Il est cependant à noter que le gouvernement actuel a été porté au pouvoir suite à des élections anticipées à cause de la crise de 2008.

Conditions socio-économiques

Surnommée le « tigre celtique » grâce à une forte croissance entre les années 1990 et 2000 (avec une croissance ininterrompue d’au moins 8% entre 1994 et 2000[2]), l’Irlande est devenue un pays prospère, attirant de nombreux investissements étrangers, se hissant à la quatrième place au sein des pays de l’OCDE concernant le PIB par habitant[3]. La crise de 2008 a néanmoins été particulièrement rude. Elle a fait augmenter le chômage, les impôts et réintroduit la précarité. Bien que l’Irlande reste au deuxième rang en termes de PIB par habitant parmi les pays de l’Union européenne (derrière le Luxembourg), elle doit faire face à la crise ; le FMI, la BCE et L’Union européenne sont à son chevet. Le déficit public doit être ramené en deçà de 3% du PIB ; la balance commerciale demeure excédentaire et l’Irlande connaît  une croissance autour 1 % en 2013. La situation économique de l’île, sans être idyllique n’est pas encore catastrophique. N’étant pas encore arrivée au stade de la Grèce ou du Portugal, la situation socio-économique irlandaise reste préoccupante. L’austérité qui s’annonce pour endiguer le déficit public, couplé à la hausse du chômage (14%), pourrait déboucher sur des révoltes sociales à l’instar de ce qui se passe dans les Etats méridionaux de l’Union européenne.

Conflits internes et pressions ethniques

L’Irlande est une nation homogène. Il n’y a pas de pressions ethniques à proprement parler. L’immigration y est forte, mais reste limitée au travail. Il n’y a pas de problèmes « d’identité nationale ». Cependant, les tensions ethnico-religieuses en Irlande du Nord (Royaume-Uni) sont une préoccupation.

 

Conflits externes

L’Irlande est officiellement neutre. Elle n’a pas adhéré à l’OTAN. Elle reste néanmoins dans le giron occidental et anglo-saxon. L’Europe, le Royaume-Uni et les Etats-Unis sont ses principaux partenaires. L’une des principales préoccupations de l’Irlande en matière de politique extérieure est la situation en Irlande du Nord, territoire britannique et unique frontière de l’île. Les tensions entre protestants et catholiques, quoique moins vives qu’elles n’ont pu l’être par le passé, demeurent, et des violences ont lieu chaque année lors des parades orangistes (protestantes) ou autour des écoles catholiques situées dans les quartiers protestants de Derry ou de Belfast (Irlande du Nord, R-U). Du reste, la mixité entre les deux communautés tend à s’amoindrir et les nouvelles générations communiquent moins que leurs parents avec l’autre communauté. En cas de résurgence de la guerre civile, l’Irlande pourrait offrir une base arrière de premier choix pour l’IRA[4].

En dehors de l’île, l’Irlande est impliquée dans la construction européenne et dans les instances internationales. Elle participe de ce fait, quoique fort modestement, aux opérations de maintien de paix, en Afrique, en ex-Yougoslavie, en Haïti, en Asie. Ces missions sont très modestes en effectifs et se font dans le cadre de coopérations internationales (ONU, Eufor, Finul…).

 

Niveau de corruption

L’ONG Transparency International évalue le niveau de corruption de la plupart des Etats du monde. Bien que l’Irlande fasse globalement partie des pays les moins corrompus de la planète (elle occupait la 19e place en 2011, les Etats-Unis et la France occupant respectivement les 24e et 25e places[5]) des efforts restent à faire. Les collusions malhonnêtes entre les milieux politiques et les milieux d’affaires ont en effet coûté environ trois milliards d’euros au pays en 2012. Des actions ont donc été réalisées, en obligeant notamment les partis politiques à faire montre de plus de transparence concernant leurs financements. L’Irlande a renforcé son arsenal juridique en ce sens et a ratifié la Convention des Nations unies contre la corruption[6].

 

Conditions de sécurité liées à la criminalité et au terrorisme

Avec seulement 0.32 homicide pour 100 000 habitants, l’Irlande est l’un des pays les plus sûrs du monde,  en dixième place derrière le Luxembourg[7]. Si la crise s’accentue en Europe, cela pourrait influer sur la criminalité. Le risque terroriste, en sommeil pour le moment, porte sur les tensions entre catholiques et protestants de l’autre côté de la frontière.

Evaluation des risques économiques et financiers[8]

PIB : 167,4 md € (2013)

PIB par habitant : 35 000 euros

Taux de croissance du PIB : + 1,4 % (2011), +0,9 % (2012) + 0.9% (2013)

Taux d’inflation annuel : + 1,2 % (2011), 1,9 % (2012), 1,3% (2013)

Solde budgétaire : – 13,4 % du PIB (2011), -7,6 % du PIB (2012), -7,5% (2013)

Solde courant (en % du PIB) : 1,1 (2011), 5 (2012), 3,1 (2013)

Dette externe (en % du PIB) : 124 (2013), (92 en 2010)[9]

Solde commercial : Exportations : 91 Md€, Importations : 48,6 Md€, Soit 42,4 Md€

Stabilité du taux de change : zone Euro

 

Evaluation des risques géographiques et environnementaux

Risques sismiques et géologiques, sanitaires et épidémiques

Pas de risques spécifiques. Hostilité vis-à-vis du nucléaire militaire comme civil. La loi interdit la construction de centrales nucléaires. Il y a bien des centrales sur l’île britannique voisine ou même en France, mais ces pays ont un haut niveau de sécurité en la matière.

 

Evaluation du Hard Power

Pouvoir militaire réel

Avec 0.7 % de son PNB consacré à la défense, l’Irlande dispose d’une armée modeste. L’armée de terre (Irish Army) compte environ 8500 hommes. Le rôle de la marine est limité à la garde côtière et n’a que de quelques patrouilleurs. L’armée de l’air ne peut assumer les fonctions d’une armée de l’air classique et n’est pas en mesure de défendre l’espace aérien irlandais. Elle ne compte que deux avions de patrouille maritime (CASA CN-235) et quelques hélicoptères.

 Poids du pays dans les institutions internationales

L’Irlande joue un rôle actif dans les institutions internationales (ONU, Union européenne), est écoutée, mais ne pèse pas véritablement du fait des dimensions modestes du pays.

Technologie et innovation

Les secteurs informatique et pharmaceutique sont développés en Irlande. Mais ce n’est pas une puissance technologique à proprement parler.

 

Evaluation du Soft Power

Le soft power irlandais l’emporte largement sur son Hard power. L’Irlande est un pays anglo-saxon ayant des relations particulières avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. La communauté irlandaise a joué un rôle non négligeable dans l’Histoire américaine. J.F Kennedy était d’origine irlandaise. L’Irlande est un pays célèbre malgré sa petite taille, et ses symboles, ses grandes figures, le sont autant. La fête de la saint-Patrick est un évènement mondialement connu. Ce pays est attractif d’un point de vue culturel, du fait d’une émigration forte et d’une communauté, d’une identité irlandaise, représentée internationalement. L’Irlande parle l’Anglais, langue internationale par excellence ainsi qu’une langue originale, l’Irlandais, qui ajoute au pays une identité celte partagée par d’autres régions européennes. Sa neutralité lui confère en outre une certaine aura.

 

Conclusion et SWOT

L’Irlande est un petit pays encore très lié au monde anglo-saxon, mais également impliqué dans la construction européenne. Elle se singularise par sa neutralité. Active dans les instances internationales, sa principale préoccupation dans ce qui est une affaire à la fois externe et interne est cette plaie non tout à fait résorbée, issue d’une lutte séculaire pour s’affranchir de la domination britannique[10], qu’est le dossier Nord-Irlandais. L’île n’est pas encore, si elle doit l’être un jour, sous l’autorité d’un seul et même Etat. Mais bien plus brûlante que ce problème séculaire, la crise, qui a mis un arrêt brutal à la formidable expansion de l’économie du tigre celtique, mobilise tous les efforts (austérité) du pays pour enrayer ce fléau qui met l’Europe à genoux. Avec un chômage à 14%, une dette extérieure qui s’est envolée ces dernières années, des faillites bancaires, l’Irlande doit se placer sous le protectorat de la troïka (FMI,UE,BCE). Il est prévu de faire passer le déficit public en deçà des 3% d’ici 2015. La croissance aura été d’environ 1% cette année. La balance commerciale reste largement excédentaire. Ainsi, bien que durement touchée, l’Irlande offre des signes encourageants et peut compter sur des atouts, tels qu’une fiscalité attrayante pour les investissements étrangers. Apple est encore à Cork. Dublin, capitale dynamique, est la terminaison occidentale de la Banane Bleue selon certains géographes. La situation n’est pas aussi alarmante qu’elle ne l’est actuellement en Grèce ou au Portugal. La criminalité en Irlande est très faible. Le niveau de corruption, s’il pourrait être meilleur, est plus satisfaisant qu’en France ou qu’au Royaume-Uni.

Finalement, les risques sont liés à l’évolution de la crise en Europe et dans le monde au cours des prochaines années. La Grèce offre actuellement un exemple de ce qui pourrait advenir en Irlande, comme dans d’autres pays européens, si la crise devait s’empirer.

Points forts

-deuxième pib/hab de l’Union européenne

-économie flexible

-présence de multinationales et de secteurs à forte valeur ajoutée (pharmacie, informatique)

-Nation homogène

-Natalité forte comparée au reste de l’Europe

-Pas de menaces extérieures imminentes

-Bien intégrée dans le système international

-Forte communauté représentative aux Etats-Unis

-neutralité : pas d’implications militaires importantes et très faibles dépenses en matière de défense

-pas de risques naturels particuliers

-niveau de corruption acceptable

-criminalité faible

 

 

 Points faibles

-Fortement fragilisée par la crise

-surendettement des ménages

-Finances publiques dégradées

-Politique d’austérité

-sort lié à l’Euro

-forces armées modestes

 

Opportunités 

-Investissements étrangers

-Possibilités de rapprochement avec le Royaume-Uni en cas d’échec de l’Euro

-Intérêts irlandais pouvant trouver une voix aux Etats-Unis

 

 

Menaces

-Crise

-Sort incertain de la zone Euro

-Tensions latentes en Irlande du Nord

 

 


[1] http://www.journaldunet.com/economie/magazine/classement-idh.shtml

[2] http://www.coe.int/t/dg4/cultureheritage/culture/cities/Dublinprofile_fr.pdf

[3] http://www.oecd.org/fr/eco/48868865.pdf

[4] Irish Republican Army ou Armée républicaine irlandaise

[5] http://www.odc.public.lu/actualites/2011/12/Corruption_perception/index.html

[6] http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article7272

[7] http://www.americas-fr.com/tourisme/informations/les-10-destinations-de-voyages-les-plus-sures-5207.html

[8] http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/irlande/presentation-de-l-irlande/

[9] http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Irlande

[10] C’est la volonté de s’affranchir du giron britannique qui a en grande partie incité les Irlandais à s’engager dans la construction européenne

A propos Yohann Henry 2 Articles
étudiant M2 PSAPI Expertise Internationale, Lyon III

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