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Article du 20 novembre 2013 dans le New York Times

Présentation du journal

Le New York Times créé en 1851 est un quotidien new-yorkais généraliste, mais il a également une portée beaucoup plus étendue puisqu’il est distribué internationalement et qu’il est l’un des plus prestigieux journaux américains.  Depuis 1919 où il a établi sa première liaison outre-Atlantique le NYTimes a acquis une dimension internationale. D’ailleurs sa rédactrice en chef, la grande journaliste Jill Abramson[1] a été désigné en 2012 par le magazine Forbes comme la cinquième femme la plus influente au monde. Quant à l’éditeur actuel, Arthur Ochs Sulzberger Jr, il appartient à la famille contrôle le journal depuis 1896. Cela montre la stabilité de ce journal et la légitimité qu’il a acquis de par sa durée, les nombreuses récompenses reçues mais surtout le développement de son activité et de ses publications à l’international. Il est aujourd’hui le journal de référence aux Etats-Unis mais aussi dans le monde entier[2] car les autres médias qualifient un évènement en fonction de l’importance accordée par le New York Times. Les articles sont traduits et repris par des journaux internationaux. C’est par exemple le cas du journal français, Le Figaro, qui publie de façon hebdomadaire une série d’articles.

Le journal est organisé en trois grandes sections elles-mêmes divisées à nouveau en différentes parties. La première appelée « News » traite de toutes les nouvelles tant régionales, nationales qu’internationales et concernant tous les domaines. La seconde partie rassemble des pages dédiées aux éditoriaux ainsi qu’une rubrique Op-ed. Enfin, l’ultime et troisième section est consacrée à des sujets plus légers tels que la littérature, le cinéma, les arts, la culture etc.

Présentation de l’article original

La section Op-ed dans laquelle est extrait l’article étudié est apparue à partir de 1970. Cette rubrique se rapporte à la page d’éditoriaux écrits par des journalistes du journal plutôt que l’équipe d’édition. C’est pourquoi, quotidiennement, des articles d’écrivains indépendants y sont publiés. La version en ligne du journal est lancée en 1996, les lecteurs du monde entier peuvent accéder aux articles les plus récents gratuitement.  C’est ainsi que s’est porté le choix sur l’article du journal publié le 20 novembre 2013. L’auteur de l’article, Ari Shavit, un chroniqueur et écrivain israélien au journal Haaretz, auteur de “My Promised Land: The Triumph and Tragedy of Israel.”[3]Il affiche donc un véritable parti-pris et cela permet de mieux comprendre le message et la portée de l’article.

 

Traduction de l’article

« Les négociateurs américains et iraniens se sont réunis, hier, pour le début d’une seconde session de débats à Genève, à propos du programme nucléaire iranien.

Si un tel accord devait être signé, cela serait une victoire pour les iraniens et une défaite pour les américains. Les iraniens seraient aptes à continuer leur programme nucléaire et à enrichir l’uranium, alors que les Américains et leurs alliés pourraient bien perdre leur emprise économique sur l’Iran ce qui permettrait au leader suprême iranien, l’Ayatollah Ali Khamenei, d’obtenir l’oxygène nécessaire à l’économie nationale pour soutenir son régime autocratique.

Oui, la course à la bombe de l’Iran pourrait bien être ralentie – mais un accord  garantirait qu’il irait finalement à son terme. L’état d’esprit à Genève ressemble à celui de Munich : Cela créerait l’illusion d’une paix mondiale pour notre époque tandis que va être mis en place l’Iran  nucléaire de notre temps.

Mais ne condamnez pas le président Obama. En effet, cette défaite américaine a été effective bien avant le début de son mandat.

Ce que trois présidents américains, quatre premiers ministres israéliens et une douzaine de dirigeants européens ont juré qu’il ne se réaliserait jamais est en train d’arriver.  Ce qui ne devait pas exister, est aujourd’hui presque une réalité. La bombe iranienne est bientôt là.

Pourquoi l’Occident n’a-t-il pas été capable de mobiliser ses ressources politique, économique et militaire à temps, pour obliger Téhéran à abandonner ses ambitions nucléaires ?

On peut considérer cette réponse comme une faute d’orthographe.

Après les attentats du 11 septembre 2001, les Etats Unis étaient déterminés à riposter, détruire tous les sanctuaires terroristes et démontrer sa puissance impériale. Le Président Georges W. Bush a choisi de faire cette démonstration de force en particulier en Irak et en Afghanistan. L’Afghanistan aurait pu être une erreur mais elle était compréhensible : Al Qaeda appréciait le soutien des Taliban et avaient trouvé refuge dans les territoires contrôlés par les Talibans.  Mais envahir l’Irak a été une erreur incompréhensible, puisqu’il n’y avait aucun lien entre Saddam Hussein et les 19 terroristes qui ont attaqué New York et Washington le 11 septembre 2001.

Si M. Bush avait décidé de montrer le  leadership américain et l’exercice de la puissance américaine en lançant une campagne diplomatique contre l’Iran plutôt qu’une campagne militaire contre  l’Irak il y a 10 ans, la place des Etats Unis sur la scène internationale serait beaucoup plus positive aujourd’hui.

La décision de l’administration Bush de s’en prendre à l’Irak plutôt qu’à l’Iran a été fatale et les conséquences sur le long terme ne s’éclaircissent que maintenant à savoir un échec américain dévastateur dans le combat contre l’Iran nucléaire et qui reflète l’empressement de Washington  à signer un accord qui présente de graves défauts.

La responsabilité de M. Bush pour ce désastre actuellement en train d’émerger est double : Il a échoué à viser l’Iran il y a dix ans, et a créé un climat qui rend l’Iran très difficile à cibler aujourd’hui. L’administration Bush n’a pas initié de siège politico-économique  sur l’Iran quand il était faible et M. bush a affaiblit l’Amérique en épuisant son pouvoir économique et militaire dans une guerre futile. Au moment où la détermination américaine était de repousser et de se défendre contre une véritable menace mondiale,  cette volonté n’était déjà plus là. Cela a été du gaspillage pour une mauvaise cause.

La bonne façon  de se confronter à la menace iranienne aurait été d’établir une coalition étrangère incluant la Russie, l’Union Européenne, les pays arabes sunnites, Israël et les Etats Unis. Cela aurait placé les dirigeants iraniens dans une situation d’étranglement qui les aurait contraints d’abandonner leur programme nucléaire – comme l’a fait la Lybie en 2003.

Le Parti Républicain aurait pu faire cela en 2003, 2005 ou 2007. Mais les dirigeants républicains ont gâché cette opportunité. Pire encore, les Etats Unis se sont enlisés en Irak et en Afghanistan et ont pompé tout l’oxygène des poumons de l’Amérique. Mr Bush a légué à M. Obama une nation qui avait perdu plus de détermination qu’elle n’avait eue auparavant. Quand on fait face à une réelle menace à la paix mondiale, la volonté de l’Amérique a déjà été épuisée.  Elle s’est évaporée dans les rues violentes de Basra et de Bagdad.

Bien sûr, M. Obama a également fait des erreurs. En arrivant à la présidence, il a perdu beaucoup de temps sur une politique d’engagement inutile et sur les sanctions inefficaces. Il a ignoré les Britanniques, les Français, les Israéliens, les Egyptiens et les Saoudiens qui l’ont alerté sur le fait qu’il devenait naïf et a tourné le dos aux masses de population iranienne en quête de liberté  en juin 2009. Quand M. Obama a finalement endossé une politique diplomatique ferme avec des sanctions punitives contre l’Iran, c’était trop peu et surtout trop tard.

Mais M. Obama agissait dans les ruines encore fumantes du désastre stratégique dont il a hérité.

Après l’Irak, l’Amérique est une nation traumatisée, avec une portée et une attention limitées pour les problèmes au Moyen Orient. L’empire est épuisé. Il a perdu l’ardeur et la sagesse requis pour négocier avec la plus cruelle des régions du monde et avec la plus dangereuse des puissances diaboliques dans le monde.

L’accord de Genève qui est en train d’être négocié n’est qu’illusion. Le prétendu président modéré de l’Iran, Hassan Rouhani, est aussi une illusion. Tel est l’espoir qui peut apaiser le dirigeant suprême de l’Iran. Parce que l’Amérique a manqué l’opportunité d’une diplomatie coercitive, toutes les options maintenant possibles sont terribles.

Plutôt que de poursuivre  un accord intermédiaire dangereux, l’Occident doit insister sur le fait que toutes les centrifugeuses iraniennes doivent s’arrêter de tourner pendant la négociation de l’accord final. Le Président Obama a eu raison  de demander un accord figé en Cisjordanie en 2009. Il doit maintenant demander un arrêt complet de la centrifugation en Iran. »

 

Commentaire et  critiques

La rubrique de publication ainsi que la nationalité de l’auteur permettent de comprendre le point de vue « anti-Iran » adopté dans cet article. En effet, l’auteur se positionne selon la position de l’Etat d’Israël qui s’oppose à toute négociation entre l’Iran nucléaire et les pays occidentaux, et en première ligne les Etats-Unis, qui face à la menace de la situation, ont accepté d’ouvrir les négociations avec la République islamique d’Iran. Malgré les nombreuses négociations jusqu’alors vaines, Ari Shavit souhaite réaffirmer sa croyance envers les actions du président Obama, qui malgré certaines maladresses de début de mandat, se trouve alors déchargé des nombreuses erreurs faites par l’Amérique depuis de nombreuses années. Peut-être l’auteur voulait-il faire connaitre ce point de vue quelques jours avant la reprise des négociations qui ont eu lieu à Bruxelles le dimanche 24 novembre 2013 et qui aboutissent à un accord permettant la poursuite d’enrichissement d’uranium par l’Iran à des fins civiles et ceci en échange de contrôle régulier par les instances internationales. Cet article pourrait être une mise en garde contre les erreurs passées faites par les Etats-Unis. Pour interpeller les lecteurs et l’opinion publique, l’auteur cite notamment l’état dit critique dans lequel se trouve l’Amérique aujourd’hui qui aurait gaspillé de façon inutile ses forces et se serait trompé de cible dès 2001, laissant l’Iran devenir le pays « diabolique » qu’il est aujourd’hui.
Au-delà de cette idée, le fait que cet article soit publié dans le  New York Times, montre bien l’identité politique du journal. En effet, selon la tradition, le NYTimes soutient le candidat du parti démocrate aux élections présidentielles et donc le gouvernement Obama depuis son élection en 2008. D’où les critiques claires envers le parti républicain dans l’article. Cette publication est donc certainement un exemple de soutien à l’administration Obama mais également une mise en garde. C’est donc un article libre et publié dans le but d’alerter l’opinion publique du monde entier, le gouvernement américain et d’exprimer son opinion sur la République islamique d’Iran.

 

Par Camille RAJON

 

Article original: Ari Shavit, How Bush let Iran go nuclear, dans The New York Times, 20 novembre 2013.



[1] « Jill Abramson, première femme à la tête du « New York Times » », par Emmanuel Perreta, in Le Point, http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/emmanuel-berretta/jill-abramson-premiere-femme-a-la-tete-du-new-york-times-03-06-2011-1338202_52.php, le 24/11/2013.

[2] « The New York Times », Planètes presse > Etats-Unis, in Courrier International, http://www.courrierinternational.com/notule-source/the-new-york-times, le 24/11/2013.

[3] « About », http://www.arishavit.com/about/, 24/11/2013.


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