Analyse proposée par J. Cadoret et S. Latour mettant en perspective les causes et conséquences du coup d’état égyptien de 2013 ayant permis la mise en place du général Al-Sissi au détriment de M. Morsi.
Décembre 2015.
I- Contextualisation géographique, historique et politique
II- Le putsch du 3 juillet 2013
- Définitions
- Ensemble des protagonistes
- Où et Quand ?
- Déroulement des évènements
- Explications et causes ��
III – Les impacts de la chute du régime
IV- CONCLUSION
Annexe n°1 : Géographie, villes, populations et infrastructures de l’Égypte
Annexe n°2 : L’Égypte et ses voisins
Annexe n°3 : Frise Chronologique des évènements
Annexe n°4 : Lexique
Annexe n°5 : Bibliographie
L’Égypte est un pays à la croisée de l’Afrique et du Moyen Orient. Elle est au cœur d’une zone géographique où plusieurs conflits sont apparus ces dernières années. Suite au printemps arabe, qui a secoué plusieurs pays africains, des changements importants ont eu lieu dans beaucoup de pays. L’Égypte peine, aujourd’hui encore, a trouvé une stabilité suite à la révolution de 2011. Dans cette étude, nous essayerons de comprendre comment l’Égypte est devenu le premier pays à avoir deux chefs d’état emprisonnés. Pour répondre à cette problématique, nous poserons le contexte géographique, historique et politique dans une première partie avant de se focaliser dans un second temps sur le putsch du 3 juillet 2013 puis dans une dernière partie, nous verrons quels impacts ce putsch a pu avoir sur le pays.
I- Contextualisation géographique, historique et politique
L’Égypte est l’héritière d’une grande civilisation de l’antiquité. Ses frontières actuelles ont été créées par le traité de Berlin. Sous contrôle britannique, elle devient indépendante en 1922 même si les britanniques restent présents jusqu’en 1952, lorsque Nasser arrive au pouvoir.
Son territoire se compose pour la majeure partie du désert, mais elle est traversée par le Nil du sud au nord et la partie du Sinaï, à l’est, est une région montagneuse. L’Égypte dispose de deux façades maritime, l’une sur la Méditerranée, au nord, et la seconde sur la Mer Rouge, à l’est[1].
Sa population s’élève à 85 millions d’habitants repartis dans les villes principales et autour du Nil; la zone utile étant restreinte par le désert, l’Égypte dispose de la densité la plus élevée au monde : 1600 habitants par kilomètre carré.
L’Égypte est située au cœur d’une région conflictuelle : la Libye en proie à une guerre civile entre les différentes tribus depuis la chute de Kadhafi en 2011 à l’ouest, le Soudan au sud également en conflit ethnique et la bande de Gaza et l’Israël à l’est où le conflit israélo-palestinien bat son plein[2].
Le président Nasser, au gouvernement de 1952 à 1970, est une figure emblématique de l’Égypte moderne. Il est devenu populaire en nationalisant le canal de Suez. Il développe les notions de panarabisme[3] et de tiers monde[4]. El Sadate succède à Nasser et l’une de ses contributions principales consiste en la signature des accords de camp David* en 1978 sous l’égide du président Carter.
Hosni Moubarak est élu en 1981 soit onze ans après le décès de Nasser. Réélu de façon discutable cinq fois consécutives, il gouvernera le pays jusqu’en 2011, date du printemps égyptien. En effet dès janvier 2011, des manifestations de plus en plus violentes réclament la fin de la dictature et le départ de Moubarak. Il démissionne finalement en février de la mêle année. De nouvelles élections sont organisées en 2012 qui conduisent Mohammed Morsi au pouvoir. Moubarak sera finalement emprisonné.
Mais après un nouveau retournement de situation, Morsi est renversé à son tour par le général Al-Sissi. Nous essayerons de comprendre dans un premier temps comment s’est déroulé cette prise de pouvoir, à travers l’exposition des différents protagonistes et les erreurs de Morsi. Nous verrons ensuite quels impacts ce coup d’état a sur le pays.
II- Le putsch du 3 juillet 2013
En juillet 2013, le général Al-Sissi réalise un coup d’État et renverse le gouvernement de Morsi. L’Égypte connait alors son troisième gouvernement différent en 2 ans après la chute de Moubarak en 2011. C’est le premier pays au monde à avoir deux chefs d’État en prison. Dans cette partie nous essayerons de comprendre comment s’est déroulé ce dernier coup d’État.
Définitions
Le général Al-Sissi a donc réalisé un coup d’état que l’on appelle communément un Putsch.
La définition d’un coup d’état serait d’après le lexique de droit constitutionnel de P. Avril et J. Gicquel : » un renversement du pouvoir par une personne investie d’une autorité, de façon illégale et souvent brutale ».
Le Putsch est quant à lui: « un coup d’état réalisé par la force des armes ».
D’un point de vue historique, et y compris dans l’époque contemporaine, le coup d’État a été l’un des moyens les plus fréquemment utilisés pour accéder au pouvoir.
Ensemble des protagonistes
- Morsi
Mohamed Morsi est le premier chef d’État égyptien à être élu démocratiquement. Il succède à Hosni Moubarak qui a gouverné le pays pendant plus de 30 ans. Morsi fait parti de l’organisation des frères musulmans qui prône la gouvernance d’un pays en suivant les préceptes de l’islam. Lors de sa campagne présidentielle, Morsi s’attache à promettre des droits pour tous (Coptes, Femmes, …) ce qui lui permet d’être élu à 51% des voix lors des élections de 2012 qui suivent la révolution ayant mené à la destitution de Moubarak en 2011. A la suite de plusieurs journées de manifestations contre son gouvernement et les frères musulmans, Morsi est accusé de ne pas avoir respecté ses engagements et est renversé par l’armée en juillet 2013. Les engagements qu’il avait pris mais n’a pas respecté seront développés dans une partie suivante expliquant les raisons de ce coup d’état. Après sa destitution par l’armée et son emprisonnement, Morsi a été condamné à la prison à vie et à être exécuté.
- Les frères musulmans
Cette organisation née en Égypte en 1928 compte dès 1946 plus d’un million d’adhérents. A la base, cette organisation est créée pour mener un combat contre l’emprise occidentale en Égypte et dans le monde musulman. Les membres obéissent à un guide général auquel ils doivent une obéissance inconditionnelle.
Sous l’Egypte de Nasser, les frères musulmans connaissent une forte répression pendant près de 15 ans ce qui pousse à la radicalisation de certaines branches de l’organisation. Après avoir été dissoute puis de nouveau reconnue, l’organisation mène des actions caritatives et sociales qui séduisent les classes moyennes et inférieures de la population. Ces programmes, fortement centrés sur la religion, éduquent la population et les enfants pour un renouveau islamique du pays. Mohammed Morsi, élu en 2012, est issu de ce mouvement.
- Al-Sissi
Le général Al-Sissi est nommé commandant en chef de l’armée et ministre de la défense par Mohammad Morsi en 2012. En le nommant ainsi, Morsi destitue le général Tantawi, en place depuis vingt ans. Al-Sissi est connu comme un homme d’une grande piété, qui a été formé en Angleterre et aux États-Unis. Il a également été directeur des services secrets. Après avoir renversé Morsi, il a mis en place une répression sévère contre toute forme d’opposition. Il emprisonne et torture les opposants au régime et tout particulièrement les frères musulmans. Al-Sissi veut donner à l’Égypte une place centrale dans l’échiquier mondial, et veut voir son économie se développer. Pour ce faire il a notamment procéder à l’agrandissement du canal de Suez dont l’inauguration a été réalisée en août dernier en présence de nombreux chefs d’États ce qui officialise sa présence à la tête de l’Égypte. En effet, comme nous le verrons plus tard, sa présence n’est pas reconnue voire même est contestée un peu partout dans le monde.
D’autres acteurs entrent en jeu dans la complexité du tableau égyptien actuel, notamment les coptes, chrétiens d’Egypte qui représente entre 6 et 10% de la population, souvent malmenés par les gouvernements et populations, et cible d’attentats de partout en Égypte.
Notons aussi la présence de l’État Islamique dans la partie du Sinaï, malgré les promesses de l’armée qui dit “contrôler” cette partie de l’Égypte, dans laquelle le groupe Wilayat Sinai qui a porté allégeance à l’État Islamique, est implanté. De plus, chaque jour, le Sinaï est le théâtre d’attentats, notamment contre l’armée mais aussi contre la police et de nombreux policiers sont tués presque chaque jour.
- Le mouvement Tamarod
Un autre protagoniste de la chute du régime égyptien est le mouvement Tamarod. L’appellation “Tamarod” désigne notamment le notion de rébellion en arabe. Le porte parole de ce mouvement est Mahmoud Badr. Ainsi, ce mouvement a organisé et entraîné les nombreuses manifestations égyptiennes en juin et juillet 2013 qui ont participé à la destitution du président Morsi début juillet 2013. Ce mouvement a été créé le 28 avril 2013 par cinq activistes opposants en régime en vigueur à l’époque. Leur but était l’obtention d’élections présidentielles anticipées et pour ce faire ils ont récolté de très nombreuses signatures du peuple égyptien pour prouver la légitimité de leur action.
Ce mouvement, comme de nombreux mouvements était d’une part soutenu par certains acteurs et d’autres parts, certains acteurs s’y opposaient.
Ainsi, les supporters de ce mouvement sont :
- l’ensemble des personnes souhaitant la destitution du président Morsi
- Naguib Sawiris : chrétien copte et homme d’affaires influent en Egypte
- le mouvement Shayfeen.com[5]
- le mouvement Kefaya[6]
- Le Front du Salut National[7]
- le mouvement de la jeunesse du 6 avril (opposants de Moubarak lors de la révolution de 2011)
- Nabil Naem : ancien responsable du Jihad Islamique Égyptien
- le parti modéré islamiste : Egypt Strong Party
D’autre part, les opposants à ce mouvement sont les suivants :
- tous les partisans du président Morsi
- les Frères Musulmans
- les organisations islamistes
Où et Quand ?
Dans cette partie, il s’agit de prendre en compte les dates les plus importantes de cette chute du pouvoir égyptien, sous la forme d’une frise chronologique[8] avant d’en expliquer les faits dans la partie suivante. Notons que les faits sont se produits en majorité au Caire (la capitale) mais des manifestations ont éclaté dans d’autres grandes villes comme Alexandrie.
Déroulement des évènements
Morsi est élu démocratiquement le 24 juin 2012 avec 51,7% des voix. Pendant son année au pouvoir, il s’est d’ailleurs souvent plu à rappeler qu’il était le premier président égyptien à avoir été élu démocratiquement.
Peu charismatique, Morsi peine à respecter les engagements qu’il a pris durant sa campagne et déçoit peu à peu ses sympathisants. Dès 2012, il modifie la constitution pour s’attribuer les pleins pouvoirs ce qui met le feu aux poudres et entraîne des manifestations. Le général Al-Sissi, alors ministre de la défense, organise un dialogue entre Morsi et l’opposition mais Morsi refuse.
En avril 2013, le groupe Tamarod se forme et lance une pétition qui réclame le départ de Morsi. Cette pétition remportera au final plus 22 millions de signatures et sera apportée à la Haute Cours Institutionnelle par le porte-parole du membre afin de légitimer leur action.
Fin juin, des manifestations dans tous le pays réclament le départ de Morsi et le 30 juin a lieu la plus grande manifestation de l’histoire du pays. Celle ci est réprimée dans la violence : 91 agressions sexuelles sont décomptées en 4 jours autour de la place Tahrir où ont lieu les manifestations, sans parler des nombreux morts.
Le 1er juillet 2013 Al-Sissi affiche son soutien aux manifestants en donnant un ultimatum à Morsi pour « satisfaire les revendications du peuple ». Morsi balaye celui-ci en revendiquant sa légitimité : avoir été élu démocratiquement. Cependant le 3 juillet, Al-Sissi aidé de l’armée prend le pouvoir et emprisonne Morsi.
Un an plus tard environ, le général Al-Sissi a été élu président avec plus de 97% des voix et seulement 40% de participation. Il est cependant aujourd’hui décrié par des égyptiens eux-mêmes, certains pays du monde, et de nombreuses organisations non gouvernementales.
Explications et causes
L’intérêt de cette étude est entre autres de comprendre ce qui a poussé les opposants du président Morsi à réaliser ce coup d’état. Ainsi, dans cette partie, nous allons expliquer pourquoi cela s’est produit, et ce que le président Morsi a pu faire pour mécontenter à ce point son peuple.
Il a échoué sur trois points principaux :
- l’économie et la sécurité du pays
- la Constitution
- la présence très importante des Frères Musulmans dans le fonctionnement de l’Égypte
Économiquement parlant, Morsi n’a pas réussi à relever le pays et n’a pas tenu ses promesses. Pendant l’année de sa présidence, l’inflation annuelle était de 9%, ce qui a engendré une forte hausse des prix dans un pays où plus de 25% de la population vit au dessous du seuil de pauvreté. Le chômage étant de 13,2% a également augmenté.
Ces deux facteurs ont donc fortement contribué à la détérioration du niveau de vie des égyptiens. Par ailleurs, même en termes d’imposition, peu d’efforts ont été faits dans le but de réduire les inégalités. Selon Alaa al-Din Arafat, chercheur associé au Centre d’études et de documentation économiques, juridiques et sociales la politique économique de Morsi est semblable à la politique néo libérale de Moubarak (évincé du pouvoir en 2011).
De plus, Morsi étant allié aux Frères Musulmans dont les orientations islamistes sont reconnues, de nombreuses ONG égyptiennes et internationales s’inquiétaient du sort de la démocratie et du statut des femmes dans le pays, sans parler de la sécurité générale. Pour citer un exemple, selon le Réseau arabe d’information sur les droits de l’homme, qui est une ONG égyptienne, “il y a eu quatre fois plus de plaintes pour “insultes au président” lors des deux cent premiers jours de ce dernier au pouvoir que pendant les trente ans de règne de Moubarak”.
Dans un deuxième point, il a également plus ou moins arrangé la Constitution afin d’obtenir plus de pouvoir. Effectivement, il s’est offert la possibilité de légiférer par décret et d’annuler des décisions de justice en cours. Et il a également modifié la Constitution de telle sorte que cela a été perçu par ses opposants comme une manière d’ouvrir la voie à la radicalisation islamique du pouvoir grâce à la présence importante des Frères Musulmans, et donc un amoindrissement de la liberté individuelle des égyptiens.
Par ailleurs, l’ensemble des égyptiens ne soutient pas les Frères Musulmans. Des minorités existent et des égyptiens ont des avis divergents sur la place de l’islam dans le gouvernement du pays. Une partie de la population reprochait donc à Morsi de ne servir que les intérêts de Frères Musulmans et elle lui reprochait également le fait d’être sur la voie d’un dictateur devenir comme son prédécesseur Moubarak.
De plus, Atef Saïd, un chercheur un sociologie politique et avocat des droits de l’homme en Égypte a publié une étude montrant la contradiction des décisions politiques de Morsi et prouvant qu’il essaye d’intégrer à chaque niveau de l’économie et du gouvernement des membres des Frères Musulmans.
Ainsi, la démocratie en Egypte semblait une nouvelle fois compromise suite aux points énoncés ci-dessus, et c’est pourquoi, une grande partie de la population égyptienne s’est soulevée contre le président Morsi et pourquoi le général Al-Sissi a décidé de l’évincer du pouvoir pour finir par prendre sa place.
III – Les impacts de la chute du régime
Ce coup d’état a engendré des conséquences importantes en Égypte, que ce soit pour le peuple, pour la stabilité du pays, pour ses relations politiques internationales que pour son économie et en particulier le secteur du tourisme.
Le peuple, premièrement, a extrêmement souffert lors de ce coup d’état mais également après, depuis que Al-Sissi est au pouvoir. Effectivement, des milliers de morts et d’encore plus nombreux blessés ont été déplorés par le Ministère de la Santé égyptien lors des affrontements entre l’armée et les partisans de Morsi. Il est fort probable également que de simples civils aient perdu la vie au cours de cette période.
Des tests de virginité ont également été réalisés sur les manifestantes pour les protéger du viol et ainsi protéger les soldats d’accusation de viol. Ces tests ont été fortement décriés, portant atteinte aux corps de ces femmes, ce qui prouve une certaine violence de la part du gouvernement. Les coptes ont également fortement souffert lors de ce changement politique. Effectivement, de nombreuses églises ont été brûlées, des commerces saccagés et des civils portant la croix agressés. Al-Sissi s’est depuis rendu au Vatican, envoyant un message fort de soutien aux coptes mais ils restent aujourd’hui menacés en raison du développement des actions de Daesh dans le pays.
Par ailleurs, de nombreuses ONG telles qu’Amnesty International dénoncent la dégradation des droits de l’homme au sein du pays. A l’époque, Morsi, était dénoncé et surveillé en ce qui concerne le statut des femmes et des coptes dans la société égyptienne mais pour les ONG, ces droits n’ont jamais été aussi bafoués que depuis le retour de l’armée au pouvoir. Désormais, “le droit à manifester est presque nul, les réseaux sociaux sont contrôlés, des centaines d’opposants sont portés disparus, des milliers sont détenus et torturés et plus personne n’est épargné par la répression : journalistes, homosexuels, athées, ONG et artistes”.
C’est donc un constat accablant qui est fait par de nombreux acteurs sur les conditions de vie ainsi que la répression subie par le peuple égyptien depuis le coup d’état et la reprise du pouvoir par l’armée et le général Al-Sissi.
Deuxièmement, depuis la chute de Morsi, le pays connaît de nombreuses difficultés quant à sa stabilisation. Morsi était un membre des Frères Musulmans et ainsi bénéficiait d’un soutien plus ou moins explicite des organisations islamistes voire terroristes. En revanche, Al-Sissi a déclaré la guerre au terrorisme, et l’Égypte est depuis devenue la cible de nombreuses attaques. La région du Sinaï n’est pas vraiment sous le contrôle de l’armée égyptienne et Le Caire est devenue une cible privilégiée pour les terroristes. Un défi important de sécurisation du pays s’est donc mis en place pour le général Al-Sissi, sans parler des trafics de drogues à ses frontières, du trafic humain en Méditerranée et la présence de nombreux pirates en Mer Rouge.
Il y a donc un enjeu très fort pour l’armée qui soit sécuriser le territoire national pour aider à la stabilisation du pays.
En termes d’économie, l’arrivée d’Al-Sissi au pouvoir a été en quelque sorte problématique. Effectivement, l’économie égyptienne est une économie de rente et le tourisme est un des principaux secteurs économiques du pays. Ce secteur représente 11% du PIB et plus de 3 millions de personnes vivent de cette activité soit 13% de la population active. Cependant, en raison de l’instabilité du pays due à l’augmentation incessante des actes de terrorisme sur son territoire, le tourisme a fortement décliné. Avant le début des révolutions, plus de 10 000 touristes étaient présent chaque jour dans la ville alors qu’ils ne sont plus que 2 000 aujourd’hui. Là où il fallait faire la queue pendant des heures à Louxor pour admirer les œuvres qui ont fait la renommée du pays, seulement quelques touristes sont à dénombrer aujourd’hui. Les recettes touristiques ont été divisées par deux entre l’avant et après révolution (36 milliards de devises étrangères avant contre 17 en 2013). Bien que le gouvernement et l’industrie du tourisme se veulent rassurants sur la sécurité au sein du pays, les touristes ne sont plus séduits. Beaucoup d’agences de voyages ont largement amoindri leurs offres en Égypte et les gouvernements ne se veulent pas non plus rassurants. La diplomatie française conseille notamment à ses ressortissants d’être extrêmement prudents et énonce notamment qu’il faut particulièrement éviter la région du Sinaï et ne pas sortir en banlieue dans les autres régions, sans accompagnement, ou sans raison professionnelle.
Enfin, la politique extérieure et ses relations internationales ont également été impactées par ce coup d’état.
Lorsque le monde entier a découvert la destitution de Morsi, nous avons pu observer des réactions de toutes parts, soutenant ou s’opposant au nouveau chef d’État.
Ainsi, la Turquie, les États-Unis, l’Allemagne et par la suite l’Union Européenne soutenaient l’ancien président et ont d’ailleurs demandé sa libération. D’un autre côté, le Royaume-Uni et l’ancien premier président Tony Blair qui affichait son soutien à la Palestine, ne soutenait pas Morsi, comme l’Arabie Saoudite ainsi que le Qatar.
Depuis l’arrivée au pouvoir du général Al-Sissi, nous observons également une divergence d’opinions de la part des autres pays.
L’Égypte est désormais soutenue économiquement et politiquement par l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis et le Koweït. L’Algérie, et la Russie dernièrement ont également affiché leur soutien à Al-Sissi. Les États-Unis ont largement critiqué la destitution de Morsi et la situation des droits de l’Homme dans le pays mais continuent néanmoins de soutenir militairement le pays.
En revanche, les relations avec la Turquie ont été très entachées par ce coup d’état et les relations avec le Qatar sont aujourd’hui encore légèrement tendues.
Pour finir, sur son propre continent, l’Égypte veille à ses relations avec l’Éthiopie qui a construit un barrage sur le Nil (barrage de la “Renaissance”) et l’Égypte craint que cela ait un impact sur le début du fleuve.
IV- CONCLUSION
Pour conclure, L’Égypte fait aujourd’hui encore face à de nombreuses difficultés. Malgré le soutien du peuple lors du putsch de 2013, le général Al-Sissi a mis en place une répression pire que celles dénoncées lors des régimes précédents. De plus l’armée et le gouvernement doivent faire face à des menaces à l’intérieur du pays, avec la présence de Daesh dans la région du Sinaï qui est l’une des zones prioritaires à sécuriser mais aussi venant de l’extérieur avec des complications des relations internationales notamment avec les États-Unis ou encore l’Allemagne.
Al-Sissi n’a pas encore gagné la légitimité d’être le chef d’État égyptien aux yeux de nombreux autres chefs d’État. Cependant, la vente des rafales de la part de l’État français montre bien aujourd’hui que le statut d’Al-Sissi commence à changer et qu’il gagne peu à peu sa place sur le complexe échiquier mondial.
Les appuis de la Russie et de l’Arabie Saoudite, deux puissances économiques mondiales, ne sont pas négligeables pour le chef d’Etat qui doit veiller à ménager les intérêts de ses alliés.
C’est une des raisons pour lesquelles on dénote actuellement une opacité dans les explications du crash de l’avion de la compagnie commerciale Metrojet qui a tué de nombreux ressortissants russes. L’Égypte cherche à rassurer la Russie et le monde entier sur sa capacité à sécuriser son territoire et l’hypothèse de la responsabilité de Daesh intervient au plus mauvais moment pour Al-Sissi. De plus les témoignages des passagers concernant les failles dans la sécurité de l’aéroport de Charm El-Cheikh ne vont pas en rassurant les touristes du monde entier qui viennent en Égypte. Il y a fort à parier que cet accident va remettre en causes beaucoup données en matière de relations internationales, notamment avec la Russie, qui a suspendu tous ses vols pour l’Égypte, mais aussi en matière de tourisme et donc d’économie.
Ainsi, Al-Sissi a encore tout à prouver pour redresser son pays et faire de l’Égypte une puissance économique et politique sur le plan international.
Annexe n°1 : Géographie, villes, populations et infrastructures de l’Égypte
Carte provenant du site Larousse.fr
Annexe n°2 : L’Égypte et ses voisins
Capture d’écran du site viamichelin.fr
Annexe n°3 : Frise Chronologique des évènements
Annexe n°4 : Lexique
Accords de Camp David : Accords signés en 1978 à Washington par Anouar el-Sadate (chef d’État égyptien) et Mehanem Begin (premier ministre israélien) sous l’égide du président américain Carter. Ces accords mettent fin à la guerre entre l’Égypte et l’Israël, tout en reconnaissant l’état d’Israël et donnant des droits aux Palestiniens. Ces accords prévoient également la restitution du Sinaï à l’Égypte en échange du droit de passage dans le canal de Suez pour les Israéliens.
Copte : Habitants chrétiens d’Égypte. Ils représentent entre 6% et 10% de la population.
Front du Salut National : Coalition qui s’oppose aux frères musulmans et au régime de Morsi. Lors organisation est quelque peu complexe et fragmentée. Ce mouvement est repris notamment Syrie.
Mouvement Kefaya : décrit comme le mouvement égyptien du changement. Ce mouvement s’oppose au gouvernement de Morsi et est repris au Liban pour contester le gouvernement en place.
Mouvement Shayfeen.com : Groupe militant d’opposition au régime de Morsi. Son nom signifie « Nous vous voyons »
Panarabisme : Idéologie développée et appliquée par Nasser selon laquelle les pays et civilisations arabes doivent s’unir et avancer ensemble en une communauté d’intérêts.
Tiers Monde : Rassemble les pays qui ne sont pas développés. Grâce à son aura, Nasser réunit une ligue de non alignés, des chefs d’états qui se reconnaissent dans des valeurs anti-impérialisme
Annexe n°5 : Sources
Sites gouvernementaux :
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays/egypte/
Articles de presse :
http://monde-arabe.arte.tv/ahmed-el-lozy-egypte-à-quoi-sert-le-front-de-salut-national/
http://www.directmatin.fr/monde/2015-10-18/tout-savoir-sur-al-sissi-lhomme-fort-de-legypte-713813
http://lci.tf1.fr/lexique/qui-sont-les-coptes-d-egypte-6756929.html
http://www.lepoint.fr/editos-du-point/mireille-duteil/egypte-abdel-fattah-al-sissi-le-pari-de-poutine-15-06-2015-1936579_239.php
http://orientxxi.info/dossiers/les-freres-musulmans/les-freres-musulmans-au-proche,0720
http://orientxxi.info/magazine/rafale-a-l-egypte-paris-tourne-la-page-des-printemps-arabes,0814
http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve?codeEve=1166
http://www.rfi.fr/afrique/20130720-egypte-chef-diplomatie-lignes-politique-etrangere-nabil-fahmy
Autres :
http://countrymeters.info/fr/Egypt
http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Égypte_géographie_physique/187005
http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/accords_de_Camp_David/111023
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/panarabisme/57556
https://fr.wikipedia.org/wiki/Coup_d%27État_du_3_juillet_2013_en_Égypte
Cours de Monsieur Louis
[1] Voir Annexe n°1 : Carte, Géographie, villes, population et infrastructure
[2] Voir Annexe n°2 : Carte, L’Égypte et ses voisins
[3] Voir Annexe n° 4 : Lexique
[4] Voir Annexe n° 4 : Lexique
[5] Voir Annexe n°5 : Lexique
[6] Voir Annexe n°5 : Lexique
[7] Voir Annexe n°5 : Lexique
[8] Voir Annexe n°4 : Frise Chronologique
Jennifer Cadoret, Ségolène Latour
Décembre 2015
Étiquettes : Egypte, Putsch, révolution