“Je ne sais pas si je serai en vie pour le voir, mais le Brésil doit pouvoir devenir une grande puissance du XXIème siècle. Nous avons tout ce qu’il faut“, a affirmé l’ex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva. En effet, le Brésil connaît une ascension récente et importante. Pourtant comme la plupart des anciennes colonies, le Brésil n’a pas toujours été considéré comme un pays émergeant, voir développé. Son histoire ne lui prévoyait en rien un futur prospère, de part sa difficulté à se détacher de l’Empire Portugais. Il est vrai que la colonisation du Brésil a retardé son développement au sein du majestueux continent d’Amérique, et aussi créée des réelles inégalités au sein de la population. Aujourd’hui, il est le seul héritier du Portugal en terre Américaine, ce qui se manifeste par sa langue officielle. De part sa démographie, le portugais est la première langue d’Amérique du Sud et de l’hémisphère sud. Depuis quelques années, il devient indispensable à l’économie actuelle mondiale. Faisant partie du BRIC, avec la Russie l’Inde et la Chine, le Brésil se fait nettement remarqué par ces nombreux événements en perspective comme par exemple la Coupe du Monde de football en 2014 ou les Jeux Olympiques en 2016 à venir. En plus d’une économie croissante, le brésil dispose du plus vaste et du plus peuplé des territoires d’Amérique latine, ce qui lui donne accès à un grand nombre de ressources. En 2011, son PIB de 2 517 milliards de dollars lui valait la place de sixième puissance économique mondiale. Mais selon toute vraisemblance, il serait prévu que durant l’année 2012, le Brésil passe cinquième devant la France. Pourtant, au Brésil on constate que la population moyenne aisée à riche représente 20 millions sur une population totale de 192 376 596 habitants, ce qui représente un détail important pour son développement. Cependant, si le Brésil interpelle par sa dimension, sa démographie, son économie, ses ressources et son potentiel, il va être dans l’obligation de réformer en profondeur plusieurs traits de sa législation à travers des réformes juridiques, politiques et sociales. Ainsi, pour faire en sorte que le Brésil continue son ascension qu’il suit depuis 15 ans, la nouvelle présidente Dilma Roussef s’acquitte d’une tâche difficile, celle d’adapter le pays à ce futur statut de grande puissance mondiale.
Nous nous posons donc la question de savoir si le Brésil, de part sa croissance récente et son rayonnement au sein de l’Amérique Latine, peut être considéré comme une future grande puissance mondiale.
Pendant l’époque des grands navigateurs, le Portugal est le pays qui a contribué le plus à l’exploration européenne du monde au XVème siècle. Dans l’histoire du Brésil, le Brésil colonial correspond à la période allant de 1500, lors de l’arrivée des colonisateurs Portugais, à l’année 1815. Au cours des plus de 300 ans d’histoire du Brésil colonial, l’exploration économique du pays a été basé tout d’abord sur l’exploitation du « pau Brasil » (bois, d’où le pays tire son nom), puis sur la production de sucre et enfin, sur la recherche de matériaux rares tels que l’or et les diamants. La main d’œuvre de l’économie Brésilienne, les esclaves, était envoyée d’Afrique par le pays colonisateur. En 1808 s’est produit l’ouverture des ports et l’arrivée de la cour Portugaise à Rio de Janeiro qui est obligée de rentrer au Portugal en 1821 en raison d’une grave crise dans le pays. Peu après, le 7 septembre 1822, l’indépendance politique est acquise officiellement en mettant fin à 322 années de domination coloniale lors du couronnement du prince sous le nom de Pierre Ier. Puis en 1825 le roi Jean VI de Portugal reconnaît l’indépendance intégrale du pays. Cependant, nous avons découvert dans l’article de Luiz Felipe de Alencastro, « Le versant Brésilien de l’Atlantique-Sud : 1550-1850 » que la rupture avec l’ordre colonial intervient lors de l’arrêt définitif de la traite des Noirs, en 1850. Ainsi, la décolonisation et l’accès à l’indépendance ont pris plus d’une trentaine d’année pour le Brésil, ce qui reflète un réel manque d’organisation au sein du pays durant ce siècle. Par contre, l’ancienne colonie portugaise en Amérique a gardé son intégrité territoriale et son unité linguistique après son indépendance, contrairement aux anciennes colonies espagnoles voisines, aboutissant à la création du plus grand pays de la région, le Brésil. Pour conclure ce siècle, l’abolition de l’esclavage en 1888 coïncide avec la fin de la monarchie qui sera définitivement renversée un an plus tard.
A l’arrivé du XXème siècle, le Brésil est déjà la première puissance économique de l’Amérique Latine, même lors de la Grave crise économique de 1906 à 1914, due à la baisse du prix du café et du caoutchouc qui représentent des atouts majeurs au commerce brésilien. La jeune république adopte dès lors et ce jusqu’au coup d’état de 1930, un modèle fédéral. Ensuite, une nouvelle constitution voit le jour durant l’année 1934, plus sociale que la précédente et engendre la naissance d’une véritable classe moyenne, ce qui permet donc à un certain nombres d’habitants de prétendre à un niveau de vie supérieur. Pour poursuivre cette ascension, une vague de modernisation s’abat sur le pays de 1951 à 1961 qui s’accompagne de la création d’une nouvelle capitale au centre du pays, Brasília. Quelques années plus tard, le Brésil vit malheureusement une période sombre, en effet, un régime militaire occupera la tête de l’exécutif jusqu’en 1985. Ainsi, 5 généraux-présidents se succèderont pour faire vivre une période d’instabilité et de souffrance à la population.
Cependant, un processus démocratique voit le jour en 1985, ce qui sauve le pays du régime militaire. Peu après, en 1988 est proclamée une nouvelle constitution qui tente à relever le pays. Le Mercosur (Marché commun de l’Amérique du Sud) est créé le 1er janvier 1995, ce qui représente un réel atout au développement du Brésil pour favoriser son exportation au sein du continent américain et ainsi assurer sa place en tant que leader des pays de l’Amérique Latine. Enfin, alors que des affrontements éclatent dans le pays, Fernando Henrique Cardoso qui est élu président de la République, tente à réduire les inégalités de la population pour une meilleure cohésion et ainsi prétendre à une force supplémentaire face aux pays voisins.
On peut donc comprendre que malgré les traces d’ombres qu’a vécu le Brésil, le pays a toujours su relever la tête en s’appuyant sur sa puissance dans le territoire du continent d’Amérique du Sud pour pouvoir prétendre à une place dans l’économie mondiale.
Pour fonder notre problématique, il est intéressant de se poser la question de la place du Brésil au sein de l’Amérique Latine. Force est de constater que le Brésil domine par sa taille et donc se présente comme leader au premier abord. Il est le 5ème pays du monde derrière la Russie et a su donc préserver son unité face aux autres pays plutôt « agités ». Mais d’autres raisons en font un modèle à suivre. Tout d’abord, le Brésil est aujourd’hui considéré comme la sixième puissance mondiale ce qui prouve sa forte progression et différenciation face aux pays de l’Amérique Latine.
Au début du XXème siècle, l’Argentine brillait par son modèle économique. Or dans les années 1960, le Brésil réussi à se frayer un chemin parmi les grands de ce monde. Il diversifia ses importations tant bien en matières première (le café, la viande, le soja, le sucre, les fruits exotiques…) qu’en industries (sidérurgie, agroalimentaire, automobile…). Le pays connait donc une grande ascension dans les années 1990 au sein de ses pays voisins grâce au président de l’époque Fernando Henrique Cardoso qui ouvrit son économie au monde. Suite à cela, le Brésil va signer de nombreux accords mais la création de la zone de libre échange de l’Amérique (ZLEA) va démontrer sa volonté de créer la liaison avec ses pays environnants. On remarque d’ailleurs que le brésil préfère se concentrer d’abord sur les relations avec l’Amérique latine plutôt qu’avec les autres pays du monde tel que l’Afrique ou l’Asie. Ce n’est pas pour autant que le Brésil ne veuille pas garder sa part d’indépendance. Fernando Henrique Cardoso s’inspira beaucoup de José Sarney, vice président puis président de la République fédérative du Brésil de 1985 à 1990, qui fut à l’origine du rapprochement avec les pays proches. La concrétisation de ce rapprochement s’est traduite par la signature des accords de coopération économique entre l’Argentine et le Brésil en 1986 et d’un accord commercial bilatéral en 1990. C’est à partir de là que des bases solides se sont construites et ont abouties à un accord global nommé le marché commun du sud (Mercosur en espagnol) en 1991. Ce dernier regroupe deux autres pays : le Paraguay et l’Uruguay. Le Brésil commence donc doucement à assoir sa place de leader dans le bloc sud- américain. Mais ce qui en montre toute son ampleur c’est le premier sommet des chefs d’état ou de gouvernement d’Amérique du sud.
Les liens se renforcèrent grâce à la grande contribution de son ancien président Luis Inacio Lula da Silva, élu en 2002, qui mit en avant les relations intracommunautaires entre ces pays. Il revendique même sa place de leadership parmi ces derniers et remet au gout du jour l’éventualité d’une place au siège du conseil de l’ONU en tant que défenseur des intérêts du reste de l’Amérique Latine. A partir de là, une multitude de contacts vont être créés comme celui de 2004 avec les chefs d’état de la région d’où va naitre la Communauté Sud-Américaine des nations (CASA). Ensuite, en 2008 est créée l’Union des Nations Sud-Américaines (Unasur), puis en 2009 d’un point de vue militaire, le Conseil Sud-américain de Défense (CSD). Le Brésil prend soin de son image et ne veut donc pas paraitre comme étant une puissance dominatrice et autoritaire. La capitale, Brasilia, ne veut en aucun cas s’introduire et se mêler des affaires intérieures des autres pays. De plus il ne cherche pas à créer de nouvelles institutions car Lula a toujours refuser de se conformer à un régime tel que celui de l’Union Européenne, en aucun cas il ne voudrait perdre sa souveraineté.
En termes plus économiques, le Brésil considère que les pays proches sont d’autant plus d’opportunités pour faire des affaires et exporter leurs marchandises. Les entreprises brésiliennes ont donc plus de facilité à commercer avec ces pays grâce aux liens diplomatiques et politiques qui les unissent. Le Venezuela est un exemple très concret car même si ces deux pays ne partagent pas les mêmes idéaux, le Brésil s’est porté garant pour l’adhésion du Venezuela dans le Mercosur. En découle un projet de création de la Banque du Sud même si le Brésil pose quelques conditions comme celle de se restreindre aux pays d’Amérique Latine.
On remarque donc que ces relations entre le Brésil et l’Amérique Latine sont « synonymes à la fois d’intégration régionale et d’ouverture sur le monde ». Ce qui représente un réel atout pour le développement du pays et lui présage un futur plutôt prometteur.
Maintenant que nous avons situé le Brésil dans son histoire et dans son contexte économique actuel, nous étudierons le futur de ce pays prometteur. Nous pouvons déjà constater que le Brésil sera d’ici quelques années une puissance agricole très forte, voir même le numéro un mondial. La CNUCED (la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement) voyait déjà en 2015 cette puissance s’affirmer. En effet ce pays possède un territoire très vaste (200 milliards d’hectares en friches), des réserves d’eau de source disponibles (20% renouvelable), un climat varié et une importante recherche agricole. Rien ne l’empêche donc d’accéder à ce leadership agricole et de pouvoir influencer les futurs prix et quantités de produits de base comme la viande, le soja ou le jus d’orange. D’ailleurs, la forêt amazonienne représente aussi un atout majeur dans la politique mondiale en ce qui concerne le réchauffement climatique, les négociations peuvent prendre différentes directions selon les faits et gestes du Brésil. De même que la découverte de gigantesques nappes de pétrole sous-marines présagent un avenir fleurissant dans le domaine des exportations de ce pays.
En outre, le Brésil va accueillir en 2014 la coupe du monde de football ce qui traduit un certain développement économique, social et culturel mais aussi un engagement financier du pays. Mais la capitale économique, Sao Paulo, ne possède pas de stade où pourrait se dérouler le match d’ouverture. Les dépenses engagées dans cet événement seront donc d’autant plus faramineuses si la construction du stade est envisagée. Mais le Brésil est prêt à en prendre la responsabilité. Cette décision prend alors des tournures de décisions politiques, sachant que ce pays est censé nous sortir d’une crise économique très importante.
Le brésil s’illustre dans le futur par son avangardisme : en 2010, la première femme présidente, Dilma Roussef, est élue à la tête du pouvoir brésilien avec près de 56% des voix. Elle va donc prendre la relève du président sortant en essayant de garder ses objectifs d’expansion en tête. Lula lui laisse un pays ayant tiré parti du boom économique et dans lequel les entreprises s’aventurent à l’étranger pour conquérir de nouveaux marchés. Elle va donc poursuivre dans une politique d’investissement dans les infrastructures et dans le système d’éducation. Elle semble donc sur la bonne voie pour augmenter la croissance de son pays.
Maintenant, il faut se demander si le Brésil est prêt à assumer cette toute nouvelle puissance sur le plan international et politique avec le maintien de la paix. Ne va-t-il pas tiré profit de cette situation afin de n’en tirer que des avantages pour son pays et ainsi déstabiliser l’équilibre mondial ?
Le Brésil possède tout ce qui est nécessaire pour devenir une des plus grandes puissances mondiales dans les prochaines années, comme en témoignent les 7,5% de croissance de son économie en 2010. La devise d’Auguste Comte présente sur le drapeau brésilien n’y est pas par hasard, « Ordem e progresso » (ordre et progrès) témoigne d’un état d’esprit particulier et tourné vers l’avenir. Aujourd’hui, le pays dispose d’une démocratie saine, ainsi que d’une monnaie stable et pour finir une économie crédible contrairement à son passé. En effet, cette terre d’avenir possède une économie de premier rang. Sa place au sein des nations du BRIC représente un atout majeur à son développement, ce qui permet aux autres pays d’exploiter son fort potentiel. Aussi, le Brésil est d’autant plus attractif grâce à la structure de sa société et à son histoire qui forgent une réelle culture à l’intérieur du pays. C’est aussi un poids-lourd au niveau des ressources, car l’envolée du cours des matières dont le pays regorge est l’une de ses principales forces qui l’ont protégé face à la crise. En plus de celles-ci, les ressources énergétiques telles que le pétrole appuient la puissance du Brésil au niveau mondial. Il est remarquable de noter que le Brésil est autosuffisant en énergie (notamment en pétrole et en gaz) alors que d’autres grandes puissances mondiales peinent à survivre sur ce plan. De plus, l’organisation de grands évènements d’envergure planétaire place le pays sur le devant de la scène aux yeux de tous. Enfin le Brésil, par la bonne santé de sa démocratie, continue à impressionner même les plus grands. Cependant, malgré son évolution en 10 ans, il ne faut pas omettre le fait que le Brésil reste un pays de fort contraste, nécessitant des réformes importantes pour résoudre la complexité structurelle de celui-ci. Aussi, la pacification du pays sera un élément essentiel lors des prochaines années, ceci est nécessaire suite à la violence endémique et extrême qu’il connaît. Mais il ne faut pas s’en faire pour le Brésil, qui représente malgré tout une future puissance mondiale, aidé par le PAC (Programme d’Accélération à la Croissance) ayant pour objectif de soutenir la croissance du pays en stimulant l’investissement privé, en développant des infrastructures d’industries réputées pour leur effet d’entrainement et en réduisant les inégalités régionales.
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