Ariel Sharon, ex chef de l’Etat israélien affirme dans l’un de ses discours en 2005 : « Tout le monde doit se déplacer, courir et prendre autant de collines palestiniennes qu’il peut pour élargir les colonies israéliennes parce que tout ce que nous saisissons maintenant restera notre propriété, tout ce que nous perdrons leur reviendra ».
Le conflit israélo-palestinien est un conflit qui dure depuis une soixantaine d’années aujourd’hui et qui semble loin d’être résolu.
En effet, ce conflit qui s’inscrit dans l’histoire et dans la géopolitique du Moyen Orient est un combat entre deux peuples qui se disputent un droit identique, celui d’occuper un seul et même territoire : la Palestine.
Ainsi, la création d’un Etat israélien en terre palestinienne est considérée comme injuste, illégitime et illicite, non seulement pour les palestiniens, habitants historiques de ce territoire, mais également pour tous les peuples arabes du Moyen-Orient, qui n’adhèrent pas à la création d’un Etat juif au milieu d’une zone majoritairement arabo-musulmane.
Ce conflit possède à première vue un caractère nationaliste, avec d’un côté, Israël qui a pour objectif de créer un Etat souverain pour y accueillir l’ensemble des juifs du Monde et les réunir dans un seul Etat. De l’autre côté, il y a le peuple palestinien, qui depuis la création officielle d’un Etat d’Israël en 1948, ne cesse de crier au complot, à l’injustice et peine à récupérer l’intégralité du territoire qui à leurs yeux, leur revient exclusivement.
Deux nations d’origine différente, de religion différente, prônant des valeurs distinctes, ayant des objectifs divergents et une perception de l’avenir hétéroclite, revendiquent donc le droit d’occuper le même territoire.
Les conséquences d’une telle situation n’est un secret pour personne : les tensions entre ces deux peuples ne font qu’amplifier, des accords peinent à être trouvés et l’espoir d’arriver à une solution convenant aux deux parties semble disparaitre progressivement.
Ce conflit est ancré dans le contexte géopolitique de la région du Moyen Orient et influence de manière directe et indirecte la politique de l’ensemble des pays de cette zone.
Ainsi, ce conflit soulève de nombreuses interrogations. Quelles en sont les origines? Pourquoi tant de peine à le résoudre? Qu’en est-t-il aujourd’hui?
La Palestine avant le conflit
Présentation géographique et historique du territoire palestinien
Hérodote, grand historien grecque emploie le mot Palestina pour désigner la région du Proche Orient, située entre la mer Méditerranée, l’Ouest du Jourdain et délimitée par les frontières naturelles du Mont Liban.
La zone à cette époque n’est pas clairement définie, mais elle est située entre la région de la Galilée, de la Samarie et de la Judée. La Palestine bénéficie d’une large façade maritime sur la mer Méditerranée mais a également accès au golfe d’Aqaba au Sud, à la mer morte à l’Est, ainsi qu’au fleuve du Jourdain et au lac du Tibériade. La Palestine partage ses frontières avec l’Egypte, le Liban, la Syrie et la Jordanie. L’ensemble de ces pays forment la région de bilad asham ou encore pays du Machrek.
Mésopotamie, croissant fertile
La Palestine se situe dans la région de la Mésopotamie, aussi appelée par les historiens et géographes français « croissant fertile », et désignant les pays situés dans la région du Proche Orient, irrigués par cinq fleuves : le Jourdain, l’Oronte, le Euphrate, le tigre, le Nil.
Cette région du croissant fertile est, comme son nom l’indique, l’une des régions les plus fertiles au monde et la plus propice pour y développer une activité agricole et d’élevage de manière pérenne. Cette zone fut le théâtre de grandes civilisations apparues il a y environ 11 000 ans dont les plus connues à ce jour sont les Iraq ed dubb, tell asward, et Jéricho.
Palestine, terre de religion
Terre promise pour les juifs, terre sainte pour les chrétiens, terre sacrée pour l’islam, la Palestine est considérée comme le foyer de trois grandes religions monothéistes, que sont le judaïsme, le christianisme et l’islam. Des lieux de culte et de vénération sont éparpillés sur tout le territoire historique de la Palestine. On compte notamment Jérusalem, Hébron, Bethlehem et Haïfa.
Domination ottomane et mandat britannique
Cette région de la Mésopotamie est habitée depuis des millénaires par différentes civilisations et a connu la domination de nombreux empires. Chronologiquement, cette région a connu la domination des cananéens, des hébreux, des assyriens, des perses, des grecques, des romains, des byzantins, des arabes, des croisés, des ottomans et des britanniques.
Ainsi, avant la Première Guerre Mondiale, la Palestine fait partie de l’empire ottoman ; les britanniques engagent alors une lutte contre ces derniers en 1917. Ils remportent la victoire dans la ville de Beer-cheva, ce qui conduit à la capitulation de l’empire ottoman pour laisser place à la domination britannique. Les enjeux pour les anglais sont nombreux : la “compétition à la colonisation” du Moyen-Orient entre français et anglais ; la protection et l’accès aux routes commerciales de l’Empire britannique ; avoir une projection sur le canal de Suez ; amplifier la présence européenne dans une région à dominante arabo-musulmane.
La domination britannique sera une “déception” pour le peuple palestinien qui les considéraient comme des libérateurs de la domination ottomane.
La déclaration de Balfour en 1917
Le 2 novembre 1917, Arthur James Balfour, ministre britannique des affaires étrangères de l’époque, affirme dans une lettre sa position en faveur de l’établissement d’un foyer national juif sur le territoire palestinien. Cette déclaration est considérée comme l’une des premières étapes de la création de l’Etat d’Israël.
Ainsi, les britanniques scindent la région en deux parties: la Palestine garderait ses frontières mais y accueillerait un foyer national juif tout en respectant les droits de la population locale, et de l’autre côté, l’Emirat Hachémite de la Transjordanie, à l’Est du Jourdain, qui correspond aujourd’hui au royaume de la Jordanie.
1947-1948 : le plan de partage de la Palestine et le début des conflits entre les pays arabes et Israël.
Dès 1936, les Britanniques proposent de partager la Palestine afin de minimiser les risques d’affrontements entre juifs et musulmans. C’est en 1938 que 3 plans de partage sont proposés, sous la direction de Lord Woodhead, et c’est le troisième, le plan C, qui sera finalement adopté. Ce plan Woodhead C maintient une grande partie de la Palestine sous mandat britannique et accorde à l’état juif une étroite bande le long du littoral, contenant la ville de Tel Aviv.
Le 29 Novembre 1947, l’ONU choisit finalement d’adopter un autre plan de partage de la Palestine, accordant à l’Etat juif une superficie de terres plus importante que celle envisagée dans le plan Woodhead C, prévoyant que l’état arabe et l’état juif soient deux entités distinctes et fixant le départ des britanniques du territoire palestinien au 1er Août 1948 au plus tard. Jérusalem est placée sous contrôle international (étant une ville sainte pour 3 religions) et le territoire palestinien est réduit à la bande de Gaza et à la Cisjordanie. Les sionistes acceptent bien volontiers ce plan qui leur confère la moitié de la Palestine mandataire et reconnaissent ces frontières comme internationales : c’est la création de l’état hébreu. Les Arabes crient alors à l’injustice et au non-respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. On note qu’en Palestine mandataire, tout comme dans l’état juif, dans l’état arabe ou encore dans la zone internationale, la population juive n’est pourtant pas majoritaire.
Le 14 mai 1948, David Ben Gourion (premier, premier ministre d’Israël) ne se contente pas du plan de partage onusien et proclame l’indépendance d’Israël sur la scène internationale, 3 ans après la fin des massacres de la 2nde Guerre Mondiale. Le peuple juif dispose désormais d’un Etat à lui : il peut alors s’établir sur la terre de ses ancêtres. Le lendemain de cette proclamation, la première guerre israélo-arabe débute, les états arabes étant hostiles à ce découpage géographique. Malgré l’infériorité en termes de population, les forces militaires juives sont plus nombreuses que les forces arabes, très bien organisées et mieux armées. Après avoir imposé leur découpage géographique du territoire palestinien, les Britanniques refusent de faire régner l’ordre et c’est ainsi que les armées juives prennent facilement l’avantage sur les armées arabes.
En repoussant les frontières accordées par l’ONU, Israël réussit à obtenir 78% de la Palestine mandataire, et la population sur son territoire est maintenant à 85% d’origine juive.
Le 11 Décembre 1948, l’ONU adopte la résolution 194 qui prévoit que tout réfugié qui le désire est en droit de rentrer dans son foyer pour y vivre en paix, et que toute perte ou dommage causé doit être réparé par les autorités responsables. Israël ne respecta jamais cette résolution.
A partir de Février 1949 et jusqu’en Juillet, des accords d’armistice (appelés accords de Rhodes) vont être signés entre Israël et l’Egypte, puis le Liban, la Syrie et la Transjordanie. Ils mettront fin à cette première guerre et donneront naissance à la bande de Gaza.
Entre temps, le 11 Mai 1949, l’Etat d’Israël alors reconnu internationalement, devient membre de l’ONU. Cette admission était conditionnée au respect de ses obligations internationales: entre autres, les frontières, Jérusalem, et les réfugiés palestiniens. 60 ans plus tard, Israël ne respecte toujours pas ces conditions.
Le 24 Avril 1950, l’Egypte prend le contrôle de la bande de Gaza et la Cisjordanie est annexée par le roi Abdallah de Jordanie.
De 1967 à nos jours : l’évolution du conflit.
Le 23 Mai 1967, l’Egypte bloque l’accès au détroit de Tiran aux flottes israéliennes et s’allie avec la Syrie pour provoquer Israël, qui leur déclare alors la guerre, ainsi qu’à la Jordanie, le 5 juin 1967. Cette guerre, appelée guerre des 6 jours, se soldera par la conquête du Sinaï, de la Cisjordanie, de Gaza, de Jérusalem-Est et du Golan syrien par Israël, qui va alors coloniser ces territoires et tripler sa superficie. L’homme qui mena ces combats est le général Yitzhak Rabin.
Pour combattre Israël, il manque aux palestiniens un chef et une armée. En 1968, c’est l’heure de Yasser Arafat. Depuis quelques années, une organisation clandestine, le Fatah, forme des combattants dans des camps d’entrainement. Son chef, Yasser Arafat (né en Egypte mais ayant des parents palestiniens), n’a jamais eu confiance dans les pays arabes et veut créer une armée palestinienne indépendante. Il établit son QG à Karameh (qui est un camp de réfugiés en Jordanie), d’où il dirige le lancement d’opérations de guérilla vers Israël.
Le 18 Mars 1968 débutera la bataille de Karameh. La cause est un bus scolaire israélien qui explosa à cause d’une mine posée par le Fatah. Les représailles seront alors massives puisque 6500 soldats israéliens seront envoyés pour anéantir Karameh. La moitié des palestiniens est tuée, l’autre faite prisonnière, mais pour la première fois depuis la guerre des 6 jours, des palestiniens ont résisté à Israël. C’est une victoire psychologique pour les palestiniens. Yasser Arafat sort de l’anonymat et se voit considéré comme un héros par le monde arabe. Il prend la tête de l’OLP (l’Organisation de Libération de la Palestine), et incarne la résistance palestinienne.
L’année 1969 marque un tournant dans le conflit puisqu’elle verra le terrorisme émerger. En effet, le 29 Août 1969, des combattants de la FPLP (branche radicale de la guérilla) montent à bord d’un vol New York-Tel Aviv, qu’ils détournent vers la Syrie. Les pirates de l’air font exploser l’appareil une fois atterri pour interpeler l’opinion public. D’autres vols aériens subiront le même sort.
Septembre 1970 est qualifié de « Septembre noir ». Le roi Hussein de Jordanie ne supporte plus les palestiniens qui se croient chez eux dans son pays et décide d’exterminer les camps de réfugiés. Un nouvel exode commence : les palestiniens fuient la Jordanie vers le Liban, et plus particulièrement Beyrtouh, qui devient alors la ville de laquelle Yasser Arafat gérera les actions vers Israël.
Aux Jeux Olympiques de Munich en 1972, un groupe terroriste palestinien appelé « Septembre noir » (en mémoire du massacre jordanien) prend en otage la délégation israélienne. C’est la première fois qu’il y a médiatisation de la cause palestinienne. Les 11 athlètes israéliens sont tués, avant que les preneurs d’otages palestiniens le soient aussi.
Le 6 Octobre 1973, le jour du jeûne de « Grand pardon » en Israël, débute la guerre du Kippour. L’Egypte et la Syrie attaquent Israël, car elles veulent récupérer les territoires perdus pendant la guerre des 6 jours. Les armées arabes avancèrent bien mais Israël les repoussa et la situation s’inversa en faveur de l’avantage israélien.
La crise prend dès lors un tournant international en raison de la nouvelle arme des Etats arabes, le pétrole. Le prix du baril augmente de 70% et les pays arabes décident de réduire leur production de 5% chaque mois jusqu’à l’évacuation des territoires occupés par Israël. Après 15 jours de guerre, Israël a quand même vaincu, mais a aussi montré sa fragilité : l’armée israélienne n’est pas invincible et l’efficacité de ses services de renseignements a été ébranlée (attaques par surprise). L’ONU demande un cessez-le-feu et un accord de paix est signé le 11 Novembre 1973.
En 1978, L’Egypte se rapproche d’Israël. Ceci s’explique par le changement de président égyptien : on passe de Nasser (pro palestinien et ayant toujours été solidaire à la Palestine, beaucoup plus que tous les autres pays arabes) à El-Sadate. Les Accords de Camp David sont alors signés, permettant à l’Egypte de reprendre le Sinaï, et prévoyant un régime d’autonomie en Cisjordanie et à Gaza, cependant ce régime n’aura jamais été appliqué. Plus tard, la paix sera aussi signée avec le Liban et la Jordanie.
Durant ces années, Yasser Arafat a constitué une véritable armée qui multiplie les attaques au Nord d’Israël. Les réfugiés palestiniens sont formés et encadrés par les troupes de l’OLP. Les israéliens veulent donc en finir avec ce mouvement et décident d’attaquer Beyrouth. Cette guerre dure 70 jours, pendant lesquels les palestiniens seront vaincus. Le peuple israélien prend alors conscience du massacre, et descend dans la rue manifester. Dès lors, une conscience sociétale émerge et souhaite se détacher de la vision politique et militaire de la situation palestinienne.
En 1987 débute la première intifada et durera jusqu’en 1990. Dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, les palestiniens se rebellent et descendent dans la rue, ce qui aboutira à de nombreux affrontements violents avec la police et l’armée israélienne.
En Septembre 1993 à Washington se réunissent Bill Clinton, le 1er ministre israélien victorieux de la guerre des 6 jours (Yitzhak Rabin) et Yasser Arafat. Après des mois de négociations secrètes à Oslo en Norvège, ils signent un accord prévoyant un processus d’autonomisation par étape de la Palestine. Dans le but de créer ce futur état, une Autorité Palestinienne est créée pour six ans (1993-1999), avec comme siège Ramallah (Cisjordanie). Les israéliens s’engagent à retirer leurs troupes de Gaza et de Cisjordanie. Le 1er ministre israélien déclare : « Le temps de la paix est venu. Nous vous aurons combattus vous, les palestiniens. Nous vous disons aujourd’hui, haut et fort, assez de sang et de larmes. Assez ! ».
Toutefois, les sujets les plus critiques (comme les frontières, le statut de Jérusalem, les réfugiés et surtout les colonies) ne rentrent pas dans cette déclaration d’Oslo, ce qui favorisera la radicalisation des extrémistes des deux camps.
Dans ce contexte, la colonisation israélienne reprend avec encore plus d’intensité et on constate que l’Autorité Palestinienne nouvellement créée ne contrôle en réalité que 40% des territoires qu’elle devrait contrôler.
En 1994, Yasser Arafat fait une entrée triomphante en Palestine et devient le 1er président de l’Autorité Palestinienne, c’est un héros pour le peuple, et le symbole de la résistance, il est idolâtré.
Le 4 Novembre 1995 a lieu un immense rassemblement de paix à Tel Aviv, les drapeaux israélien et palestinien sont côte à côte. Yitzhak Rabin est, durant cette cérémonie, assassiné par un extrémiste juif. C’est un coup dur pour le processus de paix. En effet, certains de ses successeurs ne pensent pas comme lui et déclarent que ces accords d’Oslo sont la plus grande catastrophe jamais arrivée à Israël. Des colons juifs de plus en plus nombreux s’installent dans les territoires occupés, ils veulent rendre impossible la création d’un Etat palestinien. De son côté, Yasser Arafat est lui aussi de plus en plus contesté et l’Islam radical venu d’Iran prend de l’importance dans tous le Proche Orient. Un des mouvements les plus populaires est le Hamas.
Le 28 Septembre 2000 débute la seconde intifada à Jérusalem. Ce n’est plus une simple révolte, c’est une guerre : les fusils remplacent les pierres. Il y a des centaines de morts. L’attentat suicide devient alors la nouvelle arme palestinienne. Des kamikazes se font exploser dans les rues de Jérusalem et de Tel Aviv. Israël répond par la violence à chaque attentat : il y a des représailles sur les territoires occupés. D’un autre côté, le Hamas et les palestiniens remettent en cause l’autorité de Yasser Arafat.
En 2006, déçus par le processus de paix et par le Fatah, les palestiniens se tournent vers le Hamas (mouvement opposé au Fatah), qui remporte les élections législatives. Quand le Hamas prend le pouvoir, Israël va unir ses passages frontaliers avec l’Egypte et imposer un blocus total de la bande de Gaza, pour diverses raisons, mais entre autres pour empêcher la circulation des armes entre la mer et la bande de Gaza et contrôler les gisements de gaz off-shore découverts à partir des années 2000 au large du littoral palestinien. Depuis cette période, le Hamas envoie chaque semaine des roquettes sur Israël, qui répond par des raids aériens sur Gaza. On note tout de même que depuis 2010, il y a eu quelques améliorations par rapport au blocus puisque certains points de passage ont été créés, notamment pour les denrées non-militaires.
Le 27 décembre 2008, Tsahal lance l’opération “Plomb durci” suite à la persistance des activités terroristes palestiniennes. Après 22 jours de frappes aériennes, terrestres et maritimes, Tsahal a détruit toutes les infrastructures abritant les hauts-dirigeants du Hamas, celles servant au lancement des opérations telles que des mosquées où sont régulièrement cachées des roquettes, des centaines de tunnels de passage etc. Cela cependant ne peut que difficilement se faire en épargnant les civils palestiniens. La bande de Gaza n’étant pas un territoire très étendu, ceux-ci vivent trop proches des lieux qui représentent un danger.
On note que depuis, le processus de paix n’a pas progressé : Israël construit petit à petit un mur tout autour de la Cisjordanie pour se protéger des attentats suicides. L’Etat palestinien qui, éventuellement, verrait le jour se réduirait à 15% de la Palestine mandataire et n’aurait pas de contrôle ni sur la bande de Gaza, ni sur Jérusalem.
Qu’en est-t-il du conflit aujourd’hui ?
Le Hamas, un mouvement de plus en plus populaire
Le Hamas, dont la signification en français correspond au mouvement de résistance islamique, est constitué d’une branche politique et d’une branche armée principalement actives à Gaza. Ce mouvement est créé en 1987 par le Sheikh Ahmed Yassine. Ayant des idées politiques basées sur les principes de l’islam et du coran, le Hamas affirme que « la terre de la Palestine est une terre islamique ». Ils prônent donc la destruction de l’Etat d’Israël et l’instauration d’un Etat islamique sur toute l’ancienne Palestine mandataire, c’est-à-dire incluant l’Etat d’Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza.
Le Hamas se base ainsi sur les idéologies suivantes : le nationalisme palestinien, ils prônent les valeurs de l’islam et dénoncent les idéologies sionistes, ils sont également connus pour leur anti américanisme et remettent en cause la Shoah. Les militants du Hamas sont de plus en plus nombreux et n’hésitent pas à prendre pour cible aussi bien les militaires que les civils israéliens. Leur manière de procéder passe notamment par les attentats suicides et les lancés de roquettes sur les villes et agglomérations israéliennes.
Comment expliquer la montée en puissance du Hamas depuis la dernière décennie ?
Auparavant, le Fatah était le mouvement le plus actif dans la vie politique palestinienne, avec Yasser Arafat à sa tête. Cependant, l’ONU avait demandé des élections libres avec la participation de tous les partis politiques pour consolider un gouvernent stable qui pouvait représenter non pas seulement de manière symbolique le peuple palestinien, mais également de manière officielle sur la scène internationale.
A la grande surprise de l’ONU, le Hamas remporte les élections législatives en 2006 et acquière un nombre de places plus important que le Fatah au parlement palestinien. Un tel résultat s’explique par une lassitude du peuple palestinien, qui désormais, juge la diplomatie du Fatah trop douce et peu efficace après la mort de Yasser Arafat et l’arrivée au pouvoir de Mahmoud Abbas. Ces derniers misent beaucoup sur l’établissement d’accords de paix avec Israël, mais depuis des années, les palestiniens constatent que les négociations en sont au point mort. Le Fatah est également accusé de corruption, d’être responsable de la dégradation des services publics et de la hausse de la criminalité et a progressivement perdu la confiance des palestiniens.
Ainsi, ces derniers ont privilégié le Hamas, représentant la résistance palestinienne avec des actions beaucoup plus concrètes envers « l’ennemi ». Khaled Meshaal, un des responsables du Hamas déclare en 2006 : « Je pense que le monde occidental doit avoir compris aujourd’hui que le Hamas ne reconnaitra jamais Israël ».
L’Europe, l’Amérique et la plupart des gouvernements occidentaux considèrent le Hamas comme un groupe terroriste et décide alors de couper les subventions à la Palestine. La situation empire lorsque le Fatah et le Hamas se lancent dans une guerre politique interne. La conséquence de ce conflit a été la séparation de l’Autorité Palestinienne en deux régimes politiques qui revendiquent chacun être les véritables représentants du peuple palestinien.
Israël : une idéologie sioniste et un attachement à la terre promise
Après la souffrance qu’a subit le peuple juif durant la 2nde Guerre Mondiale à travers l’holocauste, les vainqueurs veulent indemniser le peuple Juif en leur promettant une terre, où ils pourraient vivre en toute dignité et effacer les souvenirs de la Shoah. Les israéliens sont très rattachés à la notion de terre promise. Pour eux, la Palestine correspond à l’ Eretz Israel, qui veut dire « Terre promise pour les Juifs », rappelant ainsi la promesse qu’aurait faite Dieu à Abraham, Isaac et Jacob, de donner ce pays en héritage à leur descendance. Cette symbolique religieuse explique en partie le rattachement des Israélien au pays qu’ils occupent.
Alors, l’angle religieux est un angle principal du conflit, qui ne peut lui être dissocié. Finalement, le conflit ne s’explique plus à travers une simple dimension nationaliste où chacune des parties veut imposer à l’autre un état souverain, mais on voit ici qu’elles se battent également au nom de leur religion respective.
Peut-on cependant parler de vraie guerre ?
On peut aujourd’hui constater qu’Israël est avantagée par rapport à la Palestine, ayant à sa disposition une armée puissante, l’arme nucléaire et le soutien de la majorité des pays occidentaux. Israël serait-elle en train de profiter de cette position de force pour ralentir le processus de paix et continuer à mener une politique qui garantirait ses propres intérêts ?
De l’autre côté, la résistance palestinienne du Hamas emploie t- elle les bonnes méthodes pour collaborer à l’établissement de la paix ? Faut-il privilégier la résistance à la diplomatie ?
Quelles solutions faudrait-il employer pour arriver à un accord entre les deux ennemis de toujours et la cessation des tensions dont la population civile en paie aujourd’hui le prix fort ?
– Mathieu Schwartz. Israël-Palestine : 60 ans de violence. M6, 7 Mai 2008 (Enquête exclusive).
– Fabrice Balanche : Atlas du Proche-Orient arabe, collection Géographie-Série Atlas, Presses de l’université Paris-Sorbonne et RFI, 2012, 131P.
– Pierre Blanc, Jean-Paul Chagnollaud, Sid-Ahmed Souiah : Atlas des palestiniens, collection Atlas/Monde, éditions Autrement, 2014, 92P.
– Camille Pollet : Petite histoire de la Palestine pour les nuls, le Nouvel Observateur, Rue 89 Blog, 29 Juillet 2014.
Aude Signoles : « Hamas-Fatah, la fracture des territoires » in Alternatives Internationales Hors-série n°006 [en ligne]. Décembre 2008. Consultable sur : http://www.alternatives-internationales.fr/gaza-israel-palestine-hamas-fatah_fr_art_802_41212.html
Catherine Gouëset: « Chronologie de la Palestine (1947-2012) » in L’express [en ligne]. Mis à jour le 29/11/2012. Consultable sur : www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/chronologie-de-la-palestine-1947-2012_496101.html
France 5, Courier International, La Documentation Française, Milan Presse, Le mémorial de Caen : « Israël-Palestine : histoire d’un conflit » [en ligne]. Consultable sur : www.magelis.com/ip/accueil.html
Loredane Costa et Rana Daraoucheh
Étiquettes : Conflit israélo-palestinien, Hamas, Israël, juif, Palestine, Territoires Palestiniens
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