Les clés du conflit en République Centrafricaine

1- Présentation du journal

ABC est un quotidien espagnol qui fut fondé à Madrid en 1903 par le marquis Luca de Tena. A l’origine, il était le journal de l’aristocratie et de la bourgeoisie, qui transparaissait alors une tendance conservatrice et monarchiste.
Aujourd’hui, sa ligne éditoriale est généralement reconnue comme catholique, monarchiste et politiquement de droite. ABC a un style particulier : les pages sont agrafées, avec une grande photo à la une. Il est le plus ancien des quotidiens espagnols édités à Madrid.

2- Présentation de l’article

L’article a été écrit par Eduardo S. Molano, un journaliste espagnol pour le journal ABC depuis 2008. Docteur en Sciences politiques, il est aujourd’hui basé à Nairobi, au Kenya, et tente d’analyser les évolutions à long terme sur le continent africain.

Alors que la France a commencé l’opération Sangaris le 24 Novembre 2013 en envoyant le début de ses troupes sur le territoire centrafricain, les opinions sur la scène internationale sont mitigées.
Alors que l’Algérie ou le Burkina Faso dénoncent le retour de la Françafrique et accusent la France de « néocolonialiste et d’impérialiste », le Royaume-Uni admire la France pour sa « volonté d’intervenir et d’empêcher une catastrophe humanitaire ».

3- Traduction de l’article

Les clés du conflit en République Centrafricaine

Tandis que la France annonce l’envoi de ses troupes, la communauté internationale cherche un éviter un « nouveau Rwanda » au cœur du continent.

« Ce sera une mission brève pour rétablir le calme et la stabilité ».
Le ministre de la défense français Jean-Yves Le Drian annonçait donc l’envoi de 1000 militaires en République Centrafricaine pour freiner la crise ouverte dans la région. Mais il ne s’agit pas seulement d’un simple conflit entre groupes chrétiens et musulmans. J’ai ici quelques éléments clés.

Que se passe-t-il réellement ?

En Mars, un coup d’Etat du groupe insurgent Seleka (« alliance » en sango) provoquait la sortie du pays du président François Bozizé et entrainait une crise politique dans le pays africain qui continue quand même. Depuis, l’ONU affirme que la région est confrontée à la menace d’un « génocide » à travers la spirale de violence déclenchée entre les groupes chrétiens et musulmans ces derniers mois.

« Il y a de plus en plus de violence sectaire parce que Séléka l’a commencée avec les églises.
Désormais, les chrétiens ont créé des milices d’auto-défense et prennent des mesures répressives contre les musulmans », reconnaît Gérard Araud, Ambassadeur de France à l’ONU.

En effet, pour surmonter le banditisme, la population a créé des patrouilles urbaines appelées « anti-Balaka » ou « anti-machette ».
« J’ai l’impression que c’est comme à la maison en 1994, » selon Richard Eugene Gasana, ambassadeur du Rwanda à l’ONU, rappelant le génocide dont a été victime son pays.

Les images d’organisations comme Human Rights Watch ne laissent aucune place aux doutes.

Qui sont les acteurs en jeu ?

La coalition “Séléka” exige depuis le début de la révolte « le respect des accords de paix de 2007 », qui impliquaient la réintégration des rebelles dans les forces armées (de la même manière que elle utilisée en 2009 à l’Est de la République Démocratique du Congo avec l’insurrection locale), ainsi que la libération de tous les prisonniers politiques.
Cependant, le mouvement, composé de cinq milices, n’est pas tout à fait homogène.

De même, l’auto-nomination de Michel Djotodia en tant que Président, musulman dans un pays où près de 80% de la population est chrétienne, a seulement suscité un conflit qui continue à se réalimenter. En seulement neuf mois, le mouvement a recruté près de 6000 enfants soldats, et des centaines de mercenaires venant du Tchad, du Soudan et du Nigeria en vertu de la promesse d’être récompensés avec les énormes réserves d’or et de diamant dont dispose le pays.

Quels sont les intérêts cachés ?

En 2011, l’International Crisis Group, avait déjà mis en garde contre le « côté obscur » de diamants en République Centrafricaine, et dénonçait aussi le contrôle que les rebelles de l’Union des Forces Démocratiques pour le Rassemblement (une des milices qui deviendrait finalement « Séléka ») exerçaient sur les mines du pays.

Cependant, en Mai dernier, le Processus de Kimberley, un système conçu pour fournir la garantie aux consommateurs que les diamants qu’ils acquièrent ne financent pas les conflits armés, interdisait les exportations de pierres précieuses depuis le pays africain.

Et pour compliquer encore la situation, le Gouvernement putschiste a sorti un autre as de sa manche.

Ces derniers jours, le président Michel Djotodia a assuré directement et indirectement être en pourparlers avec le chef rebelle notoire Joseph Kony, ainsi qu’avec ses lieutenants de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA), pour parvenir à sa capitulation. Il est vrai que Kony (qui a un mandat de recherche et d’arrestation de la Cour pénale internationale) est, pour plus de deux décennies, l’un des trophées les plus recherchés sur le continent africain. Et sa position actuelle est apparemment la République centrafricaine.

Néanmoins, l’annonce du régime putschiste semble être plutôt une opération de relations publiques face à la communauté internationale qu’un gage de garantie.

Une solution armée est-elle faisable ?

Depuis son indépendance de la France en 1960, la République Centrafricaine est victime de son emplacement stratégique (pays non ouvert à la mer et situé au carrefour complexe entre le Tchad, le Soudan, le Sud-Soudan, le Congo-Kinshasa, le Congo-Brazzaville et le Cameroun) et de certains dirigeants politiques qui montrent une affection excessive pour les coups d’Etat (le président déchu lui-même, François Bozizé, avait accédé au pouvoir grâce à un coup d’État).

À cet égard, l’ambassadeur français à l’ONU, Gérard Araud, a déclaré que l’intervention dans ce pays d’Afrique sera “plus facile” qu’au Mali, puisqu’il s’agit de lutter contre « les criminels armés, et non pas une opposition organisée. »

Fait intéressant, malgré sa « simplicité », la communauté internationale parle déjà d’éviter un « nouveau Rwanda » au cœur du continent.

4- Commentaire

Tous les éléments ressemblent dangereusement aux prémisses du génocide rwandais de 1994. Les Etats-Unis et la France ont même qualifié la situation de « pré-génocidaire ».
La position géographique de la Centrafrique n’aide pas à trouver un équilibre et une stabilité politique : des conflits incessants rythment les pays voisins comme le Tchad ou le Soudan, et menacent de s’étendre. Les différentes insurrections peuvent aussi facilement donner des idées aux populations environnantes qui cherchent alors à se rebeller également.
L’intervention militaire de la France est parfois critiquée du à son passé colonisateur, mais il est important qu’elle continue à s’intéresser à ses anciennes colonies afin de les voir mettre en place une situation politique et économique viable.
Elle était déjà intervenue à travers « l’opération Barracuda » en 1979, opération qui avait fonctionné car une république avait été remise en place.

 

Annexe : Article original

Las claves del conflicto en la Republica Centroafricana

EDUARDO S. MOLANO / CORRESPONSAL EN NAIROBI

Día 30/11/2013 – 03.11h

Mientras Francia anuncia el envío de tropas, la comunidad internacional busca evitar una «nueva Ruanda» en el corazón del continente

«Será una misión breve para restablecer la calma y la estabilidad». De esta forma, el ministro de Defensa francés, Jean-Yves Le Drian, anunciaba el envío de 1.000 efectivos militares a la República Centroafricana para frenar la crisis abierta en la región. Pero se trata de un conflicto no solo entre grupos cristianos y musulmanes y que dista de toda sencillez. He aquí algunas claves.

¿Qué está pasando realmente?

En marzo, un golpe de Estado del grupo insurgente Seleka («alianza», en lengua sango) provocaba la salida del país del presidente François Bozizé y abría una crisis política en el país africano que aún continúa. Desde entonces, Naciones Unidas asegura que la región se encuentra ante la amenaza de un «genocidio» tras la espiral de violencia desatada entre grupos cristianos y musulmanes en los últimos meses.

«Cada vez hay más y más violencia sectaria porque Seleka la emprendió con iglesias. Ahora, los cristianos han creado milicias de autodefensa y están tomando represalias contra los musulmanes», reconocía Gerard Araud, embajador francés ante la ONU.

Precisamente, para paliar el bandidaje, la población ha creado patrullas urbanas llamadas «anti-balaka» o «anti-machete».

«Tengo la impresión de que es como en 1994 en casa», aseguraba Eugene Richard Gasana, embajador de Ruanda ante la ONU, rememorando el genocidio ocurrido en su país.

Las imágenes de organizaciones como Human Rights Watch no dejan ningún lugar a la duda.

¿Quiénes son los actores en juego?

La coalición «Seleka» exigió desde el comienzo de la revuelta «el respeto por los acuerdos de paz de 2007», que implicaban la reintegración de los rebeldes en las fuerzas armadas (en una fórmula similar a la utilizada en 2009 al este de la República Democrática del Congo con la insurgencia local), así como la liberación de todos los presos políticos.

Sin embargo, el movimiento -formado por cinco milicias- no es del todo homogéneo.

De igual modo, el autonombramiento de Michel Djotodia como presidente -musulmán en un país donde cerca del 80% de la población profesa la fe cristiana- solo ha agitado un conflicto que continúa retroalimentándose: En apenas nueve meses, el movimiento ha reclutado cerca de 6.000 niños soldados, así como centenares de mercenarios provenientes de Chad, Sudán y Nigeria bajo la promesa de ser recompensados con las ingentes reservas que dispone el país de oro y diamantes.

¿Cuáles son los intereses ocultos?

En 2011, el International Crisis Group ya advertía del «lado oscuro» de los diamantes de República Centroafricana, así como denunciaba el control que los rebeldes de la Unión de las Fuerzas Democráticas para la Unidad (una de las milicias que acabaría formando «Seleka») ejercían sobre las minas del país.

No obstante, no sería hasta mayo pasado cuando el Kimberley Process Certification Scheme, un sistema diseñado para dotar a los consumidores de plenas garantías de que los diamantes que adquieren no financian conflictos armados, prohibiría las exportaciones de gemas desde el país africano.

Más enrevesado aún resulta el otro as en la manga del Gobierno golpista.

En los últimos días, el presidente Michel Djotodia asegura por activa y por pasiva que se encuentra en negociaciones con el conocido líder rebelde Joseph Kony, así como sus lugartenientes del Ejército de Resistencia del Señor (LRA), para lograr su rendición. Es cierto que Kony (quien cuenta con una orden de busca y captura por parte del Tribunal Penal Internacional) es, desde hace más de dos décadas, uno de los trofeos más buscados en el continente africano. Y que su actual ubicación es, presuntamente, la República Centroafricana.

Pese a ello, el anuncio del régimen golpista parece ser más una maniobra de relaciones públicas ante la comunidad internacional que una promesa de garantías.

¿Es factible una solución armada?

Desde su independencia de Francia en 1960, la República Centroafricana es víctima de su localización estratégica (país no abierto al mar y enmarcado en el complicado cruce de caminos entre Chad, Sudán, Sudán del Sur, Congo-Kinshasa, Congo-Brazzaville y Camerún) y de unos líderes políticos con excesiva querencia por los golpes de Estado (el propio mandatario depuesto, François Bozizé, había subido al poder tras protagonizar una asonada).

En este sentido, el embajador galo ante la ONU, Gerard Araud, asegura que la intervención en el país africano será «más sencilla» que en Malí, ya que se trata de luchar contra «delincuentes armados, no una oposición organizada».

Curiosamente, a pesar de su «sencillez», la comunidad internacional ya habla de evitar una «nueva Ruanda» en el corazón del continente.

 

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