- Présentation du Journal
La source de l’article n’est pas un journal mais un site web. Il provient du site de Greenpeace, une organisation pacifiste non gouvernementale qui lutte pour la protection de l’environnement. Elle est présente dans une quarantaine de pays à travers le globe. Greenpeace a été fondée en 1971 à Vancouver par Jim Bohlen et Irving Stowe pour s’opposer aux essais nucléaires des USA en Alaska, les considérant comme étant la plus grande menace pour l’environnement qui puisse exister. Elle se bat donc pour la préservation de l’environnement avec pour principe fondamental le principe de non-violence, soit manifester son opinion par les mots et non par les violences.
- Présentation de l’article
L’article a été écrit en 2012 par son auteur Rex Weyler. Celui ci est un journaliste, auteur et écologiste américain/canadien. Il a été au service de Greenpeace entre 1973 et 1982 en tant qu’un des directeurs à l’origine de la fondation de Greenpeace et comme photographe reporter. Cet article a été écrit suite à la guerre en Irak, permettant ainsi de faire un constat sur la guerre du pétrole entre les pays pendant cette guerre et les précédentes guerres du XXème siècle.
- Traduction de l’article
Les guerres du pétrole
Quand vous entendez les politiciens clamer que la prochaine guerre n’est pas « celle du pétrole », soyez assurés : elle l’est bien.
Bien que les révoltes du Moyen Orient entrainent de véritables conflits entre les nations – Egypte, Lybie, Syrie – les supers puissances – USA, OTAN, Chine, Russie –utilisent ces conflits comme guerre de substitution afin d’avoir accès aux ressources d’énergies rares.
En Avril, durant la première d’une série de réunions, les cinq membres de conseil de sécurité de l’ONU – Chine, Russie, France et les USA, tous les Etats possédant l’arme nucléaire sur leur territoire – ont insisté pour que l’Iran respecte le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de l’ONU (TNP), qu’Israël a refusé de signer. Israël possède fort probablement l’arme nucléaire mais refuse de se positionner.
Ces nations, avec leur allié Israël, ne veulent pas que l’Iran rejoigne le club de l’arme nucléaire. Ils insistent pour que l’Iran respecte le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de l‘ONU. Certains observateurs trouvent cela hypocrite de la part des puissances nucléaires, ce qui rend difficile de faire accepter la situation au peuple iranien et au reste du monde.
Pendant ce temps, les familles des scientifiques iraniens tués ont poursuivi en justice les USA, l’Angleterre et Israël pour une guerre clandestine présumée non déclarée au sein de l’Iran, assassinant des scientifiques du nucléaire, faisant exploser des installations nucléaires et terrorisant la population. D’après le New York Times, les USA et Israël seraient à l’origine du virus Stuxnet qui a mis hors service les usines nucléaires iraniennes.
Pour sa part, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a enflammé le conflit en dénigrant Israël, en niant l’holocauste et en ne reconnaissant pas l’état d’Israël. L’Iran est aussi prétendument lié aux attaques du Hezbollah sur les civils Israéliens comme l’assassinat des touristes Israéliens en Bulgarie en Juillet dernier.
Le directeur général international de Greenpeace, Kumi Naidoo, a écrit une lettre ouverte à Ahmadinejad et au premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, les pressant d’abandonner conjointement la technologie nucléaire et de se joindre au monde du développement d’énergies renouvelables. Greenpeace, fondé en 1971, en tant que groupe pacifiste naviguant dans les zones de tests nucléaires, a toujours reconnu que la guerre est à la fois un probl��me de droits de l’homme et d’environnement. « La posture autoritaire des principaux accusateurs de l’Iran requiert un examen précis » écrit Naidoo. « Ensemble ils représentent quatre décennies de mauvaise foi. Conformément au NPT, ils ont promis de désarmer…mais n’ont pas tenu leur promesse ! ».
La guerre persistante à l’Irak, l’Afghanistan, la Lybie et la Syrie n’a qu’un seul but – un but partagé par les USA, la Russie la Chine et les nations européennes – contrôler l’appauvrissement des réserves de pétrole.
Les guerres de ressources
Les dirigeants des entreprises de pétrole qui parlent d’énormes réserves de pétrole ont faux sur toute la ligne. Le pic pétrolier est indéniable, et il est maintenant. Pas en 2050. Pas en 2020. Maintenant.
La production de pétrole est restée stable depuis 2005. Ce n’est pas par choix. Les producteurs ne peuvent pas augmenter la production parce que les nouveaux gisements ne peuvent pas compenser la baisse de production des anciens gisements. Chaque gisement produisant du pétrole sur Terre est en baisse à moins qu’il soit complètement en début d’exploitation et les pics de découverte soient loin derrière nous. Le graphique ci-dessous, d’Exon Mobil, montre le pic pétroler actuel et le pic de découverte d’il y a 50 ans.
À cause de l’épuisement des gisements de pétrole, maintenir une production de pétrole mondiale à son niveau actuel dans le futur nécessiterait la mise en place d’une nouvelle Arabie Saoudite (trois milliards de barils par an) en production normale tous les trois ans. Il n’existe pas sur Terre un seul gisement de pétrole permettant d’approcher un tant soit peu ces besoins.
Photo 02/25/2012 : L’actrice Lucy Lawless et les activistes de Greenpeace de Nouvelle-Zélande durant leur deuxième jour de protestation pour empêcher un navire de forage financé par Shell de quitter le port Taranki pour aller en Arctique, où son programme exploratoire de forage pétrolier menace de détruire le côte de l’Alaska.
Durant le dernier siècle, la population humaine a brûlé la plus grosse moitié d’hydrocarbures extractibles, ce qui équivaut à l’énergie solaire émise sur Terre ces 500 derniers millions d’années). Les sociétés passives ont gaspillé cette énergie avec des courses de dragsters, des embouteillages, des jets privés, des maisons qui s’étalent et des immeubles de bureaux surchauffés. Mais pire que n’importe quel gâchis, le grand empire de l’industrie a gaspillé cette unique réserve de carburant de grande qualité en se battant pour ce carburant. Nous n’allons pas « manquer de pétrole » parce que nous n’aurons simplement jamais tout, mais le pic pétrolier est là, les plus grandes et meilleures réserves du monde sont toujours au Moyen Orient, et les régimes militaires du monde – qui tournent autour du pétrole – le savent.
Le sang et le pétrole
En 2010, les forces jointes militaires des USA aux commandes ont prédit la fin du « surplus de capacité de production de pétrole » et ont mis en garde contre « le déficit de production pour presque atteindre dix millions de barils par jour ». L’armée des USA est concernée. À puissance maximale en Irak et en Afghanistan, les USA ont déployé environ 190000 soldats utilisant environ dix millions de gallons de carburant par jour, l’équivalent de la quantité de carburant consommée chaque jour par une ville de vingt millions d’habitants.
Le pétrole a alimenté et dirigé les guerres du siècle dernier. En 1912, à la veille de la première guerre mondiale, Winston Churchill a catégoriquement dit, « vous devez trouver le pétrole…acheter régulièrement et peu cher en temps de paix, et acheter de manière certaine en temps de guerre ».
Le pétrole se trouve être la principale ressource stratégique pendant la seconde guerre mondiale. Pendant la guerre, les USA ont construit le plus long oléoduc du monde – depuis le Texas jusqu’à l’Atlantique – et ont produit aux alentours de 6,3 milliards de barils de pétrole. En comparaison, l’Allemagne a produit un petit 200 millions de barils, soit 3% de la production des USA ; la grande majorité étant du « pétrole synthétique » plus cher et produit à partir de charbon.
Prête à tout pour trouver du pétrole, l’Allemagne est entrée en Afrique du Nord et en Russie en 1941 pour atteindre les gisements de pétrole de Bakou dans les contreforts caspiens. Le ministre de la production de guerre allemand, Albert Speer, a reconnu durant son interrogatoire d’après guerre, que le pétrole « était la principale motivation » de ces invasions. Prévoyant une victoire à Bakou, Hitler a déclaré « Maintenant j’ai du pétrole ! Continuons vers l’Inde ! ». Mais l’armée d’Hitler s’est littéralement retrouvée à court d’essence. Les camions de ravitaillement allemands avaient la moitié de leur consommation normale de gaz au milieu des terrains boueux sans chemins praticables. Rommel a abandonné des tanks ayant leurs réservoirs de gaz vides dans le désert Egyptien à l’ouest d’El Alamein. « Nous avons les hommes les plus braves », a t-il déclaré, « mais ils sont inutiles sans pétrole suffisant ».
Le Japon désespérait de trouver du pétrole pour alimenter les guerres impériales en Asie. Ils ont fabriqué de l’essence à partir de pommes de terre et de racines de pin, envahi les Indes Néerlandaises de l’est (Indonésie) pour s’emparer des gisements de pétrole et ont abandonné des avions et pilotes en mer par manque de carburant pour rentrer chez eux. Le Japon a également été à court d’essence. Une fois que les bateaux américains et anglais eurent coupés l’approvisionnement en essence du Japon depuis l’Indonésie, la guerre du Pacifique fut finie. Les bombes sur Hiroshima et Nagasaki avaient été motivées par le zèle expérimental américain et comme une course aux armes, pas comme un besoin militaire.
Les guerres privatisées
Les nouveaux conflits du Moyen Orient – Irak, Afghanistan, Egypte, Syrie, Lybie, Iran – sont toujours dus au pétrole. L’Amérique possède des gisements de pétrole étrangers et sécurise l’acheminement par oléoduc pour réponde à ses besoins en pétrole et récolter tous les profits. Les alliés de l’OTAN, également désespérés pour récupérer les derniers sous-sols de la Terre, autrefois de grandes réserves d’hydrocarbure, jouent avec les USA.
Avant la première guerre du Golfe de 1990, le président d’Halliburton et son bras droit Dick Cheney ont révélé, « Nous sommes ici parce que…cette partie du monde contrôle l’approvisionnement en pétrole du monde, et quiconque contrôle l’approvisionnement en pétrole…aura la main mise…sur l’économie mondiale ».
Voilà, vous savez. Toute cette effusion de sang accélère la diminution des réserves de pétrole. Pendant ce temps, la guerre est devenue le plus grand business sur terre, valant des milliards de dollars, euros, roubles et yuan chaque année. La majorité de la population pense que le phénomène de guerre est un terrible dysfonctionnement de la société, mais pour les armées modernes profiteuses, la guerre est une opportunité pour s’enrichir.
L’armée américaine a commencé à privatiser les productions militaires en 1985 avec le « programme d’augmentation de la logistique civile » et a en premier utilisé sa propre armée pour construire, maintenir et sécuriser deux oléoducs de pétrole en Asie du sud-ouest.
En 2005, le secrétaire de la défense des USA, Donald Rumsfeld a déclaré, « Il est clairement rentable d’avoir des partenaires pour une variété de choses pour lesquelles les militaires ne peuvent être déployés ». Il apparaît maintenant que ces taches privatisées incluaient la torture, des abus sexuels, des assassinats politiques et des meurtres de citoyens ordinaires. Le journaliste lauréat du prix Pulitzer, Seymour Hersh, a révélé/affiché au grand jour les notes de Rumsfeld qui « encourageaient des violences physiques et humiliations sexuelles sur des prisonniers iraquiens ».
En 2002, Rumsfeld a menti au public et au congrès américain clamant que : « nous savons que le régime iraquien possède des armes chimiques et biologiques ». Ce prétexte justifie l’invasion américaine qui a tué ou blessé presque un million d’habitants, la plupart étant des citoyens iraquiens. L’ancien ministre de la santé iraquien Ali Al-Shemari a déclaré le passage à la morgue de Bagdad d’une centaine de corps par jour.
Les morts des civils comprenaient des meurtres déclarés par des entreprises de « sécurité » privées américaines comme Blackwater.
Les entreprises privées CACI et Totan Corp étaient à l’origine des tortures dans la prison Abu Ghraib en 2003 et 2004. Cependant, à l’inverse des militaires, les compagnies privées ont évité les poursuites judiciaires pour ces crimes.
Quand une entreprise comme Blackwater – et son fondateur Erik Prince se font prendre, ils vendent tout simplement l’entreprise et disparaissent. Les employés de Blackwater ont du faire face aux accusations de la cour fédérale des USA pour meurtres de citoyens iraquiens innocents, pour contrebande d’armes illégales, pour blanchissement d’argent, pour évasion fiscale et crimes de guerre. En 2010, Prince – qui a fièrement comparé ces tueries aux croisades chrétiennes – a vendu ses entreprises, négocié une amende de 42 millions de dollars avec le gouvernement des USA et a déménagé à Abu Dhabi. L’amende de 42 millions de dollars représentait moins d’1% des dépenses du gouvernement, en termes de dépenses publiques, un moindre coût en comparaison des actes commis). D’après le procès pour infraction à la loi RICO (US Racketeer Influenced and Corrupt Organizations Act) contre les actions de Dyncorp en Bosnie, DynCorp et Halliburton – les anciennes entreprises de l’ex vice président des USA Dick Cheney – étaient toutes deux engagées dans des comportements pervers, illégaux et inhumains et achetaient illégalement des femmes, des armes, de faux passeports et participaient à d’autres actes immoraux, » prétendument incluant des abus sur enfants. Les Chicago Tribune a déclaré en 2005 que les groupes de pression représentaient « des milliers d’entreprises, incluant…DynCorp International et la filiale d’Halliburton KBR ; les deux étant liées à des trafics, » ont tenté d’enrayer la législation qui bannirait le trafic humains par des entreprises privées.
Les survivants de guerre payent le prix de la proximité avec la guerre, la destruction, la cruauté et la tragédie. En Mars 2008, un psychiatre de l’armée américaine, le colonel Charles Hoge, a informé le congrès américain que presque un tiers des troupes souffrait de maladies mentales à partir de leur troisième déploiement. Une étude des archives de la médecine interne des USA a montré une similarité avec un tiers de vétérans revenus des guerres d’Iraq et Afghanistan souffrant de troubles psychologiques, d’un stress post-traumatique, de dépression, du mal du pays et des problèmes de couples, incluant des violences domestiques. En 2007, 121 soldats américains se sont suicidés et 2000 autres ont essayé et se sont grièvement mutilés.
Les civils d’Iraq et Afghanistan ont également ressenti ces effets sociaux, de la guerre. En Afghanistan, dix mille villages, leurs champs et abords ont été anéantis, les infrastructures d’eau et d’énergie ont été détruites, et l’eau a été contaminée par des toxines et bactéries. La population s’est retrouvée livrée à elle même face à la maladie, sans abri, affamée et sans ressources.
Les impacts environnementaux de la guerre
Par dessus tout, l’environnement lui même a été victime de la guerre. Les forêts d’Afghanistan ont été directement détruites par les bombes et le feu, et indirectement par des réfugiés ayant besoin de bois pour se chauffer et par les armés qui vendaient du bois de charpente pour acheter des armes à feu et du matériel. Les populations d’oiseaux migrateurs ont baissé de 85%. Les léopards de montagnes ont perdu leurs habitats, sont maintenant en danger, et ont été abattus par des réfugiés qui les échangeaient contre de la nourriture ou une traversée sans danger.
La guerre pollue l’air, le sol et l’eau avec des toxines comme la cyclonite, des fusées à propulsion, et des munitions appauvries en uranium qui ont entrainé des lésions rénales et des cancers. Les enfants des victimes des guerres modernes – civils et soldats- montre/sont victimes d’un accroissement des anomalies congénitales à cause de l’uranium appauvri, des produits chimiques et des agents neurotoxiques. Des champs de mines abandonnés partout dans le Moyen Orient tuent et mutilent hommes, femmes et enfants.
Pendant la guerre du Golfe de 1991, l’armée iraquienne en fuite a déversé un million de tonnes de pétrole brut dans le Golfe Persique, tuant quelques 25000 oiseaux migrateurs et causant du brouillard, des pluies acides et des fumées toxiques. Quand les usines de traitement des eaux ont été détruites, les eaux usées non traitées se sont directement écoulées dans le tigre et dans la rivière Euphrate, augmentant les cas defièvre typhoïde par dix. La mort, la mutilation, l’esclavage, les abus sexuels, la dépression, les sans abris et la destruction à la fois de la société civile et des écosystèmes : ce sont les conséquences de la guerre non assumées par les responsables. La guerre demeure les plus grands désastres écologiques et tragédie humaine sur Terre.
BIBLIOGRAPHIE :
http://www.greenpeace.org/international/en/news/Blogs/makingwaves/oil-wars/blog/40030/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Greenpeace#Valeurs_fondamentales
http://www.greenpeace.org/france/fr/connaitre-greenpeace/
Étiquettes : environnement, greenpeace, guerre, pétrole, ressources