Négociations pour l’exportation du gaz iranien vers l’Inde par la mer

Présentation du journal

Hamshahri est un journal iranien, fondé par Gholamhossein Karbaschi. Il s’agit du plus important journal quotidien d’Iran (400 000 exemplaires quotidiens), et du premier journal en couleurs créé dans le pays. Il est connu pour ses positions modérées (par opposition à “conservateur”) jusqu’en 2003, date de la victoire des conservateurs aux municipales de Téhéran. Lors de la crise internationale causée par des caricatures du prophète Mahomet, le 6 février 2006, le journal lance un concours international de caricatures sur l’Holocauste, ce qui scandalisera notamment les Etats-Unis.  Le journal a été temporairement interdit de publication les 23 et 24 novembre 2009 pour avoir publié une photo d’un temple de la foi bahaïe, qui est interdite en Iran.

Gholamhossein Karbaschi  a été maire de Téhéran entre 1988 et 1998. Il fût un moteur important de la modernisation de la politique iranienne durant cette période. Il est considéré comme étant de tendance réformiste et est un allié de l’ancien président Akbar Hashemi Rafsanjani, et soutint Mohammad Khatami lors de l’élection présidentielle de 1997. Après l’élection au poste de président de Khatami, une lutte de pouvoir a eu lieu entre les réformistes et les conservateurs au sein de la scène politique iranienne. De nombreux politiciens réformistes ont alors été jugés et parfois condamnés. Karbaschi fût alors emprisonné pour détournement de fonds. Depuis sa libération, Karbaschi occupe le poste de secrétaire-général du Parti des cadres de la construction.

 

Présentation de l’article original

Article trouvé sur le site hamshahrionline.ir

L’article a été écrit le 11 décembre 2013. Cela fait plusieurs années que des négociations ont lieu pour la construction d’un gazoduc qui acheminerait du gaz naturel de l’Iran à l’Inde en passant par le Pakistan. Le nom de l’auteur n’a pas été communiqué.

 

Traduction de l’article

Négociations pour l’exportation du gaz iranien vers l’Inde par la mer

Un responsable de la compagnie nationale pour l’exportation de gaz d’Iran a dévoilé des négociations entre l’Iran et trois compagnies indiennes pour l’exportation de gaz par la mer qui pourrait signifier l’échec des longues négociations infructueuses concernant l’exportation du gaz vers l’Inde en passant par le Pakistan. Selon Ali Amirani, le directeur de recherche de nouveaux marchés, des accords ont déjà été conclus pour la construction d’un pipeline dans les eaux profondes de la mer d’Oman, et que la compagnie indienne a déjà effectué des études préliminaires pour la construction de ce pipeline.

Selon le rapport de ShanaNews, il (Ali Amirani, NDLR) a déclaré que le coût serait de 4 à 5 milliards de dollars. L’acheminement du gaz vers l’Inde par la mer n’est pas en opposition avec le projet du pipeline (projet du « pipeline de la paix », NDLR : un autre projet) aurait-il ajouté.

Si l’accord aboutit, le gaz iranien sera exporté vers l’Inde par un pipeline sous-marin de 1400 km de long qui serait, dans cette hypothèse, le gazoduc sous-marin le plus long du monde.

Simultanément, l’Iran a donné son accord pour le report de la date limite pour  l’exportation de son gaz vers le Pakistan. Les experts des deux pays se rencontreront ce mois-ci afin de fixer cette date, décider de la stratégie de l’augmentation du capital et fixer la durée de la construction de ce pipeline.

Les négociations de l’exportation du gaz vers le Pakistan ont rencontré des problèmes après l’arrivée de Bizhan Zanganeh, le nouveau ministre iranien du pétrole, car la partie pakistanaise n’est pas parvenue à honorer son engagement pour l’achèvement du pipeline sur son territoire.

 

Commentaire

On constate déjà que dans cet accord entre l’Iran et l’Inde, le Pakistan a été mis à l’écart, alors que le pays faisait initialement partie du projet de construction du pipeline. Le Pakistan ne s’investirait pas autant que prévu pour l’avancement des travaux du fait que le destinataire des exportations soit l’Inde.  L’Iran montre qu’il peut être assez indépendant vis-à-vis du Pakistan. Cela envoie un message assez fort à Islamabad, qui se voit mis de côté dans le projet au profit de l’Inde. Indirectement, cela signale aussi à Washington que malgré les mesures prises pour contrôler la réalisation du projet de construction (explications ci-dessous), Téhéran peut tout de même parvenir à ses fins.

Les négociations au sujet de ce projet ont débuté en 1994, avec de premières discussions entre les gouvernements iranien et pakistanais. Un accord préliminaire a été signé en 1995. Ce dernier prévoyait la construction d’un pipeline de gaz à Karachi, au Pakistan. Plus tard, l’Iran a fait une proposition visant à étendre le gazoduc en provenance du Pakistan jusqu’en Inde. En février 1999, un accord préliminaire entre l’Iran et l’Inde fût signé. Mais les discussions se sont enlisées. Nombres d’experts ont même cru, au début des années 2000, que le projet serait définitivement enterré. Finalement, un nouveau projet voit le jour : « le pipeline de la paix ». A l’ouest, la fourniture de gaz venant de l’Iran, par ce « gazoduc de la paix », pourrait partir de l’Iran, traverser le Pakistan par le Baloutchistan, pour arriver en Inde. Mais le 29 janvier 2013, le consul général américain Michael Dodman a menacé le Pakistan de sanctions économiques s’il n’abandonnait pas le projet du pipeline. L’Inde a également subi des pressions de la part de Washington pour ne pas prendre part à ce projet. Les États-Unis proposent à la place le projet TAPI, (c’est-à-dire Turkménistan, Afghanistan, Pakistan, Inde). La proposition est tout aussi ambitieuse mais plus maîtrisable à leurs yeux. Et le projet est ancien : il faut savoir que des négociations avaient déjà eu lieu entre l’administration Clinton, et le régime Taliban en 1996, pour faire passer le gazoduc par l’ouest de l’Afghanistan.  Toutefois, ce projet ne sera pas retenu, ce qui montre notamment un certain non-alignement indien. Un acheminement du gaz passant par le Pakistan et l’Afghanistan semblait risqué à l’époque, du fait des conflits dans la région. Manmohan Singh, le Premier Ministre indien, n’a pas voulu prendre ce risque,  tout en voulant certainement limiter l’ingérence américaine.

Le projet du gazoduc sous-marin, qui serait le plus long de monde, renforcerait les liens entre l’Iran et l’Inde, qui est une grande puissance économique émergente (fait partie des BRIC, groupe auquel appartiennent également la Russie et la Chine, qui sont d’autres partenaires économiques de l’Iran). La république islamique compte bien renforcer ses liens avec de tels pays, dans une conjoncture régionale qui lui est plus favorable qu’auparavant.  L’Iraq de Saddam Hussein et le régime taliban ne sont plus désormais, paradoxalement grâce aux Etats-Unis. Ceci explique aussi une coopération croissante entre l’Iran et l’Afghanistan. Avec l’Inde, ces trois pays signent entre eux plusieurs accords de partenariat stratégiques, ce qui isole également le Pakistan.

Le projet nécessite « 4 à 5 milliards de dollars ». Les recherches comparatives indiquent différents montants, certaines sources annonçant un coût plus élevé.

 

Sitographie

 

Annexe: article original

Lien : http://www.hamshahrionline.ir/details/242197

 

A propos Rosa Ghahreman 3 Articles
Etudiante à l'IAE de Lyon.

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