La Nouvelle-Zélande est une île se situant à 2000 km au sud-est de l’Australie dans l’océan pacifique. Elle comporte également un nombre important de petites îles autour de la principale. Elles sont très différentes tant sur leur situation géographique qu’au niveau politique et économique. Elles n’ont d’ailleurs pas toutes le même statut juridique. Certaines, bénéficient, effet, d’une souveraineté spéciale ce qui impacte les liens qu’elles possèdent avec leur pays d’attache.
Mais alors quelles relations la Nouvelle-Zélande entretient-elle avec ses îles en fonction de leur statut juridique ?
Pour y répondre, nous poserons le contexte en revenant rapidement sur la situation néozélandaise. Nous classifierons ensuite les îles qu’elle possède en fonction de leurs statuts. Enfin, nous analyserons les relations qu’entretiennent les îles néozélandaises avec l’île principale en fonction de leur statut.
1. Connaître la Nouvelle-Zélande pour mieux comprendre ses îles
Historiquement, les Maoris sont arrivés en Nouvelle-Zélande au cours du premier millénaire. Puis, le territoire est découvert par l’anglais James COOK en 1769. Il devient alors une colonie britannique à part entière en 1840. Ce n’est qu’un siècle plus tard, en 1947, que la Nouvelle-Zélande accède à la pleine souveraineté.
Depuis, elle maintient toujours des forts liens avec le Royaume-Uni, ainsi qu’avec l’Australie (pays anglo-saxon le plus proche et partageant une partie de son histoire). En effet, sa langue officielle est l’anglais et elle fait partie du Commonwealth depuis 1931. C’est une organisation intergouvernementale composée de 53 Etats membres indépendants et souverains qui étaient des anciennes colonies de l’empire britannique. Les pays membres sont unis par leurs intérêts communs, mais sont indépendants. Ils ne sont liés par aucun traité et peuvent rester neutres lorsqu’un conflit engage un ou plusieurs d’entre eux. Aujourd’hui, les Etats sont symboliquement gouvernés par le souverain du Royaume-Uni. C’est donc le cas de la Nouvelle-Zélande qui est une monarchie parlementaire dirigée par la Reine Elizabeth II et représentée par un gouverneur général : Sir Jeremiah Mateparea.
Le pays compte 4 millions d’habitants dont 67,6% d’européens néo-zélandais, 14,6% de Maoris, 9,2% d’asiatiques et 6,9% d’îliens du Pacifique. La population est donc assez diversifiée ce qui apporte un mélange culturel riche.
Concernant son économie, le secteur tertiaire représente les 2/3 du PIB. Il s’agit donc d’un pays développé. Toutefois, le pays est dépendant du commerce extérieur puisque les exportations comptent pour la moitié de la production nationale (agriculture). La Nouvelle-Zélande possède également d’énormes ressources marines. En effet, sa zone économique exclusive est la septième plus grande du monde et recouvre quatre millions de kilomètres carrés, soit plus de quinze fois la taille de sa superficie terrestre. La possession de nombreuses îles autour de la principale contribue de manière significative à l’extension de la ZEE néo-zélandaise.
Il semble donc pertinent d’étudier désormais ces îles, leur classification juridique et leurs relations avec le pays.
2. Classification des îles néo-zélandaises :
La Nouvelle-Zélande est constituée de :
– deux grandes îles : ce sont les îles principales de la Nouvelle-Zélande.
- L’île du Nord comprend les ¾ de la population et détient des villes comme Auckland (ville la plus peuplée du pays) et Wellington (capitale). Elle est marquée par une activité volcanique importante : le point culminant est le mont Ruapehu.
- L’île du Sud, quant à elle, est la plus grande en termes de superficie et est plus montagneuse avec un point culminant à 3754 mètres : c’est le mont COOK.
– pleins de petites îles autour : une soixantaine, de petite taille (généralement moins d’1km²). La plupart ne sont pas peuplées mais forment des parcs naturels les plus variés au monde. Elles font partie intégrante de l’île dans le sens où il n’y a pas de distinction au niveau politique.
– des Etats associés : ils sont indépendants mais en libre-association avec la Nouvelle-Zélande. C’est le cas des îles Cook et Niue.
– des territoires non autonomes selon l’ONU : ce sont des territoires qui n’ont pas une pleine souveraineté ou indépendance politique comme un Etat souverain et cependant qui restent politiquement hors du contrôle complet par l’État auquel ils sont rattachés. Ces Etats ne sont pas reconnus par la communauté internationale et ont donc une souveraineté spéciale. Il s’agit notamment de Tokelau.
3. Les îles à souveraineté spéciale et les Etats associés
Tokelau, une île à souveraineté spéciale :
L’île Tokelau est l’un des plus petits états au monde avec une superficie de seulement 10km2. Elle regroupe en réalité un archipel de 3 îles polynésiennes (plus précisément des atolls) qui s’étendent sur 170km dans le sud de l’océan pacifique. Sa population est de 1400 habitants en 2013 et la langue principale est le Tokelauan mais l’anglais est assez courant également. L’île est surpeuplée avec une densité de 140 habitants / km2 alors qu’en France elle est de 117.
Un peu d’histoire…Il faut tout d’abord savoir que les atolls de Tokelau sont apparus il y a maintenant 1000 ans et on suppose que les premiers habitants de l’île proviennent de colons polynésiens. C’est en 1889 que ’île devient annexée aux îles de l’Union sous contrôle de la Grande Bretagne. En 1925 la GB transféra le contrôle administratif de l’île à la Nouvelle Zélande.
Situation politique : L’île de Tokelau est une île à souveraineté spéciale de la NZ. Selon, l’ONU c’est un Etat non autonome qui est sous la tutelle du gouvernement néozélandais. Malgré cette forte dépendance, les tokelauans recherchent davantage d’autonomie au niveau de la gouvernance de leur pays. Pour cela tous les 3 ans chaque atoll élit un Maire et un chef de village qui représentent à eux tous le conseil exécutif de Tokelau. Ainsi les lois néo-zélandaises ne s’appliquent qu’après consentement des représentants de l’archipel. Cette structure de gouvernance assez particulière est en parfaite adéquation avec leur culture. Tous les habitants de Tokelau bénéficient de la nationalité néozélandaise ce qui leur donne droit à un libre accès en Nouvelle Zélande. En découle de cela une forte migration des habitants de Tokelau qui rejoignent la NZ. Actuellement, on compte près de 7000 habitants de Tokelau partis vivre en Nouvelle-Zélande. Il faut cependant savoir que l’ONU cherche à décoloniser Tokelau pour le rendre indépendant et le faire passer d’un Etat non autonome à un Etat associé. En 2006 et 2007, les habitants ont refusé, par référendum à deux reprises, ce statut de « libre-association ». Ce statut de quasi-indépendance, comparable à celui existant déjà entre la Nouvelle-Zélande et les îles Cook ou Niue, aurait permis à Tokelau d’entrer aux Nations-Unies comme ces deux derniers territoires. Ce refus s’explique tout d’abord par l’absence de ressources naturelles sur l’île ainsi que son isolement et sa petite taille, ce qui n’incitent pas les habitants de Tokelau à devenir indépendant. De plus, la capacité de développement restreint ainsi que la dépendance financière quasi totale auprès de la Nouvelle Zélande constituent des freins au changement. Malgré tout, 60% de la population a répondu OUI au referendum mais ce n’est pas suffisant puisqu’il faut l’accord des 2/3 des votants pour que ce changement de statut s’opère. On peut alors penser que l’île de Tokelau est majoritairement pour l’indépendance.
Situation économique : L’insularité et l’isolement de l’île la rende fortement dépendante de la Nouvelle Zélande qui lui verse chaque année près de 4 millions de dollars afin de maintenir des services publics. Cette somme représente quasi la totalité de leur PIB. L’île est très pauvre en ressources naturelles ce qui ne permet pas au pays de se développer économiquement et ainsi s’ouvrir au monde. L’activité principale des habitants de Tokelau est la pêche en mer qui leur permet également de se constituer des revenus par la vente de permis de pêche à des pêcheurs extérieurs à l’île. D’autres activités permettent au Tokelauans de vivre comme la vente de Coprah, richesse abondante sur l’île, mais aussi la vente de timbre poste, de monnaie de collection et d’objets d’artisanat. Les sols des atolls étant très alcalins, l’activité agricole est quasi inexistante, elle sert seulement à nourrir la population de l’île. L’éducation n’étant que très peu développée et les emplois très rares, la plupart des jeunes émigrent vers la Nouvelle Zélande à la recherche d’un meilleur enseignement et des possibilités d’emplois. Enfin le tourisme est absent sur l’île du fait de la méconnaissance de l’existence de l’île et l’absence d’aéroport. L’accès sur l’île se fait en effet exclusivement par la mer de Samoa.
Culture : On peut rapprocher la culture de l’île à celle des Samoa notamment par un grand respect des ainés ainsi que des représentants du pays. Malgré sa dépendance auprès de la Nouvelle Zélande, l’île Tokelau a souhaité garder une culture distincte. Les traditions et les coutumes sont très présentes sur cet archipel. Le mode des vie des habitants de Tokelau est centré sur la famille et la communauté. Leurs valeurs reposent essentiellement sur le partage malgré la pression des influences extérieures. La vie est simple et modeste ne laissant que très peu de place à la modernité.
Les îles Cook et Niue, des Etats associés :
Intéressons nous maintenant au cas des îles Cook et Niue. Nous ne nous attarderons cependant pas en détail sur elles puisqu’elles ont fait l’objet de 2 exposés les semaines précédentes. Ces 2 îles ont des superficies quasi équivalentes :
- L’île Cook a une superficie de 236km2
- celle de Niue 260km2.
Cependant la population de ces îles et très différente puisque l’île Cook compte plus de 13 000 habitants alors que Niue en compte seulement 1500.
Situation politique : Comme pour Tokelau, tous les citoyens ont la nationalité néozélandaise. Leur statut d’Etat libre associé signifie que ce sont des Etats souverains reconnus par la communauté internationale mais non membres de l’ONU. Selon l’ONU, ils sont représentés par le pays auquel il sont associés (qui est plus important économiquement et politiquement), en l’occurrence par la NZ. Chaque île possède un gouvernement qui lui est propre, élu par les citoyens de l’île mais délègue des compétences qui relèvent normalement de sa souveraineté : en matière de défense et de politique extérieure.
Situation économique : Ces îles dépendent énormément financièrement de la NZ. L’aide officielle représente près des 3/4 du budget total de chaque île. Cette dépendance est bien entendue liée à l’isolement géographique que ces îles subissent. De plus, elles manquent de ressources naturelles et leur balance commerciale est déficitaire. Contrairement à Tokelau elles essayent de se développer économiquement par la construction d’un aéroport favorisant le tourisme qui représentent l’essentiel du PIB de ces îles.
Conclusion :
La Nouvelle-Zélande comporte des îles ayant des statuts juridiques différents ce qui impacte les relations qu’elle entretient avec celles-ci. En effet, comme nous avons pu le voir précédemment, le pays possède des îles sans distinction politique, d’autres à souveraineté spéciale et, enfin, des îles associées.
Si les îles Cook et Niue sont en théorie indépendantes politiquement, leur souveraineté doit être relativisée en raison de l’importance des sommes versées par la Nouvelle-Zélande (3/4 du budget). Il semble donc que la dépendance financière donne du poids à la Nouvelle-Zélande dans la structure politique de ses îles.
Cette dépendance financière provient d’un problème géopolitique commun à toutes les îles de la Nouvelle-Zélande : l’insularité crée un isolement géographique et un manque de ressources. C’est pourquoi Tokelau a refusé à deux reprises l’auto-administration proposée par l’ONU qui cherche à finir le processus de décolonisation mondial.
Cette dépendance permet à la Nouvelle-Zélande d’avoir la main mise sur leurs ressources économiques et notamment leur zone économique exclusive ce qui lui confère un pouvoir accru sur le pacifique.
SOURCES:
http://www.cagou.com/blog/letat-souverain-associe-est-une-chimere/
http://www.newzealand.com/nouvelle-z%C3%A9lande/
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays/nouvelle-zelande-12325/
Delphine GAUTHERET et Mathilde GAULIN