ISRAËL, UN ETAT THÉOCRATIQUE ?
Pour répondre à cette problématique, nous allons d’abord commencer par vous présenter l’Israël afin de mieux comprendre son histoire, ses origines et sa géographie qui pourront nous être utile pour comprendre son régime politique.
Dans un deuxième temps, nous allons voir pourquoi nous nous sommes posés ce problème.
Pour dans un dernier temps répondre à cette problématique en expliquant pourquoi nous ne pouvons pas parler d’état théocratique en ce qui concerne l’Israël.
INTRODUCTION
Origine du mot Israël : “Israël” est à l’origine le second nom de Jacob, fils d‘Isaac, petit-fils d‘Abraham. (Wikipédia)
Au cœur du Moyen-Orient (sujet d’actualité) : Ce sujet est très intéressant car ce pays se situe au Moyen-Orient là où la majorité des conflits ont lieu en ce moment. De plus, il s’agit d’un état dominé par une population juive dans un contexte où la majorité des populations voisines sont musulmanes.
Le Conflit Israélo-Palestinien (1948) a également beaucoup fait parler d’Israël.
Ce pays n’est connu qu’au travers de son actualité. Il est donc important de comprendre les origines d’Israël et d’en comprendre son régime politique pour comprendre les raisons qui ont mené à ce conflit.
Israël = Etat des Juifs (état religieux ?) Cet intitulé fait directement penser à un Etat religieux mais la géopolitique n’est pas si simple et il est important de voir derrière ce qu’il renferme, son origine et son histoire pour mieux comprendre et mieux qualifié l’Etat d’Israël.
- ISRAËL : DÉFINITION, HISTOIRE ET GÉOGRAPHIE
a) Définition
Le terme « théocratie », composé des mots grecs Theós (Dieu) et krátos (pouvoir), peut se définir comme une forme de gouvernement dans lequel le pouvoir, considéré comme émanant de Dieu, est exercé par ceux qui sont investis de l’autorité religieuse ou par un souverain considéré comme le représentant de Dieu sur la terre ou comme un dieu incarné.
A l’origine, le terme, inventé par Flavius Josèphe, signifiait plutôt que les hommes ne jurent que par Dieu et ne suivent pas des lois fixées par les sociétés humaines, se désintéressant de la politique.
On peut définir un État comme une autorité politique souveraine, civile, militaire ou éventuellement religieuse, considérée comme une personne juridique et morale, à laquelle est soumise un groupement humain, vivant sur un territoire donné.
Pour illustrer cette notion, on peut donner l’exemple du Tibet : en 1642, un régime qu’on peut qualifier de théocratique a été proclamé dans ce pays. Le Dalaï-lama, grand chef religieux, détient à partir de cette période le pouvoir politique en plus du pouvoir religieux, étant qui plus est considéré comme la réincarnation d’un Bodhisattva, une figure sacrée dans le Bouddhisme.
Cette théocratie a pris fin en 1959 avec l’exil du 14ème Dalaï-lama, suite à l’invasion du Tibet par la Chine. Le Dalaï-lama a par ailleurs définitivement renoncé à ses pouvoirs politiques en 2011.
b) Israël en chiffres
Capitale : Jérusalem (non-reconnue internationalement), Tel-Aviv
Langue officielle : Hébreu, Arabe
Régime politique : Démocratie parlementaire
Président : Reuven Rivlin
Superficie totale : 20 770 km²
Population totale (2013) : 8 120 300 hab.
PIB nominal (2011) : 245,266 milliards de $ (40e)
43% de la population juive dans le monde
c) Histoire d’Israël
d) Carte de l’Israël
L’Israël est situé au cœur du Moyen-Orient.
2. ISRAËL : UNE DEMOCRATIE PROFONDEMENT ENRACINEE DANS LE JUDAÏSME
a) Une ombre théocratique…
i. Des chefs religieux qui s’impliquent trop dans la vie politique ?
Certains rabbins, qui sont des figures très influentes, n’hésitent pas à sortir du cadre purement religieux pour se faire entendre dans la vie politique israélienne, à l’image d’Ovadia Yossef, fondateur et chef spirituel du parti Shass, décédé en 2013. Ce dernier, personnage très respecté, autant par les fervents religieux que par les laïcs, s’était fait remarqué à de multiples reprises pour des propos racistes, misogynes et antimusulmans (typiques des idées ultra-orthodoxes du Shass).
Mais ce n’est pas tant les propos tenus par ces chefs religieux que l’indulgence qui leur est accordé par les institutions israéliennes qui fait preuve de leur grande influence.
En 2011, deux autres rabbins, dont le fils d’Ovadia Yossef, auteurs d’un livre intitulé « Torah du Roi » avaient été arrêtés pour être interrogés par la justice israélienne. En effet, l’ouvrage justifie entre autre l’exécution d’innocents non-juifs en cas de guerre, y compris les enfants, pour les empêcher d’être plus nombreux ; il affirme également que les non-juifs sont « par nature sans compassion ».
Leur arrestation avait suscité des manifestations violentes de leurs soutiens qui avaient fait valoir la « liberté d’expression » et souligné que leurs chefs spirituels étaient « au-dessus de la loi. »
Un an plus tard, le procureur général de l’État d’Israël a déclaré « qu’il n’y avait pas suffisamment de preuve pour poursuivre les auteurs (du livre) pour racisme et incitation à la violence”.
ii. Des partis religieux qui gagnent en importance dans la politique israélienne ?
Il existe trois principaux partis juifs religieux en Israël : le Shass et le Judaïsme Unifié de la Torah (partis ultra-orthodoxes), ainsi que le Foyer juif (parti d’extrême droite religieux). A eux trois, ces partis ont remportés 30 des 120 sièges du parlement Israélien lors des dernières élections législatives qui ont eu lieu en janvier 2013, soit 11 sièges de plus qu’aux élections de 2009.
iii. La montée des juifs ultra-orthodoxes
Les juifs ultra-orthodoxes, appelés « haredim » en Israël (« ceux qui craignent Dieu ») sont une minorité juive qu’on peut qualifier d’extrémiste (ils représentent tout de même 10% de la population israélienne et leur nombre est en expansion).
Méprisant souvent les autres juifs et l’Etat d’Israël lui-même, ils vivent en marge de la société et de la vie nationale : “ce sont des gens qui ne font pas leur service militaire, qui ne fréquentent ni les écoles, ni les hôpitaux publics, et qui vont même jusqu’à ne pas poster de lettres pour ne pas avoir à acheter un timbre à l’Etat d’Israël”, d’après Stéphane Amar dans Le Monde des Religions, Montée des ultra-orthodoxes en Israël.
Ils se sont fait remarquer pour leurs idées empreintes de discrimination et d’intolérance, notamment envers les femmes : en témoigne l’histoire de Naama Margolese, une fillette de 8 ans qui en 2011 s’est fait cracher dessus et insulté par des haredim à cause de sa tenue, jugée « trop légère » ; ou encore celle de Tanya Rosenblit, qui s’est assise à l’avant d’un autobus et a tenu tête à des ultra-orthodoxes qui lui ordonnaient d’aller à l’arrière (l’avant étant, à leurs yeux, réservé aux hommes).
Une autre de leurs provocations, qui n’est pas passé inaperçue, a été de se déguiser en prisonniers de camp de concentration le week-end du nouvel an 2012, signe de leur conflit permanent avec le gouvernement et les institutions israéliennes (qu’ils comparent ainsi à des Nazis qui les oppressent).
b) Contrebalancée par un gouvernement démocratique
i. Théodore Hertlz : le fondateur du sionisme
Théodore Hertzl est le premier à émettre l’idée de créer un état juif. Dans le but d’y parvenir, il créa le courant politique appelé le sionisme : idéologie politique prônant l’existence d’un territoire peuplé par les Juifs en Terre d’Israël. Le sionisme souhaite donner ou redonner aux Juifs un statut qu’ils ont perdu. Il s’agit d’une idéologie politique plutôt nationaliste voire émancipatrice.
« Aurons-nous une théocratie ? Non ! Si la foi maintient notre unité, la science nous libère. C’est pourquoi nous ne permettrons pas aux velléités théocratiques de nos chefs religieux d’émerger. Nous saurons les cantonner dans leurs temples de même que nous cantonnerons l’armée de métier dans les casernes. L’armée et le clergé ont droit aux honneurs que leur confèrent leurs nobles fonctions et leurs mérites. Ils n’ont pas à s’immiscer dans les affaires de l’Etat qui les distinguent, car cette ingérence provoquerait des difficultés extérieures et intérieures ». Avec cette célèbre citation du fondateur, le sionisme a pour fondement une pensée laïque.
Ainsi les premières pensées, pour créer un état d’Israël, ont pour origine une certaine laïcité.
ii. Terminologie : l’Etat des juifs
Majuscule : peuple, nation. Exemple : Français, Anglais
Minuscule : religion. Exemple : chrétiens, musulmans
Une nation se définit comme étant un ensemble de personnes vivant sur un territoire commun, conscient de son unité (historique, culturelle, etc.) et constituant une entité politique. Israël peut donc être qualifié de nation puisqu’il s’agit du regroupement des Juifs sur une même terre avec une histoire et une culture communes. Ainsi, les juifs ont choisi ce territoire pour rassembler leur peuple.
iii. L’organisation politique israélienne
Régime : démocratie parlementaire
Président : élu par la Knesset (le parlement) pour un mandat de 5ans renouvelable.
Premier Ministre : gouvernement dirigé par le premier ministre qui est un membre de la Knesset. Le président lui a confié la mission de former le cabinet. Il s’agit généralement du numéro 1 sur la liste du parti majoritaire.
Parlement : le Knesset : élue au suffrage universel direct et secret selon un système de représentation proportionnelle absolue tous les 4ans. Pouvoir législatif et pouvoir de contrôle sur le pouvoir exécutif qu’elle peut censurer à tout moment comme dans n’importe quel régime parlementaire. 120 membres élus pour un mandat de 4 ans renouvelable. Elle peut être dissoute par le président de l’état à la demande du premier ministre.
La vie politique israélienne est profondément égalitaire puisque grâce au scrutin proportionnel qui permet à un maximum de tendances politiques de s’exprimer.
Cour suprême : elle est au sommet du système judiciaire israélien. Fais office à la fois de cour de cassation, de conseil constitutionnel et de conseil d’Etat, elle intervient aussi bien sur la légalité des lois votées par la Knesset que sur des décisions gouvernementales et administratives. Elle peut être saisie par tout citoyen israélien et palestinien. 14 membres (12 permanents et 2 temporaires). La cour suprême siège à Jérusalem et l’ensemble de l’Etat est sous sa juridiction.
Or, depuis sa création, Israël est un État juif et démocratique avec des lois fondamentales à majorité laïques, où les citoyens jouissent de droits égaux, sans que la loi ne distingue l’âge, la religion ou le sexe comme des critères discriminants. La mixité, à tous points de vue, y est totale depuis la fondation d’Israël comme État libre pour un peuple libre.
Les israéliens sont très impliqués dans la vie politique et sont très nombreux à aller voter. Ils sont donc très impliqués dans la vie politique de leur pays.
Composition Knesset : La Knesset est constituée majoritairement depuis les dernières élections législatives en 2013 de parti politique laïc (Likud-Beitenu est le parti politique qui a le plus de sièges).
iv. La foi israélienne
La majorité des israéliens se compose de juifs laïcs qui affichent un mode de vie moderne et respectent les préceptes religieux à divers degrés. Une grande partie de la population mène un mode de vie traditionnel, certains choisissant d’appartenir à l’un des courants religieux libéraux. Leur identité juive est le plus souvent clairement définie mais peu nourrie de faits juifs particuliers.
3. MALGRE DES RELENTS DE THEOCRATIE, ISRAËL RESTE UNE DEMOCRATIE
Vidéo (46min – 53min) : http://www.youtube.com/watch?v=F6MKLBRYrkM
a) Une laïcité qui n’est pas adoptée par tous
Il faut relativiser ce que représente la montée des partis religieux : en effet, parmi leurs électeurs, seule une partie est composée de fondamentalistes juifs qui rêvent d’établir une théocratie. Les autres électeurs peuvent être de plusieurs types :
– Des séfarades (c’est à dire des juifs orientaux), religieux modérés, mais qui souhaitent notamment contrebalancer le poids des ashkénazes (juifs occidentaux) : en effet, les partis religieux s’appuient souvent sur l’opposition entre ashkénazes et séfarades, ces derniers ayant souvent été discriminés par les premiers.
– Des gens, souvent démunis, qui souhaitent profiter des services sociaux qu’offrent certains partis à leurs adhérents.
– Des « mécontents », déçus par le système, pour qui le vote pour une formation ultrareligieuse a surtout un rôle contestataire.
b) Un Etat juif mais pas théocratique
Le statu quo d’Israël est un accord informel signé en 1947 entre les dirigeants laïcs du mouvement sioniste et les autorités religieuses juives. Ce principe a été plus ou moins maintenu depuis l’indépendance de l’État.
Le statu quo fait des concessions aux autorités religieuses sur quatre sujets majeurs pour pouvoir créer un état israélien:
-le respect du Shabbat
-l’éducation
-la cacheroute
-les règles matrimoniales
Ben Gourion le signe en 1947 avec l’Agoudat Israël, un parti politique des ultra-orthodoxes. Les religieux acceptent la création de l’État juif (mais sans le soutenir), en échange d’un statu quo qui s’engagent à :
-réserver aux tribunaux rabbiniques la gestion du statut personnel des juifs (mariages et divorces) ;
-protéger les institutions autonomes de l’Agoudat (en particulier dans le domaine éducatif) ;
-faire en sorte que l’État favorise la pratique des commandements divins : calendrier juif comme par exemple le calendrier chrétien en France.
De plus, le gouvernement doit également prendre en compte les 10% de religieux pratiquants.
L’ensemble de ces éléments montre l’importance de la religion dans la société. Cependant la majorité des israéliens pratiquent encore certaines traditions religieuses juives mais sont pour un état laïc comme le prônait le sionisme à ses origines.
Une nation se constitue sur les bases d’une culture et d’une religion communes. Dans le cas d’Israël, ses habitants avaient l’envie de retourner sur la terre des origines du judaïsme car c’est sur ce territoire que leur communauté et leur histoire ont débuté. La nation juive est donc une nation avec une même histoire, une même culture et une même religion.
De plus, on ne peut pas parler de théocratie puisque les juifs religieux attendent toujours le messie. En effet pour eux, le représentant de Dieu n’est toujours pas venu sur Terre. Ainsi le président israélien n’est en aucun cas le représentant de Dieu sur Terre.
Les juifs sont sur une terre qui était à la base la Palestine dont la population est plutôt musulmane. Mais les Juifs ont besoin d’une terre pour leur communauté, leur nation et notamment de l’Israël, terre de leurs ancêtres. Ils doivent donc s’imposer face à ses voisins musulmans. Pour cela, ils doivent faire valoir leur religion entrainant des conflits à notation religieuse dans la région. Cependant les juifs ne demandent jamais à leurs adversaires de se convertir au judaïsme mais leur demandent simplement d’accepter leur peuple.
Au final nous pouvons dire qu’il s’agit d’une laïcité au sens israélien qui a besoin du statu quo pour exister et se maintenir. Il permet de lier les populations. Sans, l’Etat s’effondrerait avec un conflit entre croyants et laïcs. Il permet ainsi de réunir une population avec la même histoire et la même culture. Le divorce total est impossible, c’est une question d’identité.
Ainsi, le gouvernement est de plus en plus laïc et la société aussi. Cependant Israël ne deviendra jamais aussi laïc que la France ou les Etats-Unis car ils ont besoin de ce statu quo pour exister en tant que nation.
CONCLUSION
On peut donc parler d’une laïcité spécifique à l’Israël avec ses propres caractéristiques.
La laïcité et la religion ont formé un état avec un statu quo qui est indispensable pour maintenir cette laïcité.
Une communauté juive rassemblée autour d’une même culture et d’une même histoire avec une même religion sur la terre de leur ancêtre.
OUVERTURE
Les chefs d’État arabes ont refusé mercredi, au terme d’un sommet à Koweït, de reconnaître Israël comme un “État juif”, condition posée par l’État hébreu pour parvenir à un accord de paix avec les Palestiniens. (Le monde, mars 2014) Ainsi, la reconnaissance de chaque peuple (israélien et palestinien) pourrait peut-être être une des solutions pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
BIBLIOGRAPHIE
- Ouvrages :
Géopolitique du sionisme, Stratégie d’Israël, Fréderic Encel, Edition Armand Colin, 2009, Paris.
Israël géopolitique et enjeux, Masri Fexi, Studyrama persepective, France, 2008.
Atlas géopolitique d’Israël, Défis d’une démocratie en guerre, Fréderic Encel, Edition Autrement.
- Cours :
Cours de Géopolitique, Patrick Louis, IAE de Lyon.
- Vidéo :
Israël, question interdites, Un Œil Sur la Planète, France 2
SITOGRAPHIE
Le monde
Wikipédia
L’internaute
Larousse
L’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques)
Grandes dates état Israël depuis sa création, La dépêche
Le sommet arabe ne veut pas reconnaitre Israël comme un état juif, Le Point
Les partis politiques en Israël, 20 minutes
nationalvanguard.org
Israël menacé par le spectre de la théocratie, Le Point
La justice israélienne renonce à poursuivre les auteurs d’un ouvrage jugé raciste, Le Monde
Montée des ultra-orthodoxes en Israël, Le Monde des Religions
Israël est-il en train de devenir une théocratie ?, Medea (Institut Européen de Recherche sur la Coopération Méditerranéenne et Euro-arabe)
Tanya Rosenblit, la « Rosa Parks » israélienne, Le Point
Israël, 5 leçons à tirer des élections legislatives, L’Express
Les dérapages incontrôlés du rabbin Ovadia Yossef, Courrier International
Les déterminants du poids des partis religieux en Israël, Marc Hecker, ifri.org
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