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Selon le Département d’Etat, les Etats-Unis ont suspendu l’aide à l’Egypte

By DEB RIECHMANN 10/09/13 04:59 PM ET EDT
http://www.huffingtonpost.com/2013/10/09/us-suspends-egypt-aid_n_4073118.html
WASHINGTON – En réponse à l’éviction du président Mohamed Morsi et les mesures répressives prises par le gouvernement militaire provisoire des partisans du président déchu, les Etats-Unis vont arrêter le financement de centaines de millions de dollars, destiné à épauler l’Egypte.
Chaque année, les Etats-Unis fournissent 1,5 milliards de dollars pour aider l’Egypte. Alors que le gouvernement américain n’a pas transmis un montant précis, en dollars, de ce qui a été retiré à l’aide égyptienne, la majorité de la somme affecte directement l’aide militaire. Un fonctionnaire américain révèle que les subventions ôtées incluaient notamment dix hélicoptères apache pour un total d’environ 500 millions de dollars. Ce fonctionnaire a fourni ces informations sous couvert d’anonymat car les fonctionnaires ne sont pas autorisés à publier des commentaires en leur nom propre.
La décision américaine d’entailler l’aide accordée à l’Egypte va créer de nouvelles frictions à Washington qui entretient déjà des relations délicates avec le gouvernement qui a évincé le premier président égyptien élu démocratiquement. Les conséquences ne vont pas s’arrêter là. Ce choix va faire croitre la colère des pays du golfe persique, pousser l’Egypte à aller chercher du soutien du côté des rivaux des Etats-Unis et va ainsi détruire des décennies de liens forts entre les américains et les égyptiens qui constituaient jusqu’à présent un rempart de stabilité au Moyen-Orient.
La porte-parole du gouvernement américain, Jen Psaki, a affirmé dans une déclaration mercredi que les américains vont retirer la livraison d’un certain nombre de systèmes militaires d’envergure, en même temps qu’une assistance financière envers le gouvernement égyptien, jusqu’à ce que celui-ci montre que des « progrès crédibles » ont été effectué pour la mise en place d’élections justes et libres.
Cependant, les Etats-Unis vont poursuivre les subventions concernant la santé et l’éducation en même temps verser de l’argent pour aider l’Égypte à sécuriser ses frontières, contrer le terrorisme et garantir la sécurité dans la région du Sinaï.
Les Etats-Unis vont aussi continuer à fournir des pièces d’équipements militaires venant directement des Etats-Unis ainsi qu’un entrainement et une formation militaire. Les militaires américains ont continué l’embarquement de milliers de pièces détachées destinées aux armes américaines utilisées par les forces égyptiennes, incluant des bulldozers blindés pour sécuriser les frontières du pays ainsi que des radars et des missiles.
Au Caire, le porte-parole militaire, le colonel Ahmed Mohammed Ali a refusé de s’exprimer sur ces déclarations américaines.
Des détails concernant la nature de l’aide militaire retirée à l’Egypte n’a toujours pas été communiqué.
Les Etats-Unis ont déjà suspendu la livraison de quatre avions de chasse de type F-16 à l’origine destiné à l’Egypte et a annulé la biennale d’exercices militaires égypto-américaine.
La commande d’armes militaires pour l’Égypte prévoyait d’inclure les hélicoptères apache ainsi que de nombreux matériel de tank M1A1, des mitrailleuses lourdes et autres équipements utilisés pour l’usage des tanks. Celle-ci était également composée de vieux missiles – qui avaient préalablement assemblés mais encore jamais utilisés. Ces derniers peuvent être utilisés pour créer des pièces détachées pour les militaires égyptiens ou être rénovés et exploités.
Les américains et les égyptiens sont habitués à s’entre-aider. Les égyptiens permettent aux américains de survoler leur territoire pour ravitailler les troupes américaines présentes dans les régions du Golfe et transporter des hommes et du matériel par le canal de Suez, sans retarder ni coopérer réellement avec les agences stratégiques militaires américaines. De ce fait, on ne peut pas savoir si la collaboration entre ces deux pays va être affectée par la décision de retrait d’une partie de l’aide américaine.
Mais celle-ci n’a pas seulement un impact financier. En effet, cela inquiète fortement. La population craint un enhardissement des pro-Morsi, qui vont s’opposer avec plus de violence au gouvernement actuel, pensant que celui-ci est affaibli par la punition américaine.
Les Etats-Unis réfléchissent à cette manœuvre depuis juillet, lorsque les militaires égyptiens ont renversé le président Morsi. Les violences après cette éviction, entre le gouvernement et les pro-Morsi, ont fait des centaines de victimes.
Le procès de l’ancien président égyptien est programmé pour le 4 novembre où il comparaitra pour incitation au massacre d’opposants durant son mandat. Et l’annonce de la décision américaine, du retrait de financement à l’armée, augmente les tensions au sein du pays.
Le retrait de quelques-unes des aides américaines met en évidence les changements stratégiques en cours dans la région. Les alliés des Etats-Unis dans le Golfe sont en train de forger des politiques contraires à celles de Washington. L’Arabie Saoudite et d’autres états du Golfe comme les Emirats Arabes Unis et le Qatar, forts soutiens aux factions rebelles syriennes, ont été fortement atterrés de la décision américaine, de ne prendre aucune mesure militaire, contre le régime de Bachar El Assad. Ces états du Golfe se sentent délaissés au moment où Washington tend les bras à leur rival, l’Iran.
L’Iran a agi très rapidement pour apaiser les rapports tendus avec l’Egypte au moment de l’élection de Morsi mais redirige maintenant sa politique envers les égyptiens car les nouveaux leaders ne partagent pas les mêmes idéaux que Téhéran.
Au Caire, le général Abdel-Fattah El-Sissi, qui a conduit le mouvement militaire pour la destitution Morsi, a décrit les relations entre les Etats-Unis et l’Egypte comme « stratégiques et basées sur des intérêts communs ». Cependant, il déclare que son pays ne tolérerait aucune pression « que ce soit des actions fortes ou implicites ». Ces commentaires sont parus mercredi, avant que la décision américaine n’ait été annoncée, par le quotidien du Caire « Al-Masry Al-Youm ».
L’aide des Etats-Unis envers l’Egypte ne date pas d’hier. Depuis la fin des années 70, l’Egypte a été le second vivier d’aide bilatéral étranger après Israël. Cela était surtout une manœuvre pour entretenir les accords de paix israélo-égyptiens de 1979.
Les Etats-Unis ont offert 71,6 milliards de dollars d’aides entre 1948 et 2011 selon un rapport du congrès de recherche, paru en juin. Cela inclue 1,3 milliards de dollars, par an, consacrée à l’aide militaire depuis 1987. La partie restante était destinée à l’économie envers le gouvernement et d’autres groupes.
Quel est le réel impact de la perte d’aides financières américaines ?
L’Egypte a d’autres alliés qui peuvent être en mesure de combler le vide financier laissé par les américains. En effet, l’Arabie Saoudite et d’autres pays arabes du Golfe, partenaires de l’Egypte, ont fourni une aide financière vitale pour le nouveau gouvernement égyptien, promettant au moins 12 milliards de dollars jusqu’à présent et un soutien régional contre les ravages passés des Frères Musulmans de Morsi. Lundi, le président intérimaire Adli Mansour est allé en Arabie Saoudite pour son premier voyage présidentiel à l’étranger, afin de démontrer l’importance du soutien financier et politique du Golfe.
Mais Jon Alterman, directeur du programme pour le Moyen-Orient au Centre de Stratégie et des études internationales à Washington affirme qu’il n’est pas convaincu que l’Arabie Saoudite, par exemple, serait réellement intéresser à verser sur le long terme les sommes reçues par l’Egypte depuis plus de trente ans de la part des Etats-Unis. Les états du Golfe en général vont exprimer leur désarroi envers tout retrait d’aide financière américaine destinée à l’Egypte.
« Les états du Golfe ne sont pas contents non seulement parce qu’ils pensent que l’Egypte n’a rien fait de mal, mais aussi parce que l’Egypte a fait beaucoup de choses pour éteindre les premières flammes de l’islam politique » selon Alterman. «Ils vont penser que les Etats-Unis, au nom de la démocratie, est en train d’agir contre ses propres intérêts réels et ceux de ses amis. » « Des pays comme la Chine et probablement la Russie, vont plutôt voir cela comme une opportunité de trouver de nouveaux marchés et construire de nouvelles alliances » ajoute-il.
La suspension de l’aide américaine, mise à part sa nature, peut aussi nourrir la vague de sentiments nationalistes qui croit en Egypte depuis la destitution de Morsi et aussi augmenter la montée de popularité du chef militaire égyptien El-Sissi, qui ne se présentera pas aux prochaines élections présidentielles.
Même son de cloche du côté des égyptiens qui pensent que les Etats-Unis étaient déçus de l’éviction de Morsi.
La décision concernant l’aide financière divise l’opinion au Capitole.
Eliot Engel, le célèbre démocrate à la maison du Comité des Affaires Etrangères, a critiqué cette annonce du gouvernement Obama. « Les militaires égyptiens ont géré maladroitement la récente transition, mais ils ont entamés une transition démocratique qui servira efficacement le peuple égyptien pour l’avenir et ils ont bien travaillés pour la stabilité de la région » déclare Engel. « Pendant cette fragile période, nous devons reconstruire des partenariats en Egypte pour améliorer notre relation bilatéral et non pas la saper ».
D’autres, dont certains des plus féroces opposants d’Obama, ont soutenu la décision du président américain.
Le sénateur Rand Paul, R-Ky, qui a construit le projet de loi pour stopper l’aide financière en Egypte a été vivement décrié au sénat en juillet, pendant qu’il exprimait son contentement de voir l’administration « finalement pensé à appliquer cette loi ».
L’administration s’est abstenue de déclarer que la destitution de Morsi s’est effectuée par un coup militaire. Une telle désignation aurait valu aux Etats-Unis de suspendre toute assistance à l’Egypte en dehors des actions humanitaires. Néanmoins, cela a retardé la livraison de quelques avions de chasse et au moment où les militaires égyptiens ont commencé la répression des supporters de Morsi, les conseillers du président ont commencé à considérer une action plus musclée. Obama a annulé un exercice militaire commun et a annoncé une nouvelle ré-examination des aides en Egypte.
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Les reporteurs associés, Hamza Hendawi au Caire, Matthew Lee à Brunei, Brandley Klapper et Lolita C. Baldor à Washington et Brian Murphy à Dubaï, EAU, ont contribués à la rédaction de cet article.

 

 

Pourquoi certains républicains et démocrates déplorent la compression d’aides accordées à l’Egypte ?
By Patricia Zengerle – Posted: 10/29/2013 4:20 pm EDT
http://www.huffingtonpost.com/2013/10/29/congress-egypt-aid-cuts_n_4175228.html

WASHINGTON, 29 octobre (Reuters)- Certains législateurs américains ont exprimés mardi leur mécontentement suite à l’annonce, plus tôt dans le mois, de l’arrêt d’une partie des aides du gouvernement américain, à l’Egypte, après que les autorités aient eu recours à la violence, au Caire, pour réprimander les protestations. Ils ont également déclaré qu’ils envisageaient de modifier la loi américaine qui interdit de porter assistance aux gouvernements qui auraient pris le pouvoir par un coup d’Etat.
Des membres, de la Chambre des Représentants de la Commission des Affaires Etrangères, ajoutent que le retrait de certaines aides pourrait affecter les liens étroits qu’entretiennent les deux pays ; l’Egypte est un partenaire hautement stratégique puisqu’il contrôle le canal de Suez et c’est le pays arabe le plus peuplé.
« Je soutiens la poursuite d’une relation robuste et continue avec l’armée égyptienne » déclare le président de la commission, Ed Royce, républicain californien, lors d’une audience sur l’Egypte.
Certains partisans démocrates du président Barack Obama, à la commission, ont aussi fait part de leurs préoccupations, se demandant si la Maison Blanche avait consulté Israël –avec qui l’Egypte avait conclu un accord de pays- avant de prendre cette décision.
La suspension d’aides pourrait compromettre des décennies d’étroite collaboration avec l’armée égyptienne, explique l’influent démocrate, représentant new-yorkais, Eliot Engel.
« Ces décisions vont mettre en péril notre influence sur eux, ce n’est pas facile parce que je pense que si vous aidez vous pouvez vous permettre d’avoir une certaine influence. Si vous vous écartez, leur attitude va changer et ils pourraient répondre ‘Et bien, pourquoi nous devrions vous écouter ?’ » Explique-t-il.

L’administration Obama a annoncé le 9 octobre qu’elle retiendrait la livraison des chars, avions de chasse et autre équipement militaire ainsi que 260 million de dollars, d’aide liquide destinée au gouvernement militaire égyptien, jusqu’à ce qu’il montre des progrès en faveur la démocratie et les droits de l’homme.

En effet, le 3 juillet, l’armée égyptienne a renversé le premier président élu démocratiquement du pays, Mohamed Morsi. Selon les lois américaines, l’administration doit obligatoirement d’interrompre l’aide accordé à un pays dès lors qu’elle estime qu’il y a eu un coup d’Etat.
Ce mois-ci, les fonctionnaires racontent que les conseillers du Congrès avaient simplement décidé d’appliquer cette loi, même s’ils n’y étaient pas contraints de la respecter puisque ils ne se sont pas prononcés pour savoir s’il s’agissait d’un coup d’Etat.
Les fonctionnaires de l’administration ont partagés leur désir de modifier l’utilisation de coup d’Etat dans le langage en précisant que cela les empêchaient de poursuivre des projets d’éducation et de santé qu’ils souhaitaient continuer mais ne le pouvait pas car ces projets impliquent le gouvernement du Caire.
« Nous cherchons plus de flexibilité » déclare Alina Romanowski, secrétaire d’Etat adjoint pour les affaires du Proche-Orient, chargée du MEPI (Middle East Partnership Initiative) au sein du Département américain d’Etat.
« Le gouvernement égyptien nous a affirmé qu’il comprenait notre décision (concernant le retrait d’aide), les membres du gouvernement en sont désappointés mais comprennent. Ils ont également signalés qu’ils étaient malgré tout, tout à fait, prêts à continuer de travailler avec nous. » déclare Beth Jones, secrétaire adjoint d’Etat pour les Affaires du Proche-Orient.

Derek Chollet, secrétaire adjoint à la défense des affaires de sécurité internationale, le Pentagone n’a remarqué aucun changement dans ses relations avec l’armée égyptienne et les opérations militaires n’ont pas été affectées.

L’armée égyptienne nie avoir réalisé un coup d’Etat s’expliquant leur acte en disant qu’ils ont répondu à la volonté du peuple suite aux massives manifestations dans les rues du pays. Les Frères Musulmans pro-Morsi ont refusé de travailler avec le nouveau gouvernement, qui selon eux, est allé à l’encontre de la démocratie du pays et a réalisé un coup d’Etat.
Il n’a pas été clairement établi s’il y aurait un changement dans l’utilisation de coup d’Etat. Les démocrates au Sénat soutiennent fortement cette décision, comme de députés l’ont fait.

COMMENTAIRE
Ces évènements nous montrent la complexité des alliances internationales stratégiques. En effet, le gouvernement américain est partagé entre poursuivre ces relations fortes avec l’Egypte et maintenir leurs aides ou dénoncer le renversement du pouvoir par l’armée égyptienne. Les Etats-Unis ont tout intérêt a gardé de bonnes relations avec l’Egypte mais ne souhaitent pas encourager l’instabilité installée depuis la révolution du papyrus.
Cette décision a un impact international parce qu’au-delà des relations bilatérales, d’autres pays voient une réelle opportunité de créer un partenariat avec l’Egypte. Rappelons que d’un point de vu géopolitique, l’Egypte est une alliance potentielle aux forts enjeux de par sa position géographique et ses atouts hautement stratégiques comme le Canal du Suez.


Catégorie : Actualités , Grands enjeux , Presse étrangère , Proche et Moyen-Orient

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