La Turquie a abandonné l’achat du système de défense antimissile chinois « HongQi »

 

Introduction

Depuis l’avènement de l’ère du tout numérique et la globalisation des échanges, l’impression est donnée de vivre dans un village planétaire. Cependant, malgré la chute du mur de Berlin, qui a mis fin à la guerre froide et l’ouverture de la Chine à l’économie de marché, les réorganisations stratégiques, les enjeux politiques et la guerre économique n’en finissent pas de faire la une des médias, dans la rubrique géopolitique.

A ce titre un exemple de la complexité de ces affaires peut être mis en lumière par la récente décision controversée de la Turquie de se tourner vers le géant chinois pour l’acquisition d’un système de défense stratégique.

Présentation du journal

Fondée en mars 1949, «Beijing Youth Daily» est le journal officiel de la Ligue des jeunes du Parti Communiste de Beijing. Il se situe au premier rang du classement des journaux métropolitains de Beijing en termes de diffusion. Son contenu aborde les principaux thèmes d’actualité ainsi que les mouvements et courants qui traversent la société. Ces prises de position ainsi que ces engagements suscitent de fortes répercussions dans le corps social.

Présentation de l’original

La Turquie a annoncé le 26 septembre 2013 qu’elle avait engagée des négociations avec la société China Precision Machinery Import and Export Corp. (CPMIEC) pour son système FD-2000 dans le but de renforcer son système de défense militaire. Cette nouvelle a aussitôt suscite colère et inquiétude de la part  de ses partenaires au sein de l’OTAN. En effet, c’est la proposition chinoise qui a été retenue au dépend d’autres sociétés concurrentes, notamment  russe (Rosoboronexport), américaine (Raytheon) et franco-italienne (Eurosam).

Ces sociétés ne manquent de rappeler que  la COPMIEC est sous le coup de sanctions américaines pour ne pas avoir respecté le « Non proliferation Act » avec l’Iran, la Syrie et la Corée du Nord. Les Etats-Unis ont fait part à la Turquie de leurs « sérieuses préoccupations » à propos de la décision d’Ankara d’acquérir un système de défense antimissile par le biais d’une société chinoise visée par des sanctions américaines.

Sous la pression des Etats-Unis et de l’Europe, la Turquie a fait un geste et  réorganise l’appel d’offres avec les firmes chinoises, américaines et européennes.

Traduction

Sous la pression énorme des Etats-Unis et des alliés de l’OTAN, la Turquie a décidé de prolonger l’appel d’offres pour trois mois

Figure 1 Système de défense antimissile HongQi fabriqué par la Chine

 

Par Huang Qingxin. Le 31/10/2013 Jeudi. Beijing Youth Daily

D’après le rapport du 29 octobre du site russe du centre d’analyse stratégique et technique, l’industrie de la défense du ministère turc des armés a décidé de prolonger les activités d’appel d’offres pour l’achat du système de défense antimissile jusqu’au 31 janvier 2014. Cela signifie que la décision prise par l’industrie de la défense turque le 26 septembre a été rejetée, et que l’appel d’offres sera à nouveau organisé.

Hier, « China Defense Science and Technology Information Network » en citant les informations de l’Agence France-Presse a rapporté que la Turquie a récemment déclaré réorganiser l’appel d’offres public pour l’achat du système anti-missile à distance si les négociations échouent avec la Chine. D’après les rumeurs des médias, cette décision de la Turquie a été prise sous la pression des Etats-Unis et ses alliés européens.

Les sociétés chinoises, américaines et européennes continuent la soumission à l’appel d’offres

Selon les rapports, l’industrie de la défense nationale turque a informé les trois autres firmes portées candidates pour le marché de la prolongation de la durée d’appel d’offres afin que les parties puissent faire valoir de nouvelles propositions d’achat. Au cours des trois prochains mois, la société : China Precision Machinery Import&Export Corporation (CPMIEC); la société « Patriot » des États-Unis ainsi que « Aster 30 » d’Europe vont donc continuer à se livrer une concurrence féroce. L’entreprise russe Rosoboronexport quand a elle a décidé de ne plus participer à l’appel d’offres.

La Turquie : discussion ouverte avec l’Amérique et l’Europe

D’après l’Agence France-Presse, le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a déclaré que l’opération n’est pas terminée, si les entreprises américaines et européennes peuvent offrir de meilleurs produits, la Turquie est prête à maintenir un dialogue avec eux. Davutoglu a en outre déclaré que la Turquie a exclu les entreprises russes, mais n’a pas exclu les deux autres. Si les produits offerts sont mieux adaptés pour les besoins de la Turquie, les départements concernés de la Turquie se tiennent à disposition pour les évaluer.

Abe fait du lobbying auprès de la Turquie pour l’abandon de l’achat

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe se met en route le 28 octobre pour une visite officielle en Turquie. Les médias japonais estiment que l’un des objectifs de cette visite est de persuader le gouvernement turc de ne pas acheter des systèmes de défense antimissiles chinois.

La visite en Turquie de Shinzo Abe est la deuxième en moins de six mois, ce qui est relativement rare. Bien que le bureau du Premier ministre japonais ai souligné que ce voyage de Abe a pour but d’assister à la cérémonie d’ouverture du tunnel du port ASEM, certains médias avancent néanmoins que la visite de M. Abe comporte au moins deux buts : exhorter le gouvernement turc a une ratification de la participation des entreprises japonaises dans la construction de centrales nucléaires en Turquie ; puis de mettre tenter de convaincre la Turquie pour qu’elle n’achète pas de systèmes de défense antimissiles chinois, ce qui a rendu cette affaire controversée encore plus incertaine.

Le contexte Le désir d’achat par la Turquie du système anti-missile chinois irrite l’OTAN et US

A la fin du mois dernier, la société CPMIEC a remporté l’appel d’offres concernant la fourniture et la co-production avec la Turquie de son système de défense aérienne. Elle a battu la société « Patriot » des États-Unis ; « Aster 30 » d’Europe et S-400 de Russie. Le montant total de cette transaction est estimé à quelque 3,4 milliards de dollars. Cette décision a irrité les Etats-Unis et les membres de l’OTAN. Le 22 octobre, le secrétaire général de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen a indiqué que la Turquie devrait prendre en considération la position de l’OTAN avant de signer la commande militaire avec la Chine. L’OTAN pense que le système de défense acheté par la Turquie ne sera pas compatible avec ceux des autres pays membres, il peut même miner le système de base de ces 28 pays membres de l’OTAN. Le 24 octobre, l’ambassadeur américain en Turquie a déclaré que cette affaire entre la Turquie et la Chine va affaiblir le système de défense aérienne de l’OTAN. Les États-Unis ont échangé avec la Turquie sur l’impact potentiel de cette affaire.

Face à l’énorme pression des Etats-Unis et de l’OTAN, la Turquie reste ferme de son côté. Selon «Les Nouvelles du Quotidien » de la Turquie, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a rappelé le 23 Octobre que « personne n’a le droit d’intervenir dans les décisions indépendantes » de la Turquie et le choix fait par la Turquie ne présente pas de problème. La Turquie et la Chine ont mené un exercice militaire conjoint, cet exercice est également connu par l’OTAN. Erdogan a déclaré aux journalistes que les conditions proposées par la Chine sont les plus favorables, la demande de coproduction en Turquie a été aussi satisfaite.

Concernant le problème de compatibilité mentionné par l’OTAN, Erdogan a rétorqué que de nombreux membres de l’OTAN utilisent des installations d’armes russes. Il a néanmoins précisé qu’aucune décision n’avait encore été prise, les négociations entre la Turquie et la Chine sont toujours en cours. Le même jour, le président turc Abdullah Gul a présenté sa défense sur cette question : la coproduction avec la Chine contribuera à promouvoir l’industrie de défense antimissile de la Turquie et à protéger ses intérêts nationaux. La Turquie attache une grande importance aux relations avec ses alliés, mais «devrait tenir compte de ses intérêts nationaux lors de la prise de ce genre de décision. »

Commentaires

La Turquie envisage de renforcer sa protection contre des attaques aériennes ou de missiles et de diversifier ses fournitures d’équipements et de trouver des partenaires en vue de la coproduction d’armements.

La Turquie a choisi d’acheter le système de défense antimissile chinois pour des raisons de prix et de transfert complet de technologie. Mais la CPMIEC est visée par des sanctions américaines pour violation du « Non proliferation Act » avec l’Iran, la Syrie et la Corée du Nord. De plus, le Hongqi-9/FD 2000 n’est pas compatible avec les systèmes de l’OTAN.

Nous pouvons en élargissant la perspective et au vue de ces éléments émettre l’hypothèse suivante. Le fait que l’UE traine à ratifier l’effectivité de la candidature turque à son adhésion à l’Union européenne pousse les autorités turques à donner des signaux d’indépendance et à se tourner vers la puissance asiatique, ce qui à terme entrainerait une présence stratégique de l’influence chinoise au bord de l’Europe et de l’OTAN.

Du point de vue de la Chine, les deux pays ont signé un accord en 2010 en vue de développer leur coopération stratégique et de tripler en 5 ans leurs échanges commerciaux. De plus, La Turquie ayant une bonne image dans les pays du Moyen-Orient, la Chine en faisant de la Turquie un allié commercial et stratégique souhaiterais utiliser cette image à son avantage pur investir dans d’autres pays du Moyen-Orient.

Source

«Beijing Youth Daily», Huang Qingxin. Le 31/10/2013

http://epaper.ynet.com/html/2013-10/31/content_20012.htm?div=0

 

A propos Li Xiaotong 1 Article
Etudiant Lyon3

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