Comment ce pays enclavé et instable accroit-il son influence dans la région ?
1. Introduction
Etendue sur une superficie de 1 284 000 km carré, le Tchad, pays enclavé, de l’Afrique subsaharienne est le 20ème pays le plus vaste au monde et le 5ème du continent Africain. Il est situé au cœur de l’Afrique et a pour pays limitrophes : la Libye, le Soudan, la Centrafrique, le Cameroun, le Nigeria et le Niger.
Une telle superficie met le pays en contact de zones majeures :
- Zone saharienne au nord du pays. Les populations qui y vivent sont essentiellement nomades.
- Zone sahélienne au centre du pays.
- Zone semi-tropicale au sud du pays.
Généralités
Nom officiel : République du Tchad |
Capitale : N’Djamena |
Langues officielles : arabe, français |
Religions : Musulmans 58% , Chrétiens 34%, Animistes 8% |
Monnaie : Franc CFA (coopération financière en Afrique) |
Taux de change : 1€ = 656 FCFA |
Pourquoi ce pays enclavé et instable joue-t-il rôle important ? Comment accroit-il son influence dans la région ? Pour cela nous verrons, dans un premier temps, la crise politique du pays et les dangers associés. L’étude des facteurs de menaces pour le pays fera l’objet de la seconde partie.
2. Evaluation du risque politique
Le Tchad, ex colonie française, est devenu indépendant en 1960 et il connait ensuite une période de guerre civile (avec beaucoup de résistance, de révoltes entre le Nord et le Sud). Sous la présidence d’Hissène Habré entre 1982 et 1990, le pays subit un régime autoritaire et répressif avec un parti unique : l’Union nationale pour l’indépendance et la révolution (U.N.I.R.). Hissène Habré a été chassé du pouvoir en 1990, par une rébellion le mouvement patriotique du salut (M.P.S.) mené par Idriss Déby (soutenue par les Libyens, les Soudanais et les Français).
Il a introduit le processus de démocratisation, il déclarait n’apporter « ni or ni argent mais la liberté ». Idriss Déby adopte le multipartisme, et se fait élire démocratiquement en 1996 avant d’être réélu en 2001. Toutefois, la constitution du pays ne permettait seulement deux mandats de cinq ans pour le chef d’Etat. Ainsi, il organise un référendum constitutionnel en juin 2015 et se fait réélire en mai 2006.
Celui-ci est au pouvoir maintenant depuis plus de 26 ans. Déby a été élu pour un 5ème mandat, dès le premier tour en avril 2016.
Par la suite, les opposants au président Déby se sont multipliés y compris, au sein de son ethnie Zaghawa et de son entourage. L’instabilité est renforcée par des facteurs externes.
- La crise du Darfour
Le Darfour est une région de l’Ouest du Soudan peuplée en majorité d’une population noire islamisée : les Fours. Dans un contexte de sécheresse et de pénuries alimentaires, la situation au Darfour se dégrade en 2003. Une rébellion se développe contre le gouvernement arabe de Khartoum (la capitale du Soudan). Celui-ci répond par la violence, le pillage, la destruction des villages. Les habitants du Darfour viennent se réfugier dans l’est du Tchad, ils sont environ 200 000 réfugiés soudanais vivant au Tchad. Cette région du Darfour est historiquement liée au Tchad. En effet, le Darfour a servi de refuge pour les rebelles tchadiens y compris à Idriss Déby à la fin des années 80 lorsque celui-ci préparait son coup d’état.
Depuis 2003, plusieurs proches d’Idriss Déby soutiennent par solidarité ethnique les rebelles du Darfour ce qu’évidemment tolère très mal le gouvernement de Khartoum. En retour, le Soudan accueille des opposants tchadiens qui lancent des attaques en territoire du Tchad. Il a aidé aussi à l’union de l’opposition tchadienne par la création du front uni pour le changement. C’est ce parti qui a tenté de renverser le pouvoir tchadien en avril 2006 aidé par le Soudan. En effet, une nouvelle tentative rebelle partie du Soudan le 28 janvier 2008 atteint N’Djamena (la capitale) le 1er février. Cependant se fut encore une fois un échec, les forces gouvernementales grâce aux soutiens militaires de la France pourchassent ces rebelles. La stabilité du Tchad est assurée par plusieurs intervenants dont l’Union européenne par l’intermédiaire de l’EUFOR ainsi que par les forces françaises de l’opération Epervier.
Toutefois, aujourd’hui, les relations avec le Soudan s’améliorent, un accord de paix a été signé le 15 Janvier 2010 entre les deux pays. « Chacun des pays s’engage à ne plus soutenir toute action hostile des groupes rebelles présents sur son territoire ».
Cet immense pays est face à une situation contradictoire, d’un côté le président Déby en place depuis 26 ans, s’accroche au pouvoir alors que son régime est de plus en plus vulnérable car de plus en plus contesté et en même temps ce même régime semble légitimer car l’armée tchadienne est sollicitée pour intervenir, sur plusieurs fronts extérieurs afin de lutter contre le terrorisme.
En effet, le Tchad devient un acteur militaire incontournable, il intervient en République centrafricaine à la frontière sud du Tchad. Le Tchad envoie des troupes dans le pays, puis en décembre 2013, les soldats Tchadiens intègre la MISCA, une force de l’union africaine appuyé par la France.
De plus, il intervient également au Mali à plus de 2000 km du territoire, où les soldats tchadiens sont là pour lutter contre les groupes djihadistes dans le sahel. En janvier 2013, le Mali est coupé en deux depuis près d’un an. Avec au nord l’Azawad, déclaré indépendant par un groupe armé de touareg. Ce dernier est doublé sur le terrain par des groupes islamistes qui lance alors une offensive vers le sud du Mali. Et à la demande de la France, le Tchad envoie 2400 hommes pour les combattre. Ils interviennent aux côtés de l’armée française. Et Idriss Déby trouve, là l’occasion de renouer sa relation privilégiée avec Paris.
L’opération Barkhane a été lancée en aout 2014, en partenariat avec 5 pays de la région : le Mali, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger et bien sûr le Tchad. Elle vise à lutter contre les groupes djihadistes dans la bande sahel, Sahara. Son poste de commandement se trouve à N’Djamena sur une ancienne base aérienne coloniale réinvesti par la France depuis 1986. Les 5 pays concernés par Barkhane sont regroupés dans un G5 sahel destiné à lutter contre le terrorisme et en alliant sécurité et développement. Idriss Déby, est l’actuel président de cette nouvelle organisation régionale.
Puis récemment, le Tchad intervient dans la région du lac Tchad, dans le nord-est du Nigeria pour lutter contre la menace des islamistes de Boko Haram, qui a prêté allégeance au groupe Etat islamique (EI). En janvier 2015, la secte islamiste contrôle un territoire qui s’étend de la frontière camerounaise, jusqu’au lac Tchad et à la frontière nigérienne.