WHY SYRIA IS IMPORTANT TO IRAN?
Article de Claude Salhani publié sur le site OilPrice.com le 5 novembre 2013
I. Présentation du site
OilPrice.com est un site internet qui publie plusieurs analyses concernant l’énergie dans le monde. Ces analyses se font essentiellement sur le pétrole et le gaz, les énergies alternatives et la géopolitique. Trois auteurs publient exclusivement sur ce site mais le plus intéressant est que ce site publie les recherches de plus de 150 collaborateurs.
OilPrice.com intéresse tout autant les curieux que les investisseurs, les gestionnaires de fonds ou encore les traders en énergie. En plus du fait que ce site s’adresse à toute catégorie de personnes, le style d’écriture utilisé rend la lecture agréable et simple même pour les non initiés aux termes énergétiques !
Finalement, le site offre des analyses et des informations sur le pétrole, l’essence et le gaz, des analyses sur les énergies renouvelables, des informations concernant les grandes compagnies de pétrole et de gaz et aussi des outils énergétiques et financiers qui peuvent être utilisés par les lecteurs.
II. Présentation de l’auteur
Claude Salhani est un journaliste et éditorialiste spécialisé dans les affaires du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, du terrorisme et de l’Islam politisés. Il est l’auteur de plusieurs livres, y compris “l’Islam Sans Voile.” (Islam Without a Veil, aux éditions Potomac Books). Ancien rédacteur en chef de « United Press International » et du « Middle East Times », il dirige aujourd’hui le site ArabSpringNow.com. Entre novembre et décembre 2013 cet auteur a publié plusieurs articles sur OilPrice : US to Become Less Dependent on Foreign Oil — be Careful What you Wish for; Azerbaijan: Oil, Natural Gas and No Complicated Politics; The Mumbo-Jumbo of the Oil Markets; What Lifting the Sanctions on Iran Means… to Saudi Arabia; How Prepared is the Oil Industry for a Cyber War?
III. Présentation de l’article original et du contexte
L’article traduit ci-après a été publié sur le site OilPrice.com le 5 novembre 2013. Replaçons l’article dans son contexte… L’année 2013 a été l’année d’une terrible guerre en Syrie. Mais commençons par le commencement… Depuis mars 2011, une guerre civile oppose en Syrie les antis et les pros Bachar el-Assad. Le conflit a pour origine des manifestations qui ont eu lieu en mars 2011, trois mois après le début des révolutions du Printemps Arabe et après l’arrestation et la torture d’adolescents qui avait peint des slogans révolutionnaires sur les murs d’un établissement scolaire. Ces manifestations qui étaient à l’origine pacifiques ont été réprimées par les forces de police qui ont assassiné plusieurs manifestants. Cet évènement est donc le début d’un mouvement de protestation qui a soulevé tout le pays, prônant la résignation du président Bachar el-Assad. Pour mettre fin aux révoltes, le gouvernement a décidé d’utiliser ses forces militaires. Etant donné que Bachar el-Assad ne renonce pas au pouvoir, cette révolution va se poursuivre dans les années 2012 et 2013 faisant plus de 60 000 morts.
Nous pourrions expliquer cette guerre pendant beaucoup plus longtemps ici mais ce n’est pas l’objet de l’article. En effet, cette publication analyse la Syrie comme une opportunité pour l’Iran dans la mesure où la Syrie a une position idéale au Moyen Orient. Mais lisons tout d’abord le texte.
IV. Traduction de l’article
Pourquoi la Syrie est-elle importante pour l’Iran ?
Souvenez-vous du slogan entraînant de Bill Clinton : « C’est l’économie, idiot ! ». Et bien, quand on applique cela au Moyen Orient, tout est à propos du pétrole. Les guerres, les conflits, les chamailleries, tout cela se résume à une chose : le pétrole.
Pour mieux comprendre la géopolitique du pétrole, regardons de plus près la carte du Moyen Orient. Vous remarquez la position de l’Iran ? L’Iran est un producteur de pétrole majeur et le pays repose sur la partie Est de la région. L’Iran a toujours été inquiet à propos de ses voisins d’Arabie Saoudite, et vice versa.
A travers l’histoire, les deux parties ont toujours été en désaccord. Pour l’instant l’Iran contrôle la situation (à peu près) en Irak, mais cela n’a pas toujours été le cas, et ce ne sera pas non plus le cas pour toujours. De l’autre côté de la mer se trouve l’Arabie Saoudite, l’autre puissance de la région, et les ennemis jurés de l’Iran. Les premiers sont sunnites (Wahhabites) et les seconds sont chiites, ce qui a conduit au schisme.
Si l’Iran veut garantir un flux continu de ses produits vers l’Occident, il a actuellement besoin de faire naviguer son pétrole via des tanks immenses par le Golfe à travers le Détroit d’Ormuz, et cela quelque soit le port par lequel les bateaux se dirigent. Il y a deux inconvénients majeurs dans la manière dont cette organisation fonctionne.
En premier lieu et avant toute chose, cela place le pétrole de l’Iran sous la potentielle tutelle des États-Unis, qui en cas de conflit, peuvent facilement fermer les détroits stratégiques, et par conséquent mettre en place un embargo sur le pétrole iranien et ainsi affecter l’économie iranienne, (c’est en effet, comme l’avaient spéculé certains, « tout à propos de l’économie, idiot ! »).
Et dans un second temps, cela signifie que l’Iran a déjà un désavantage lorsqu’il est confronté aux États-Unis et ce à cause du fait qu’il est difficile d’obtenir son pétrole sur le marché en cas de conflit.
C’est ici que la Syrie entre en jeu. Qu’est-ce qui fait que la Syrie est si importante dans la partie qui est en train de se jouer au Moyen Orient aujourd’hui ? Comme on dit dans l’immobilier, l’emplacement, l’emplacement, l’emplacement. Jetez un œil à la carte encore une fois et observez la Syrie. Elle se situe au carrefour entre le Levant et le Golfe, la Méditerranée et le Proche Orient. L’emplacement, l’emplacement, l’emplacement.
Si l’origine des rumeurs est partiellement correcte, et elle l’est toujours, nous pouvons en toute sécurité affirmer qu’au moins une partie de la guerre en Syrie a quelque chose à voir avec le pétrole, ou plus précisément, avec les trajets des pipelines dont certains seront construits et d’autres ne verront jamais le jour. Si l’Irak était intéressant aux yeux des États-Unis à cause de ses réserves en gaz et en pétrole, la Syrie est intéressante grâce à sa position par laquelle transiteront les oléoducs prévus. Et voilà les racines de la crise.
Quelques uns des plus grands combats eurent lieu à l’intérieur et autour de la ville de Homs. Ce n’est qu’une coïncidence si en 2011, un gisement de gaz naturel fut découvert à Homs. Le ministre du pétrole syrien Sufian Allawi déclara à l’agence de presse la SANA (Syrian Arab News Agency) que les premiers biens « étaient dans le gouvernorat de Homs et que le débit est de 400 000 mètres cubes par jour ».
V. Commentaire et critiques
Cet article appréhende donc la Syrie comme une véritable opportunité pour l’Iran en se basant sur l’aspect pétrolier. En effet, selon l’auteur, la Syrie pourra faciliter l’exportation du pétrole iranien vers les pays occidentaux, contrant ainsi la puissance des Etats-Unis dans le secteur. De plus, toujours selon Claude Salhani, le pétrole serait en quelque sorte à l’origine de la guerre civile qui a explosé en Syrie.
Il est possible de rebondir sur ces propos. En effet, l’auteur ne prend en compte que l’aspect « pétrole » dans les relations entre la Syrie et l’Iran mais il y a d’autres éléments à prendre en compte. Lorsqu’on analyse la guerre syrienne, il est intéressant d’étudier trois niveaux : les luttes internes, les luttes de voisinages et les luttes hégémoniques. Seules ces dernières s’intéressent à l’enjeu que représente le pétrole au Moyen Orient.
Il serait donc peut-être plus pertinent d’étudier tous les niveaux avant d’affirmer que la Syrie est si importante pour l’Iran. Au Moyen Orient, la Syrie a certes un bon emplacement mais doit faire face aux 4 puissances du territoire que sont la Turquie, l’Arabie Saoudite, l’Iran et l’Egypte. Un emplacement idéal est-il suffisant pour devenir LA superpuissance du Moyen Orient ?
Étiquettes : alliance, guerre, Iran, Moyen-Orient, Syrie