Le sport est un des meilleurs moyens de représenter la part d’universalité du monde malgré les divisions (politiques, culturelles ou religieuses) qui dominent les relations internationales. Sous la Grèce antique, les Jeux olympiques donnaient lieu à une trêve lors des guerres. En 1896, le français Pierre de Coubertin réhabilite les Jeux olympiques pour internationaliser le sport qui contribue à «promouvoir une société pacifique soucieuse de préserver la dignité humaine ».
Mais le sport et les compétitions sportives ne sont pas seulement un jeu ou un spectacle. Des événements sportifs comme les Jeux Olympiques et les Coupes du monde de football sont ainsi des événements fondamentalement politiques permettant de montrer la puissance d’un Etat, les tensions internationales ou un moyen d’expression.
Dans cette optique, en quoi le sport est un miroir de la situation géopolitique ?
- 1. Le sport, moyen d’expression.
Événements les plus médiatisés (3 milliards de personnes ont suivi la cérémonie d’ouverture des JO de Pékin), ces compétitions sont l’occasion de faire passer certains messages à l’ensemble de la planète qui des années après font parti de l’histoire.
C’est le cas lors des JO de Mexico en 1968, où deux coureurs américains Tommie Smith et John Carlos, 1er et 3ème de la finale du 200 mètres, protestent contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis en baissant la tête et en pointant leur poing ganté noir vers le ciel sur le podium lors de l’hymne américain. Face à ce geste interprété comme la marque de leur soutien au Black Panthers et au Black Power, ils sont suspendus et exclus à vie des Jeux olympiques par le Comité international olympique. La photo du podium a fait le tour du monde et restera comme une des images les plus forte de l’histoire des JO.
D’autres moyens de contestation utilisés ne sont pas aussi pacifiques que le geste des deux américains. En effet aux Jeux de Munich de 1972 un groupe armé palestinien prend en otage et exécute des athlètes israéliens. Cet événement renforce l’attention accordée à la menace terroriste, au Mossad dans sa stratégie d’élimination systématique de tout commando et les enjeux du conflit israélo-palestinien.
Plus récemment, lors de la coupe d’Afrique des nations de football, les Forces de libération de l’État de Cabinda ont attaqué le bus qui transportait l’équipe de football du Togo pour réclamer la libération du territoire occupé illégalement par l’Angola selon les rebelles. Cet incident tragique fera une victimes et neufs blessés.
Mais heureusement d’autre événement ont permis de montrer d’autres faces beaucoup plus positives du monde. Ainsi, la coupe du monde de rugby en 1995 organisé en Afrique du Sud montrera au monde entier l’abolition de la politique d’apartheid.
- 2. Le sport et les enjeux politiques
Véritable arme d’opposition et outil de propagande implacable, le sport est un indicateur des relations internationales entre les pays et les cultures, et il participe à la construction de ces rapports, qu’ils soient pacifiques ou conflictuels.
Les événements sportifs ont suivi et participé à l’histoire. Notamment durant le XXème siècle. En effet en 1969, l’inégale répartition des terres et l’instrumentalisation du nationalisme donnent lieu à la « Guerre des Cent heures » dites « Guerre du football » entre le Honduras et le Salvador à l’occasion des matches de qualification pour la coupe du monde de 1970. Des troubles éclatent à la frontière et une bombe lâchée par le Salvador dix jours plus tard déclenche une guerre de 100 heures qui fera 2000 morts et des milliers de blessés. 50000 personnes perdent terres et maisons.
De plus, pendant les deux guerres mondiales, les JO de 1916, 1940 et 1944 n’ont pas eu lieu. Ceux de 1936 à Berlin ont permis à Hitler de montrer la supériorité du nazisme et de « la race aryennes ». A une époque où le sport demeure majoritairement amateur, les athlètes allemands, militaires, sont préparés depuis deux ans. L’Allemagne, première nation, remporte 56 médailles d’or et prouve sa puissance malgré les quatre médailles d’or de l’athlète noir-américain Jesse Owens.
Plus tard lors de la guerre froide le sport s’est érigé en instrument pour la contestation des deux blocs. Le boycott d’une cinquantaine d’Etats dont les Etats-Unis des JO de Moscou en 1980 suite à l’invasion de l’Afghanistan en 1979 puis le boycott par une quinzaine de pays communistes dont l’URSS des JO de Los Angeles contribue à geler les relations des deux superpuissances pendant huit ans.
Le boycott a été beaucoup utilisé comme forme de contestation pour faire part d’une désapprobation à l’égard d’un régime politique ou de l’actualité internationale, et a permis à de petites nations de bénéficier d’une tribune internationale. C’est le cas lors des JO de 1956 où l’Italie, l’Égypte, l’Irak et le Liban ne participèrent pas à la compétition olympique en réponse à la crise de Suez. Mais aussi à Montreal en 1976 ou 28 nations africaines protestant contre la présence de la Nouvelle-Zélande après avoir envoyé son équipe de rugby participer à une tournée en Afrique du Sud toujours sous le régime d’apartheid.
Néanmoins, le sport contribue parallèlement à rétablir des relations diplomatiques qui avaient été gelées comme l’illustrent dès la Guerre froide, la « diplomatie du ping-pong » en 1971 quand l’équipe américaine de ping-pong se rend en Chine et ouvre la voie à un renouveau dans les relations sino-américaines lors de la visite de Nixon en Chine en 1972. Il en va de même pour la « diplomatie du cricket » entre l’Inde et le Pakistan, utilisée par exemple pour reprendre les relations diplomatiques entre les deux pays en 1978. C’est aussi le cas en Europe où en football, Israël et la Turquie participent aux compétions européennes comme la ligue des champions ou l’Euro.
On peut noté aussi qu’en Rugby, L’équipe d’Irlande est mixte, composée d’irlandais du Nord et du Sud ou que lors des Jeux Olympiques, l’Angleterre, l’Ecosse l’Irlande et le Pays de Galles forment une même équipe : la grande Bretagne.
- 3. Le sport, stratégie de légitimité
Mais le sport est de plus en plus utilisé par les Etats comme une stratégie de légitimité grâce à des actions symboliques. On peut noter le cas de la Russie ou de la Chine dans lesquelles certains propriétaires de club de football achète des joueurs de renommé mondiale pour prouver leur puissance comme Samuel Eto’o dans le club russe d’Anji Makhatchkala ou Didier Drogba dans le club chinois de Shanghaï Shenhua.
C’est aussi le cas du Qatar qui a fait du sport un outil de communication avec le sponsor de grand club de football comme le FC Barcelone ou le Paris Saint Germain mais aussi avec l’organisation de la coupe du Monde 2022 et l’achat des droits TV par la chaîne Al Jazeera pour de grandes manifestations sportives. Le Qatar a également lancé en 2012 le Doha Goals Forum, une initiative novatrice qui mène une réflexion globale sur les enjeux sociaux du sport et pose pour la première fois la question du rôle politique du sport.
Mais il y a dans le sport une partie que l’on ne pourra pas atteindre par des stratégies politiques, c’est la quintessence même du sport. L’émotion procurer par les exploits sportif dépasse toutes les dérives et permet à un peuple de se fédérer. C’est le cas de la victoire de l’équipe de France en 1998 qui a uni le peuple français, pluriethnique sous un seul et même drapeau, une même identité sans aucune intervention politique.
Sources
www.wikipedia.com
www.new-yorkforum.com
www.cesa.air.defense.gouv.fr
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