Hong-Kong, ancienne colonie britannique de 1842 à 1997, est aujourd’hui une Région Administrative Spéciale (RAS) de la République Populaire de Chine. C’est à la signature du traité de Nankin, qui met fin à la 1ère guerre de l’opium en 1842, que Hong-Kong (HK) est cédée au Royaume-Uni. 155 ans plus tard, en 1997, la Chine et le Royaume-Uni signent une déclaration conjointe qui accorde la récession de Hong-Kong sur le principe de « 1 pays, 2 systèmes ».
En effet, HK dispose d’une certaine autonomie. L’île a pu conserver son système légal, sa monnaie, son système politique, ses équipes sportives internationales et ses lois sur l’immigration. La déclaration sino-britannique commune stipule que Hong-Kong pourra garder sa relative autonomie pendant 50 ans, donc jusqu’en 2047. Aujourd’hui, Hong-Kong compte environ 7,2 millions d’habitants. C’est une terre d’orientation capitaliste et démocratique entourée du territoire communiste chinois. C’est dans les années 1960 que Hong-Kong obtient sa renommée de « paradis fiscal ». Pour le système juridique, HK a hérité des Britanniques un système de Common law, et où les libertés fondamentales sont respectées. Cependant, HK reste dépendant de la Chine en termes de politique extérieure et de défense (HK ne possédant pas d’armées). Le système politique se compose d’une assemblée législative, qui élit un chef de l’exécutif, le plus important responsable politique Hongkongais. Ce dernier est le chef du gouvernement. L’influence du pouvoir de Pékin est un sujet politique sensible à Hong-Kong. C’est cette influence qui va notamment mener aux manifestations de 2014. Hong-Kong ayant connu sa récession ainsi qu’une période de grandes manifestations sur son territoire, la déclaration commune entre la Chine et le Royaume-Uni – mise en place en 1997 et reposant sur le principe « 1 pays, 2 systèmes », est-elle encore réellement en vigueur ? L’autonomie négociée, il y a 18 ans, est-elle en danger ? Ces questions sont d’autant plus d’actualité puisque les Hongkongais sont à l’approche des élections qui se dérouleront en 2017. Nous pouvons alors nous demander dans quel contexte ces élections auront-elles lieu, au vu de la prise de contrôle que Pékin essaye d’obtenir. En expliquant le principe de Deng Xiaoping « 1 pays, 2 systèmes » sur lequel repose HK ainsi que les étapes qui ont menées aux manifestations de 2014, nous pourrions ainsi éclaircir la situation et envisager une vision prospective pour le territoire.
1. L’application du principe « 1 pays, 2 systèmes »
« Un pays, deux systèmes » est une formule qui a été énoncée par Deng Xiaoping en 1997, à propos de la rétrocession de Hong-Kong à la Chine. Elle signifie que Hong Kong peut faire partie de la Chine sans qu’on y applique les mêmes règles politiques et économiques. Après le retour de Hong Kong à la Chine, ce slogan a aussi été utilisé pour d’autres territoires, notamment en 1999 pour Macao, voire pour Taïwan. Ancienne colonie britannique, HK a été rétrocédée à la Chine. Le territoire suppose une certaine autonomie, mais l’influence politique et économique de Pékin est pourtant présente. Aussi, les relations commerciales sont détiennent une place importante voire essentielle dans les relations diplomatiques.
1.1 La rétrocession de Hong-Kong à la Chine
Pour commencer, le territoire de HK est conquis par les britanniques lors de la 1ère Guerre de l’Opium. Sa position stratégique en fait une place militaire et économique importante. En effet, le port permet d’accueillir des frets de gros volume. Par le traité de Nankin, la Chine cède le territoire de HK aux britanniques pour toujours. Cette base devient alors le point stratégique pour le commerce en Extrême-Orient. Au fil des ans le territoire s’agrandira par l’acquisition de ce que nous appelons les « Nouveaux Territoires ». Ils se composent des îles adjacentes comme Kowloon ou Lantau par exemple. Vient ensuite la période de mise en place des politiques économiques communistes par Mao Zedong. C’est à cette période qu’on observe un afflux de réfugiés sur le
territoire. En 1979, Deng Xiapong décide d’ouvrir la Chine aux échanges avec l’étranger. L’espace de Shenzhen, zone économique spéciale, va permettre à HK de se positionner comme un point de passage obligatoire entre la Chine et l’extérieur, essentiellement de la colonie anglaise. En 1997, les Nouveaux Territoires, loués pour 99 ans, sont rendus à la Chine. C’est dans ce contexte que la question de la rétrocession de HK apparaît. Le territoire a été construit de tel sorte qu’il est difficile de séparer HK des autres îles. Par exemple, l’aéroport est en train d’être construit à proximité de l’île de Lantau, et les lignes de métros permettent de relier toutes les îles. Ainsi, le Royaume-Uni décida de rendre le territoire à la République Populaire de Chine. Le 1er Juillet 1997, Hong-Kong devient une Région Administrative Spéciale de la République Populaire de Chine. Depuis, les habitants auront l’habitude de se rassembler les 1er Juillet pour défendre leur démocratie.
1.2 L’influence de Pékin
Le document faisant office de constitution est la loi fondamentale de la Région Administrative Spéciale de Hong-Kong. Le système politique se compose d’une assemblée législative, qui élit un chef de l’exécutif, le plus important responsable politique hongkongais. Ce dernier, chef du gouvernement, reste intimement lié à l’influence de Pékin. Si au moment de la récession la Chine devait laisser HK autonome pendant une durée de 50 ans (soit jusqu’en 2047), c’est toutefois Pékin qui décide des candidats pour le rôle de chef du gouvernement hongkongais. Les Hongkongais peuvent donc ensuite voter mais seulement parmi une liste de 1200 grands électeurs, qui sont inévitablement pro-Pékin. Le pouvoir du « suffrage universel » est de ce fait amoindrit. Le 25 mars 2012, le « changement » s’est donc effectué dans la continuité avec l’élection à la tête du territoire de Leung Chun-Ying, un businessman, choisi comme ses trois prédécesseurs depuis quinze ans sur sa capacité à ménager Pékin et les milieux d’affaires.
1.3 Les relations commerciales Chine / Hong-Kong
Il existe des accords signés entre la Chine et HK. Le CEPA, Closer Economic Partnership Arrangement, permettent la suppression des droits de douanes pour certains produits exportés, allant ainsi dans l’intérêt économique de la Chine. Grâce à cet accord, Pékin a autorisé l’implantation d’entreprises étrangères sur l’île. HK devient donc le principal investisseur étranger en Chine (44% du total en 2013). Par ailleurs, l’accès au marché hongkongais permet ensuite un accès facilité au marché chinois. Avec ses 7 millions d’habitants, face au 1 milliard d’habitants en Chine, le territoire de HK est une porte d’accès pour le marché chinois. Le secteur tertiaire est le moteur de l’économie de HK et notamment grâce au tourisme (une augmentation des touristes chinois). HK reste donc très lié avec la Chine pour des questions historiques mais aussi économiques. Cependant, la question de l’influence politique chinoise sur HK amènera à des manifestations, mettant ainsi en péril les élections tant attendues de 2017.
2. La « révolution des parapluies » étape par étape
Afin de faire face à l’influence du gouvernement pékinois et obtenir le suffrage universel pour les élections de 2017, un mouvement Occupy Central va se mettre en place. Plusieurs catégories d’habitants y ont pris place avec un rôle précis. Ces manifestations ont fini par prendre fin dans un avenir encore flou.
2.1 Mise en place d’Occupy Central (OCLP)
C’est le 16 Janvier 2013 qu’est apparu le mouvement pacifique OCLP « Occupy Central
with Love and Peace » suite à l’article d’un professeur de droit et politicien, Benny Tai. Il
menace d’occuper les rues de la ville et surtout le centre des affaires pour obtenir des
élections au suffrage universel direct. En Mars, lors de la Conférence consultative politique du peuple chinois, le président rappelle que le chef du gouvernement doit « aimer tout autant la Chine que la RAS de Hong-Kong ». Cela apparaît comme un premier avertissement au mouvement démocratique. Le 1er Juillet 2013 commence les premières manifestations avec 430 000 personnes dans les rues. C’est en Janvier 2014 qu’est mis en place un référendum test pour obtenir l’opinion du peuple concernant les élections de 2017. En Juin de la même année, Pékin lance son 2ème avertissement en publiant un livre blanc rappelant les règles de la politique « 1 pays, 2 systèmes », et précisant que HK ne possède pas une autonomie totale. Suite à ça, l’organisation OCPL met en place un référendum non-officel, ⅕ ème de la population est favorable au suffrage universel direct, c’est la 1ère réussite du mouvement. Le 1er Juillet 2014, ce sont 500 000 personnes qui descendent dans la rue pour soutenir leur démocratie. Fin Août, Pékin annonce que désormais le chef de l’exécutif sera élu parmi deux ou trois personnes au préalable sélectionné par un comité. Cette annonce est clairement en opposition aux réclamations des mouvements pro-démocratie. Ce n’est qu’en Septembre que le mouvement prend encore plus d’ampleur quand les étudiants décident de faire grève. Ils organisent alors des sit-in pacifiques au milieu des rues. Des violences éclatent. Benny Tai annonce la désobéissance civile et les étudiants posent un ultimatum au chef du gouvernement pour que celui-ci se retire. Le chef s’ouvre au dialogue avec les étudiants mais refuse l’ultimatum. Début Octobre, les violences reprennent de plus belles en opposition au mouvement étudiant. Le mouvement s’enlise. La mafia chinoise est soupçonnée de faire le « ménage » en détruisant les barricades des militants. Toutes ces violences choquent l’opinion publique, c’est pourquoi le gouvernement local accepte de dialoguer avec les étudiants et leur ouvre ses portes le 16 Octobre.
2.2 Les protagonistes et leurs rôles
Les manifestants se composent de deux groupes. D’un côté les membres du mouvement OCPL auquel se sont joints les étudiants. Ils réclament un suffrage universel plus souple, plus de démocratie et de libertés. Ils se refusent à la fermeté que Pékin exerce sur le territoire en Chine continentale. Le chef de l’exécutif local à ce moment-là est Leung Chun-Ying. Les habitants le voient désormais comme une « marionnette » dirigée par Pékin. Le changement du mode de scrutin en 2012 et sa position lors des manifestations n’arrangent pas sa popularité. Le gouvernement chinois n’intervient pas dans les mouvements. HK est certes sous tutelle chinoise mais une intervention directe du Parti Communiste sur le territoire de
HK serait très mal perçue. Les manifestants occupaient le centre financier de la ville, contribuant à la chute du dollar de HK. Ces troubles politiques pourraient faire perdre énormément à la ville et aux investisseurs. La police a usé des gaz lacrymogènes lorsqu’elle s’est trouvée dépasser par le nombre de manifestants. Le mouvement OCPL avait pourtant fait de la non-violence l’un des points forts de son action. La « révolution des parapluies » tient d’ailleurs son nom de l’action non-violente des manifestants qui utilisaient des parapluies comme boucliers face aux gaz lacrymogènes.
2.3 L’essoufflement et l’aboutissement des manifestations
Au final, quelques étudiants restaient dans la rue. Cependant, face à l’appel de leurs études, beaucoup ont dû reprendre le chemin de l’université. Pour certains d’entre eux, faire durer les manifestations était peu utile et celles-ci ne contribuaient qu’à paralyser toute la ville, mettant notamment en péril les affaires.
Depuis, le statu quo persiste, les dialogues semblent paralysés et les avancées très minces.
Avec l’essoufflement des requêtes, le 1er Juillet prochain est attendu avec impatience afin de voir quelle ampleur prendra le mouvement. Face à ce déchirement Pékin / HK, les habitants de l’île semblent de moins en moins s’identifier à la Chine. Un sondage révèle que 79% des habitants s’identifient de préférence comme Hongkongais plutôt que Chinois. De plus, de nombreux chinois s’établissent sur le territoire hongkongais profitant ainsi des avantages des protections sociales. Cela a contribué à créer un mépris envers les chinois aux yeux des hongkongais. Leur présence sur l’île est de moins en moins tolérée. Les différents clivages culturels et de pensées n’arrangent pas la situation. Le mouvement OCPL est resté jusque-là pacifique mais si Pékin ne change pas de position d’ici 2017, reste à savoir comment la population hongkongaise régira.
Sources :
http://info.arte.tv/fr/hong-kong-un-referendum-pour-la-liberte
http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20150618-hong-kong-parlement-rejet-projet-loi-reforme-electoral-pekin-ccp
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hong_Kong
http://geopolis.francetvinfo.fr/les-relations-commerciales-entre-pekin-et-hong-kong-15-ans-apres-la-retrocession-6711
Auteur: Laura Rouberties
Étiquettes : Chine, élections, Hong Kong, Mouvements Sociaux