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Introduction

Pour comprendre quels sont les enjeux et les conséquences des élections Géorgienne, il m’a semblé intéressant de traduire deux articles de presse traitant du même sujet mais de nationalité différente. Un article italien « Con le elezioni in Georgia è finita l’éra Saakashvili » publié par le journal Limes et un article américain « Are Georgia’s Elections a sign of Mature Democrcy ? » publié par le journal Foreign Policy.

Présentations des Journaux

 

Le Limes est un magazine mensuel italien de géopolitique de gauche. Il fait parti du groupe l’Expresso SPA. Cette revue, a été fondée en 1993, par l’actuel directeur Lucio Caracciolo. Elle traite des grandes questions internationales actuelles. Afin d’avoir une analyse détaillée et pointue, des chercheurs comme, des historiens, des géographes, des sociologues, des politologues, des juristes ou encore des anthropologues collaborent avec des décideurs (entrepreneurs politiques, diplomatiques, militaires, gestionnaires..).

 

Le Foreign Policy est un magasine américain bimestriel crée en 1970 par Samuel P. Huntington et Warren Demian Manshel. Il traite principalement de l’ «économie et des affaires étrangères. En 2009,  le journal a été racheté par « The Washington Post Company ». Le journal The Washington Post se rapproche du centre-droit, mais la ligne éditoriale reste centriste.

Le Foreign Policy existe en plusieurs versions à travers le monde (Albanie, Espagne, Argentine, Bulgarie, Corée, Portugal, Roumanie…) qui dépendent toutes du Washington Post Company.

 

Présentation de l’original

 

Écrivain et journaliste italien, Stefano Grazioli est diplômé en sciences politiques, il traite de la politique étrangère en particulier l’ex-Union soviétique. Ecivain indépendant il travaille pour des magazines italiens et étrangers (Limes, la réforme, Lettera43 , Linkiesta ).  Il est notamment l’auteur de notre article « Con le elezioni in Georgia è finita l’era Saakashvili » publié le 28 Octobre 2013.

 

Paul Rimple est un journaliste indépendant basé à Tbilissi en Géorgie depuis 2002. Il est spécialisé dans la presse écrite et  la radio. Il s’intéresse plus particulièrement aux questions sociales et politiques qui touchent la Géorgie. C’est un journaliste d’investigation accompli. Depuis 2001, il est chroniqueur au Moscow Times. Il collabore avec plusieurs autres médias, dont la BBC et le Times. Il a notamment écrit l’article « Are Georgia’s Elections a Sign of Mature Democracy? » publié le 29 Octobre 2013.

 

Le 27 Octobre 2013, Giorgi Margvelachvili, le candidat du rêve Géorgien (parti d’Ivanichvili), est élu président de la Georgie face à David Bakradze du MNU (parti de Saakachvili). L’ancien président, Mikheil Saakachvili, quitte donc le pouvoir en octobre après deux mandats, où il a vu sa cote de popularité s’effondrer. Ses mandats, se traduisent pas une succession de réforme. Son combat contre la bureaucratie, la corruption et la criminalité organisée, a eu pour effet de créer une surpopulation carcérale.  Les Géorgiens voient en leur nouveau président, le début d’une nouvelle ère démocratique.

 

Traduction

Article Italien :

 

Avec les élections en Géorgie, l’ère Saakashvili est finie

De Stefano Grazioli

Aux élections présidentielles, Margvelashvili triomphe, le candidat du rêve géorgien, soutenu par le premier ministre Ivanishvili, pendant que le protégé du président sortant se contente des miettes. Après 10 ans, Tbilissi, tourne la page.

 

A Tbilissi, une ère se termine

 

La victoire claire, au-delà de toute attente, du Georgien Margvelashvili aux élections présidentielles, met fin définitivement à la décennie historique de Mikhail Saakashvili à la direction du pays. Néanmoins, le candidat du rêve Georgien, ne s’attendait probablement pas à un succès aussi net. : Il a triomphé au premier tour avec 60% des votes.

 

L’adversaire le plus coté, David Bakradze, mandaté par le camp du président sortant, a du se contenter des miettes, environ 20% des voix. Nino Burjanadze est arrivé troisième, premier allié puis ennemi juré de Saakashvili, il a récolté environ 10% des voix.

 

Pour le premier ministre Bidzina Ivanishvili, le triomphe de l’ancien professeur de philosophie, est le signal que la petite république Caucase veut vraiment changer de cap après deux décennies de turbulence et après que les espoirs de la Révolution des roses de 2003 aient flétri avec le changement autoritaire du désormais ex-président.

 

La paranthèse de Saakashvili se ferme avec amertume, car son protégé se retrouve relégué au rôle de second rôle.

 

Ivanishvili est le nouveau dominateur de la politique Géorgienne, capable en 2 ans de renverser l’équilibre consolidé, grâce à ses milliards, mais surtout à cause des fautes de son adversaire. Saakashvili, a certainement le mérite d’avoir donné une accélération positive à la transition post soviétique,  qui a poussé la Géorgie en dehors du tunnel de la stagnation, mais il est coupable d’avoir trainé le pays dans la guerre contre la Russie en 2008, qui a apporté l’indépendance des républiques séparatistes d’Abkhazia et Ossezia dans le Sud. La régression démocratique de son second mandat, lui a été décisive, car l’électorat lui a tourné les épaules, en donnant confiance à l’offre politique d’Ivanishvili et ses camarades.

 

Après le changement de constitution approuvé l’an dernier, le rôle du président sera dans tous les cas moins déterminant, avec les pouvoirs supérieurs dans les mains du premier ministre. L’axe institutionnel entre Margvelashvili et le premier ministre Ivanishvili (et surtout son futur successeur, puisque celui ci a annoncé son attention de vouloir démissionner) représente toutefois le moteur avec lequel le rêve géorgien peut faire face  à la question des réformes internes laissées à moitié par Saakachvili.

 

D’autre part, il faut rééquilibrer la politique étrangère, en cherchant le dialogue avec la Russie après la rupture des relations et le manque chronique de communication entre  Vladimir Poutine et Mikhail Saakachvili. C’est le plus grand défi que le nouveau pouvoir à devant soi, pour éviter les erreurs fatales du récent passé.

Article Américain

 

Est ce que les élections Georgienne sont un signe de maturité démocratique ?

 

Or, après deux ans de querelles politiques amères, il y a peut être plus de désaccord dans le Caucase.

 

TBILISSI,  Géorgie – le 27 octobre a marqué un tournant majeur en Géorgie. Le peuple, a calmement élu un philosophe obscure, Giorgi Margvelashvili. Le président a réussi à s’imposer avec 62% des voix. C’était la première fois dans l’histoire de la Géorgie qu’un titulaire a été remplacé par des bulletins et non par la révolte.

 

L’élection de Margvelashvili, représentant le parti du « Rêve Géorgien » (GD), a effectivement fermé le chapitre de l’ère Saakashvili, une décennie de réforme et de progrès économiques au prix d’un autoritarisme important qui a appliqué la justice de manière sélective et répressive. Ce changement n’aurait pas été possible sans l’intervention du milliardaire géorgien énigmatique, Bidzina Ivanishvili, et de son parti GD.

 

En octobre 2011, Ivanishvili a tenu sa toute première conférence de presse dans son hôtel particulier de Tbilissi d’une valeur de 50 millions de dollars. Après l’annonce de sa décision d’entrer dans la sphère politique et de défier le monopole du pouvoir du Président Mikheil Saakashvili. J’avais espéré apprendre comment l’ancien reclus était différent de tous les autres messies géorgien qui promettaient de sauver le pays seulement pour être déchus à la fin, mais je n’en n’ai jamais eu l’occasion. L’événement s’est immédiatement éloigné dans un ridicule brouhaha  de 200 journalistes se battant sur un microphone et des cris de questions sur les rapports du milliardaire russe et son manchot favori.

 

Ma chance est venue la veille des élections législatives en 2012 dans une maison privée dans un village géorgien à une table débordant de nourriture, assis en face de Ivanishvili, qui venait de terminer son dernier tour des campagnes. Entre deux bouchées de somptueux Kakhetian, il a parlé par le biais de la réforme judiciaire et de la tolérance ethnique et semblait carrément en dehors des échecs de Saakachvili. En fin de compte, je n’ai pas appris grand-chose sur l’homme, sauf qu’il avait l’intention de construire des institutions démocratiques sans un plan concret. Les Géorgiens, prennent une bouffée d’air frais : son parti a gagné.

 

Pour Saakachvili et son Mouvement national uni (UNM), ce fut une défaite choquante. Misha (comme Saakashvili est communément connu) ravala sa fierté et reconnut la défaite, marquant le première transfert de pouvoir démocratique de la Géorgie. Mais un an avant la fin de son mandat, ce canard boiteux de  président a été contraint de partager une période difficile de cohabitation avec Ivanishvili et le GD, une coalition lâche d’individus déterminés à détruire l’héritage de Misha.

 

Le tumulte de l’année passée a été souligné selon les actes d’accusation d’environ trois douzaines d’officiels de l’UNM, y compris plusieurs anciens ministres, le plus notable Vano Merabishvili, ancien ministre de l’Intérieur et  Premier ministre. En attendant, plusieurs ministres se sont échappés à l’étranger, comme l’ancien ministre de la Justice Zurab Adeishvili. Beaucoup de partenaires Occidentaux de la Géorgie ont critiqué la nature politique de ces arrestations, pourtant Ivanishvili a maintenu qu’il ne règlerait pas ses comptes. – il rétablirait  la justice et apporterait la démocratie au pays.

 

Retour dans le manoir futuriste de Ivanishvili, un mois avant les élections présidentielles de cette année, je lui ai demandé s’il ne cherchait pas à détruire Misha.

 

« Pourquoi je détruirai ? Je ne suis pas une personne malade. Ils s’autodétruisent. J’aime construire, » répondit-il.

 

En 2010, le gouvernement Saakashvili a modifié la constitution pour accroître l’autorité du Premier ministre et  diminuer celle du  président. Parce que la Constitution interdit au président d’exercer plus de deux mandats, la plupart des gens ici pensaient que Misha changerait tout simplement de bord pour rester au pouvoir. Mais GD a écrasé une telle affirmation quand ils ont pris  le parlement et élus Ivanishvili Premier ministre en 2013. Mais c’est une position que le milliardaire ne semble pas vouloir.

 

En septembre, Ivanishvili a réitéré une promesse électorale de quitter la politique et d’entrer dans la société civile après les élections. La semaine prochaine, il nommera son successeur. Ce dernier quittera le pays dans les mains de son parti, une coalition affaiblie de libéraux, conservateurs et  nationalistes ethniques. La Géorgie deviendra la première ancienne nation soviétique dirigée par un Parlement et non gouvernée par un cadre fort. C’est un mouvement que les géorgiens désapprouvaient.

 

« C’est pourquoi, quand  les gens s’interrogent, ils aiment faire endosser toutes les responsabilités sur une seule personne», a déclaré Ivanishvili. «Mais chaque personne a besoin de partager ses responsabilités pour que la société évolue. Avoir un messie est nuisible à la société. Plus je reste, pire ce sera. »

 

Les critiques craignent que le Parlement  tombe dans le chaos après le départ de Ivanishvili ou, au contraire, qu’il suffit de tirer les ficelles derrière le rideau. D’autres, comme Lincoln Mitchell, chercheur à l’Institut Harriman de l’Université Columbia et ancien conseiller officieux du Premier ministre, estime que Ivanishvili a fait le pari que les institutions sont plus fortes que les hommes. Cependant, il n’y a aucun doute que le milliardaire continuera à être impliqué dans les coulisses.

 

« Je pense que la plupart des Géorgiens savent et sont OK avec ça. C’est extrêmement difficile pour la classe politique en Géorgie de comprendre que les choses ne sont pas aussi volatiles qu’elles l’étaient il y a un an ou deux. Les institutions sont stables,» dit-il.

 

Stables d’une certaine façon. Les législateurs ont levé les yeux au ciel en discutant des lois visant à interdire la vente de préservatifs nervurés et ont trouvé des fonctionnaires qui ne parlaient pas assez bien  géorgien. Mais ils ont également adopté des lois visant à protéger l’indépendance de la magistrature et d’assurer plus de transparence dans les médias.

 

Quand il s’agit du droit des minorités, le parlement disparate fait face à différents conflits internes. Lorsque plusieurs dizaines de prêtres orthodoxes géorgiens sont à la tête de milliers de personnes pour attaquer une poignée de militants des droits des homosexuels qui manifestaient contre l’homophobie, le président GD David Saganelidze accusait les militants pour la violence qui a suivi et a exigé qu’ils soient punis. Étant membre de la coalition GD et  président du Parlement Davit Usupashvili du Parti républicain, il a condamné l’attaque.

 

Usupashvili s’est également prononcé contre le déplacement forcé d’un minaret dans un village géorgien du sud en Août, alors que la plupart des gouvernements se sont tus. Ce fut la dernière d’une série de croisades antimusulmanes qui a eu lieu à travers le pays. Depuis, les députés du parlement, Murman Dumbadze du GD, ont mené une protestation contre la construction d’une mosquée dans la ville portuaire occidentale de Batoumi, l’année dernière avant les élections parlementaires. Pourtant, Ivanishvili, le premier homme politique à dire que les « minorités sexuelles sont des membres intégrés à  la société», affirme que la Géorgie est un pays foncièrement tolérant.

 

«Cette (l’intolérance) est artificiellement amplifié par Saakachvili, » a t-il dit. «Quand la cohabitation s’est terminé, cela ne fut plus un problème. »

 

C’est peut-être vrai, mais il y aura toujours des xénophobes et homophobes au parlement, comme dans tous les autres pays dans le monde. Ce qui reste à voir, est comment la Géorgie sera en mesure de protéger les droits des minorités. Dans son rapport, Thomas Hammarberg, le conseiller spécial de l’Union européenne sur la réforme constitutionnelle et juridique et des droits de l’homme en Géorgie, a souligné les insuffisances du pays en matière de protection des droits des minorités religieuses, ethniques et sexuelles.

 

Mais la question qui va vraiment déterminer l’avenir du parlement est l’emploi. Officiellement, le taux de chômage en Géorgie  tourne autour de 16 %. En réalité, c’est le double. En septembre 2013, l’institut national démocratique (NDI)   a réalisé un sondage par l’intermédiaire du Centre de recherche des ressources Caucasienne (CRRC), les emplois étaient la principale préoccupation nationale, environ 46 % de la population se considèrent au chômage et à la recherche d’un emploi.

 

Ivanishvili ne propose pas de réponse immédiate, il passe son temps à travailler sur les «défis» concernant la création d’emplois et sur l’économie.

 

Sous Saakashvili, l’économie a grimpé à un taux de croissance moyen du PIB de 6,1 % entre 2004-2012. Mais dans la première moitié de 2013, il a chuté de 1,8 %. Les critiques n’ont pas tardé à remettre cette chute sur le processus de transition bancale du gouvernement, mais la Géorgie n’est pas le seul pays a avoir vu ses investissements directs à l’étranger plonger, cela c’est ressenti dans toute la région en 2012. En outre, les chefs d’entreprises locaux sont inquiets des propositions  récentes du gouvernement comme la libéralisation du code du travail et l’interdisant pour les étrangers d’acheter des terres agricoles font maintenant fuir les investisseurs.

 

D’un point de vue  positif, en Juin, la Russie a levé un embargo de 7 ans sur le vin, l’eau minérale et les fruits. Ceci est une nouvelle particulièrement bonne  pour les vignerons en Géorgie orientale, qui déclarent que c’est la meilleure saison depuis des années. Selon l’Agence géorgienne de vin, en  Juillet les exportations ont augmenté de 43 % par rapport à l’an dernier, un pic que l’on peu presque entièrement attribuer à la Russie. Mais l’établissement de liens économiques avec la Russie,  qui occupe environ 20 % du territoire géorgien pose quelques problèmes existentiels, surtout quand il met en place des clôtures de barbelés à travers les villages géorgiens. Les relations avec Moscou se sont déridées, Ivanishvili hausse les épaules, en disant que ce n’est pas sa faute, Saakashvili s’est fait avoir durant la guerre.

 

«Il est important pour tout petit pays de ne pas provoquer un grand voisin», conseille Ivanishvili. « Nous ne pouvons pas tenter de modifier la Russie, mais nous pouvons sauver notre état en prenant les mesures appropriées, ce que nous faisons. »

 

Pendant ce temps, Saakachvili affirme publiquement qu’il n’est pas possible de «normaliser les relations» avec l’occupant et il est furieux de voir que Ivanishvili envisage d’adhérer au projet d’Union eurasienne du Kremlin, en référence aux commentaires du premier ministre fait par rapport à cette ​​initiative en Septembre. Dans une déclaration télévisée, le président a accusé Ivanishvili de « briser le tabou principal de la politique géorgienne. »

 

Ivanishvili rétorque que c’est simplement absurde.  » En tant qu’État, notre stratégie reste l’intégration de l’OTAN et de l’Europe. C’est très clair. Qui sait ce que l’Union eurasienne est ? Je ne pense pas que les Russes le savent », dit Ivanishvili.  » Tout ce que je dis, c’est que nous suivons de près ce processus de formation. J’insiste, si elle n’entre pas en conflit avec notre stratégie, pourquoi nous n’en discuterions pas?  »

 

Il est peut être temps, de discuter de toutes les choses qui sont arrivées. Avec Saakachvili qui a fait ses valises et est retourné dans son appartement dans le centre de Tbilissi et Ivanishvili qui s’apprête à démissionner, nous pouvons voir la fin d’une rivalité entre deux forces de la politique géorgienne qui a polarisé le paysage politique depuis la première annonce du défi de Ivanishvili en 2011. Dimanche , David Bakradze , candidat discret à la présidentielle  de l’ UNM , a été gracieusement félicité la victoire de son adversaire Giorgi Margvelashvili – un geste mature que nous ne sommes pas habitués à voir en Géorgie, un pays qui considère aujourd’hui, que le  passé des dirigeants est dernière eux.

 

Commentaire

 

L’élection présidentielle du 27 Octobre 2013, a mis fin à l’ère Saakachvili. Deux mandats marqués par une prise de distance avec le voisin Russe et une succession de réformes appuyées par un autoritarisme croissant. En 2008, Saakachvili a mené une guerre éclaire désastreuse contre la Russie qui, depuis, occupe 20% du territoire géorgien et impose un embargo sur les produits géorgien. Le nouveau président et le premier ministre devront tenter d’améliorer les relations avec la Russie. Le nouveau gouvernement devra notamment se concentrer sur une révision juste et légale du passé et l’édification d’institutions impartiales et transparentes, au service des citoyens. Il devra également être attentif au climat nationaliste encouragé par l’église Orthodoxe, et à l’hostilité grandissante contre les homosexuels et les musulmans.

Le futur de Mikheil Saakachvili, l’ex-président de la Géorgie, est plutôt inquiétant. Depuis l’arrivée de Ivanichvili à la tête du gouvernement en 2012, plusieurs de ses collaborateurs ont été mis en examen, tel l’ancien premier ministre Van Merabichvili, emprisonné pour abus de pouvoir. Le premier Ministre Ivanichvili, en modifiant la constitution et en atténuant le pouvoir du président, s’octroie une place stratégique au niveau politique. Ce n’est pas une coïncidence, si le nouveau président est membre du parti d’Ivanichvili et néophyte en politique. Selon l’article américain : même si le premier ministre a annoncé vouloir se retirer du monde politique, il sera toujours « derrière les rideaux pour tirer les ficelles ». Son implication politique ne va donc pas s’arrêter là. « C’est vraiment lui, Ivanishvili, le nouveau dominateur de la politique Géorgienne ».

 

Les États-Unis ont suivi de très près ces élections présidentielles Géorgiennes. L’ex président, Mikheil Saakachvili, a été reçu le 30 janvier 2012, à la maison blanche par Barack Obama, afin d’évoquer la participation de Tbilissi à une possible opération militaire contre l’Iran. Selon le site d’information en ligne russe Vzgliad, on soupçonne Saakachvili d’avoir « proposer le territoire Géorgien en cas d’escalade avec Téhéran, justifiant ce pas par le souci de protéger la Géorgie contre la menace militaire « russe ». Les États-Unis veulent créer une base arrière en Géorgie en cas d’attaque contre l’Iran. Washington a financé la reconstruction des anciens aérodromes militaires de Vaziani et Marnéouli, et du port de batoumi, en mer Noire, et sponsorisés la construction de plusieurs hôpitaux dans différentes villes de Géorgie. Les relations entre les États Unis et la Géorgie sont essentiels, chacun voit en l’autre un intérêt économique et/ou militaire crucial.

 

Ces élections présidentielles, marquent un tournant dans la vie politique de la Géorgie, C’est la première fois, qu’un candidat est élu par les urnes et non par la violence. La Géorgie souhaite également améliorer ses relations avec les pays voisins et intégrer l’Europe et l’OTAN.

Sitographie

http://temi.repubblica.it/limes/con-le-elezioni-in-georgia-e-finita-lera-saakashvili/53659

http://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/2012/01/31/la-georgie-base-arriere-americaine-pour-une-attaque-contre-l-iran

http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/10/28/le-nouveau-president-georgien-partisan-de-relations-apaisees-avec-moscou_3503997_3214.html

 

Original des Articles

Article Italien

 

Con le elezioni in Georgia è finita l’era Saakashvili

di Stefano Grazioli

Alle elezioni presidenziali trionfa Margvelashvili, il candidato di Sogno georgiano, sostenuto dal premier Ivanishvili, mentre il pupillo del presidente uscente si accontenta delle briciole. Dopo 10 anni, Tbilisi volta pagina.

 

 A Tbilisi finisce un’era.

 

La vittoria chiara, oltre le previsioni, di Giorgi Margvelashvili alle elezioni presidenziali consegna definitivamente alla storia il decennio di Mikhail Saakashvili alla guida del paese. Nemmeno il candidato di Sogno georgiano si aspettava probabilmente un successo così nitido: ha trionfato al primo turno con oltre il 60% dei voti.

 

Lo sfidante più quotato, David Bakradze, mandato in campo dal presidente uscente, si è dovuto accontentare delle briciole, circa il 20%. Terza è arrivata Nino Burjanadze, prima alleata poi nemica giurata di Saakashvili, che ha racimolato circa il 10% delle preferenze.

 

Il trionfo dell’ex professore di filosofia lanciato dal premier Bidzina Ivanishvili è il segnale che la piccola repubblica caucasica vuole cambiare davvero rotta dopo 2 lustri turbolenti e dopo che le speranze della Rivoluzione delle rose del 2003 sono appassite con l’involuzione autoritaria dell’ormai ex presidente.

 

Si chiude amaramente la parabola di Saakashvili, con il suo pupillo relegato al ruolo di comparsa, dopo che già alle parlamentari dello scorso anno il suo Movimento nazionale unito aveva dovuto cedere il passo e i posti di governo al nuovo partito pigliatutto dell’oligarca Ivanishvili.

 

È proprio lui, Ivanishvili, il nuovo dominatore della politica georgiana, capace in 2 anni di ribaltare equilibri consolidati, grazie ai suoi miliardi, ma soprattutto agli errori del suo avversario. Saakashvili ha certamente il merito di aver dato un’accelerazione positiva alla transizione postsosvietica, spingendo la Georgia fuori dal tunnel della stagnazione, ma è colpevole per aver trascinato il paese nella guerra con la Russia del 2008 che ha portato all’indipendenza delle repubbliche separatiste di Abkhazia e Ossezia del Sud. La regressione democratica del suo secondo mandato è stata decisiva perché l’elettorato gli voltasse le spalle, dando fiducia all’offerta politica di Ivanishvili e compagni.

 

Dopo il cambiamento della Costituzione approvato lo scorso anno, il ruolo del presidente sarà in ogni caso meno determinante, con i maggiori poteri in mano al primo ministro. L’asse istituzionale tra Margvelashvili e il premier Ivanishvili – e soprattutto il suo futuro successore, visto che quest’ultimo ha annunciato di volersi dimettere – costituisce però il motore con cui Sogno georgiano può affrontare da un lato la questione delle riforme interne lasciate a metà da Saakashvili.

 

Dall’altro c’é da riequilibrare la politica estera, cercando il dialogo con la Russia, dopo la rottura dei rapporti e l’incomunicabilità cronica tra Vladimir Putin e Mikhail Saakashvili. È questa la sfida più grande che il nuovo blocco di potere ha davanti a sé per evitare i fatali errori del recente passato.

 

Article Américain

 

Are Georgia’s Elections a Sign of Mature Democracy?

Or, after two years of bitter political feuds, maybe there’s more trouble brewing in the Caucasus.

BY PAUL RIMPLE | OCTOBER 29, 2013

 

TBILISI, GeorgiaOctober 27 marked a major turning point in Georgia as people calmly elected an obscure philosopher, Giorgi Margvelashvili, president with a conclusive 62 percent of the vote. It was the first time in Georgia’s history an incumbent was replaced by the ballot and not by revolt.

The election of Margvelashvili, representing the ruling Georgian Dream (GD) party, has effectively closed the chapter on the Saakashvili era, a decade of lightning-speed reform and economic progress at the cost of an increasing authoritarianism that applied justice selectively and harshly. This change could not have been possible without the intervention of the enigmatic Georgian billionaire, Bidzina Ivanishvili, and his GD party.

In October 2011, Ivanishvili held his very first press conference in his $50 million Tbilisi mansion after announcing his decision to enter politics and challenge President Mikheil Saakashvili’s monopoly on power. I had hoped to learn how the former recluse was different from every other Georgian messiah who promised to save the country only to get deposed in the end, but I never got the chance. The event instantly digressed into a ludicrous fracas of 200 journalists fighting over a microphone and shouting caustic questions about the billionaire’s Russian connections and his pet penguin.

My chance came the day before parliamentary elections in 2012 at a private home in an east Georgian village, at a dinner table overflowing with food, sitting across from Ivanishvili, who had just finished his last round of campaigns. Between bites of sumptuous Kakhetian fare, he spoke obliquely of judicial reform and ethnic tolerance and sounded off bluntly about Saakashvili’s failures. In the end, I didn’t learn much about the man, except that he intended to build democratic institutions without a concrete plan. For Georgians, that breath of fresh air was enough: his party won.

For Saakashvili and his United National Movement (UNM), it was a shocking loss. Misha (as Saakashvili is commonly known) swallowed his pride and acknowledged defeat, marking Georgia’s first ever democratic transfer of power. But with a year left in his term, the lame duck president was forced to share an uneasy period of cohabitation with Ivanishvili and the GD, a loose coalition of individuals bent on destroying Misha’s legacy.

The tumult of the past year was underscored by the indictments of some three dozen UNM officials, including several former ministers, most notably Vano Merabishvili, former interior minister and prime minister. Meanwhile, some ministers have escaped abroad, like former justice minister Zurab Adeishvili. Many of Georgia’s Western partners criticized the political nature of these arrests, yet Ivanishvili maintained he wasn’t settling scores — he was restoring justice and bringing democracy to the country.

Back in Ivanishvili’s futuristic mansion, one month before this year’s presidential elections, I asked him if he wasn’t trying to destroy Misha.

« Why should I destroy? I’m not a sick person. They are destroying themselves. I like to build, » he replied.

In 2010, the Saakashvili government amended the constitution to increase the prime minister’s authority and decrease the president’s. Because the constitution prohibits the president from serving more than two terms, most people here thought Misha would simply change chairs to remain in power. But GD crushed such speculation when they took over parliament and elected Ivanishvili prime minister in 2013. But it’s a position the billionaire apparently doesn’t want.

In September, Ivanishvili reiterated a campaign promise to leave politics and enter civil society after elections. Next week, he will name his successor. This will leave the country in the hands of his party, a loose coalition of liberals, conservatives, and ethnic nationalists. Georgia will become the first former Soviet nation governed by a parliament and not ruled by a strong executive. And it’s a move most Georgians were against.

« That’s because when people look at things they like to hang all the responsibility on one person, » Ivanishvili said. « But every single person needs to share the responsibility in order for society to evolve. Having a messiah is detrimental to a society. The longer I stay, the worse it will be. »

Critics worry that parliament will fall into chaos upon Ivanishvili’s departure or, conversely, that he will simply keep pulling the strings from behind the curtain. Others, like Lincoln Mitchell, a scholar at Columbia University’s Harriman Institute and former unofficial advisor to the prime minister, believes that Ivanishvili is betting that institutions are stronger than people. However, he has no doubts that the billionaire will continue to be involved behind the scenes.

« I think most Georgians know that and are OK with that. It is extremely difficult for the political class in Georgia to understand that things are not as volatile as they were a year or two ago. The institutions are stable, » he says.

Well, stable of a sort. Lawmakers have raised eyebrows by discussing laws to ban the sale of ribbed condoms and fine officials who don’t speak Georgian well enough. But they have also passed laws to protect the independence of the judiciary and to ensure more transparency in media ownership.

When it comes to minority rights, however, the disparate parliament has seen some internal conflict. When several dozen Georgian Orthodox Christian priests led a mob of thousands to attack a handful of gay rights activists demonstrating against homophobia, GD Chairman David Saganelidze blamed the activists for the violence that ensued and demanded they be punished. GD coalition member and parliamentary speaker Davit Usupashvili of the Republican Party, however, condemned the attack.

Usupashvili also spoke out against the forced removal of a minaret in a southern Georgian village in August, while much of the government kept silent. This was the latest in a series of anti-Muslim crusades that have occurred across the country since the deputy head of parliament, the GD’s Murman Dumbadze, lead a protest against the construction of a mosque in the western port city of Batumi last year before parliamentary elections. Yet, Ivanishvili, the first politician to say « sexual minorities are equal members of society, » asserts that Georgia is an inherently tolerant country.

« This [intolerance] is all artificially amplified by Saakashvili, » he said abstrusely. « When the cohabitation is finished, there won’t be a problem. »

That might be so, but there will still be xenophobes and homophobes in parliament, like in every other country in the world. What remains to be seen is how well Georgia will be able to protect minority rights. In his report, Thomas Hammarberg, the European Union special adviser on constitutional and legal reform and human rights in Georgia, noted the country’s shortcomings in protecting the rights of religious, ethnic, and sexual minorities.

But the issue that will really determine parliament’s future is jobs. Officially, Georgia’s unemployment rate hovers around 16 percent. Realistically, it is double that. In a September 2013 National Democratic Institute (NDI) poll carried out by the Caucasus Research Resource Centers (CRRC), jobs were the top national concern; some 46 percent of the population consider themselves unemployed and looking for a job.

Ivanishvili offers no answers here, only that he spends most of his time working on the « challenges » of job creation and the economy.

Under Saakashvili, the economy soared to an average GDP growth rate of 6.1 percent between 2004-2012. But in the first half of 2013, it plummeted to 1.8 percent. Critics were quick to blame this plunge on the government’s wobbly transition process, yet foreign direct investment didn’t just drop in Georgia, it fell across the entire region in 2012. Moreover, local business leaders are worried the government’s recent policies like liberalizing the labor code and forbidding foreigners from buying agriculture land are keeping investors away.

On the bright side, in June, Russia lifted its 7-year embargo on wine, mineral water, and fruits. This is particularly good news for winegrowers in eastern Georgia, who are reporting the most successful season in years. According to the Georgian Wine Agency, July exports were 43 percent higher than last year, a spike almost wholly attributed to Russia. But establishing economic ties with Russia, which occupies roughly 20 percent of Georgian territory poses some existential problems, particularly when it is putting up barbed-wire fences through Georgian villages. To this thaw in relations with Moscow, Ivanishvili shrugs his shoulders, saying it’s not his fault Saakashvili got suckered into war.

« It’s important for any small country to not provoke a big neighbor, » Ivanishvili advises. « We can’t attempt to change Russia, but we can save our state by taking the correct steps, which we are doing. »

Meanwhile, Saakashvili argues publicly that you cannot « normalize relations » with an occupier and is livid that Ivanishvili would even consider joining the Kremlin’s Eurasian Union project, in reference to comments the prime minister made on the initiative in September. In a televised statement, the president accused Ivanishvili of « breaking the main taboo of Georgian politics. »

Ivanishvili retorts that it’s plain nonsense. « As a state, our strategy remains European and NATO integration. That is very clear. Who knows what the Eurasian Union is? I don’t think the Russians even know, » says Ivanishvili. « All I said was that we are closely watching this formation process. I stress, if it does not come into conflict with our strategy, why shouldn’t we discuss it? »

And, perhaps, time for more sober discussions on all things have arrived. With Saakashvili packing his bags and returning to his apartment in central Tbilisi and Ivanishvili preparing to step down, we may see an end to a bitter rivalry between two forces of Georgian politics that polarized the political landscape since Ivanishvili first announced his challenge in 2011. On Sunday, David Bakradze, the UNM’s unobtrusive presidential candidate, gracefully congratulated his opponent Giorgi Margvelashvili’s victory — a mature gesture we are unaccustomed to seeing in Georgia, a country now putting the era of larger-than-life leaders behind them.


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