Quel avenir pour le Sahel ?
Pour répondre à cette question, nous allons tout d’abord présenter le Sahel, ensuite nous aborderons son histoire pour extraire les constantes humaines de la région. Sur ces bases nous allons étudier les problèmes actuels que rencontrent les habitants du Sahel et nous nous arrêterons sur deux cas pratiques, les conflits au Darfour et au Mali. Finalement, à l’aide de ces études, nous proposerons des réponses à la problématique en esquissant les scénarios possibles du Sahel et nous donnerons notre avis personnel.
Qu’est-ce que le Sahel ?
Le Sahel est un mot provenant de la langue arabe et signifiant “bordure” ou “frontière”. Cette zone fut en effet à la frontière du Sahara ainsi que de l’empire arabe. Le Sahel sépare aussi le Sahara des savanes soudanaises. C’est une bande qui s’étend à travers l’Afrique d’est en ouest, sous le Sahara. C’est une zone géographique qui tire son unité de l’homogénéité de son climat, autant au niveau des températures que des précipitations (entre 200 et 600 mm par an). La faune et la flore sont similaires sur tout le territoire du Sahel. Ce climat a forgé des habitudes humaines, par exemple l’agriculture pluviale y est très difficile et peu productive. Les modes de vie sont de deux types différents, les nomades qui assure la liaison avec le Sahara et les territoires au-delà du désert, et les sédentaires qui pratique le pastoralisme, il s’agit de l’interdépendance entre un berger et son troupeau. Sur les territoires les plus septentrionaux du Sahel, le nomadisme prime tandis que les sédentaires sont plus nombreux au centre et au sud de la bande sahélienne.
Quel est le passé du Sahel ?
L’influence du climat :
Météogologiquement, le Sahel vacille entre sécheresses et précipitations généreuses (à la mesure de l’aridité de la zone), cette alternance a d’importantes influences sur les hommes du Sahel.
En effet, la sécheresse est accompagnée de disette, d’une baisse de la natalité et de conflits pour l’acquisition des ressources hydriques.
Par exemple le lac Tchad est un lac où se jettent deux grandes rivières, par le passé il a pu atteindre une taille d’un million de mètres carrés en période humide et ne plus exister du tout lors des longues sécheresses. Depuis 50 ans il a perdu 90% de sa superficie. Ces changements de climats favorisent l’accroissement des populations en période prospère/humide, mais font se rapprocher et condenser ces populations en période de sécheresse, générant des conflits pour l’accès aux ressources.
Une période humide a eu lieu au début des années 90 au Soudan, faisant sauter la croissance de population, mais une forte période de sécheresse l’a immédiatement suivi, entraînant famine, divisant la natalité par 2 en 6 ans, passant de 4,4% à 2,2%.
Nous pouvons donc dire que le Sahel vit au rythme de son climat.
Marques d’empires :
Le Sahel a été très marqué au cours de son histoire par les empires. Ces empires et leurs Histoires ont encore un impact sur le présent que ce soit au niveau des lieux de pouvoir et des conflits ethniques. Mais il faut aussi prendre en compte les effets de la colonisation européenne et notamment française.
En plus d’être les points de départ des routes des oasis, dont nous reparlerons par la suite, Tombouctou et Gao ont été les sièges des capitales de grands empires régnant sur le Sahel ce qui leur a apporté prospérité, rayonnement culturel et intellectuel dans la région.
Cependant ces empires ont aussi créé des tensions entre les ethnies. Ils sont tous fondés sur la domination d’une ethnie par une autre. Et se sont propagées soit en dominants d’autres ethnies soit en les massacrants. (Illustrable notamment par l’empire Songhaï qui a massacré Peuls et Touaregs pour asseoir sa domination.)
La colonisation française a suivi ces épisodes sanglants et de domination. Les controverses sur les effets positifs et négatifs de la colonisation sont d’actualités. En effet, de par sa présence, la France a permis une pacification de la zone et apporté certains savoirs et développements. Mais elle fut également la source d’un déplacement des lieux de pouvoir, de découpages territoriaux aberrants, d’ingérence et d’autres maux lié à des contacts forcés avec l’Occident.
Commerce transsaharien:
Le commerce transsaharien c’est développé très tôt. Dès l’antiquité, “la route des oasis” était exploitée pour apporter ivoire, plumes exotiques, esclaves aux grandes civilisations méditerranéennes. Cependant le commerce transsaharien a réellement connu son apogée entre le XIII et le XVIe siècle, remontant sel, or et esclaves vers le Maghreb et l’Europe. Cet apogée a notamment conduit à l’essor de Tombouctou et Gao. Ces deux villes étant le carrefour des routes traversant le désert, elles sont donc devenues de très importantes places commerciales. Mais ce réseau a aussi permis leur rayonnement à travers tout le désert renforçant leur rôle géopolitique.
Cependant l’essor du commerce maritime a réduit l’attractivité de ces voies commerciales pour le commerce classique, légal.
Les religions :
Toutes les populations de la zone étaient historiquement animistes. C’est-à-dire qu’elles croyaient à la présence d’esprit dans les objets et formes vivantes, les génies (djinn), la religion musulmane et le catholicisme sont apparus ultérieurement.
Le catholicisme c’est principalement répandu par le sud avec le colonialisme portugais, puis est réapparu lors de la colonisation française.
La religion musulmane s’est fortement répandue à partir du Xième siècle à travers les empires (pour unifier les différentes ethnies, les musulmans ne pouvant normalement par tuer d’autres musulmans). Mais surtout à travers le commerce transsaharien. En effet un musulman ne pouvant asservir en esclavage un autre musulman, la traite d’esclaves permit l’essor de la religion musulmane dans la région, les locaux se convertissant afin d’échapper à l’esclavagisme.
Tout ceci permet de comprendre la modération religieuse des populations vivant historiquement dans cette zone. Car nous sommes face à des populations avant tout profondément animistes, qui ont adapté leurs croyances initiales aux religions imposées par des dominants.
Les fanatismes religieux présents actuellement dans la zone sont principalement dus à des entités rebelles extérieures, ayant pris l’étiquette du djihad pour être plus attractifs au niveau international et attirer des nouveaux combattants. Exemple : l’AQMI, issue d’un mouvement algérien qui a été amené à migrer dans le désert suite aux répressions de 1996, s’est raccrochée à Al Quaïda en 2007 pour avoir une visibilité internationale.
Tout cela permet de voir que l’histoire a joué sur :
- la répartition des populations (climat, empires, commerce transsaharien)
- l’importance des mouvements identitaires (conflits inter-ethniques, conflits religieux)
- l’image divisante/unissante des forces extérieures (colonialisme)
La Sahel d’aujourd’hui: processus et enjeux
Tous les états de la bande sahélienne ont de nombreuses similarités, nous allons aborder les principales pour essayer de montrer pourquoi cette zone a été incluse dans “l’arc de crise” du Livre Blanc sur la Sécurité et la Défense Nationale de 2008.
Les états et leurs spécificités :
- Géographie : Ce sont des états très étendus, et pour la plupart enclavés, présentant des densités de population très variables (très faibles dans les domaines désertiques et sahéliens, fortes dans les domaines soudanais). Leurs frontières sont coupées au couteau, séparant certaines ethnies et ne prenant pas en compte les populations nomades.
- Ressources : Ce sont des états aux ressources minières/pétrolifères abondantes, mais très inégalement réparties sur le territoire et dont l’exploitation est très souvent confiées à des pays étrangers.
- Utilisation des ressources : Ce sont des états sous-développés, dont les IDH figurent parmi les plus faibles de la planète. De plus, les ressources générées par les états sont généralement mal utilisées et ne ciblent pas les secteurs en ayant le plus besoin (santé, éducation, justice, forces de l’ordre, infrastructures), lorsqu’elles ne sont pas directement détournées par les individus peu scrupuleux au pouvoir.
Les problèmes d’ingérence :
L’ingérence c’est : « S’introduire indûment dans quelque chose, intervenir sans invitation » (Larousse)
Les pays de la zone sont fortement marqués par des problèmes d’ingérence, pourquoi :
- Les États du Sahel sont faibles socialement, militairement et politiquement:
- Socialement, comme dit précédemment, les ressources sont mal utilisées et ne permettent pas le développement des pays. Incidemment, ce manque de gouvernance ne permet pas que le peuple soit en adhésion avec les gouvernements en place.
- Militairement, il y a peu d’États dans le Sahel qui possède une armée assez puissante pour assurer la stabilité du pays. L’armée du Mali compte moins de 15 000 hommes pour un pays d’un million deux cent quarante mille kilomètres carrés. Soit moins d’un militaire tous les 82km², qui pour la plupart ne sont pas armés convenablement. (Voir la vidéo de l’armée du Mali en entrainement)
- Politiquement, dans le coeur des hommes du Sahel, le nationalisme est quasi-inexistant, les logiques d’appartenance sont ethniques, tribales ou claniques. Tout cela est accentué par les politiques des dirigeants qui servent en majorité les intérêts de leurs ethnies.
- Les trafiquants sont très puissants :
Le commerce transsaharien classique a été repensé par les trafiquants en tout genre. Les anciennes routes du sel, de l’or et des esclaves voient maintenant transiter les drogues, les armes et les hommes.
Les narcotrafiquants arrivent depuis l’Amérique du Sud par le Cap vert, la Guinée Bissau, ou le Ghana et cherchent en utilisant les routes transsahariennes à atteindre le marché européen. Pour cela ils paient tous ceux qui soutiennent ce marché, et ceux-ci sont rarement du côté du pouvoir en place. On se retrouve donc avec des ethnies étant de très puissant contre-pouvoir (ex : Ballantes en Guinée Bissau) et on retrouve des entités comme AQMI/Ansar Dine qui, contrôlant les routes transsahariennes (et les aéroports de la zone), deviennent des piliers de ce trafic et se rémunèrent ainsi.
- Car les pays occidentaux ont un rôle ambigu :
En effet, les pays occidentaux créent des infrastructures et des emplois tout en envoyant des aides humanitaires, mais exploitent d’autre part les ressources de la zone pour leur propre intérêt. La position à tenir est donc toujours ambiguë, à quel niveau est-ce de l’ingérence ?
2003 à Aujourd’hui : Le conflit du Darfour :
C’est sur un fond de guerre civile entre le pouvoir central de Khartoum et l’actuel Soudan du Sud, que s’est joué le conflit au Darfour en 2003.
Ce conflit, opposant le pouvoir central de Khartoum contre des ethnies du Darfour, a de multiples causes : forte sécheresse, mouvements de population, et désirs d’indépendance.
Omar El Béchir, le président de la république du Soudan, qui vend 80% de son pétrole à la Chine, mène ces combats au Darfour grâce aux Janjawids, une milice guerrière se considérant comme arabe. Cependant une des ethnies, les Zaghawas, qui a été massacrée entre 2003 et 2005, est présente de l’autre côté de la frontière, au Tchad, c’est d’ailleurs l’ethnie du président du Tchad. C’est ainsi que le conflit s’étend au Tchad en 2006, le Tchad alimentant en armes les ethnies rebelles au gouvernement de Karthoum, celui-ci alimente en armes les ethnies rebelles au président du Tchad. En outre, les ethnies en question, étant aussi présentes en Centrafrique le conflit s’y étend.
Nous sommes donc depuis 2006 dans un conflit qui s’est étendu sur ces trois pays. La France est, depuis 2006, présente au Tchad et en République Centrafricaine. L’intervention n’est pas toujours qualifié de la même manière, tout dépend du point de vue observé, mais l’objectif serait de contenir le conflit pour qu’il ne s’étend pas plus. Pour cela la France est présente militairement et surtout au travers d’interventions humanitaires.
2012-Aujourd’hui : Le Mali :
En 1960, le Mali acquiert l’indépendance.
Le pays a des frontières ne correspondant pas aux réalités humaines. Les Touaregs au nord voient le pouvoir quitter les mains des colons français, qui assuraient la stabilité, au profit des ethnies du Sud, à Bamako. Ainsi les intérêts des Touaregs se retrouvent sacrifiés pour des intérêts énergétiques.
Et trois ans plus tard, en 1963 commence la première révolte des Touaregs contre l’état malien, mais ils n’ont pas les moyens de leurs ambitions indépendantistes et perdent en 1964.
Au début des années 1990, les Touaregs, mieux équipés, reprennent leurs actions sécessionnistes avec une ampleur croissante ce qui mène, en 1995, sur un traité de paix. Symboliquement le chef des Touaregs jette ces armes au feu pour marquer la fin des hostilités, le traité de paix reconnaît les Touaregs ainsi que leurs intérêts, des réformes économiques leur sont promises et les combattants Touaregs sont intégrés à l’armée régulière.
Les réformes étant trop lentes ou inexistantes, les conflits redémarrent en mai 2006, mais avec la médiation de l’Algérie un accord est signé en Juillet 2006. Cependant, en 2007, les combats reprennent, et, en 2009, un accord de paix est à nouveau trouvé.
Le conflit de 2012 au Mali, n’est donc en rien une nouveauté. Les tensions entre Touaregs et les forces armés existent depuis plus de 50 ans et aucun des accords signés n’a apporté de solutions.
En 2012 le MNLA, Mouvement National pour la Libération de l’Azawad, auquel se sont joint les mouvements salafistes Ansar Dine et AQMI prennent le contrôle de villes dans le nord du pays. Profitant de l’agitation une partie de l’armée, les bérets verts du Capitaine Sanogo, font sécession et renverse le pouvoir en place.
Cette instabilité profite au MNLA et aux groupes islamistes qui arrivent rapidement à prendre Gao puis Tombouctou. Cependant le MNLA désirant seulement l’indépendance de l’Azawad, considère son objectif atteint lorsque la ville de Tombouctou est prise.
Mais les mouvements islamistes veulent l’application de la charia et étendre leur domination plus au sud. Les deux mouvements finissent ainsi par s’opposer et les islamistes expulsent les membres du MNLA de Tombouctou et des principales villes de l’Azawad.
En 2013, l’ancien président passe par l’ONU pour appeler une intervention militaire de la France. Cette intervention commencera dès le lendemain, après consultations de présidents Africains ; ce sera l’opération Serval.
La région est reprisé rapidement, notamment grâce à l’intervention française et l’intervention tchadienne. Depuis, le maintien de la paix est assuré par l’ONU.
Bien que le conflit soit aujourd’hui apaisé, ces causes sont toujours existantes. Et par ailleurs les “perdants” de la première phase du conflit ont l’esprit de revanche. Et pour l’exemple, une fois que les villes de l’Azawad ont été récupérées, les troupes maliennes ont voulu persécuter les habitants de celles-ci (la situation à Gao a illustré ceci). La France a ainsi dû faire pression sur son allié d’hier, le gouvernement du Mali, pour que ces persécutions n’aient pas lieu.
Horizon 2030, quel avenir pour le Sahel ?
Nous répondrons à notre problématique, à l’horizon 2030, en la présentant sous deux axes : Maintien dans l’arc de crise, Sortie de l’arc de crise. A cet effet, l’on se penchera tout d’abord sur l’influence du climat en se basant sur une carte prévoyant l’évolution de la production céréalière dans la région d’ici 2080. Cette carte provient du GIEC, il s’agit du scénario moyen de leur prévision.
Sur cette carte nous pouvons voir une épaisse bande rouge indiquant que d’ici 2080 la production céréalière de cette bande sud sahélienne devrait diminuer de 50% ou plus. Cette baisse pourrait impliquer une forte migration des populations vers le sud là où les ressources seront plus abondantes. Et qui dit migration de populations vers le sud entend condensation des populations et des ethnies sur un même territoire. La raréfaction des ressources céréalières pourrait donc entraîner de nouveaux conflits.
Mais revenons à nos scénarios qui sont à l’horizon 2030 et non 2080.
Si nous imaginons que le Sahel reste dans l’arc de crise à l’horizon 2030, nous émergeons sur une question : L’arc de crise restera-t-il contenu au Sahel ?
- Oui : Car la France et les autres pays développés ont leurs intérêts dans les pays de la zone. Ils pourraient donc intervenir pour endiguer les conflits. Comme a pu le faire la France en s’implantant au Tchad et en Centrafrique pour endiguer le conflit du Darfour; ou ce qu’elle a pu faire au Niger pour renforcer les frontières et s’assurer ainsi que le conflit du Mali n’atteigne pas les mines d’uranium.
- Non : Comme on l’a vu au Darfour, les ethnies étant fréquemment réparties sur plusieurs pays, des conflits inter-ethniques peuvent se répandre comme une traînée de poudre aux pays voisins;
- Non : Nous pouvons aussi penser aux mouvements islamistes, qui s’enrichissant par les trafic, peuvent s’armer et régner en maître sur les zones les moins peuplées, et représenter de réels contre-pouvoirs dans ces vastes régions ;
- Non : La baisse de la production céréalière permettrais aussi un élargissement des conflit aux pays limitrophes du Sahel.
Nous allons maintenant présenter plusieurs scénarios optimistes visants à sortir le Sahel de l’arc de crise (ce qui n’est pas forcément un objectif recherché par les puissances extérieures à la zone.)
- Le renforcement de l’Etat Nation : Ce scénario aurait pour but d’unifier les individus sous une bannière nationale plutôt que sous celle des ethnies. L’ethnie disparaissant, les conflits séculaires entre celles-ci aussi. Mais tout cela est en l’état actuel des choses, peu réaliste et difficilement réalisable. En effet il faudrait que le pouvoir en place soit reconnu par son peuple qu’il s’appuie sur des structures publiques fortes auxquelles la population pourrait raccrocher son identité. Par ailleurs, il faudrait que ces états renforcent leurs prérogatives régaliennes (une armée et une justice plus efficace) pour contrer les trafiquants et mouvements islamistes armés ainsi que combattre la corruption. Cependant, comme l’exemple de la Libye nous l’illustre, un pays avec un fort développement économique et un état relativement solide ne protège pas d’un conflit civil. La solution de l’Etat Nation est donc une solution pour le long terme donc les bénéfices peuvent facilement être annulés. L’exemple Tunisien est quand à lui plus positif.
S’il y avait un redécoupage des frontières, prenant en compte les diversités ethniques des régions, il y aurait plus de chance qu’un état nation puisse être créé et puisse devenir stable au cours du temps. Même lorsque les frontières sont redessinées, la stabilité n’est pas assurée. Le Soudan du Sud nouvellement indépendant, hier uni contre Khartoum, est aujourd’hui en situation de guerre civile.
- Le fédéralisme : elle pourrait être une bonne solution, qui a d’ailleurs été proposée par la France au Mali. Elle permettrait d’offrir une semi-liberté à des populations se sentant persécutées ou ignorées; et une meilleure distribution des ressources sur les territoires. Cependant pour les ethnies au pouvoir dans ces pays c’est rarement une question qui se pose, étant donné que les principales ressources minières sont généralement sur le territoire de la population minoritaire. Dans tous les cas, si le Sahel veut sortir de l’arc de crise d’ici 2030, ce sera sûrement la solution la plus viable, qui permettrait par ailleurs de mettre en échec les mouvements islamistes armés.
Notre sélection de scénarios :
Dans une émission de 2011, “le dessous des cartes”, l’on éstimais qu’à l’horizon 2030 l’arc de crise comprendrait toujours le Sahel mais ne s’étendrait pas au pays de la zone.
Pour nous le scénario le plus probable est effectivement que le Sahel, du fait de son enclavement et de la mauvaise répartition de ses ressources, reste dans l’arc de crise. Mais nous pensons que malgré l’intervention des pays développés l’arc de crise s’étendra au Sud du Sahel.
Et ce, d’une part à cause du réchauffement climatique et de la désertification des sols (et au pompage agricole des nappes phréatiques dans le désert), les aides humanitaires réduisent les mouvements de population mais ne peuvent pas les contenir indéfiniment, et d’autre part à cause des conflits d’intérêts des pays développés, et à leur très fort pouvoir d’ingérence sur ces pays faibles économiquement.
Cependant, nos scénarios pour la Mauritanie et le Soudan (région du centre au nord), de part leur accès à la mer, sont moins pessimistes, d’ailleurs ce sont les deux pays de la zone qui ont eu la meilleure croissance de leur IDH de part leurs fortes ressources pétrolifères. [Bien que pour le Soudan la solution ne soit toujours pas trouvée, et que son “président” soit sous deux mandats d’arrêt internationaux, dont l’un d’eux pour crime contre l’humanité]
Et la France, sous la pression de l’opinion publique et les coupes dans les budgets de l’armée, pourra-t-elle continuer à appliquer une politique extérieure forte ?
Par ailleurs, les conflits récents en Syrie, Irak et Lybie, nous ont montré que les rangs des organisations islamistes avaient la capacité de se concentrer en certains points.
Et que par le développement des nouvelles technologies, le panier de nouveaux combattants est non plus locaux mais international.
A l’heure où nous cherchons à étouffer ISIS, nous pouvons réfléchir à ce que deviendront ces combattants très mobiles lorsque la région Turquie, Syrie, Irak, Kurdhistan trouvera un nouvel équilibre, viendront-ils engrossir les rangs des mouvements islamistes au Sahel (AQMI, Boko Haram, etc) ?
Sources :
- Le dessous des cartes
- Courrier international
- Le monde diplomatique,
Stéphane PERRIOT, Hippolyte LE MEUR