La Guerre Froide entre Arabie Saoudite et Iran

a. Pourquoi parle-t-on d’une guerre froide ?

Parce qu’il peut être fait un parallèle entre à l’époque les Etats-Unis et l’URSS, qui représentaient deux visions opposées, les capitalistes d’un côté, les communistes de l’autre, et qui exerçaient des zones d’influence chacun de leur côté. Aujourd’hui, si l’Iran et l’Arabie Saoudite sont deux pays islamiques, ils appartiennent à deux branches différentes de cet Islam: le sunnisme pour les saoudiens et le chiisme pour les iraniens. Et à chacun donc d’exercer son pouvoir d’influence. Alors que Riyad a le soutien des monarchies du Golfe, du Maroc ou encore des occidentaux, Téhéran soutient le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien, et lutte contre l’ordre occidental. Cette rivalité pousse ces deux Etats à concourir pour la stature de plus grande puissance régionale. Ils se livrent donc premièrement à une guerre d’image dans laquelle Téhéran tente de stigmatiser le pouvoir saoudien et leur prête un comportement de despote tandis que l’Arabie Saoudite, par le biais des médias de la région qu’elle domine globalement mais jamais en personne, remet en cause la crédibilité de l’Iran tant sur le plan économique, social que sur le plan de sa doctrine politique.

b. Les terres d’affrontements

Mais cette guerre froide connaît également des affrontements directs plus marqués. Au Bahreïn, les révolutions des chiites contre le gouvernement sunnite se multiplient. Cela a poussé les saoudiens à intervenir militairement, tandis que les iraniens soutiennent les rebelles chiites. En Syrie, alors que le début du conflit fût marqué par la révolte des sunnites contre la communauté des alaouites qui dominaient avec la famille Al Assad, les iraniens ont soutenu, avec le Hezbollah, les alaouites, l’alaouisme étant une branche du chiisme. Ce soutien a provoqué la colère globale des sunnites. Les saoudiens ont donc pris position dans ce conflit, une opposition par principe à l’Iran, et la Syrie est désormais une terre d’affrontements entre sunnites et chiites, et surtout entre Riyad et Téhéran.

c. La crainte du nucléaire et les horizons du conflit

Il convient d’abord de comprendre les raisons pour lesquelles l’Iran ressent le besoin de se doter de l’arme nucléaire.A l’issue de la seconde guerre mondiale, les alliés ont tous des revendications sur l’Iran du fait de sa position stratégique au niveau du détroit d’Ormuz et de ses richesses en hydrocarbures. Au début des années 1950 la région est instable et les pays du tiers monde en cours d’alignement sur les blocs soviétique et américain. Les américains et les anglais craignent qu’un gouvernement ne nationalise les activités pétrolières et que l’instauration du socialisme ne donne à la Russie l’accès aux ressources iraniennes et un accès aux Mers du Sud. Ils soutiennent le Shah, désorganisent les courants politiques alternatifs et lui permettent de rétablir un régime autocratique et autoritaire. Pendant les années 1950 et 1960, les occidentaux investirent beaucoup dans les exploitations iraniennes. Ce qui, en plus des revenus des exportations d’hydrocarbures, permit au Shah de conduire une modernisation accélérée de l’industrie. Sa politique, développant l’autorité et la responsabilité de l’Etat au détriment du clergé chiite dans de nombreux domaines, bouleverse la société dans ses racines et est largement contestée. A partir de 1963, malgré une répression violente des émeutes qui ont eu lieu de plus en plus souvent, le mécontentement de la population parait de plus en plus évident car la population souffrait d’un manque de liberté et voyait d’un mauvais oeil le décalage entre leur niveau de vie et celui du pouvoir en place qui transparaissait dans le faste des évènements nationaux comme la célébration des 2500 ans de Persépolis en 1971. L’Iran est aujourd’hui une république islamique instaurée après la révolution de 1978. A la tête de son gouvernement figure le guide suprême, un Ayatollah c’est à dire un chef religieux chiite. Le premier que connut cette république fût celui qui mena la révolution notamment sur le thème du besoin de renforcement du pouvoir religieux et la dénonciation du pillage des ressources opéré par les occidentaux, Rouhollah Khomenei. Il nationalisa les ressources pétrolières. S’en suivirent des sanctions économiques de la communauté internationale. Ces sanctions ont toujours cours en 2013 et tous les pays frontaliers de l’Iran ont pour différentes raisons des bases militaires américaines sur leur sol (Annexe 5 : Les bases militaires américaines au Moyen-Orient). De nombreux experts estiment alors que si l’Iran cherche à se doter d’une force de frappe nucléaire c’est dans le but de sanctuariser son territoire menacé d’ingérence au regard de son histoire et de sa situation actuelle en s’offrant l’arme de dissuasion massive et non dans celui d’entamer une guerre avec les pays avec lesquels il est en rivalité. La communauté internationale prend néanmoins cette menace très au sérieux. Le changement de gouvernement d’août dernier donne lieu à de nombreuses rencontres avec le gouvernement Iranien pour tenter d’encadrer son programme nucléaire civil. Parmi les pays de la région, seul le Pakistan en est doté mais Israël bien que les institutions internationales ne le reconnaissent pas publiquement disposerait aussi de la force de frappe nucléaire.

Sources

– L’Arabie Saoudite, le pèlerinage et l’Iran d’Ignace Leverrier, publiée par CEMOTI- http://cemoti.revues.org/137#tocto1n9 – lemonde.fr – saphirnews.com

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