La société internationale voit dans la division de la péninsule Coréenne le dernier vestige de la guerre froide. A l’image de la réunification Allemande, beaucoup imaginent le futur d’une Corée unie. Or dans les faits, les deux Corées n’ont jamais été aussi éloignées l’une de l’autre.
Depuis longtemps, La Corée est un Etat convoité. En effet, sa situation géographique en a fait un territoire à la lisière des différentes puissances asiatiques, chinoise, japonaise, mais aussi russe et américaine. Ses richesses mais surtout sa position stratégique au bord de la mer de Chine qui n’ont cessé d’attirer les convoitises. Semblant aujourd’hui loin des conflits qui caractérisaient la guerre froide, la péninsule Coréenne est partagée par deux Etats aux intérêts très divergents et surtout aux politiques contradictoires. Loin d’être débarrassées de l’influence et des convoitises de ses voisins, les Corées se retrouvent une nouvelle fois au centre de leurs intérêts.
La péninsule Coréenne est « Un lapin regardant vers l’Ouest ». Sa largeur est de 360 kilomètres. Le pays est bordé par la mer Jaune à l’Ouest et la mer du Japon à l’Est (e.g. Annexe 1). Au Nord, la Corée partage une frontière avec la Chine, longue de 1311 kilomètres et objet de toutes les convoitises. La péninsule Coréenne est un emplacement idéal pour commercer avec la Russie, le Japon, la Chine et l’Asie en général. C’est un emplacement convoité par les pays voisins pour lutter contre leur enclavement ainsi que pour verrouiller les mers. (e.g. Annexe 4)
Au niveau des ressources, la Corée est un territoire composé à 70% de montagnes, riches en ressources importantes et stratégiques. Ces ressources se concentrent principalement au Nord du Pays, à l’emplacement de la Corée du nord actuelle. On y trouve par exemple du tungstène, de la magnésite, de l’anthracite, du fer et de l’or. Au Sud, on trouvera plutôt des terres agricoles. La Corée du Nord compte 23 millions d’habitants et la Corée du Sud en compte plus du double, soit 50 millions.
Depuis 67 ans, la nation Coréenne est déchirée. Si l’on a constaté dernièrement un effort des deux gouvernements en faveur d’un rapprochement, l’avenir des deux Corées ne semble pour autant pas encore tracé. Si certains voient le réchauffement des relations comme les prémices de la création d’un seul et nouvel Etat Coréen, d’autres considèrent qu’une réunification à l’instar des deux Allemagnes est improbable. Il est donc légitime de se demander en quoi le rapprochement des deux Corées devient-il de plus en plus envisageable ?
I. La Corée : un passé marqué par les invasions, les annexions et les protectorats
- La Corée, un pays toujours dominé
L’unification politique de la Corée s’est faite au IVème siècle grâce à la Chine, qui apporta son aide au royaume de Silla pour prendre le dessus dans une péninsule, durant l’époque connue comme celle des “Trois Royaumes de Corée”.
Dominée par la religion confucianiste, la Corée – dotée d’une forte classe de fonctionnaires lettrés – invente la céramique et l’imprimerie. Au Xème siècle, à cause du déclin de Silla, la dynastie de Koryo s’empare du pouvoir.
Au XIIIème siècle, les Mongols envahissent la Corée puis réclament l’aide du pays pour conquérir le Japon. Cet objectif ne sera jamais atteint et la Corée essuiera de nombreuses pertes. Pour la Corée, cela signe le début d’une succession d’invasions et d’annexions. Au XVème siècle, la Corée réussit à reprendre son indépendance et la dynastie des Yi, utilisant le néoconfucianisme pour asseoir son pouvoir, maintient la paix en Corée jusqu’à l’annexion du pays par le Japon en 1910. Ce sont les Yi qui doteront la Corée d’un alphabet national et qui établiront la frontière du pays sur le fleuve Yalu. Cette frontière est encore celle en place aujourd’hui, à la limite de la Chine.
Au XVIIIème siècle, la Corée devient un Etat vassal de la Chine, dominée par les mandchous qui pénètrent le pays. A force d’invasions successives, la Corée voit ses richesses pillées, ses temples incendiés, et ses technologies transférées. Le pouvoir politique Coréen est au plus mal également. Cela explique que la Corée, au XIXème siècle, se ferme au monde extérieur à l’exception de la Chine, son tuteur. La Corée ira jusqu’à brûler ses terres le long des côtes et des frontières afin de dissuader les envahisseurs potentiels. Considérant tout ce qui vient de l’extérieur comme une malédiction, la Corée refuse tout contact avec les occidentaux (« Royaume ermite »). Cependant, l’arrivée du Christianisme via la Chine entraine de violente répression contre les convertis et les prêtres. Les pays occidentaux (dont les Etats-Unis et la France) y trouvent une raison d’augmenter leur pression envers la Corée. La Russie réclamant aussi l’ouverture des relations commerciales de la Corée, cette dernière cède en 1880 et se voit contrainte de signer des traités commerciaux avec les principales puissances de l’époque.
Fin XIXème, « coincée » entre la Chine et le Japon, la Corée devient le terrain des affrontements de ces deux pays. C’est la défaite chinoise qui permet, en 1895, l’indépendance de la Corée qui signe avec les puissances voisines des accords. Début XXème, le Japon affronte la Russie et l’emporte. La Russie est obligée de reconnaître le protectorat japonais sur la Corée. En 1910, le Japon annexe tout simplement la Corée qui restera une colonie japonaise jusqu’à la fin de la 2nde guerre mondiale. Pendant ces années de domination japonaise, la Corée s’industrialise rapidement mais cela s’accompagne de violence envers les femmes et de travail forcé pour les hommes. De plus, la répression de la culture Coréenne par les japonais a également mené au fort sentiment antijaponais qui perdure encore aujourd’hui.
- La création des deux Corée
La partition de la Corée s’est amorcée avec la défaite du Japon en 1945, à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Lorsque le pays libéré d’une colonisation Japonaise qui durait depuis trente-six ans, a été placé sous la tutelle des grandes puissances victorieuses. Les accords de Yalta divisent la Corée : le contrôle militaire de la zone sud a été attribué aux Etats-Unis et celui de la zone nord à l’Union soviétique. La division se fait au nord et au sud du 38ème parallèle. Cela donne naissance à deux Etats (e.g. Annexe 2) :
- La République de Corée au sud (capitale : Séoul) dirigée par Syngman Rhee, proclamée le 15 août 1948
- La République démocratique populaire de Corée (capitale : Pyongyang) dirigée par le secrétaire général du Parti des travailleurs, Kim Il-Sung, proclamée un an plus tard.
Cependant, la division de la péninsule va aboutir, non pas à la paix recherchée, mais à une guerre dès 1950. Dans la nuit du 24 au 25 juin 1950, les soldats nord-coréens franchissent la ligne de démarcation entre les deux Etats. La Corée du Nord, depuis le début de son existence, a toujours proclamé que son objectif était la réunification des deux Corées en un seul et même Etat. Trois jours plus tard, Séoul tombe entre les mains des communistes. S’en suivent des affrontements entre Corée du Nord et du Sud afin de récupérer des territoires perdus. La Corée du Sud bénéficiera de l’aide des Etats Unis sous couvert des Nations Unis. La Chine va quant à elle va aider la Corée du Nord à mener des offensives. Il va en résulter un des conflits des plus meurtriers depuis la Seconde Guerre Mondiale. La frontière le long du 38ème parallèle va se déplacer au nord ou au sud, suivant le déplacement du conflit pendant cette période. En 1953, la guerre se termine sans vainqueur ni vaincu, avec une démarcation entre les deux Corées résultant des offensives successives des deux camps. C’est l’armistice de juillet 1953 qui mettra fin aux trois années de guerre et fixera le 38e parallèle comme ligne de démarcation militaire. (e.g. Annexe 3)
Depuis 1953, les deux Corées ont suivi des chemins différents. La Corée du Nord s’est repliée sur elle même tandis que la Corée du Sud s’est insérée dans l’économie mondialisée. Aujourd’hui, la Corée du Nord fait partie des Etats les plus fermées au monde tandis que la Corée du Sud compte parmi les grandes puissances économiques d’aujourd’hui. Cela explique pourquoi il existe aujourd’hui deux réalités (économique, politique, sociale…) complètement différentes entre les deux Corées.
II. La Corée : une partition forcée, deux directions opposées.
- La Corée du Nord, un vestige de la guerre froide
La Corée du Nord est aujourd’hui le système politique le plus totalitaire au monde (peut être même le seul si l’on reprend la définition stricte du totalitarisme : un système politique dans lequel l’Etat et la société sont considérés comme un tout indissociable. La RPDC (République Populaire Démocratique de Corée) c’est le Djoutché et le Songun. Le Djoutché, inventé par Staline, correspond au « socialisme d’un seul pays ». C’est un communisme nationaliste. Le Songun quant à lui donne la priorité à l’armée dans la construction de ce régime.
La Corée du Nord signifiait et signifie toujours sous certains aspects des frontières hermétiques, une absence de droits fondamentaux de la personne, des famines à répétitions, une éducation idéologique massive mais également misère, corruption… La Corée du Nord est coupée du monde. La RPDC est également le fournisseur du Hezbollah en missiles, une plaque tournante pour des trafics illégaux en tout genre, et l’enfant chéri du communisme chinois.
La Corée du Nord représente aussi une menace quasi permanente pour ses voisins : Pyongyang menace, à chaque contrariété, de faire s’embraser la région. En 2003, le pays quitte les accords de non-prolifération d’armes nucléaires et réalise ses premiers essais dans la foulée. Aujourd’hui, on sait que la Corée du Nord aurait profité des connaissances Pakistanaises et Chinoises, et serait en passe de posséder l’arme nucléaire. Plusieurs tests ou soupçons de test on été détecté, escaladant les tensions entre les pays de la région mais aussi avec les Etats-Unis, garant de la sécurité de la Corée du Sud ou du Japon par exemple.
La Corée du Nord a suivi la voie de la dynastie communiste des Kim. En 2011, Kim Jong Il meurt après 17 ans au pouvoir. Il laisse le pays dans une situation dramatique comme l’a prouvé la famine du milieu des années 90. De plus, la Corée du Nord est considérée comme le « pestiféré » de la communauté internationale. Son fils, Kim Jung-Un a pris la relève d’un Etat où le culte de la personnalité prédomine. A l’époque, au vu de la situation du pays qu’il récupère, les plus optimistes de la communauté internationale espéraient une réunification des deux Corées sur le modèle des deux Allemagnes. Les plus pessimistes voyaient tout simplement arriver la désintégration de la Corée du Nord.
Actuellement, la Corée du Nord a repris des relations « tendues » avec la Corée du Sud, ce qui est une avancée puisque aucune relation entre les deux pays n’avait eu lieu depuis longtemps. La Corée du Nord conserve sa méfiance envers l’extérieur (à l’image du régime soviétique de la guerre froide) et privilégie l’autosuffisance du pays. Elle affirme cependant que l’un de ses objectifs est la réunification de la Corée.
Parallèlement à la Corée du Nord, l’Allemagne de l’Est a elle aussi été créée à la suite d’un conflit. En effet, la fin de la deuxième guerre mondiale sonne le partage du territoire Allemand par les alliés. Les USA, la France et les Britanniques se partagent l’Ouest, et l’URSS garde la partie Est, qui deviendra la République Démocratique Allemande (RDA) appelée communément Allemagne de l’Est. Pendant ce temps là, après la capitulation du Japon en 1945, la Corée du nord se retrouve occupée elle aussi mais par les forces soviétiques, l’Etat de la Corée du Nord sera créé peu de temps après.
On retrouve aujourd’hui des similitudes entre la situation en Allemagne de l’époque et la situation actuelle en Corée. En Allemagne de l’Est, la différence de niveau de vie comparé à l’Ouest était similaire à celle constatée aujourd’hui entre les deux Corées. En effet, l’Etat était très interventionniste et contrôlait tout dans le pays. La politique du parti unique communiste empêchait toute opposition et donc toute évolution, tout comme la Corée du Nord actuellement. De plus, économiquement parlant, la concurrence était inexistante, et donc l’ouverture des marchés par extension l’était aussi. Le régime totalitaire adopté en RDA a instauré l’impossibilité de voyager vers l’Ouest ce qui était aussi très contraignant pour le développement du pays. Les prix et les salaires étaient totalement contrôlés par l’Etat, tout comme en Corée du Nord aujourd’hui. Enfin, l’Allemagne de l’Est pouvait compter avant 1989 sur son grand frère communiste : l’URSS. On retrouve aujourd’hui la même configuration avec la Corée du Nord, définie comme « l’enfant chéri du communisme chinois ».
- La Corée du Sud, une émancipation économique sur le modèle de l’Allemagne de l’Ouest
Aujourd’hui, la Corée du Sud, sous l’influence et avec l’appui des Etats-Unis, est devenu un Etat capitaliste avec une économie de type libérale. Cependant, il est notable de souligner qu’à son indépendante, le régime sud coréen était politiquement autoritaire. La forte corruption et l’inégale répartition des richesses ont conduit en 1980 à une démocratisation du régime. Le pays est désormais ouvert sur le monde, démocratisé et est devenu l’un des pays les plus riches et prospères de la planète.
En effet, la Corée du Sud, très pauvre au début des années 60, a rejoint le cercle des pays industrialisés au côté des 3 autres dragons (Taïwan, Singapour, Hong Kong). Ce changement a eu lieu grâce au développement d’industries intensives en main d’œuvre (comme le textile, l’électronique ou l’automobile) pour l’exportation. La croissance économique (environ 10% par an) a été suivie par une montée de l’individualisme, engendrant des problèmes de renouvellement de génération puisque l’indice de fécondité a grandement diminué.
Actuellement, la Corée du Sud est la quinzième économie mondiale en terme de PIB. Cependant, le pays est très dépendant du commerce extérieur et donc très vulnérable au ralentissement économique des autres pays notamment la Chine et les Etats-Unis. En effet, ce développement de l’exportation était logique pour un pays situé au sud d’une péninsule avec un accès à la mer aussi important. La Corée du Sud bénéficie en effet d’un accès privilégié à ces voisins d’Asie grâce aux mers qui la borde. Le pays se tourne de plus en plus avec le nouveau gouvernement vers une économie de services et d’innovation, car l’activité industrielle ne leur permet plus de tenir un rythme de croissance soutenu.
Tout comme pour la Corée du Nord et la RDA, une comparaison entre la RFA et la Corée du Sud semble naturelle. La Corée du Sud, territoire contrôlé par les Etats Unis, n’est pas sans rappeler la RFA, territoire issus de zones contrôlées par les alliés : la France, le Royaume-Uni et les Etats Unis.
La RFA avait les mêmes caractéristiques que la Corée du Sud d’aujourd’hui. Convaincu que la division de l’Europe sera durable, Adenauer, dès son arrivée au pouvoir, cherchait à intégrer fortement la RFA dans le camp occidental sur un plan tant politique qu’économique et militaire : ouverture des frontières, libéralisation de l’économie, liberté d’expression et liberté de circulation. Le territoire, contrôlé par les alliés mais gouverné par Adenauer, a connu un essor économique comparable à celui de la Corée du Sud à partir des années 60.
Contrôlés et influencés par la culture occidentale, ces deux Etats aux destins similaires se sont retrouvés avec un régime capitaliste qui a permis leur développement économique, à contrario de leurs voisins Est-Allemands et Nord-Coréens, placés sous un régime communiste et régulés par un Etat tout puissant.
Les rapprochements entre les deux Allemagnes et les deux Corées sont inévitables. La scission des deux pays ainsi que le contexte de cette scission (la Guerre Froide) nous prouvent une intention similaire des alliés : contrôler des zones stratégiques. L’Allemagne, au centre de l’Europe servait de « zone de tampon » entre les deux blocs. La péninsule Coréenne, au cœur de l’Asie sert, elle aussi, de protection contre l’invasion communiste ou contre l’influence capitaliste selon le camp que l’on choisit. De plus, de part leur situation géographique, les Corées sont à la fois les gardiens des mers et les responsables de l’enclavement de leurs voisins.
Allemagne et Corée, toutes deux victimes de leur époque, présentent des similarités visibles sur le plan politique et économique. Il est donc légitime de se demander si une telle similarité ne conduirait pas à un destin commun : une réunification pour les deux pays.
III. L’Avenir de la péninsule Coréenne
La péninsule Coréenne est l’objet de nombreux débats quant à son avenir. Certains évoquent une réunification purement et simplement, d’autres une suprématie de la Corée du Sud sur le Nord, ou encore une intervention Chinoise pour le maintien de sa protégée : la Corée du Nord.
- Une réunification sur le modèle Allemand ?
Aujourd’hui encore, les deux Corées sont opposées sur le plan politique et continuent de l’affirmer. Durant toute la durée de la guerre froide on imaginait le pire si la Corée venait à se réunifier. Cependant, au début des années 90, on commence à voir apparaître de nouveaux débats sur une possible réunification, notamment côté Sud-Coréen. Les deux pays ont même créé un ministère chargé d’étudier cette éventualité. En 2000, les deux gouvernements ont par ailleurs signé une déclaration conjointe qui reconnaît leur engagement mutuel envers la réunification de la péninsule.
Malgré tous ces efforts, avec l’élection en 2008 du président conservateur Sud-Coréen Lee Myung-Bak, les conflits réapparaissent (bombardements des îles Yeonpyeong, guerre du crabe etc.). On voit alors 10 décennies de rapprochement partir en fumée. En effet, le ministère de la réunification Sud-Coréen voit en la réunification une absorption de la partie Nord, et justifie cela par l’économie bien plus performante de la Corée du Sud.
On peut encore une fois faire le rapprochement avec la réunification allemande. La RFA, à l’époque déjà bien insérée dans l’économie mondiale, voyait dans la réunification un déséquilibre entre son économie dynamique et l’économie stagnante de la RDA. L’écart entre les deux économies a créé des conflits lors de la réunification surtout lorsque les habitants de l’ancienne RDA ont vu leur niveau de vie se désagréger de part l’absorption de leur monnaie par le Deutschemark de la RFA. Même si, encore aujourd’hui, on trouve des écarts entre l’ex Allemagne de l’Est et de l’Ouest, le pays a su surmonter ces différences économiques au profit d’une union politique et sociale.
Cependant, au niveau socio-culturel, les peuples Sud et Nord-Coréens (malgré un profond souhait de réunification) ne se sentent pas prêts. En effet, les deux peuples ont encore du mal à se comprendre après 60 années de conflits qui rendent difficile tout jugement objectif de leur part : une réunification prématurée pourrait donc donner lieu à une guerre civile. La haine et la méfiance sont accentuées par les deux régimes qui ont à cœur d’affirmer toujours plus fermement leur politique.
Enfin, le Japon est l’ennemi historique de la Corée depuis l’annexion de celle ci. Pour le Japon, la menace coréenne vient du fait que, si les deux Corées se réunifiaient, alors la Corée deviendrait un sérieux concurrent du Japon. De plus, la Corée du Nord a les connaissances nucléaires tandis que le Japon se sent de plus en plus vulnérable au niveau militaire. La Corée du Sud quant à elle a une économie plus dynamique que l’économie japonaise. Tout cela fait que le Japon se sent menacé et ne souhaite pas voir cette réunification.
Avec tous ces éléments, nous pouvons penser que, si réunification il y a, elle ne se fera pas aussi aisément qu’en Allemagne, les fossés économiques et politiques et surtout sociaux qu’ont crées les deux Etats font qu’une réunification pourrait se faire mais non sans douleurs. De plus, un non soutient des pays voisins (notamment le Japon et la Chine qui n’ont pas intérêt à voir cette réunification arriver) ne facilitera pas cette réunification pourtant souhaitée par les pays occidentaux qui y voit un moyen d’absorber une Corée du Nord de plus en plus dérangeante.
- Un effondrement de la Corée du Nord ?
Au cœur des conflits géopolitiques de la région, la possible réunification des deux Corées pose également la question d’un éventuel effondrement de la Corée du Nord.
En effet, la Corée du Sud redoute cet effondrement qui mènerait à une émigration des populations du Nord vers le Sud. La chute brutale du régime Nord-Coréen entrainerait aussi une baisse du dynamisme et de la croissance économique de la Corée du Sud. Enfin, la difficile reconversion de l’économie sinistrée de la Corée du Nord pourrait engendrer une baisse de la compétitivité des entreprises Sud-Coréennes voir même stopper les investissements directs étrangers.
Cependant, la Corée du Sud pourrait trouver son compte dans un possible effondrement du régime de la RPDC. En effet, comme l’exposait le magazine « Courrier International », la Corée du nord et ses « nouveaux riches » pourraient bénéficier à la Corée du Sud. Ces nord-coréens qui se sont enrichis grâce au régime pourrait aider à la stabilisation et la reconstruction économique post-effondrement, ce qui éviterait à la Corée du Sud de perdre sa place dans les rangs des grandes puissances.
De plus, malgré des efforts vers une réunification, la question légitime que l’on peut se poser est si une réunification serait réellement dans l’intérêt de la Corée du Sud. En effet, le Sud justifie la présence militaire Américaine sur son territoire par le fait que la menace nucléaire Nord-Coréenne soit importante. Cela lui épargne des dépenses en matières de défense et lui assure une certaine protection de la part de la communauté internationale. Voir la Corée du Nord s’effondrer engendrerait une non légitimité de la présence américaine sur le territoire ou légitimerait une intervention américaine (voir une ingérence) afin d’aider la Corée du Sud à gérer le flux de migrants venus du Nord.
Peu importe la configuration, si l’effondrement du régime de la RPDC devait avoir lieu, la Corée du Sud aurait alors pour mission de réunifier une population aux destins diamétralement opposés qui n’ont plus le sentiment d’appartenir à une seule et même nation. Cela engendrerait des conflits sociaux mais aussi économiques difficiles à surmonter.
- Une intervention de la Chine ?
Comme évoqué précédemment, la péninsule Coréenne est un enjeu géostratégique disputé par ses voisins depuis des siècles. Loin d’être entériné, cet enjeu transparait encore dans les soutiens que Corée du Nord et du Sud reçoivent chacun de leur côté.
La Corée du Nord et la Chine sont deux alliés naturels. La Chine a, grâce à la Corée du Nord, une « protection » entre elle et la Corée du Sud où se trouvent des militaires américains. Ne pas avoir à se soucier de la Corée du Sud permet à la Chine de concentrer ses efforts ailleurs. De plus, la Corée du Nord est également un rempart contre le Japon et sa concurrence économique. Par ailleurs, la Corée du Nord met à la disposition des Chinois des installations portuaires.
En échange, la Chine fournit la Corée en armes, en énergie, en nourriture et transfert des technologies nucléaires. Tout cela profite largement à la Corée du Nord.
Pour les Etats Unis, contrôler la péninsule coréenne signifie être aux portes de la Chine. Cependant, les Etats Unis savent que la réunification serait trop difficile pour ces deux pays. Ils voient donc en la Chine un acteur clé de l’avancement du changement de régime Nord-Coréen. Pour Washington, seul la Chine aurait un pouvoir assez important sur la Corée du Nord pour contrôler leurs armes nucléaires afin d’endiguer cette menace constate, mais aussi pour ouvrir la Corée du Nord comme la Chine s’est ouverte il y a dix ans.
En conclusion, la péninsule asiatique oscille entre tensions et rapprochement. Aujourd’hui, le rapprochement entre les deux Corée est nécessaire bien plus qu’envisageable. Afin de stabiliser la région, et à long terme de résoudre les problèmes liés à la Corée du Nord, Nord et Sud doivent joindre leurs efforts afin d’œuvrer à une paix durable (bien qu’encore non officiellement déclarée).
Au Nord, Kim Jong-Un, jugé trop jeune pour diriger un pays où le culte de la personne est central, a hérité d’un pays dans un Etat déplorable où famine et misère côtoient les excentricités du dirigeant. Concernant la politique extérieur, Kim Jong-Un s’amuse avec l’arme nucléaire en menaçant de faire exploser la région à la moindre contrariété. Soucieux de légitimer son pouvoir, il va jusqu’à mettre en péril sa relation avec sa grande sœur : la Chine, lors du massacre de Coréens d’origine Chinoise du parti.
Au Sud, Park Geun-Hye, présidente de la République de Corée depuis 2013 doit faire face à l’escalade militaire provoquée par son homologue Nord-coréen. Contrairement à ses prédécesseurs, Park est ouverte au dialogue avec la Corée du Nord bien qu’inflexible en cas d’attaque. Elle maintient les relations avec les Etats Unis, notamment sur le plan militaire. Enfin et surtout, Park a déclaré vouloir travailler « plus étroitement avec la Chine pour résoudre les problèmes liés à la Corée du Nord ».
La priorité pour le moment n’est donc pas, à l’instar des deux Allemagnes, de créer un seul Etat Coréen. Cependant, face à la menace de Kim Jong-Un, une autre forme de rapprochement est un mal nécessaire. La solution ne serait donc pas une réunification qui d’une manière ou d’une autre absorberait la Corée du Nord et son régime, mais plutôt un assouplissement de ce régime nord-coréen afin de contrôler et de stabiliser la région. Le Japon, mais aussi la Chine et la Russie sont en faveur de cet assouplissement qui endiguerait la menace nucléaire nord-coréenne qui pèse tel une épée de Damocles.
La Chine, déjà acteur majeur de la région, va donc surement devoir jouer un rôle crucial dans le changement des relations entre la République Populaire Démocratique de Corée et la République de Corée.
Image d’en-tête issu du journal en ligne “20 Minutes”, lien URL : http://images.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fimg.20mn.fr%2FJLUmzw6tSwmt6PmQ-6Fxxg%2F561x360_zone-demilitarisee-frontiere-entre-deux-coree-cote-coree-sud-septembre-2013&imgrefurl=http%3A%2F%2Fwww.20minutes.fr%2Fsport%2F1580899-20150407-video-coree-nord-tiens-si-allait-courir-marathon-pyongyang&h=360&w=561&tbnid=3SUI_8jeMmoubM%3A&vet=1&docid=8mCQEGe_UdhVFM&ei=SM0tWOWCLsfda8e_qOgP&tbm=isch&iact=rc&uact=3&dur=133&page=0&start=0&ndsp=22&ved=0ahUKEwjlxo2NjrDQAhXH7hoKHccfCv0QMwgeKAMwAw&bih=805&biw=1440
Bibliographie
L’histoire de la Corée
La guerre de Corée: https://www.youtube.com/watch?v=LVrOaGoIgS8
La division du pays
http://www.courrierinternational.com/article/2005/03/01/la-coree-du-nord-existe-t-elle-vraiment
http://www.courrierinternational.com/article/coree-du-nord-le-lourd-bilan-des-purges-de-kim-jong-un
http://www.lemoci.com/fiche-pays/coree-du-sud/
Les Corées : entre guerre et paix, une tension constante
http://www.courrierinternational.com/video/corees-les-lanceurs-de-ballons-vers-la-coree-du-nord
http://www.courrierinternational.com/article/2007/09/27/un-sommet-pour-la-paix
http://www.courrierinternational.com/article/2007/10/05/un-pas-symbolique-vers-la-paix
http://www.courrierinternational.com/article/corees-kim-jong-un-preparez-vous-la-guerre
Les Corées, une réunification possible ?
http://www.courrierinternational.com/article/economie-les-nouveaux-riches-de-coree-du-nord
Les relations avec les voisins
La réunification allemande
http://www.histoire.ac-versailles.fr/old/magazine/goodbyeleninfiche.htm
http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Allemagne_vie_politique_depuis_1949/187076
MEGAN BERENI – ROBIN PUCULEK
Annexe 1
Annexe 2
Annexe 3
Annexe 4