TRADUCTION (Par Camille Rajon)
“Report Cites ‘Devastating Toll’ on Health of Syria’s Children”
1- La présentation du journal.
Le New York Times créé en 1851 est un quotidien new-yorkais généraliste, mais il a également une portée beaucoup plus étendue puisqu’il est distribué internationalement et qu’il est l’un des plus prestigieux journaux américains. Depuis 1919 où il a établi sa première liaison outre-Atlantique le NYTimes a acquis une dimension internationale. D’ailleurs sa rédactrice en chef, la grande journaliste Jill Abramson a été désigné en 2012 par le magazine Forbes comme la cinquième femme la plus influente au monde. Quant à l’éditeur actuel, Arthur Ochs Sulzberger Jr, il appartient à la famille contrôle le journal depuis 1896. Cela montre la stabilité de ce journal et la légitimité qu’il a acquis de par sa durée, les nombreuses récompenses reçues mais surtout le développement de son activité et de ses publications à l’international. Il est aujourd’hui le journal de référence aux Etats-Unis mais aussi dans le monde entier car les autres médias qualifient un évènement en fonction de l’importance accordée par le New York Times. Les articles sont traduits et repris par des journaux internationaux. C’est par exemple le cas du journal français, Le Figaro, qui publie de façon hebdomadaire une série d’articles.
Le journal est organisé en trois grandes sections elles-mêmes divisées à nouveau en différentes parties. La première appelée « News » traite de toutes les nouvelles tant régionales, nationales qu’internationales et concernant tous les domaines. La seconde partie rassemble des pages dédiées aux éditoriaux ainsi qu’une rubrique Op-ed. Enfin, la troisième section est consacrée à des sujets plus légers tels que la littérature, le cinéma, les arts, la culture etc.
2- La présentation de l’original.
L’article traduit a été rédigé par Rick Gladstone, journaliste et éditeur du Bureau « International », du New York Times. Il a donc écrit récemment un article sur la situation en Crimée mais aussi de nombreux articles sur le Moyen-Orient. Son article sur la guerre en Syrie avait déjà été précédé par un article du 23 octobre 2012, intitulé « Syrian troops fire on Aleppo bakery, killing at least 20 ». Après cet article très descriptif des combats, Rick Gladstone a cette fois-ci plutôt choisis de mettre en lumière les personnes oubliées de cette guerre syrienne et qui sont pourtant en première ligne des massacres et des souffrances ; les enfants syriens. Cet article est publié suite à un rapport des grandes associations et organisations telles que Save The Children, qui veulent faire un bilan des difficultés des enfants en ce début de la quatrième année de conflit. Avec son article du 9 mars 2014, l’auteur veut donc faire écho de tous ces rapports qui ont été fait et faire connaitre la situation aux yeux de tous. Il s’agit donc de mettre en lumière la difficulté quotidienne des enfants face à l’affrontement entre le régime toujours très dur de Bachar El Asssad et l’opposition syrienne. Au-delà de la guerre en elle-même, le journaliste met en avant les rapports qui soutiennent l’idée d’un manque de ressources, d’accès aux soins, et plus généralement de l’absence d’un service minimum de santé nécessaire au bon développement des enfants, ce qui est pourtant un droit fondamental. Il n’y a donc pas de parti pris de la part de Rick Gladstone pour une partie du conflit en lui-même. Il dénonce seulement une situation relatée par des recherches scientifiques, ce qui oriente cet article son opposition vers les principaux acteurs du conflit en général, mais lui confère aussi une véritable légitimité dans ses propos.
3- Traduction de l’article.
L’impact de la guerre civile syrienne sur la santé des enfants syriens est radicalement plus insidieuse que ce que l’on pensait, a signalé dimanche, un groupe renommé pour la défense des enfants, avec un nombre considérable de mourants ou d’autres exposés aux maladies chroniques qui s’est développé parce le système public de santé s’est totalement effondré.
Dans un rapport qui coïncide avec le début de la quatrième année de conflit, le groupe Save the Children, a affirmé que les effets des maladies non traitées chez les enfants syriens n’étaient qu’en partie recensé dans les statistiques officielles. Ils démontrent qu’au moins 1.2 million d’enfants ont fuis vers les pays voisins, que 4.3 million en Syrie auraient besoin d’une aide humanitaire et que plus de 10.000 sont morts à cause de la violence.
« Ce ne sont pas seulement les balles et les obus qui ont tué et mutilé les enfants” dit le rapport « A Devastating Toll ». Le conflit, qui a commencé en mars 2011 a laissé un système de santé détruit avec des pratiques médicales brutales qui ont laissé des millions d’enfants souffrir » dit le rapport.
Le rapport certifie que « plusieurs milliers d’enfants » sont morts à cause de l’accès considérablement réduit au traitement contre les maladies comme le cancer, l’épilepsie, l’asthme, le diabète, l’hypertension ou encore l’insuffisance rénale.
Le manque le plus courant pour les soins médicaux, inclut les vaccinations de routine, affirme le rapport, ce qui signifie qu’il y a “ un nombre croissant d’enfants qui souffrent et meurent de maladies qui auraient dû être préventivement traitées ou évitées afin de les empêcher de surgir à la première place ».
Le rapport est en partie basé sur des conclusions tirées de données qui ont été publiées par d’autres organisations, notamment les Nations Unies et l’Organisation Mondiale de la Santé, le Centre Européen pour le Contrôle et la Prévention des Maladies, Médecins sans frontières et d’autres centres médicaux de recherche, mais aussi le gouvernement syrien.
Mais le rapport s’appuie également sur les propres recherches de Save The Children, notamment sur les entretiens avec les enfants syriens, leurs parents et les professionnels de santé qui ont dressé le portrait des conditions médicales archaïques.
Il est dit que dans certaines zones, comme dans la ville assiégée d’Alep, où le nombre de docteurs s’est effondré passant de 2,500 à quelques douzaines seulement, les maisons sont utilisées tels des hôpitaux de fortune, les salons transformés en salles d’opérations.
Le rapport affirme que les professionnels de santé ont souvent amputé des membres d’enfants gravement blessés car ils manquaient de matériel pour les soigner et que l’amputation était la seule alternative possible pour éviter la mort due à une trop grande perte de sang.
La pénurie des analgésiques et du matériel chirurgical est tellement importante, dit le rapport, que dans certains cas, les patients optent pour “être assommé avec des bars en fer par manque d’anesthésie ».
Le rapport cite des exemples de nouveaux nés mourant sous couveuses, à cause du manque d’énergie, et des parents paniqués qui arrivent avec leurs enfants blessés dans les hôpitaux vides et qui mettent eux-mêmes les tubes d’intraveineuse à leurs enfants.
Parce que les services de santé prénataux et les maternités ont été drastiquement réduits ou arrêtés, le rapport évoque un nombre en explosion de naissances non assistées. Une étude est également citée pour montrer que le pourcentage de mères qui accouchent par césarienne a plus que doubler jusqu’à atteindre 45% ces trois dernières années, parce que les femmes ont peur de commencer le travail d’accouchement sans avoir de garantie sur les conditions.
Dans une autre réflexion sur la pénurie de docteurs, le rapport cite l’exemple des docteurs à peine sortis de l’école et qui pratiquent des centaines d’opérations. Dans ce cas, le seul praticien à menacer les enfants était le dentiste.
Le rapport cite une recherche qui est controversée, particulièrement concernant le retour de la polio, un virus handicapant qui avait été éradiqué une bonne fois pour toute en Syrie.
L’Organisation Mondiale de la Santé qui a aidé à coordonner une campagne de vaccination d’urgence contre la polio en Syrie, a défié les résultats de cette recherche controversée, avec Dr Annie Sparrow, sous-directrice de l’Ecole de Médecine d’Icahn au Mont Sinaï à New York.
Elle a affirmé que le nombre de cas et la menace de contamination est beaucoup plus importante que ce que les responsables de l’OMS sont capables d’affirmer.
Misty Buswell, le directeur régional de Save The Children, a affirmé lors d’un entretien téléphonique depuis la Jordanie ce dimanche, que les recherches du Dr Sparrow étaient citées car « c’était un pays qui avait éradiqué la polio qui est ensuite revenue ».
Madame Buswell a dit que le but du rapport de son organisation était d’apporter une attention directe au désastre humanitaire en Syrie, pour pousser le gouvernement syrien et les groupes d’insurgés à accorder un accès d’urgence sans entrave aux civiles syriens, comme cela avait été demandé par la résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies adoptée le mois dernier.
« Ce que nous sommes en train d’observer est que le discours officiel se concentre sur le combat et la situation politique, mais ce que nous voyons manque réellement de sentiment humain », a-t-elle dit. « Trop d’enfants meurent, sont blessés et mutilés, nous voulons donc que ce rapport recentre le débat ».
4- Le commentaire.
Cet article de fond semble nécessaire pour mettre en lumière cette situation pour le grand public. L’aura internationale du journal du New York Times permet une meilleure connaissance mais aussi peut être une prise de conscience importante sur la situation en Syrie. Il est vrai que les nombreuses révolutions ayant eu lieu au Moyen Orient reflètent une situation géopolitique déjà complexe mais aussi parfois difficile à comprendre pour d’autres. C’est pourquoi il est fort intéressant qu’un journaliste du New York Times profite de la portée mondiale du journal pour mettre en lumière un thème précis qui est la santé des enfants dans un pays en guerre. Cet article est d’autant plus touchant qu’il se démarque parmi le flux quotidien d’articles relatant les faits, les nouvelles attaques ou prises de positions des différentes parties. Ce travail a donc une vocation humaniste puisqu’il suscite la sensibilité des lecteurs et met en avant des acteurs de cette guerre qui sont souvent oubliés. Le but de cet article est donc la dénonciation d’une situation latente peut être dans l’espoir de mobiliser la communauté internationale. Mettre en lumière les travaux de recherches permet de saluer également le travail des institutions concernées mais aussi d’encourager et de persuader de l’utilité de tels rapports. L’auteur dénonce donc le besoin de cette génération d’enfants syriens sacrifiés par la guerre d’être aidé, et espère par cette dénonciation la mise en place d’actions pour tenter d’améliorer la situation. C’est d’ailleurs un des rôles du journaliste que de mettre en avant des réalités oubliées et de ne pas toujours mettre en avant la voie officielle. Rick Gladstone se prête de façon exceptionnelle à cet exercice. D’ailleurs, l’article est paru dans la rubrique « Today’s paper » du 10 mars 2014, telle une nouvelle de premier plan, ainsi que dans un format A 4 ce qui montre l’importance que le journal a voulu accorder à cet article. On peut imaginer l’impact d’autant plus grand qu’il a pu avoir sur les lecteurs du monde entier.
5- Annexe – article original:
The Syrian civil war’s impact on the health of Syria’s children is far more insidious than has been widely understood, a leading children’s advocacy group reported Sunday, with large numbers dying or at risk from chronic and preventable diseases that have flourished because the country’s public health system has basically collapsed.
In a report timed to coincide with the start of the fourth year of the conflict, the group, Save the Children, said the effects of untreated illnesses on Syrian children were only partly reflected in the documented statistics. They show that at least 1.2 million children have fled to neighboring countries, that 4.3 million in Syria need humanitarian assistance and that more than 10,000 have died in the violence.
“It is not just the bullets and the shells that are killing and maiming children,” said the report, “A Devastating Toll.” The conflict, which began in March 2011, has left a “shattered health system resulting in brutal medical practices that have left millions of children suffering,” the report said.
A rescue worker carried an injured baby at the scene of a reported air strike attack in Aleppo last month. Credit Fadi Al-Halabi/Agence France-Presse — Getty Images
The report asserted that “several thousands of children” had died because of greatly reduced access to treatment for diseases including cancer, epilepsy, asthma, diabetes, hypertension and kidney failure.
The basic lack of medical care, including routine vaccinations, the report said, means “increasing numbers of children are suffering and dying from diseases that would previously either have been treated or prevented from taking hold in the first place.”
The report is based partly on conclusions drawn from data that has been issued by other organizations, including the United Nations and the World Health Organization, the European Center for Disease Prevention and Control, Doctors Without Borders, and other medical research, as well as from the Syrian government.
But the report also draws on Save the Children’s own research, including interviews with Syrian children, parents and medical providers who painted what amounted to a portrait of medieval health conditions.
It said that in some areas, like the besieged city of Aleppo, where the number of doctors has fallen from 2,500 to only a few dozen, homes are used as makeshift hospitals, “turning living rooms into operating theaters.”
The report said that medical providers often amputated the limbs of children with grievous injuries because they lacked the equipment to treat them and that amputation was the only practical alternative to death from uncontrolled blood loss.
The shortage of painkillers and surgical drugs is so pervasive, the report said, that in some cases, patients opt “to be knocked out with metal bars for lack of anesthesia.”
The report cited examples of newborns dying in incubators because of power cuts, and panicked parents with wounded children who arrive at empty hospitals and attach intravenous tubes to the children themselves.
Because prenatal and maternal health services have been drastically reduced or stopped, the report said, the number of unassisted births has surged. It also cited a study that showed that the percentage of mothers who deliver by means of a cesarean section has more than doubled to 45 percent over the past three years, because women fear going into labor without a secure delivery plan.
In another reflection of the doctor shortage, the report cited examples of doctors barely out of medical school performing hundreds of operations. In one case, the only practitioner to treat children was a dentist.
The report cited some research that is in dispute, notably on the extent of the revival of polio, a crippling virus once thought to have been eradicated in Syria.
The World Health Organization, which has been helping coordinate an emergency polio vaccination campaign in Syria, has challenged the findings of the disputed research, by Dr. Annie Sparrow, deputy director at the Icahn School of Medicine at Mount Sinai in New York. She has asserted that the number of cases and the contagion threat are far higher than what W.H.O. officials have been able to confirm.
Misty Buswell, the regional advocacy director for Save the Children, said in a telephone interview from Jordan on Sunday that Dr. Sparrow’s research was cited because “this is a country that had eradicated polio and it’s come back.”
Ms. Buswell said the purpose of her organization’s report was to help direct attention to the humanitarian disaster in Syria, and to press the Syrian government and insurgent groups to grant unfettered emergency access to Syrian civilians, as called for in a United Nations Security Council resolution passed last month.
“What we’re seeing is that the focus in the public discourse is the fighting and the political situation, but what we see really missing is the human impact,” she said. “So many children are dying and being injured and maimed, so we wanted this report to bring the focus back.”
A version of this article appears in print on March 10, 2014, on page A4 of the New York edition with the headline: Report Cites ‘Devastating Toll’ on Health of Syria’s Children.
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