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Citation emblématique

« Des esprits philanthropiques pourraient concevoir l’existence de quelque méthode artificielle pour désarmer ou terrasser un adversaire sans lui infliger trop de blessures, et voir dans cette idée la vraie tendance de la guerre. Quelques spécieuses qu’en soit l’apparence, il importe de détruire cette erreur ; car, dans une chose aussi dangereuse que l’est la guerre, ce sont précisément les erreurs résultant de la bonté d’âme qui sont les plus pernicieuses ».

Cette phrase située au début de l’œuvre de Von Clausewitz montre à quel point ce général d’armée, aigri par les défaites successives de son pays, voit la guerre comme le moyen ultime voire unique.

Biographie de Carl Von Clausewitz

Carl Von Clausewitz est né le 1er juin  1780 à Magdebourg  et est mort au front à Breslau le 16 novembre 1831, il aura donc vécu 51 ans. Il a consacré sa vie et son énergie à l’armée, mais surtout à la guerre à ses grands principes ainsi qu’à ses buts.

Von Clausewitz est prussien, fils d’officier prussien et en tant que tel plongé dans la guerre et l’ambiance militaire dès son plus jeune âge. Son éducation sera bornée aux intérêts militaires et à la hauteur de son origine sociale à savoir modeste et vaguement noble. Dès l’âge de 12 ans, en 1792, le jeune Carl intègre un régiment d’infanterie comme porte-enseigne et participe ainsi à la 1ère campagne de la coalition des monarchies européennes contre les révolutionnaires français. Promu lieutenant à 15 ans il suivra un cursus militaire à l’académie militaire de Berlin jusqu’en 1804. Il y rencontra son protecteur et mentor Gerhardt Von Scharnhorst qui rédigea quelques années plus tôt, en 1797, les « causes générales du succès des français dans la guerre révolutionnaire » et qui sera le socle de l’œuvre de Von Clausewitz. Les forces révolutionnaires françaises  représentaient un danger  pour les monarchies européennes qui se sont fédérées pour faire face à l’ennemie commun, exacerbant du même coup les sentiments nationaux en Europe. Carl Von Clausewitz est particulièrement touché par cet élan nationaliste de par son origine sociale et sa haine/admiration voué à Napoléon et donc à l’ennemie français va s’exprimer au travers de son œuvre inachevée et parcellaire De la guerre.

En 1804, Von Clausewitz sort 1er de sa promotion à l’académie militaire de Berlin et se voit confié le poste d’aide de camps du prince Auguste de Prusse. Deux années plus tard il sera fait prisonnier en France pendant 2 ans. A la suite de cette capture il aidera successivement l’armée prussienne, l’armée russe avant de revenir au sein de l’armée prussienne.

La thèse de Carl Von Clausewitz :

Grande problématique du traité De la guerre de Carl Von Clausewitz : En réalité deux thèses centrales sont développées dans cette œuvre, d’une part la différenciation et la définition des deux types de guerres existantes :

–          la guerre absolue

–          la guerre modérée.

D’autre part la théorie que la guerre n’est que « la continuité logique de la politique par d’autres moyens ». Nous développerons ici uniquement cette dernière théorie qui reste la substance essentielle des travaux de Clausewitz.

Cette thèse de Carl Von Clausewitz, exprimée dans son ouvrage De la Guerre est donc la suivante : « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ». Ce fin tacticien veut mettre en avant par là le fait que la guerre et la politique sont étroitement liées. En effet, comme l’explicite bien cette maxime, la guerre est la continuation du politique : c’est la politique qui est à l’origine de la guerre puisque c’est l’Etat, par le biais de son gouvernement, qui décide de la commencer ou d’y participer.

Par ailleurs, le pouvoir politique est celui qui trouve des intérêts dans la guerre, puisqu’on ne fait pas la guerre « pour faire la guerre », mais qu’il faut au contraire des enjeux politiques qui opposent les états : enjeux religieux, territoriaux, idéologiques entres autres. Et la guerre sera d’autant plus violente que les enjeux politiques seront de grande importance. Ainsi, on peut aussi dire que la politique, en plus d’être continuée par la guerre (la première engendre la deuxième), est le motif, le but de la guerre. Enfin, Clausewitz souligne le fait que la guerre est l’instrument de la politique.

On peut bien voir par ces explications que pour Clausewitz, la guerre ne se fait pas seule, que ceux qui la font ne sont pas les militaires, mais que ces derniers sont subordonnés à un pouvoir politique décisionnaire, qui est non seulement présent avant et après la guerre (c’est le pouvoir politique qui négocie avant la guerre et qui négocie la paix après celle-ci), mais que la politique, bien que cela ne paraisse pas évident, est présente au sein même de la guerre, jusque dans son caractère violent le plus primitif.

            Afin d’illustrer la thèse de Clausewitz, on peut mettre en avant toutes les guerres qui ont récemment eu lieu dans le monde. En effet, il n’y en a pas qui pourraient ne pas constituer de bons exemples puisque, selon Clausewitz, toutes les guerres sont étroitement liées à la politique. Cependant, il existe des cas dans lesquels l’importance de la politique par rapport à la guerre est plus flagrante. On peut par exemple citer l’exemple de la guerre d’Irak, pour laquelle les enjeux politiques sont nombreux, bien qu’il reste difficile de définir ceux qui sont réels de ceux qui sont annoncés officiellement : mise en place d’un gouvernement de transition démocratique après le renversement du régime dictatorial de Saddam Hussein, lutte contre le terrorisme, élimination d’armes de destruction massive, ou enfin la réaction au fait que l’Irak avait décidé de ne plus faire valoir son pétrole en dollars mais en euros.

Par ailleurs, les enjeux politiques sont d’autant plus évidents que les conflits sont menés par des alliances d’états, pour lesquelles la guerre devient un instrument politique majeur. Ainsi, ce fut le cas pour la guerre d’Irak, menée par une coalition de pays menée par les Etats-Unis, mais également pour la guerre d’Afghanistan, qui fut pour sa part menée par une alliance formée des Etats-Unis, de la France, du Royaume-Uni, du Canada et de l’Alliance du Nord dans le but de renverser des talibans au pouvoir en Afghanistan.

Ceci dit, il s’agit maintenant de préciser la pensée de Clausewitz pour comprendre dans quelle mesure la Guerre est-elle liée au Politique.  Ainsi, pour comprendre cet aspect de l’œuvre de Clausewitz il ne faut pas perdre de vu qu’il ne tente pas de donner des leçons toutes faites pour apprendre à faire la guerre. Ce que donne Von Clausewitz ce sont les méandres du raisonnement qui amèneront au jugement militaire. Il considère que la bonne décision militaire réside dans le talent à comprendre l’histoire de la guerre, à la regarder de manière critique pour former la capacité d’agir. Celle-ci doit être pratiquée et maniée pour à terme devenir l’expérience d’un décideur.

La thèse que soutient Clausewitz est donc que « la guerre n’est que la continuité logique de la politique par d’autres moyens » : pour lui la guerre peut être représentée sous la forme du combat de deux lutteurs, donc la guerre est d’abord le duel entre deux pays belligérants avant d’être une multitude de duels de soldats. Ces combattants luttent dans le but de contraindre l’adversaire à la volonté de l’autre. Il faut soumettre l’adversaire, c’est le but préliminaire, pour lui imposer sa volonté, c’est le but final de l’acte militaire.

La notion de guerre étant définie il faut maintenant trouver la raison, le motif pouvant amener à celle-ci. C’est là que l’œuvre de Clausewitz prend son ampleur puisque c’est l’endroit où elle lie de manière indissociable la guerre au Politique : « Nous voyons que la guerre n’est pas seulement un acte politique, mais encore un véritable instrument de la politique, une continuation des transactions de celle-ci, une suite qu’on lui donne par d’autres moyens ».

En effet, pour le théoricien, bien que le but préliminaire (mettre l’ennemi hors de combat) réussisse à effacer un temps le but final/primitif/politique, c’est ce dernier qui va déterminer le degré « d’investissement »  d’un pays dans l’acte de guerre. C’est à dire que la décision puis l’action militaire seront mises en œuvre dans la proportion de l’importance du motif primitif.

Pour conclure sa théorie, Clausewitz énumère un certain nombre d’éléments tels que la haine et l’hostilité, qui forment un « instinct aveugle », et « l’activité libre de l’âme » qui viennent caractériser la guerre. Le dernier de ces éléments attire cependant l’attention puisqu’il vient s’opposer aux deux premiers. Ainsi, Clausewitz affirme que la guerre tient aussi de « la raison pure et simple ».  Il fait respectivement correspondre chacun de ces trois aspects avec le peuple, le général d’armée et le gouvernement

Critiques personnelles

C’est à cet endroit que nous porterons une critique à la pensée de l’auteur, non pas sur le fond de la théorie mais sur la philosophie de l’œuvre. Tout au long de ses écrits, le Général décrit la guerre d’une manière précise  certes mais absolument partiale. Cela tient probablement de la psychologie du personnage qui a voué sa vie au militaire. L’image qui transparaît à l’issue de la lecture de De la guerre est accablante. Les peuples, à travers leurs gouvernements, n’auraient qu’une manière de dépasser les conflits intervenants dans leurs relations : mener une action militaire pour faire plier l’adversaire. La fonction politique, dès lors qu’il s’agit de relation entre pays, serait ainsi vouée à s’exprimer par la voie armée. Nous entendons par là toutes les actions militaires, violentes ou non et qui auraient pour but d’influencer l’adversaire. Clausewitz obère de cette façon tout espoir de régler un différent de manière pacifique, ou tout au moins diplomatique. La critique est donc portée sur l’inclinaison guerrière de Clausewitz et non pas sur la théorie.

Cinq mots illustrant sa pensée

 Interétatisme, Occidentalisation, Trilogie, Volonté, Combativité moderne


Catégorie : Bibliographie

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