OIL SEEN AS A BRIDGE TO PEACE BETWEEN SUDAN AND SOUTH SUDAN

OIL SEEN AS A BRIDGE TO PEACE
BETWEEN SUDAN AND SOUTH SUDAN

Article de Zachary Fillingham publié sur le site OilPrice.com le 9 octobre 2013


I. Présentation du site

OilPrice.com est un site internet qui publie plusieurs analyses concernant l’énergie dans le monde. Ces analyses se font essentiellement sur le pétrole et le gaz, les énergies alternatives et la géopolitique. Trois auteurs publient exclusivement sur ce site mais le plus intéressant est que ce site publie les recherches de plus de 150 collaborateurs.
OilPrice.com intéresse tout autant les curieux que les investisseurs, les gestionnaires de fonds ou encore les traders en énergie. En plus du fait que ce site s’adresse à toute catégorie de personnes, le style d’écriture utilisé rend la lecture agréable et simple même pour les non initiés aux termes énergétiques !
Finalement, le site offre des analyses et des informations sur le pétrole, l’essence et le gaz, des analyses sur les énergies renouvelables, des informations concernant les grandes compagnies de pétrole et de gaz et aussi des outils énergétiques et financiers qui peuvent être utilisés par les lecteurs.

II. Présentation de l’auteur

L’auteur du texte traduit ci-après est Zachary Fillingham, directeur des publications du magazine en ligne Geopolitical Monitor. L’objectif de ce site (dont la base est à Toronto – Canada) est de présenter une perspective canadienne des situations et évènements qui ont un véritable impact sur les politiques intérieures mais aussi étrangères. OilPrice.com et Geopoliticalmonitor.com sont deux sites partenaires qui peuvent s’échanger des articles et des publications d’auteurs.
Zachary Filingham a obtenu une licence Relations Internationales à l’Université de York ainsi qu’une maîtrise en Etudes Chinoises à l’Université de Londres (SOAS) où il a écrit sa thèse qui traite des conditions de sécurité politique chinoises en Asie Centrale. Parlant couramment le mandarin, Zachary a travaillé avec le ministère taïwanais et a passé des années à écrire et a travailler à Taipei. Il a énormément travaillé en tat qu’écrivain, éditeur et traducteur et a été consultant pour certaines des plus grandes entreprises financières du monde. Les principaux domaines d’expertise de l’auteur concernent les politiques de l’Asie de l’Est, le nationalisme chinois et la sécurité alimentaire. Les derniers articles publiés par l’auteur entre mars et décembre 2013 sont les suivants: Is a final Decision on Keystone XL Close at Hand ?; Is New York the Last Chance for a Deal between the US and Iran? ; As its Hydrocarbon Resources Deplete, Norway Must Diversify its Economic Outlook; Sudan Auctions off Exploration Blocks, Hoping to Revive Energy Industry.

III. Présentation de l’article original

« Oil seen as a bridge to peace between Sudan and South Sudan » est un article qui a été publié le 9 octobre 2013.
Pour rappel, le continent africain est perpétuellement confronté à des problèmes de délimitations des frontières. En effet, ces dernières, postcoloniales, ont été tracées PAR QUI sans prendre en considération les peuples qui s’unissaient au nom sur ce continent. De ce fait, La Cour Internationale de Justice ne cesse d’être confrontée à des contentieux concernant ces frontières et ce depuis plus de 40 ans.
L’indépendance de la République du Soudan du Sud a été proclamée le 9 juillet 2011. Le 14 juillet 2011 l’Assemblée générale de l’ONU a adopté la résolution admettant le Soudan du Sud comme 193ème membre des Nations unies. La création de cet Etat fait ainsi suite à de nombreuses années de conflit entre le Nord et le Sud du Soudan car il existait une véritable frontière entre le Nord et le Sud, une frontière géographique, ethnique et culturelle qui fut niée durant de nombreuses années.
Néanmoins, l’opposition entre le Nord, majoritairement peuplé de populations arabes et musulmanes, et le Sud chrétien et animiste, subsiste malgré la création d’un Etat indépendant. Il n’y a pas de nation soudanaise. De plus, la véritable question qui se pose au Soudan concerne le pétrole. En effet, le Soudan a découvert le pétrole en 1999, et depuis, cette ressource constitue près de 80% des exportations de l’ensemble de l’ancien Soudan et aujourd’hui, 98% des exportations du Sud-Soudan. L’indépendance du Sud-soudan, n’a pas mis un terme aux négociations sur le partage de cette ressource dans la mesure où 80% du pétrole est situé sur le territoire du Sud-soudan et le reste est au nord ou dans des zones qui sont encore contestées.

L’article qui est présenté ici a été écrit suite à une rencontre entre le Président Omar Hassan al Bashir de la République du Soudan et le Président Salva Kiir Mayardiit de la République du Soudan du Sud. Les deux chefs d’Etat se sont réunis à Khartoum afin de discuter de l’avenir des deux pays. Zachary Fillingham présente donc la situation du Soudan aujourd’hui et à l’évolution attendue des relations entre la République du Soudan et le Soudan du Sud.

IV. Traduction de l’article

Parmi les difficultés inhérentes à tout transfert de souveraineté, qui incluent la renonciation à un territoire économique essentiel, les leaders de la République du Soudan montrent aux investisseurs et à la communauté internationale que la paix permanente et la coopération entre les deux parties du Soudan ne sont pas seulement possibles mais presque garanties et il probable qu’elles aboutissent à un partage des intérêts de l’économie du pétrole entre les deux pays.

En acceptant les termes de l’accord de paix global qui a conduit à l’indépendance du sud du Soudan en 2011, la République du Soudan a montré son impatience et sa volonté de coopérer puisqu’elle a permis au Sud de prendre une part assez considérable de la richesse en pétrole du pays. Dans un geste de bienveillance, le Soudan a également renoncé à ses revendications en dédommagement sur plusieurs biens pétroliers qui ont été confisqués par le Soudan du Sud, révélant ainsi une intention claire de calmer toute les craintes d’instabilité que les investisseurs peuvent avoir.

Le Soudan fait partie des pays à plus forte croissance et les plus innovateurs d’Afrique, se vantant d’un impressionnant taux de croissance de 5.5%, et résiste à la crise financière mondiale. Le pays est le deuxième destinataire d’Investissements Directs à l’Etranger des pays du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord, et grâce à une classe moyenne en plein essor, la paix et la stabilité deviennent forcément l’intérêt principal des leaders du Soudan. De plus, étant donné que la République du Soudan est bien plus industrialisée, mieux équipée et plus entraînée que le Soudan du Sud, la direction du Soudan laisse ses voisins du sud exploiter ses tuyaux, ses stations d’épuration et les plate formes d’exportation dans une joint-venture qui va renforcer le futur commun des deux nations sœurs. Actuellement, le Soudan a trois raffineries situées à Khartoum, Port-Soudan ainsi qu’à El-Obeid et les exportations perpétuelles de ses vastes richesses pétrolières par le Soudan du Sud va dépendre de ses relations paisibles et continues avec le Soudan.

Non seulement il y a de fortes chances que le pétrole n’ai pas seulement besoin d’être le grand et calme fédérateur dont les deux pays ont besoin pour sécuriser leurs prospérités respectives mais pour la République du Soudan, le pétrole est largement considéré comme le facteur qui va « solidifier » le statut international du pays. La recette de la croissance n’est pas limitée à la formule économique mais doit inclure également des éléments montrant que les pratiques politiques sont en constante évolution ce qui rend le pays plus apte à correctement mesurer, exploiter et défendre ses intérêts avec efficience et transparence – et ainsi créer un environnement stable et durable dans lequel les sociétés étrangères sentent que leurs investissements sont en sécurité. Le Soudan améliore sans cesse sa politique dynamique qui facilite le développement en cours de ses richesses pétrolières en parallèle avec la consolidation des normes internationales qui aident à apaiser les relations avec ses voisins clés du sud producteurs de pétrole. Parmi d’autres matières exportées, le pétrole est la raison pour laquelle le pays est perpétuellement dans l’intérêt des gouvernements étrangers, et assure la prédominance de liens internationaux qui sont indispensables à l’évolution des politiques internes du pays.

Souligner la maturité du Soudan à traiter avec les investisseurs pétroliers étrangers reflète la bonne gestion du pays et l’entretien de la politique de la Greater Nile Petroleum Operating Company (GNPOC) qui fut fondée en 1997 et qui continue aujourd’hui à être le principal lieu par lequel le Soudan tire ses revenus pétroliers. Cette organisation créa le Greater Nile Oil Pipeline, qui relie les champs pétroliers du pays avec ses rafineries à Khartoum et Port-Soudan. La China National Petroleum Corporation (CNPC) détient une part de 40% de cette compagnie, ce qui montre le rôle vital qu’ont les investisseurs chinois à développer l’économie soudanaise, et qui montre de la même manière la confiance chinoise dans le gouvernement du Soudan. Les investisseurs chinois ont avec les soudanais construit plus de 1 500 km de tuyaux, et terminés d’importants développements à Port-Soudan. Depuis le début de leur relation bilatérale en 1959, La Chine et le Soudan ont pu apprécier un partenariat économique durable et productif qui est également devenu en 1990 un partenariat pétrolier puisque que la Chine importe 5% de son pétrole à partir du Soudan ce qui est une quantité considérable étant donné l’importance de l’économie chinoise. Le pays lui-même s’est montré assez accueillant avec les travailleurs chinois et leurs familles car environ 25 000 citoyens chinois vivent au Soudan.

Le deuxième plus grand investisseur dans le domaine pétrolier au Soudan est la Malaysia’s National Oil Corporation (Petronas) qui détient 30% de la GNPOC et qui opère dans le pays depuis 1995. En 2008, le début de la recherche du pétrole dans l’état de Jonglei fut autorisée et bien que ce territoire fasse désormais partie du Soudan du Sud, l’accord est maintenu. En fait, quand la République du Soudan accorda un avantage fiscal à la société malaysienne, son intention était que la recherche de pétrole et les compétences bénéficieraient à l’économie locale des soudanais du Sud et ce, des années avant que l’indépendance ne soit convenue.

Le troisième acteur de la GNPOC de l’exploitation du pétrole du Soudan est l’indien ONGC (Oil and Natural Gas Corporation Ltd) avec 25% des parts. En 2010, les investissements indiens au Soudan ont été de 3 milliards de dollars dont 2,4 d’entre eux étaient dans le pétrole.

Les récents grands titres de journaux ont largement ignoré les vrais indicateurs positifs qui sont évidents dans les derniers débats sur le pétrole entre le Soudan et le Sud Soudan, donnant ainsi une fausse impression d’instabilité alors qu’une stabilité grandissante est en train de s’installer. Les discordes transfrontalières par rapport au pétrole ne sont pas prêtes d’être complètement résolues étant donné que ça reste naturel au vue de la situation entre la République du Soudan et le Soudan du Sud. Ce qui devrait être souligné est la manière positive dont le conflit est en train d’être résolu ce qui montre une certaine bienveillance de la part de Khartoum à avancer au-delà de tout désaccord politique temporaire. Le 3 septembre, le Président Omar AL-Bashir a garanti aux soudanais du Sud que le pétrole serait conduit en toute sécurité à travers les tuyaux du Soudan et les raffineries, calmant ainsi les craintes après que le Soudan du Sud ait été accusé de perturbations civiles dans les régions les plus au sud de la République du Soudan. Le Président Al-Bashir qui s’exprimait en ce jour au nom de son gouvernement déclara que : « Nous voulons laisser les problèmes du passé derrière nous et ouvrir une nouvelle page au bénéfice des deux peuples ». Al-Bashir et son homologue sud-soudanais le président Salva Kiir, ont signé un accord par lequel les deux gouvernements cherchent à stimuler la coopération entre les deux Soudan, assurant aux investisseurs que les deux leaders recherchent un futur lumineux et prospère.

V. Commentaire

Cet article nous éclaire donc sur la situation des deux Etats aujourd’hui. Leur union apparaît ainsi comme primordiale car elle conduirait à une plus grande reconnaissance mondiale et une plus grande confiance des autres pays. En effet, le Soudan (que ce soit la République du Soudan ou le Soudan du Sud) est un partenaire économique majeur de plusieurs pays comme la Chine et certains pays occidentaux et des perturbations internes conduisent à des tensions dans les relations extérieures des Etats.
Selon le communiqué du 23 septembre 2013 du conseil de paix et de sécurité (397ème réunion des chefs d’Etats et de gouvernement), pour parvenir à l’objectif convenu de deux États viables vivant en paix l’un avec l’autre et avec la région dans son ensemble, les deux nations devront ensemble s’engager dans un effort de développement durable, de réduction de la pauvreté, de fourniture de services de base aux populations et d’intégration économique. Le Conseil affirme également que, pour atteindre ces objectifs, la coopération des partenaires internationaux est requise, en particulier pour l’allégement de la dette, la levée des sanctions économiques et la mobilisation de l’aide au développement et la coopération.

Le Soudan a toujours été le lieu de conflits identitaires qui ont mené à sa division en juillet 2011. Néanmoins, le territoire soudanais regorge d’importantes ressources pétrolières. Ces dernières ont tout d’abord été sources d’affrontement entre les deux Etats comme par exemple lorsqu’ils se livrés des affrontements armés pour la région pétrolifère d’Helig. A deux reprises, le Soudan a mené des raids aériens au sud-Soudan en réponse, selon Khartoum, à une attaque sud-soudanaise d’un complexe pétrolier d’Heglig.
Néanmoins, les deux Etats se rendent compte aujourd’hui que le pétrole peut conduire à une « unification », du moins sur le plan économique, des deux peuples. Il serait intéressant de reprendre cette étude dans quelques années et d’analyser la situation du Soudan à ce moment. Le pétrole aura-t-il été « le pont de la paix » entre le Soudan et le Soudan du Sud ?

A gauche Salva Kiir, Président du Soudan du Sud
et à droite Omar Al-Bashir, Président de la République du Soudan

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