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La démocratie tient son nom de deux mots grec qui sont “demos” (peuple) et “kratos” (pouvoir). Ceci n’étant point innocent car les soubassements de cette idéologie politique ont pris forme durant la Grèce antique. Plus tard, Lincoln (16ème président des Etats-Unis de 1861 à 1865) donnera la définition suivante : “La démocratie, c’est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple”.
Pour mieux comprendre la démocratie et son évolution, nous allons décomposer cette présentation en deux parties, avec dans un premier temps une approche historique de la démocratie puis, dans un second temps, une approche plus contemporaine.

 

I.   La démocratie par une approche historique

a) La démocratie antique

La démocratie antique, dite aussi athénienne, est apparue de façon pacifique au VIe siècle avant J.C. Elle fait écho à une crise politique et sociale qui frappe la cité athénienne, cette dernière souhaite la fin de l’oligarchie pour remettre le pouvoir politique aux citoyens, et donc à une partie bien plus conséquente du peuple.
Pour être considérés citoyens athéniens il faut répondre à quatre conditions :

  • être de sexe masculin
  • être libre
  • être nait de parents athéniens
  • avoir au moins 20 ans

Autrement dit, les femmes, les esclaves et les métèques (étrangers libres) ne peuvent prétendre à la citoyenneté. Ainsi Athènes dénombre 40 000 citoyens sur une population totale de 250 000 individus.

Pour faire fonctionner son système politique, la cité athénienne dispose de trois assemblées qui sont :

  • la Boulê : 500 citoyens sont tirés au sort pour y siéger durant une année, elle est chargée de proposer les lois et convoquer l’Ecclésia afin de les faire voter.
  • l’Ecclésia : c’est l’assemblée du peuple où tous les citoyens peuvent y participer, elle vote les lois proposées par la Boulê.
  • l’Héliée : tribunal populaire composé de 6 000 citoyens.

Toutefois, suite à la défaite face à Sparte en -404 avant J.C. la cité va être soumise à la volonté du vainqueur. Ce dernier mettra fin à la démocratie athénienne, vieille d’un siècle et demi, pour remettre en place la tyrannie.

Par la même occasion, la démocratie va disparaître pendant plus de deux millénaires avant de “renaître” au cours du XVIIe et XVIIIe siècles.

 

b) La “Renaissance” de la démocratie

Après quelques millénaires de disparition où tyrannie et absolutisme furent “Roi”, l’idée de la démocratie commence à réapparaitre en Europe. Et étonnamment, les premiers faits importants proviennent d’une monarchie, celle anglaise. Outre la Magna Carta de 1215, qui permit l’instauration de quelques libertés individuelles, la monarchie anglaise adopta le Bill of Rights en 1689. Ce texte érige la monarchie parlementaire en lieu et place de la monarchie absolue, en somme le pouvoir du Roi est limité au détriment du Parlement.
Puis s’ensuivent diverses discussions animées par les philosophes des Lumières. Par exemple Montesquieu s’exprime en faveur de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire (1748) ou encore Rousseau évoque les notions d’égalité et de liberté comme fondamentales (1762).

Il faut ensuite traverser l’Atlantique pour voir la démocratie, grâce à la révolution américaine de 1776, être de nouveau mise en place au sein d’un Etat. En effet, en 1787 la constitution américaine, fondée sur la séparation des pouvoirs et la souveraineté du peuple, est adoptée. Cette quête de la démocratie sera suivie en 1789 par la révolution française qui mettra fin à l’absolutisme incarnée par Louis XVI. Il sera établit la même année la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyens qui énonce le droit à la liberté, à la propriété, à la sûreté, à la résistance à l’oppression mais aussi au droit de voter pour élire ses représentants.

Ces éléments marquent le début de la démocratie moderne. En effet un régime démocratique est aujourd’hui considéré comme tel s’il présente une souveraineté populaire, une séparation des pouvoirs et un respect des libertés fondamentales (c’est-à-dire individuelles, politiques et sociales).
Pourtant on ne peut parler d’acquis, en atteste les évènements du XXe siècle avec le retour d’Etat totalitaire en Europe à travers le nazisme, le fascisme ou encore le communisme. Le monde actuel évoluant très vite, il est donc intéressant de voir qu’est-ce que la démocratie de nos jours.

 

II.  La démocratie par une approche contemporaine

a)    Les formes de la démocratie

Aujourd’hui il est possible d’évoquer trois types de démocratie à savoir :

  • la démocratie directe : la souveraineté du peuple est exercée uniquement par lui-même. Son application, pas toujours à juste titre, est souvent illustrée par la Suisse.
  • la démocratie représentative : ici la souveraineté du peuple est exercée uniquement par des représentants élus par le peuple lui-même.
  • la démocratie semi-directe : elle est une hybride des deux précédentes, ici la souveraineté du peuple est exercé par des représentants mais peut être aussi prononcé par le peuple lui-même via un référendum par exemple. (ex: la France)

Pour ces deux dernières, plusieurs types de régime sont possibles :

  • le régime d’assemblé : tous les pouvoirs sont réunis au sein d’une assemblée élue au suffrage universel, il est souvent utilisé pour l’élaboration d’une Constitution via une Assemblée Constituante.
  • le régime parlementaire : ici les pouvoirs sont dissociés, le Parlement est l’institution principale, ainsi le Gouvernement et son chef doivent disposer de la confiance parlementaire. Le chef de l’Etat, qui peut être un monarque ou un président, à un rôle plus secondaire. (ex : Royaume-Uni)
  • le régime présidentiel : incarné par la stricte séparation des pouvoirs, chacun est indépendant l’une de l’autre. Le chef de l’Etat est à la fois le chef du Gouvernement. Le Président est le personnage clé. (ex : Etats-Unis).
  • le régime mixte ou semi-présidentiel : c’est un mélange des deux régimes ci-dessus, où le Président et le Parlement ont des rôles primordiaux. (ex : la France)

 

b)    Une situation mondiale hétérogène

En 2012, The Economist, un hebdomadaire britannique, a sorti sa dernière étude sur l’indice de démocratie à travers le monde. Pour ce faire, l’analyse de la démocratie  tient compte de cinq critères qui sont : la culture démocratique, la capacité du gouvernement à mettre en œuvre son programme, le respect des libertés civiles, la participation citoyenne et la qualité du processus électoral. Pour chacun des critères, une série de questions à choix unique préétablie est appliquée à chaque pays. Trois choix de réponses sont possibles attribuant soit 1 ; 0,5 ou 0 point.

Exemple de question : Les financements des parties politiques sont ils transparents ?
1 : Oui                         0,5 : Pas complètement                     0 : Non

Chaque critère fait l’objet d’une notation sur 10, ainsi chaque pays obtient une note sur 10 correspondant à la moyenne des 5 critères. Ceci permet de classer les pays en quatre catégories selon la note obtenue :

  • Entre 8 et 10 : Démocratie complète (full democracy)
  • Entre 6 et 8 : Démocratie incomplète (flawed democracy), les principes de la démocratie sont préservés mais il existe des problèmes au niveau du gouvernement, une culture politique peu développée et/ou un faible niveau de la participation des citoyens dans la vie politique.
  • Entre 4 et 6 : Régime hybride (hybrid regime), beaucoup d’irrégularité lors des élections, pression du gouvernement sur les partis opposants,  forte corruption, faible liberté de la presse etc…
  • Moins de 4 : Régime autoritaire (authoritarian regim), avec un partie unique, des élections truqués, une justice non indépendante etc…

Selon les résultats publiés la Norvège se trouve à la première place du classement avec un score de 9,93 et la Corée du Nord clos ce classement avec une moyenne de 1,06. Nous pouvons aussi constater le score de la France de 7,88 qui la place à la 28e place et la définie comme une démocratie imparfaite selon The Economist.

Cette étude a permis d’élaborer un tableau récapitulatif (cf. annexe 1) au niveau international très  intéressant.

Par celui-ci, nous pouvons constater une amélioration démocratique au niveau mondial entre 2011 et 2012. Toutefois il est intéressant de constater un certain clivage de la percée démocratique selon les régions dans le monde. En effet, les berceaux de la démocratie, à savoir l’Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord, sont ceux qui présentent le plus fort ratio de pays démocratique (parfaite et incomplète) avec un quasi 100%. Tandis que l’Afrique et le Moyen-Orient sont ceux qui ont le plus faible ratio de pays démocratique, respectivement 33% et 5%. D’autre part, l’Amérique du Sud, l’Asie, l’Océanie et l’Europe de l’Est ont des résultats plus contrastés avec des ratios de 50% à 67% de pays démocratiques. Enfin, au niveau mondial, les pays démocratique représente 47% des pays.

 

Ainsi, par ce clivage géographique de la démocratie puis de part son Histoire, nous pouvons nous demander si finalement la démocratie n’est pas le résultat  de différents facteurs qui peuvent être socio-économiques, culturelles et/ou géographiques. Si cette hypothèse peut être vérifiée, faut-il imposer la démocratie ou la laisser prendre racine ?

 

Alexandre Potiquet

ANNEXE

Démocratie et géographie

Annexe 1 : La démocratie par région en 2012 et 2011

Planisphère de la démocratie en 2012

Annexe 2 : Le planisphère de la démocratie en 2012

Sources


Lenoir, N. (2006). La démocratie et son histoire. Paris : Presses Universitaires de France.
Rendu, J-B. (2011). Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la démocratie. Paris : Hatier.
http://www.linternaute.com/histoire/democratie_athenienne/3659/a/1/1/3
http://www.cndp.fr/archive-musagora/citoyennete/citoyennetefr/democratie-valeurs.htm
http://www.vocabulairepolitique.be/democratie-directe-democratie-representative/
http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/institutions/approfondissements/differents-types-regimes-politiques.html
https://portoncv.gov.cv/dhub/porton.por_global.open_file?p_doc_id=1034


Catégorie : Dictionnaire de Géopolitique