Présentation du journal
The Wall Street Journal :
Pays : Etats Unis
Genre : économique et financier
Périodicité : quotidien
Langue : anglais
Site internet : www.wsj.com
Fondé en juillet 1889 par Charles Dow et Edward Jones, le Wall Street Journal est un quotidien national américain de langue anglaise.
Le journal traite de l’actualité économique et financière et propose des commentaires et analyses permettant de décoder l’économie mondiale, les marchés financiers ou encore les nouvelles technologies. Son objectif : « vous aider à réussir votre business, votre carrière et vos investissements »1.
Publié par Dow Jones Company, il tire son nom de Wall Street, le célèbre centre financier New Yorkais.
Véritable bible dans le milieu des affaires, le journal se vend quotidiennement à 2 million d’exemplaires et a reçu 33 fois le prix Pulitzer.2 De même le site internet du journal www.wsj.com est considéré comme le plus important site dédié au domaine du business avec plus de 1.2 million d’abonnés payants.
Selon Journalism Online Press, le quotidien rencontre « un lectorat élitiste de type homme d’affaires d’environ 55 ans et dont les revenus annuels s’élèvent à 191 000 dollars» 3.
Si le journal n’est rallié à aucun camp spécifique, il s’exprime toutefois sur des thèmes précis et soutient par exemple une parité de change fixe, plutôt que des changes flottants, notamment dans la bataille entre la monnaie chinoise et le dollar américain. Pendant longtemps, le Wall Street Journal a également tenu un discours prônant une politique d’immigration restrictive4.
C’est un fervent défenseur de l’aide américaine en Israël et, depuis sont achat en 2007 par le groupe News Corporation, appartenant à Ruppert Murdoch, les éditoriaux adopteraient un ton plutôt critique envers les Démocrates5.
Depuis 2005, il existe aussi une version européenne et une version asiatique du journal.
Présentation de l’article
J’ai choisi de traduire l’éditorial du 11 décembre 2013 du Wall Street Journal, intitulé « Espionnage à la française » tout en français dans le texte. L’article n’est pas signé.
Cet article a été publié au lendemain de l’adoption définitive par le Sénat, mardi 10 décembre, de la Loi de programmation militaire dont l’article 13 demeure très controversé.
Une loi qui confère à l’État français un véritable « arsenal législatif» 6 qui prévoit d’obliger, sans supervision préalable d’un juge, les fournisseurs d’accès à internet, les opérateurs de télécommunications et les entreprises qui produisent du contenu à transmettre toutes « les communications, les informations ou les documents traités ou conservés par leurs réseaux ou leur services de communication électroniques »7 quand les autorités l’exigeront. Des mesures qui d’après cette loi concerneraient aussi bien « les métadonnées et le contenu des transmissions entre utilisateurs» 8 que , « la localisation physique de leurs appareils» 9.
Or, c’est précisément ce que la France a reproché il y a quelques mois aux États Unis lors des révélations de certaines pratiques de la NSA, qui espionnait les internautes et les conversations téléphoniques en temps réel, sans mandat et pour des raisons qui n’avaient aucun rapport avec la défense du territoire américain.
Pour le Wall Street Journal, la surveillance américaine n’est « rien comparée à celle envisagée en France »10. Selon eux, les agences américaines seraient même loin d’avoir des pouvoirs de surveillance de l’ampleur de ce que prévoit la loi française.
Le quotidien s’inquiète également de la portée de ce contrôle qui semble selon eux s’étendre bien au-delà des questions de sécurité nationale de par l’autorisation d’accès à l’information « aux autorités responsables de la défense, mais aussi de l’économie et du budget» 11. Une surveillance qui dans ces cas précis vise l’espionnage industriel qui serait alors tout à fait justifié selon le Wall Street Journal.
Le quotidien conclu en ironisant sur la déclaration de Jean Marc Ayrault qui, lors du scandale provoqué par la révélation du programme de surveillance américain affirmait que la sécurité, aussi importante soit elle ne doit jamais « porter atteinte ni aux libertés ni à la vie privée» 12.
« Mais bien sûr» 13 nous dit le journal.
Traduction
Vous vous souvenez du tollé soulevé en Europe au sujet des agents américains qui espionnaient les internautes et les conversations téléphoniques en temps réel, sans mandat et pour des raisons qui n’avaient aucun rapport avec la sécurité nationale ? Je plaisante. Les agences de renseignements américaines sont loin d’avoir des pouvoirs de surveillance aussi étendus.
Les français eux l’ont, ou du moins, sont sur le point de l’avoir, grâce au renforcement du régime de surveillance qui devrait entrer en vigueur à Paris l’année prochaine. Les nouvelles lois ont déjà été approuvées par les deux Chambres du parlement français et doivent être peaufinées par le Sénat la semaine prochaine. La seule chose qui manque, ce sont les cris d’orfraie qui avaient accompagné les révélations, cette année, des pratiques pourtant bien plus modestes de l’agence de sécurité nationale américaine.
Les mesures annoncées en France vont obliger les fournisseurs d’accès à Internet, les opérateurs de télécommunications et les entreprises qui produisent du contenu à livrer « communications, informations ou documents traités ou conservés par leurs réseaux ou leurs services de communication électroniques » quand les autorités l’exigeront. L’information pourrait inclure à la fois les métadonnées et le contenu des transmissions entre utilisateurs, et même la localisation physique de leurs appareils.
Les responsables de la sécurité français peuvent déjà accéder à une grande partie de ces informations sur les utilisateurs de téléphone et d’Internet mais ils doivent d’abord passer par un juge. Les nouvelles lois devraient donner «l’ accès administratif » à la demande d’un certains nombre de services français. Un accès qui après coup, serait soumis à un comité de contrôle.
Certaines instances mandatées pourraient également obtenir les informations directement auprès des opérateurs de réseaux et les récupérer en temps réel.
Ces nouvelles mesures sont rattachées au prochain projet de loi français sur la défense. Mais elles semble amener le contrôle numérique bien au-delà de la portée de la sécurité nationale, autorisant l’accès non seulement aux autorités responsables de la défense, mais aussi à ceux de l’économie et du budget. Sous ces nouvelles lois, les demandes pourraient être « conçues pour rechercher des informations » allant du terrorisme et crime organisé, à la « protection des éléments essentiels du potentiel scientifique et économique de la France ».
En octobre dernier, en réponse à une question sur la NSA, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault déclarait : « la sécurité est une exigence, mais elle ne doit pas être garantie à n’importe quel prix ; elle ne doit pas porter atteinte aux libertés ou à la vie privée. Telle est la position de la France ! ». Mais bien sûr.
Commentaire
Après le scandale provoqué en Europe par la révélation du programme de surveillance de la NSA par les fichiers Snowden et alors que la Cour de cassation vient de sanctionner l’usage de la géolocalisation par les services de police, voilà que le gouvernement français vote une loi permettant à de nombreuses administrations un accès en temps réel aux conversations et au données des internautes.
Une loi que la presse anglo-saxonne juge plus dure encore que la surveillance américaine. Très sarcastique, elle fustige l’hypocrisie des dirigeants français et notamment celle de Jean Marc Ayrault et François Hollande qui avaient vivement critiqué les pratiques de la NSA. Le 25 octobre dernier, lors du Conseil européen consacré au numérique le président français affirmait même : «Je suis également convaincu avec les Européens de la nécessité de protéger les libertés individuelles et les droits fondamentaux. (…) Nous devons nous-mêmes être au clair et ne pas pratiquer ce que nous reprochons à d’autres»14. La France est donc maintenant placée face à ses contradictions.
Si le Wall Street Journal est de loin le plus moqueur, ce n’est pas le seul journal à s’attarder sur cette nouvelle loi approuvée « en toute discrétion 15» selon le Guardian. En effet, le quotidien britannique s’étonne lui aussi que cette loi ait été votée par les Chambres « malgré des inquiétudes sur le violation des libertés civiles et les risques de dérives »16.
Sources
Article original:
Bibliographie:
– The Wall Street Journal Europe, [en ligne], dans Courrier international, disponible sur : www.courrierinternational.com, page consultée le 11 décembre 2013.
– The Wall Street Journal, la référence financière, [en ligne], dans Journalism Online Press, disponible sur www.jolpress.com, consulté le 11 décembre 2013.
– Lucie Robequain, Sarcasmes dans la presse anglo-saxonne, [en ligne], dans Les Echos, disponible sur www.lesechos.fr, consulté le 12 décembre 2013.
– Espionnage à la française, [en ligne], dans TheWall Street Journal, disponible sur www.wsj.com, consulté le 11 décembre 2013.
– Giuseppe de Martino, Projet de loi de programmation militaire : un Grand Frère à rendre jaloux Big Brother, [en ligne], dans Slate.fr, disponible sur www.slate.fr, consulté le 13 décembre 2013.
1. The Wall Street Journal Europe, [en ligne], dans Courrier international, disponible sur : www.courrierinternational.com, page consultée le 11 décembre 2013.
2. Ibid.
3. The Wall Street Journal, la référence financière, [en ligne], dans Journalism Online Press, disponible sur www.jolpress.com, consulté le 11 décembre 2013.
4. Ibid.
5. Ibid.
6. Lucie Robequain, Sarcasmes dans la presse anglo-saxonne, [en ligne], dans Les Echos, disponible sur www.lesechos.fr, consulté le 12 décembre 2013.
7. Espionnage à la française, [en ligne], dans The Wall Street Journal, disponible sur www.wsj.com, consulté le 11 décembre 2013.
8. Ibid.
9. Ibid.
10. Ibid.
11. Ibid.
12. Ibid.
13. Ibid.
14. Giuseppe de Martino, Projet de loi de programmation militaire : un Grand Frère à rendre jaloux Big Brother, [en ligne], dans Slate.fr, disponible sur www.slate.fr, consulté le 13 décembre 2013.
15. Kim Willsher, French officials can monitor internet users in real time under new law, [en ligne], dans The Guardian, disponible sur www.theguardian.com, consulté le 13 décembre 2013.
16. Ibid.
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