La NSA envisage une amnistie pour Edward Snowden contre la restitution de documents.

1) Présentation du journal : The Guardian

Autrefois appelé « The Manchester Guardian », The Guardian est un quotidien d’information britannique. Il fait partie de la « presse de qualité » et a une ligne éditoriale de centre-gauche.

En 1821, John Edward Taylor (1791-1844) fonde le Manchester Guardian and Evening News Limited. Le journal acquiert la reconnaissance nationale et internationale sous la direction de Charles Prestwich Scott (1846-1932), qui racheta le journal en 1907 après la mort de John Edward Taylor fils (1830-1905). C. P. Scott promit que les vœux du fondateur seraient respectés, ceci en défendant l’indépendance du Guardian. Ces principes sont résumés en une phrase, dans un article souvent cité, publié à l’occasion du centenaire du journal :

« Comment is free, but facts are sacred… The voice of opponents no less than that of friends has a right to be heard. (Les commentaires sont libres, mais les faits sont sacrés… La voix des opposants, non moins que celle des amis a le droit d’être entendue) »

En 1993, The Guardian rachète The Observer. En 1994, The Guardian subit davantage la concurrence du Times et du Daily Telegraph, et doit baisser son prix de vente.

Depuis 1990, une édition européenne de The Guardian existe, composée de 24 pages et vendue dans 16 pays d’Europe, ainsi qu’en Israël : elle contient des articles de la rédaction londonienne et des traductions issues d’articles de journaux européens, parmi lesquels le Monde. Le tirage de The Guardian se monte à 400 000 exemplaires.

Tout en étant proche des travaillistes, il demeure très critique vis-à-vis du gouvernement de Tony Blair.

Sous l’impulsion du journaliste Simon Rogers, le Guardian développe à partir du 2009 le journalisme de données avec une section entière qui y est consacrée sur son site internet et devient l’un des leaders mondiaux dans le domaine.

 

2) La présentation de l’original

Contexte

Edward Joseph Snowden, né le 21 juin 1983, est un informaticien américain, ancien employé de la CIA et de la NSA , qui a révélé les détails de plusieurs programmes de surveillance de masse américains et britanniques.

En juin et juillet 2013, Snowden rend publiques par l’intermédiaire des médias, notamment du Guardian et du Washington Post, des informations classées top-secrètes de la NSA concernant la captation des métadonnées des appels téléphoniques aux États-Unis, ainsi que les systèmes d’écoute sur internet des programmes de surveillance PRISM et XKeyscore du gouvernement américain , ainsi que le programme de surveillance Tempora du gouvernement britannique. Justifiant ces révélations, il indique que son « seul objectif est de dire au public ce qui est fait en son nom et ce qui est fait contre lui ».

À la suite de ses révélations, Edward Snowden est inculpé le 22 juin 2013 par le gouvernement américain sous les chefs d’accusation d’espionnage, vol et utilisation illégale de biens gouvernementaux.

Exilé à Hong Kong en juin 2013, puis à Moscou, Edward Snowden a obtenu le 31 juillet 2013 l’asile temporaire en Russie

Prsécisions :

En décembre 2012, Snowden prend contact anonymement avec Glenn Greenwald, journaliste au Guardian et avocat américain. Il lui demande de s’équiper d’outils de chiffrement avant de commencer à communiquer. Glenn Greenwald, peu familier avec les outils de chiffrement, ne donne pas suite dans l’immédiat à ce message.

En janvier 2013, Snowden se met en rapport, toujours de manière anonyme, avec la documentariste Laura Poitras. Il commence par établir une méthode de communication sécurisée, lui demandant sa clé de chiffrement. Il prétend avoir des informations intéressantes à partager dans le domaine du renseignement. Snowden ne fournissant pas de documents à cette étape, Laura Poitras, qui a besoin d’évaluer la fiabilité de cette source inconnue, en parle à quelques personnes, dont le journaliste Barton Gellman et Jacob Appelbaum, qui l’aident à s’assurer de la crédibilité de ce contact anonyme. Selon elle, Snowden a choisi de s’adresser à elle après avoir lu l’un de ses articles du New York Times consacré à William Binney, un autre lanceur d’alerte des programmes d’espionnage de la NSA, en 2002.

En avril 2013, Glenn Greenwald et Laura Poitras, qui se connaissent depuis 2010 – ils sont membres fondateurs de la Freedom of the Press Foundation, créée avec le célèbre lanceur d’alerte Daniel Ellsberg en décembre 2012 – se rencontrent à New York pour faire le point sur cette source anonyme qui souhaite divulguer de nombreuses informations confidentielles relatives aux programmes de surveillance américains.

 

L’auteur, Spencer Ackerman, est rédacteur en chef de la sécurité nationale des États-Unis pour The Guardian. Il est l’ancien rédacteur principal de Wired, il a remporté le Prix Magazine national de déclaration numérique en 2012.

 

L’article a été publié le 15 décembre 2013 sur le site The Guardian.

Il traite des avancées concernant l’affaire Edward Snowden et notamment de l’éventuelle amnistie concernant Snowden s’il remet les documents secrets au gouvernement américain.

 

3) Traduction

 

http://www.theguardian.com/world/2013/dec/15/nsa-edward-snowden-amnesty-documents

NSA officials consider Edward Snowden amnesty in return for documents

 

La NSA serait prête à arrêter les poursuites contre Edward Snowden en l’échange de la remise de documents.

Les fonctionnaires de la NSA envisagent une amnistie controversée qui permettrait à Edward Snowden de revenir aux États-Unis sans être poursuivi, en échange de quoi de nombreux documents que le dénonciateur a pris à l’agence devront être rendus.

Une amnistie, qui ne bénéficie d’aucun soutien de la part de l’État américain, représenterait un dénouement inattendu pour cette crise à la dimension internationale qui a duré 6 mois. C’est d’autant plus inattendu de la part de l’agence qui a passé des mois à insister sur les dommages considérables que les divulgations d’Edward Snowden ont causé à la sécurité des USA.

Richard Ledgett, responsable à la NSA chargé d’évaluer les dommages causés par les fuites de Snowden, a déclaré lors d’une interview à CBS qu’une éventuelle amnistie restait largement controversée au sein même de l’agence, qui a passé les 6 derniers mois à se défendre contre un tollé mondial et des propositions législatives et exécutives pour freiner ses activités de surveillance.

« Mon point de vue personnel est que oui, cela vaut la peine d’en discuter » déclarait M. Ledgett, qui est visé pour devenir haut responsable de l’agence, dans une interview qui sera diffusée dimanche soir sur « 60 minutes ».

« J’aimerai avoir l’assurance la plus certaine que le reste des fichiers soient sécurisés, et le niveau de ces assurances serait très haut. Il ne s’agirait pas de simple déclaration de sa part (Snowden, ndlr) ».

Snowden est actuellement en Russie, où il bénéficie du droit d’asile pour une durée d’un an, ce qui a suscité une intrigue au niveau international.

En juin dernier, le ministère de la Justice a déposé une plainte pénale contre l’ancien employé de l’agence pour vol de biens du gouvernement, communication non autorisée d’information de défense nationale et communication délibérée d’informations du renseignement à une personne non autorisée”, mais il n’a pas encore été mis en accusation.

Toute amnistie devra passer par le ministère de la Justice, qui n’a souhaité faire aucun commentaire.

Le directeur de la NSA, le général Keith Alexander, a déclaré à CBS qu’une amnistie récompenserait les fuites de Snowdenet pourrait potentiellement inciter d’autre personne à agir de la sorte. Mais Alexandre prend sa retraite au printemps, rejoignant son adjoint civil John C Inglis, et Ledgett est supposé être le candidat le plus probable pour remplacer Inglis.

Dimanche, le porte-parole du département d’Etat Marie Harf précise que Ledgett énonçait un “point de vue personnel”.

“Notre position n’a pas changé”, a déclaré Harf. “M. Snowden est face à des accusations très graves et devrait revenir aux États-Unis pour répondre de ses actes.”

Le général Michael Hayden, prédécesseur d’Alexandre à la NSA et retraité de l’US Air Force, a également rejeté l’amnistie pour Snowden.

«Je ne le ferais pas. Cela incite tout simplement de futur Snowden “, a déclaré Hayden, qui a commencé la collecte des métadonnées de téléphone et internet des Américains en 2001 en réponse aux attentats du 9/11. Collecte qui était à l’origine inconnue et non autorisée par le Congrès et les tribunaux.

Mais Hayden a également déclaré que Snowden avait jeté un pavé dans la marre quant au débat important sur l’équilibre entre liberté et sécurité aux États-Unis.

“Snowden était important. Il a accéléré un débat, l’a déformé, mais … le débat allait arriver “, a déclaré Hayden, sur NBC.

Snowden a dit le New York Times en octobre qu’il s’est débarrassé des documents avant de quitter Hong Kong pour la Russie, en déclarant qu’il s’agissait d’une mesure préventive pour conserver les documents des mains des renseignements russes. Le manque d’accès aux documents, qui sont maintenant dans les mains des journalistes, serait susceptible de compliquer les «garanties» auxquelles Ledgett faisait allusion et que le gouvernement exigerait pour toute amnistie.

La NSA ne croit pas que les documents de Snowden aient échappé aux capacités de collecte de ses homologues russes et chinois ; un haut fonctionnaire a dit samedi sur le New York Times que le gouvernement pourrait ne bien jamais savoir combien de matériel Snowden a pris de l’agence.

The Guardian continue de publier des histoires de surveillance basée sur les fuites de Snowden, comme le font le Washington Post et d’autres médias à travers le monde, aidées par l’ancien journaliste du Guardian Glenn Greenwald et Laura Poitras, les deux journalistes qui ont en leur possession l’ensemble des précieuses données de Snowden.

Ledgett a déclaré à Reuters que la NSA est préoccupée par la grande majorité des documents que Snowden a pris et que les agences de presse n’ont pas encore publié.

Que Snowden retourne ou non aux États-Unis en un homme libre, l’administration Obama continue à se débattre au fur et à mesure de ses révélations. Ledgett et d’autres responsables de la NSA ont dit que l’agence mettait en place de nouvelles initiatives techniques pour prévenir de nouvelles affaires Snowden en augmentant la sécurité de données interne. Alexander a déclaré mercredi que l’agence allait bientôt les détailler au Congrès, mais il a dit qu’ils ont ajouté “le compartimentage et le cryptage des données”.

Cependant, les fonctionnaires de la NSA ont concédé lors d’une entrevue que lorsque les fuites de Snowden ont eu lieu, ils n’avaient pas encore appliqué pleinement la sécurité des données promises par le gouvernement, qui s’était engagé à instituer après les fuites de journaux de guerre et de câbles diplomatiques par le soldat Chelsea Manning en 2010.

Le vendredi, un groupe d’examen créé par la Maison-Blanche a fourni au président Barack Obama un rapport recommandant 40 réformes de surveillances potentielles. La porte-parole du Conseil national de sécurité Caitlin Hayden a déclaré que l’administration allait passer “plusieurs semaines” pour évaluer celles à mettre en œuvre, et rendrait le rapport public en janvier.

La Maison-Blanche a d’ores et déjà rejeté une des initiatives proposées revisant à séparer la NSA de la surveillance informatique de l’armée, qui protège les réseaux de données militaires américaines et s’attaque à ceux des adversaires. Les groupes de défense des libertés civiles ont déjà attaqué les propositions formulées par le groupe d’examen en les qualifiant de cosmétiques.

“Les recommandations proposées par le Groupe d’examen ne vont pas assez loin”, a déclaré Alan Butler, un avocat de l’Electronic Privacy Information Center. “La collecte en en gros des données personnelles devrait simplement s’arrêter. Et des contraintes significatives sur la NSA doivent être rétablies. Le but de la FISA (Foreign Intelligence Surveillance Act) était de permettre la surveillance électronique des objectifs étrangers à des fins de renseignement étranger, et le cadre actuel de la collecte nationale en gros fait tout l’inverse “.

Au-delà du groupe d’examen, les défenseurs de la vie privée au Congrès poussent un projet de loi, la Loi sur la liberté aux États-Unis, qui empêcherait le gouvernement de recueillir le téléphone des Américains et d’autres données en vrac sans suspicion individuelle d’actes répréhensibles. La loi sur la liberté aux États-Unis n’a pas encore reçu le soutien de la Chambre et du Sénat, mais les partisans revendiquent 120 co-sponsors à l’Assemblée législative.

L’entrevue de 60 minutes fait partie d’une initiative de la NSA pour reconstruire sa réputation grâce à l’augmentation de la participation du public. Cette semaine, le blog Lawfare diffusera une série d’interviews en podcast avec les dirigeants de la NSA. Les hauts fonctionnaires de la NSA ont également fait des apparitions sur les campus universitaires pour faire valoir que leurs activités de surveillance sont nécessaires pour la sécurité nationale et non intrusive dans la vie privée des Américains.

 

4) Commentaires

L’enquête interne menée par la NSA a permis d’identifier 98 % des documents auxquels Edward Snowden a eu accès et de conclure qu’il a vraisemblablement agi sans l’aide d’autres membres du personnel de l’agence ou service de renseignements étrangers. Un logiciel censé dissiper la « menace interne », dont Barack Obama a ordonné la généralisation après les divulgations de Wikileaks, était en cours d’installation au moment des faits, mais n’était pas encore opérationnel, a expliqué Richard Ledgett. « Snowden a frappé à un moment très opportun… Pour lui, pas pour nous », a-t-il commenté.

Les documents que l’informaticien a divulgués jusqu’ici portent sur des programmes de la NSA et des partenariats avec d’autres pays ou des entreprises étrangères.

Pour le moment, aucun membre du personnel de la NSA n’a selon lui été limogé dans le cadre de l’affaire Snowden, mais trois personnes pourraient faire l’objet de mesures disciplinaires.

Edward Snowden, qui a provoqué des coups de tonnerre à répétition depuis l’été avec ses révélations sur l’étendue des programmes de surveillance de la NSA, en particulier visant des pays alliés des Etats-Unis et leurs dirigeants, aurait dérobé quelque 1,7 million de documents. Quelque 58 000 d’entre eux ont à ce stade été confiés à la presse, selon le rédacteur en chef du quotidien britannique The Guardian.

 

Sitographie :

The Guardian

http://www.theguardian.com/world/2013/dec/15/nsa-edward-snowden-amnesty-documents

http://www.theguardian.com/world/2013/dec/16/nsa-surveillance-60-minutes-cbs-facts

Le Monde

http://www.lemonde.fr/technologies/article/2013/12/17/edward-snowden-offre-sa-cooperation-au-bresil_4335967_651865.html

Courrier International

http://www.courrierinternational.com/article/2013/12/17/lettre-ouverte-aux-bresiliens-mon-aide-contre-l-asile-politique

01Net

http://www.01net.com/editorial/610536/edward-snowden-la-nsa-a-revoque-notre-droit-a-la-vie-privee/

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