“L’art de la guerre, c’est de soumettre l’ennemi sans combat.” Depuis des millénaires, les chinois perçoivent leur puissance davantage comme le rayonnement d’une civilisation brillante que comme l’application de la force militaire. La stratégie chinoise enseigne depuis Sun Tzu qu’il ne faut pas chercher à anéantir l’ennemi mais établir sur lui un ascendant et le maintenir, de telle sorte que l’usage de la force s’avère inutile.
Dans le passé, la Chine a été un grand empire mais elle fut ensuite sous la domination des puissances occidentales et ses peuples furent asservis. Depuis Mao Zedong (premier président du gouvernement populaire central chinois, en 1949), la Chine veut se libérer du joug des puissances occidentales et noue un désir de revanche: elle veut affirmer sa puissance et bouleverser l’ordre mondial traditionnellement établi par l’Occident.
Quand on évoque l’Occident, on pense à l’Amérique du Nord et à l’Europe. Ces régions voient le monde basculer en faveur de la Chine dont le développement semble incessant. Par développement chinois, on entend des performances économiques surpassant toutes les prévisions et qui ont des retombées sociales (amélioration des conditions de vie, développement de la classe moyenne) et géopolitiques. En effet, le pouvoir économique de la Chine accroit son influence et sa puissance géopolitique. Ce développement fulgurant peut inquiéter les Occidentaux qui pourraient le voir comme un danger. Dans la notion de menace, on comprend une agressivité, une volonté de nuire, affichée ou non, et une capacité potentielle de dominer.
Nous sommes donc amenés à nous demander si la Chine cherche à dominer les Etats-Unis et les Etats d’Europe, et si l’émancipation de la Chine peut bouleverser l’équilibre mondial au détriment de l’Occident?
La Chine a une volonté impérialiste et lance un défi aux Occidentaux, mais elle ne semble pas encore avoir les moyens suffisants de s’affirmer comme leader mondial.
Dans un premier temps, on ne peut pas encore parler de menace à court-terme concernant le développement de la Chine. Cependant, l’Empire du Milieu serait une menace à long-terme par sa capacité à développer des moyens militaires, des stratégies économiques et des alliances politiques.
Les difficultés de la Chine à se positionner comme un concurrent de taille face à l’Occident.
Le problème des minorités :
Les Hans représentent 91,6% de la population, les 8,4% restant se divisent en 56 minorités: Mandchous, Coréens, Mongoles, Hui, Zang, Tibétains, Khmers, Cantonais, Ouïgours. Depuis plusieurs années, les Hans « prennent le pouvoir » des confins au détriment des populations locales. Ils dominent numériquement, politiquement et économiquement. Il existe cinq régions autonomes, mais Pékin se refuse à accorder toute forme d’indépendance aux minorités et réprime sévèrement toute velléité d’indépendance qui serait perçue comme une remise en cause de la cohésion nationale. L’Etat répond le plus souvent par la violence et la répression des mouvements de contestations, au Tibet ou dans le Xinjiang notamment.
Les Ouïgours vivent dans le Xinjiang, ils sont musulmans et d’origine turque. Pékin et les Hans voient dans la région du Xinjiang un intérêt géopolitique majeur (frontière avec la Russie, présence de matières premières). Les Ouïgours ne reconnaissent pas l’autorité de Pékin et aspirent à l’autonomie de leur territoire sous le nom de Turkestan oriental. Pour cela, certaines populations se tournent vers le nationalisme indépendantiste, avec par exemple le Mouvement de Libération du Turkestan Oriental (ETIM), mais aussi vers des courants salafistes fondamentalistes. Les tensions sont de plus en plus fortes dès la fin des années 1990 et les émeutes, notamment en 2009, se sont multipliées.
La question démographique:
La question démographique se situe au coeur de la politique intérieure chinoise : la politique de l’enfant unique, qui a favorisé l’écart considérable entre le nombre d’hommes et de femmes. Par ailleurs, le seuil de renouvellement de la population n’est pas atteint et la Chine est confrontée au rapide vieillissement de la population : les plus de 65 ans représentent 8% de la population en 2002 (Japon : 18,5%, France : 16%), ils s’élèveront à 22% en 2030 (Japon : 30%, France : 25%). Cela suscite de nombreux questionnements, notamment en rapport avec le financement de ces futures retraites.
Le contrôle des libertés individuelles :
Aucun parti d’opposition politique n’est autorisé. L’ACFTU (All-China Federation of Trade Unions) est le seul syndicat et ne fait que transmettre les idées et les ordres du parti. Dans l’ensemble, le gouvernement chinois tient assez peu compte de la société civile et ne la considère pas comme un partenaire avec qui l’on peut échanger et négocier. Le Parti exerce une censure sur les réseaux et sites internet et les films. Les domaines culturels sont peu filtrés, mais la critique politique est impossible. Le pouvoir est omniprésent et très rigoureux : un département de la propagande contrôle le ministère de la Radio, du Cinéma et de la Télévision. La population est également surveillée par une police secrète.
Une croissance “irresponsable” :
La croissance chinoise pèse sur les ressources naturelles par l’ampleur de son gaspillage : elle perd 120 milliards de dollars rien qu’avec le gaspillage énergétique. Elle consomme aussi de plus en plus d’eau (558 milliards de m3 en 2004 et 800 prévus pour 2030) alors que 400 villes sur 670 souffrent déjà de pénuries. Le pays ne possède que 7% des réserves pour 25% de la population. La pollution de l’air est sans doute un des aspects les plus visibles de la dégradation de l’environnement : la Chine est devenue en 2006 le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre devant les Etats-Unis. Les promesses de Pékin en matière de réduction de pollution sont d’autant plus difficiles à croire que le pays n’a pas ratifié le protocole de Kyoto.
Des inégalités significatives :
L’indice de Gini (coefficient mesurant les inégalités de revenus dans une société) atteint 0,47 en 2009, contre 0,28 en 1980. Cela montre que les inégalités ne cessent de s’accroitre. Les fortunés sont souvent des hommes issus du PCC ou leurs proches, ce qui renforce le mépris des Chinois pour leurs dirigeants. Par ailleurs, le secteur informel (peut-être plus d’un tiers des emplois) favorise les inégalités : un grand nombre de salariés travaillent dans des conditions de non-droit, avec des salaires de misère. De plus, la Chine a beau être la 2e puissance mondiale en termes de PIB, elle est encore un pays en développement : le PIB/hab. en PPA (5971$) la place en 2010 au 99e rang mondial. L’IDH est de 0,77 ce qui la place au 71e rang mondial.
Une société qui proteste :
Les raisons de mécontentement se diversifient : confiscation sans véritable dédommagement des terres des paysans, corruption des fonctionnaires, vie impossible des mingongs exploités par les entrepreneurs et travaillant dans des conditions sanitaires et sécuritaires déplorables, inégalités socio-économiques, absence d’une vraie justice et d’un Etat de droit. Les salaires restent très faibles, ce qui empêche à toute une partie de la société de participer à la société de consommation naissante. Mais la population est désormais mieux instruite et plus revendicatrice, plus informée aussi de ce qui se passe ailleurs et donc plus exigeante. L’année 2010 a été marquée par des grèves multiples. Elles ont éclaté chez Foxconn à Shenzhen (11 suicides au début de 2010), chez Honda et Toyota. Ces mouvements ont surtout frappé des sociétés asiatiques ou des joint-ventures sino-asiatiques ; ils ont été en partie évités dans les joint-ventures sino-européennes où les conditions de travail sont plus favorables aux salariés.
Des relations sino-occidentales favorables aux partenariats.
« Un développement pacifique » :
L’époque de Hu Jintao, marquée par la publication en 2005 du Livre blanc, est celle du « développement pacifique sur une longue durée ». L’émergence extraordinaire du pays commence à susciter des inquiétudes ; il faut donc rassurer, démontrer que la Chine ne veut qu’une insertion, un partage des responsabilités dans les affaires du monde, un retour juste à la place qui lui est due, sans agressivité. La politique étrangère actuelle est essentiellement dictée par les besoins économiques du pays, les besoins d’équilibre face aux Etats-Unis et les besoins d’approvisionnement ou de maintien des marchés face au reste du monde. Mais Pékin a entrepris de travailler au remodelage des institutions de la gouvernance internationale comme le FMI ou la Banque mondiale, afin que sa place y soit plus conforme à son poids économique et humain.
Le multilatéralisme :
Politiquement, la Chine ne cherche pas à exercer à l’échelle mondiale une hégémonie ou un unilatéralisme. Pékin veut juste un monde multipolaire dans lequel le pays serait à sa juste place. Sa montée en puissance fait qu’il se trouve engagé dans une multitude de groupes : BRIC, BASIC… la Chine fait partie des instances de la gouvernance mondiale : membre du conseil de sécurité de l’ONU, la participation depuis 2009 au G20 et le refus affiché du G2 illustrent parfaitement le choix du multilatéralisme.
Chine et Europe partagent une vision commune du monde, multilatérale et non exclusive. Pourtant, il s’agit d’un multilatéralisme assez différent, en particulier pour les exigences « morales » qu’il implique pour les Européens, la Chine ayant une vision plus pragmatique. L’UE a l’avantage de ne pas être une puissance du Pacifique, ce qui lui évite de nombreuses sources de confrontation avec Pékin. Depuis 1998, un sommet annuel entre l’UE et la Chine approfondit les relations.
Quant à la Chine et les Etats-Unis, ils semblent être des partenaires « obligés » car le besoin de l’un envers l’autre (bons du trésor/exportations) rend les contacts entre ces deux pays indispensables. Barack Obama doit prendre en compte l’omniprésence de la Chine. En 2000 a lieu le premier forum sino-américain et le 27 juillet 2009, lors de l’ouverture du dialogue stratégique et économique sino-américain, Barack Obama a affirmé que « la relation Etats-Unis-Chine allait façonner le XXIe siècle », et cela semble être une réalité. Le politologue Brzezinski a proposé en 2006 un nouveau type de rapport, désigné sous l’appellation G2, soutenu par ceux qui sont hostiles aux néoconservateurs tenants de la menace chinoise. Mais les Chinois refusent de se positionner face aux Etats-Unis pour cogérer le monde et considèrent que cela les engagerait vers des sphères et des dépenses qu’ils ne souhaitent pas assumer. Pour les Chinois, l’ « hyperpuissance » ne sert à rien, si ce n’est à s’attirer des ennuis.
Des partenaires commerciaux incontournables :
Depuis 2001, l’Empire du milieu est membre de l’OMC et se doit de respecter les règles du commerce mondial. Les échanges de l’UE avec la Chine représentent en 2008, 327 milliards d’euros, soit 11,4% de son commerce extérieur. Le déficit européen s’établit à 169,5 milliards d’euros en 2008 ; 133 milliards en 2009, contre « seulement » 108,5 milliards en 2005. Depuis 2004, l’UE est le premier partenaire commercial de la Chine. La Chine est le deuxième partenaire commercial de l’UE. En 2010, selon L’Express du 12 février 2011, l’UE absorbe 28% des exportations chinoises. Elle investit beaucoup en Chine (en moyenne 4 à 5 milliards par an depuis le début des années 2000) et est aussi le premier fournisseur de technologies aux Chinois. En mars 2014 a eu lieu la signature de nombreux contrats commerciaux, à hauteur de 18 milliards d’euros (par exemple, l’accord entre le Français Peugeot et le Chinois Dongfeng qui a pris des parts dans le capital de Peugeot, ou encore une chaîne de montage de l’A320 construite en coopération entre Airbus et une société chinoise). Mais les investissements se font dans les deux sens : au total, la Chine investit 90 milliards de dollars à l’étranger. Soit autant qu’il y a d’investissements étrangers en Chine.
Les liens commerciaux et financiers entre l’Empire du milieu et les Etats-Unis sont devenus très forts et probablement irréversibles : produits manufacturés contre bons du Trésor. La dette américaine est en partie détenue par Pékin. Les deux pays sont complémentaires : l’un dépense, l’autre épargne. L’interdépendance est donc très grande et a donné naissance à l’appellation « Chinamérique ».
Des opportunités offertes par le développement chinois.
Le défi chinois : un moteur d’innovation et d’amélioration de la compétitivité occidentale :
La montée en gamme des produits chinois amène les économies occidentales à investir dans leur appareil productif et à innover davantage pour que leurs produits deviennent plus compétitifs. Américains et Européens gardent une avance technologique et jouissent d’une main-d’œuvre hautement qualifiée, d’ingénieurs, chercheurs et entrepreneurs. Le défi lancé par la Chine à l’ancien centre de l’économie mondiale peut être vu comme l’impulsion d’une nouvelle dynamique qui se mettrait en place dans les économies occidentales.
La Chine est en proie à de multiples difficultés internes qui la menacent directement. A l’échelle mondiale, Pékin veut compter parmi les grandes puissances dans un monde multipolaire, sans pour autant paraitre menaçante. La Chine semble plutôt lancer un défi aux Occidentaux et cela pourrait donner à l’Occident l’opportunité de s’améliorer sur le plan économique et même stratégique. Européens et Américains ont intérêt à considérer la Chine comme un partenaire avec lequel on peut avancer et construire le XXIe siècle. Mais sur le long terme, Pékin n’est-elle pas en train de déployer des stratégies commerciale et militaire agressives et orientées contre les Occidentaux ?
Un développement chinois accéléré : la menace grandissante face à l’Occident.
La Chine, concurrente économique « déloyale » :
Avec 1,35 milliards d’habitants, la Chine est la seconde puissance mondiale en termes de PIB et quitte donc le statut de pays sous-développé grâce aux « 30 prodigieuses » (N. Baverez). Selon un rapport de l’OCDE, la chine passera en tête des puissances d’ici 2030. Ce miracle économique de la Chine cacherait-il une menace asiatique pour le monde occidental ?
En intégrant l’OMC en 2001 et en maintenant une politique monétaire qui la protège de la concurrence étrangère, elle devient donc première exportatrice mondiale. De plus l’Occident est criblé de dettes et est en déclin, ce qui permet aux pays émergents comme la Chine d’avoir une position d’autant plus forte. Cette dernière, avec 3 200 milliards de dollars en réserve de change en octobre 2011 (soit plus de 50% de son PIB), détiendrait 9,8 % de la dette américaine et plus de 7% de celle des pays européens. Cette même année, la China Development Bank et la China export-import Bank ont prêté plus d’argent que la Banque mondiale soit 110 milliards de dollars. Pour ajouter à cela, la banque de Chine fait évoluer le yuan en fonction de la politique et de l’économie du pays. Elle instaure une politique du yuan faible ce qui est considéré déloyal par les pays riches car elle octroie à la Chine encore plus d’avantages de compétitivité pour l’exportation.
Des pratiques controversées :
Un état qui n’impose pas les mêmes règles que les autres, ne peut pas être un partenaire économique loyal. On observe une pénétration du marché très difficile car le pays, malgré sa politique d’ouverture, a une approche protectionniste. Ce commerce ouvert que dans un sens est le résultat d’avantages comparatifs démesurés tel que le dumping social et commercial. Les bas salaires et les normes de sécurité peu développées permettent d’offrir des produits à un prix qui défit toute concurrence. L’ORD recense plus de 100 plaintes antidumping contre la Chine en 2009. De plus, la Chine ne respecte pas les propriétés intellectuelles et produit 85% des articles contrefaits en France. Ces derniers représentent souvent des dangers pour la santé ou bien peuvent provoquer des accidents tels que les incendies. Elle dérobe aussi des secrets technologiques par espionnage et piratage.
Souvent jugée sévèrement pour l’utilisation de ses nombreux avantages compétitifs et ses pratiques déloyales, la Chine se développe au milieu de tensions économiques concurrentielles importantes. La chine est certes un partenaire incontournable et un moteur de notre économie mais elle est aussi une concurrente redoutable.
Le « Soft Power » : l’expansion internationale de la culture chinoise.
Le soft power est évoqué pour la première fois par l’Américain Joseph Nye en 1990, il définit ce concept comme étant « la capacité d’obtenir ce que l’on veut par l’attraction plus que par la coercition ». Tout comme dans le jeu de Go, il est question de former des espaces qui seront ensuite contrôlés plutôt que de détruire pour régner. Pour devenir une puissance globale, la Chine a bien compris que la capacité d’influence prévaut souvent sur la capacité militaire. Cette influence se fait au travers de nombreux moyens comme le sport, le commerce, l’art, etc. Cependant, certains domaines restent ambigus : l’économie est-elle du registre du « soft » ou du « hard » power ?
La diaspora : un rôle essentiel de l’influence chinoise dans le monde :
La diaspora chinoise, représentant des dizaines de millions de personnes, est la plus grande et la plus riche des diasporas au monde. Ces immigrants n’oublient cependant pas leurs origines et gardent un lien très fort avec leur culture. Ces expatriés, tenu pour traîtres par le passé sont devenus un relais de puissance et d’influence et participent au développement de leur pays d’origine.
Instituts Confucius :
Depuis la présidence de Hu Jintao, le confucianisme est redevenu une valeur mise en avant par l’Etat. Les instituts Confucius sont des établissements culturels publics à but non lucratif qui enseignent le mandarin et délivrent des certificats. Ils contribuent au rejet des valeurs occidentales au travers du recentrage sur des valeurs proprement chinoises. Il y a également un prix Confucius de la Paix, c’est une sorte de contre prix Nobel qui démontre bien la recherche d’alternatives aux valeurs occidentales.
Les stratégies géopolitiques et le hard power.
La stratégie du « collier de perles » :
Le « collier de perles », expression inventée en 2003 par le cabinet de consultants américains Booz Allen, schématise les points-relais destinés à sécuriser les routes maritimes de la Chine et à tisser des liens avec les pays d’accueil. Ils sont généralement acquis par rachats ou financements d’installations portuaires. C’est une stratégie ayant pour but d’étendre le contrôle sur la Mer de Chine, cela générant des tensions avec les pays voisins mais également avec l’Occident.
Le canal du Nicaragua :
Le gouvernement de Pékin a pour projet la construction d’un canal à 600 kilomètres du canal de Panama. Un projet de 30 milliards d’euros qui s’accompagnera de deux ports, un aéroport, un oléoduc et un chemin de fer. Ainsi la Chine se met directement en concurrence avec les Etats-Unis quant à l’accès au canal.
La présence chinoise en Afrique :
Dès l’époque maoïste, un intérêt pour l’Afrique s’est manifesté. Les principaux fournisseurs en pétrole sont le Soudan, l’Angola, le Gabon, la Libye et plus largement en ressources naturelles, l’Afrique du Sud et le Congo. Au-delà des hydrocarbures, les investissements chinois concernent l’exploitation minière, la pêche, le bois et les télécommunications en instaurant des programmes de développement agricole, de constructions d’infrastructures ou d’établissements médicaux. Elle concurrence ainsi les anciennes puissances coloniales comme la France ou le Grande-Bretagne. Cet engouement pour ce continent suscite des inquiétudes en Occident car il a toujours été la chasse gardée de l’Europe qui y possède des intérêts (francophonie par exemple). On s’inquiète de la perte de marchés, d’un ralentissement voire d’un recul dans les avancées démocratiques des pays, et surtout d’une diminution de l’offre en matières premières.
L’alliance Sino-russe :
Pékin et le Kremlin ont de nombreux points communs dont le plus évident est l’opposition à l’ingérence des Etats-Unis dans les affaires intérieures des autres pays. Ils ont également tous deux une position contre les trois occidentaux à l’ONU et un intérêt pour le multilatéralisme. En 1996, ils signent un traité de voisinage et de coopération amicale : l’Organisation de la Coopération de Shanghai. L’OCS est maintenant une puissante entité au cœur de l’Eurasie.
La question de l’arsenal nucléaire et militaire chinois :
Pékin, avec le test de sa première bombe nucléaire le 16 octobre 1964, s’intègre dans le club très fermé des pays dotés l’arme nucléaire (EDAN) selon le TNP (Traité de Non-Prolifération des armes nucléaires). Aujourd’hui, bien que le budget militaire américain reste le plus important au monde (45,3% de la dépense militaire mondiale) celui de la Chine s’élève à 112 milliards de dollars, son principal fournisseur étant la Russie.
La Chine publie en 2013 une nouvelle édition de son Livre blanc de la défense chinoise. Ce document a pour but de communiquer sur les atouts et les objectifs de son armée. Le pays dévoile ainsi la structure de son armée d’un effectif total de 1 483 000 soldats actifs. Pékin renvoie un message qui promeut une politique de coopération et de paix avec les autres Etats tout en restant capable de répondre à une éventuelle offensive étrangère.
Par ailleurs, un rapport inquiétant est publié par la Georgetown University en 2011. Trois mille têtes nucléaires seraient cachées dans des tunnels secrets souterrains en Chine. Pour ajouter à ces ogives nucléaires, une arme indétectable et redoutée par Washington a été créée par des ingénieurs chinois : un missile antisatellite. On arrive progressivement à une course à l’armement qui s’apparente à la course pour l’espace qui s’est déroulée durant la guerre froide.
Avec ses ambitions géostratégiques internationales, la Chine est devenue un facteur dynamique de la mouvance mondiale ce qui inquiète les occidentaux. Pékin a les capacités pour imposer son hégémonie dans les régions où elle n’est pas, ainsi que de la maintenir là où elle est déjà présente.
Aujourd’hui, les ambitions mondiales de la Chine ont pris de l’importance. Elle est à la fois plus présente, plus ferme dans ses prises de paroles, plus « arrogante » aussi. L’empire du milieu est bel et bien revenu au centre du monde, cependant il se fait talonner par d’autres puissances émergentes comme l’Inde ou le Brésil. Pendant combien de temps la Chine restera-t-elle en tête ?
Marianna Ramet, Florence Regnaut
- Chongguo C. (2005) Chine : L’envers de la puissance
- Domenach J-L. (2008) La Chine m’inquiète, Perrin Asie
- Gentelle P. (2004) Chine, peuples et civilisation, La Découverte
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- Izraelewicz E. (2005) La Chine change le monde
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