Introduction
Le Kirghizistan, littéralement pays des Kirghizes, est un pays d’Asie Centrale d’une superficie de 199 945 kilomètres carrés. Le pays est limitrophe de la Chine, du Kazakhstan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan. Officiellement, le pays porte le nom de République Kirghize. Bien que la langue kirghize soit la langue nationale, la langue officielle du Kirghizistan reste le russe. La capitale du Kirghizistan, Bichkek, est située près de la frontière du Kazakhstan et se trouve aussi être la plus grande ville du pays avec 933753 habitants en 2015 selon l’Organisation des Nations Unies. Elle fut fondée au XIXe siècle par les Russes et se nommait autrefois Frounzé (en hommage au dirigeant soviétique). La capitale fut aussi l’épicentre de la révolution des tulipes et de la révolution kirghize de 2010. Concernant sa structure politique, le Kirghizistan est, depuis le 27 juin 2010, une République à régime parlementaire. Le pouvoir exécutif se concentre autour du Président de la République -élu au suffrage universel pour six ans non renouvelable- et du Premier Ministre nommé par le Président.
Quant au pouvoir législatif, il est détenu par le conseil suprême -le Jogorku Kenesh- composé de 120 membres élus au suffrage universel direct pour cinq ans. Le gouvernement est responsable devant le conseil suprême et ce dernier ne peut être dissout par le Président. Actuellement, le Président de la République Kirghize est Almazbek Atambaiev, élu le 1er décembre 2011. Son premier ministre est Sooronbay Jeenbekov, en poste depuis le 13 avril 2016. Le Kirghizistan a pour monnaie nationale le Som qui s’échange actuellement aux alentours de 83 Som pour un euro. Le pays a un indice de développement humain (IDH) de 0,664 (chiffre de 2015) ce qui l’amène à la 126ème place mondiale. Enfin, 99% de la population kirghize est alphabétisée en 2015.
Démographie
- Les Kirghize : peuple de pasteurs nomades (éleveurs nomades) caractérisé par un attachement fort aux traditions telles que l’artisanat avec la fabrication et la décoration de yourtes. Les kirghizes sont aussi un peuple reconnu pour ses talents équestres. Les kirghizes, du fait de l’enclavement de leur pays, furent épargnés par les invasions mongols mais finirent par se soumettre au fils de Gengis Khan en 1207. La notion de pastoralisme semi-nomade est encore présente dans les mentalités du pays. La conservation du mode de vie ancestral est ancrée dans la culture du pays. Les kirghizes vivent encore selon un système clanique tribal. Les kirghizes représentent environ 71% de la population.
- Les russes : la population russe s’est installée au Kirghizistan après la colonisation du pays par l’Empire Czariste en 1876. En 1936, le Kirghizistan est intégré à la Russie soviétique. Pour fonctionner, l’administration soviétique fait venir de nombreux russes dans le pays.
Après l’indépendance, la peur d’un nettoyage ethnique entraîne une fuite massive des russes du pays. La population russe représentait 21,5% de la population en 1990. Aujourd’hui ils sont encore présents mais sont moins nombreux.
- Les allemands : la présence allemande au Kirghizistan date, comme pour les russes, de la colonisation du pays par l’Empire Czariste. Les allemands ont fui massivement le pays après la chute de l’URSS. En 1990, ils représentaient environ 2,5% de la population.
- Les ukrainiens : présents depuis la colonisation russe de 1876. Les ukrainiens représentaient environ 2,4% de la population en 1990. Ils ont eux aussi fuient massivement après l’indépendance.
- Les turcs : présents depuis le Vème siècle dans la région. Les turcs sont en minorité dans le pays et sont le plus souvent des ruraux.
- Les Ouzbeks : vivant principalement dans la région d’Och au sud du Kirghizistan. Le rapport entre la minorité ouzbek et la majorité kirghize est problématique. De nombreuses émeutes et de nombreux pogroms ont déjà eu lieu. La minorité Ouzbek est présente depuis le découpage des républiques soviétiques effectués par Staline. L’Ouzbékistan s’enfonce au cœur du Kirghizistan tandis que ce dernier s’enfonce aussi dans le cœur de son voisin. Cela permettait de créer des minorités ethniques dans les deux pays (kirghizes chez les ouzbeks et ouzbeks chez les kirghizes) permettant au régime soviétique de mieux contrôler ces républiques.
La population kirghize croît d’environ 2% par an. Un homme kirghize peut espérer vivre 66,2 ans à sa naissance tandis qu’une femme kirghize a une espérance de vie de 74,8 ans.
Langues
La langue officielle du Kirghizistan est le russe. Depuis 1991 cependant, le Kirghize (faisant partie du groupe des langues turques) est devenu une langue et vient en supplément du Russe (langue officielle) qui fut conservé après l’indépendance du pays. Le Kirghize est désormais majoritairement parlé (71% de la population) à l’inverse du Russe qui ne représente qu’une faible part même si celui-ci reste maitrisé (40%) de par le fait qu’il soit la langue des affaires et de la politique ainsi que de l’administration d’une manière générale.
Le Kirghize continu cependant de prendre de l’importance au niveau des instances Politique (parlement). De même, L’Ouzbek est une langue courante du pays parlée par une faible partie de la population.
Religion
La religion principale du Kirghizistan est l’Islam Sunnite (de l’école hanafite) ponctuée des influences chamanistes (précédant l’islamisation du pays) et du soufisme (missionnaires de l’islamisation) en rapport à une islamisation tardive du pays (XIIe siècle environ). Toutefois, il y a aussi 75% de sunnites, 20% d’orthodoxes et quelques milliers de catholiques et protestants. La part non musulmane de la population est en constante baisse, passant de 32% en 1979 à 15% de nos jours. Aussi, malgré la volonté du pays d’être un état laïc sans influence religieuse dans sa conduite afin de garantir la liberté de culte, l’Islam a un rôle de plus en plus important de par son émancipation interférant face à cette volonté. En effet, de nombreux personnages publics montrent leur soutien à l’Islam. L’inquiétude atteignit une partie de la population lors de la création de l’Etat islamique et de la montée de mouvements fondamentalistes dans des pays proches tels que l’Afghanistan ou le Tadjikistan.
Géographie et Topographie
- Superficie : Le Kirghizistan a une superficie de 199 945 km2.
- Frontières : Pays d’Asie Centrale, entouré par la Chine (Est), le Kazakhstan (Nord), l’Ouzbékistan (Ouest) et le Tadjikistan (Sud). Le pays possède 3878 km de frontières : Chine (858km), le Kazakhstan (1051km), l’Ouzbékistan (1099km) et le Tadjikistan (870km). Le Kirghizistan possède des frontières naturelles grâce aux Montagnes (renforçant l’isolement géographique) comme le Kokshal-Tao séparant le pays de la Chine.
- Exclusion géographique : Le pays est dans une position d’enclavement géographique avec un non accès à la mer, ce qui est un handicap majeur.
- Relief : Pays montagneux à 95%, situé en altitude et possédant de nombreux glaciers. Il est divisé en deux par une zone montagneuse : Nord-Est et Sud-Ouest. Les villes sont principalement implantées dans les zones à faibles altitudes.
- Enjeux fluviaux : Le fleuve Amou-Daria est un objet de litiges entre le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan, et aussi un désastre écologique majeur du fait du détournement massif qu’il subit pour l’agriculture. Il a été en partie asséché, entraînant la disparition progressive de la mer d’Aral partagée avec le Kazakhstan et l’Ouzbékistan. L’un des principaux fleuves nourriciers de l’Asie centrale, nommé le Syr-Daria (partagé entre Tadjikistan, Kirghizistan, Ouzbékistan et Kazakhstan) subit les mêmes sévices que le fleuve Amou-Daria. Il n’alimente de nos jours qu’une infime partie de la mer d’Aral et uniquement au Kazakhstan.
Evaluation du risque politique
Influence Russe : L’influence russe au Kirghizistan commença au XIXe siècle lorsque le pays se trouva sous le contrôle de l’Empire Russe (1876) qui y exerça une répression entrainant par la suite de multiples révoltes ayant pour conséquences, l’exil d’une partie de la population vers les pays frontaliers comme la Chine. Après de multiples étapes « d’intégration soviétique », le pays devint en 1936, la république socialiste soviétique kirghize, promulgué comme membre de l’URSS.
Indépendance : L’instabilité de l’URSS à la fin des années 80, permit au Kirghizistan, peu de temps après, lors de la chute de l’URSS, l’accession à l’indépendance (31 aout 1991) grâce aux élections libres permettant l’élection de Askar Akaïev en tant que président en 1991. Dans un même temps, le nom officiel du pays (l’ancienne république de l’URSS ) devint, la République du Kirghizistan (dec.1991), la capital (Frounzé) fut renommée Bichkek (fev.1991) et le pays adhéra à la Communauté des états indépendants.
Révolution des tulipes : Après des troubles survenus au début des années 2000 au sein du pays, le pouvoir autoritaire exercé par Askar Akaïev ne pourra durer plus longtemps. En effet, les élections législatives de 2005 furent dénoncées comme frauduleuses par l’OSCE, engendrant des soulèvements pour la démission du gouvernement en place. A ce soulèvement, se rajouta l’insurrection du peuple face à la corruption et à la situation économique déplorable du pays. Ce mouvement d’opposition aboutira le 24 mars 2005, à la prise d’assaut de l’immeuble présidentielle à Bichkek, par 15000 manifestants en rapport à des rumeurs d’exil (en Biélorussie) du président Akaïev. Celui-ci s’exila finalement du pays avec sa famille au Kazakhstan et se rendit ensuite à Moscou. De ce coup d’état, s’en suit la mise en place d’un gouvernement intermédiaire (par les chefs de l’opposition) et la démission forcée de l’ancien président déchu par le Parlement Kirghize, le 11 avril 2005.
L’instabilité politique : Kourmanbek Bakiev prendra la position de président et premier ministre et remportera ensuite l’élection présidentielle du 10 juillet 2005 et le gouvernement sera finalement constitué en Septembre 2005. En 2006, les anciens alliés et partisans du président déchu, Akaïev, organisèrent une nouvelle opposition afin d’exiger la mise en place des réformes promises par le gouvernement. Cela aboutit à une manifestions sur la place centrale de la capitale ou Bakiev fut accusé de népotisme et de corruption. Un compromis aboutira de ce mouvement de protestations, visant à rendre les institutions du pays plus démocratiques. Le 9 Novembre 2006, suite au mouvement d’opposition, la nouvelle constitution mise en place par le gouvernement, instaure une république présidentielle et parlementaire, mais celle-ci sera de nouveau modifiée (fin décembre 2006) du fait de la crise institutionnelle touchant le pays. Cette révision confèrera plus de pouvoirs au président.
A partir de 2007, apparaît une forte instabilité politique avec la mise en place et la démission successive de nombreux personnages politiques. Malgré cela, le gouvernement de Bakiev perdure jusqu’en 2009 et une « dérive autoritaire » menant par la suite à une dégradation du climat politique accentué par l’opposition politique.
Plusieurs opposants et journalistes seront tués lors de cette période. Cette dérive autoritaire avait pour but l’instauration d’un « système dynastique de transfert des pouvoirs » dans la Constitution.
Révolution Kirghize : Le 7 avril 2010 apparaît de nouveau une violente manifestation des opposants au régime de Bakiev (accusé de dérives autoritaires) dans Bichkek entrainant de nombreux morts et des centaines de blessés. Dans la même journée, le Parlement fut assiégé par des centaines d’opposants (situé près de la résidence présidentielle) ayant pour effets la déclaration d’état d’urgence, la mise en place d’un couvre-feu et l’arrestation des chefs de l’opposition. Par ailleurs, le premier ministre (Daniar Oussenov) donna sa démission et l’opposition forma son « propre gouvernement » dirigé par Roza Otounbaieva. Environ une semaine plus tard, Kourmambek Bakiev, déchu, partit en exil au Kazakhstan après avoir démissionné officiellement auprès du nouveau gouvernement.
Violences de Juin 2010 : Suite à la révolution d’avril 2010, apparurent des situations de violences interethniques dans le pays. Les affrontements, entre groupes kirghizes et groupes de population d’origine ouzbeks, engendrèrent l’état d’urgence, décrété par le gouvernement provisoire pour deux provinces en particulier (province d’Och et province de Jalal-Abad). Cette tentative de déstabilisation du nouveau pouvoir mis en place, par les pro-Bakiev fut dénoncé par le gouvernement et engendra une situation de tensions sans précédents, impliquant militaires et civils et divisant le pays.
Division (fracture) nationale : Le Kirghizistan est depuis longtemps en proie à une situation de déstabilisation de l’unité nationale par l’opposition de la minorité ouzbek (économiquement plus importante) face à la majorité kirghize. Cela est dû à « la prédominance d’un phénomène de solidarité ethnique sur le territoire » (le sud du pays constitue le second foyer principal de peuplement de la République). Cette situation dégénéra à deux reprises : en 1989 et en Juin 2010 par des affrontements violents. Les Ouzbeks désormais en situation de faiblesse et soumis à une pression politique Kirghize (sans compter le nationalisme et la neutralité du pouvoir ouzbek) se tournent auprès de l’Islamisme radical. Avec l’apparition de l’Etat islamique et le retour des talibans en Afghanistan, le risque d’une contamination du fondamentalisme islamique au Kirghizistan est non négligeable. Ce risque est d’ailleurs partagé avec les autres pays d’Asie centrale et notamment avec l’Ouzbékistan voisin.
Une politique tangible : En 2010, le premier régime semi-parlementaire d’Asie centrale fut instauré au Kirghizistan et fut érigé en modèle démocratique de la région. Les élections législatives qui avaient été faite la même année furent caractérisées par un pluralisme important et un émiettement de l’électorat. En 2012, des scandales de corruption éclatèrent au sein de la coalition gouvernementale et le retrait de la scène politique de certains partis politiques conduisit le premier ministre (Babanov) à la démission et entraina par la suite la création d’un nouveau gouvernement (6 septembre). Peu de temps après, 3 députés du parti nationaliste (Ata Jurt) tentèrent de réaliser un coup d’état à l’aide d’un millier de manifestants, réclamant la nationalisation de la mine de Kumtor. Cependant voués à l’échec, ils seront finalement jugés et déchus de leur mandat de députés. Les tensions sociales et politiques concernant de la mine de Kumtor s’amplifièrent début 2013 avec des manifestations régulièrement.
Un équilibre politique et social précaire : En 2014, l’assemblée législative kirghize avait accepté le gouvernement actuel dont l’objectif principal est de lutter contre l’insécurité et d’attirer les investissements étrangers. De nombreux acteurs politiques sont issus, comme le premier ministre, d’une coalition politique fragile et faisant face à une instabilité sociale continue, accentuée par la situation de division politique opposant le pouvoir central et le Sud. En effet, le gouvernement n’arrive pas à s’imposer au sud à cause de l’opposition nationaliste de la région et du fait que ces régions sont contrôlées par certaines élites politiques reliées à la criminalité organisée. Le gouvernement doit composer en permanence avec les différents partis politiques, dont certains visent son renversement, et ne parvient pas toujours à obtenir le soutien de sa propre majorité, comme l’illustre le débat autour de la mine de Kumtor.
La menace Djihadiste : Les institutions religieuses du pays sont de moins en moins contrôlable, ayant comme répercutions la production de redoutables prêcheurs djihadistes. Ceux-ci séduisent de nombreux acteurs importants de la scène politique ou administrative. De nombreuses organisations recrutant de nouveaux éléments pour le djihad sont d’ailleurs actives dans le pays alors que celles-ci sont interdites dans le reste de la région, sous couvert d’un Islam non-Violent. S’infiltrant au sein des hautes instances du pays afin de promouvoir leurs revendications par la suite, ces organisations ont pour but de rallier le plus grand nombre de personnes en visant principalement les populations défavorisées (plus facile à séduire sous couvert d’un « Islam Pur ») et les étudiants (jeunesse défavorisée) pour finalement les envoyer au Djihad. De même un phénomène de propagande d’un islam dit « pacifiste » se fait au sein des prisons, permis par l’infiltration de ses organisations, radicalisant les détenus.
Ceci étant, la vulnérabilité du pays face au terrorisme peut entrainer une déstabilisation de la région par les islamistes. Le Mouvement islamique du Turkestan oriental profite du départ d’Afghanistan des troupes occidentales, et appelle au djihad contre la Chine, qui oppresse les musulmans dans la région autonome ouïghour du Xinjiang. Un appel aux forces islamistes à combattre le gouvernement chinois puis à passer en Asie centrale via le Tadjikistan et le Kirghizistan a été fait.
Evaluation des risques économiques et financiers
Quelques chiffres sur la situation économique du Kirghizistan :
- PIB (2016) : 6,551 Mds USD selon la banque mondiale
- PIB par habitant : 1077,04 USD
- PNB 2008 :161e/231
- PNB/habitant 2007 :195e/231
- Taux de croissance du PIB : + 5,7 % en 2011, -0,9% en 2012 (en raison de l’arrêt partiel de la mine de Kumtor), +3,9% en 2015 et +3,8% en 2016.
- Taux d’inflation : 2,5% en 2016
- Solde budgétaire 2015 : – 1,3 % du PIB
- Balance commerciale (2014) : -50,7 % du PIB
- Principaux clients (2014) : Suisse (38 % presque exclusivement de l’or), Kazakhstan (31 %), Emirats arabes unis (8,6%), Russie 7,5%
- Principaux fournisseurs (2014) : Russie (32 %), Chine (21 %), Kazakhstan (10 %)
- Solde Courant/ PIB (2014) : -14,2%
- Solde commercial (2014) : -2,201M$
- Dette publique/PIB (2014) : 51 %
- Dette externe/PIB (2012) : 4 Mds USD
- Part des principaux secteurs d’activité dans le PIB (estimation 2012) : Agriculture : 20 % (50% de la population active) ; Industrie : 27 % (dont 10-12 % pour la mine d’or de Kumtor) ; Services : 53 %.
- Taux de pauvreté : 32 % (pays le plus pauvre de la CEI après le Tadjikistan).
- Le climat des investissements : peu favorable du fait des tensions sociales et de l’instabilité politique
- La corruption : élevée (150e/177 selon Transparancy International).
L’élevage et l’agriculture sont les principales ressources du pays. Riche en eau, permettant les cultures des pays voisins, et de gaz (importantes réserves), le pays n’en dégage que peu de revenus. Les rivières kirghizes ont un important potentiel hydroélectrique faisant du pays un des principaux fournisseurs d’électricité des pays environnants.
Le pays possède d’importante ressources aurifères : des gisements (de métaux précieux et produits minéraux) comme les pierres précieuses, l’or, les minéraux et de l’uranium, représentant une part importante de ses exportations (60%). Il y a aussi d’immense réserves de charbon estimées à 2 ,5 milliards de tonnes dans le nord du pays. Cependant, ces gisements sont difficilement accessibles à cause de la topographie du pays. De plus, l’activité économique du pays dépend en partie de l’exploitation de la mine de Kumtor, plus grande mine d’or du pays (10% du PIB) et un des plus grands gisements aurifères du monde. Depuis peu, le pays est enclin au développement croissant du tourisme par divers moyens comme la libre circulation sans visa des touristes sur le territoire pour une soixantaine de pays durant une durée limitée.
Vivant autrefois de la dépendance économique de Moscou (apports financiers / échanges), le pays s’est vu affecté économiquement par son indépendance à partir de 1991. Notons que 98% des exportations du pays étaient destinées à l’Union Soviétique. Désormais, l’importation du pétrole et du matériel russe sont nécessaires au développement de Kumtor et maintiennent le déficit commercial du pays à un niveau élevé de 2,201 milliards de dollars en 2014. Face à de telles difficultés économiques, la Russie accorde depuis 2010 une aide financière massive au Kirghizistan. Par ailleurs, Moscou a permis la levée des taxes sur les hydrocarbures depuis 2011, ainsi que l’annulation de la dette du pays (189 M$ + 300 M$ échelonnés). Une part importante des flux financiers entrants provient des transferts monétaires des Kirghizes expatriés (situés dans le secteur de la construction en Russie et au Kazakhstan), représentant 35% du PIB (environ). Le Kirghizstan devrait pâtir du ralentissement économique de la Russie, accentué par les sanctions européennes.
Le Kirghizistan voit son développement freiné par divers facteurs structurels : tout d’abord la situation d’enclavement du pays et le non-accès à la mer sont un handicap notable dans son insertion international. En outre, l’étroitesse du marché kirghize et la dépendance énergétique et alimentaire empêchent la croissance économique du pays et rendent vulnérable l’économie à tous choc externe. A cela s’ajoute une dette importante (le pays a recours aux bailleurs de fonds internationaux pour financer le déficit budgétaire représentant 5,25% du PIB en 2012 d’après le FMI), une diversification insuffisante des exportations et une faiblesse des réformes structurelles. De plus, le chômage touche la population active et plus particulièrement les régions méridionales et les jeunes. Le Kirghizistan est l’un des pays les plus pauvres d’Asie Central avec plus de 40% de population vivant sous le seuil de pauvreté.
Une reprise de croissance devrait être prévue du au rattrapage de la production industrielle qui avait été fortement dégradée par la chute d’activité (2012) de la mine de Kumtor et par le secteur de la construction. La production aurifère de Kumtor devrait soutenir la croissance malgré la modération du prix de l’or, en plus du fait que le conflit relatif à l’exploitation de la mine fut mis temporairement hors-tensions grâce à l’accord conclu avec l’entreprise canadienne Centerra en 2014 (société canadienne propriétaire de la mine d’or de Kumtor de nos jours). De même les secteurs de la construction et des télécommunications devraient continuer de soutenir le secteur industriel malgré une croissance ralentie. Enfin, les investissements en infrastructures et un meilleur accès au crédit devraient également permettre le développement économique.
En 2014, le déficit budgétaire s’était accentué à cause du ralentissement de la croissance et de la fermeture de la base américaine de Manas mais il a de nouveau diminuer en 2015 du fait de la réduction des dépenses du gouvernement et à la hausse des aides internationales dont la Russie contribue fortement avec une aide de 200 millions de dollars en supplément d’un prêt de un milliard de dollars ayant pour but de soutenir le pays afin qu’il remplisse les conditions d’accès à l’union douanière de l’UEE (membre depuis janvier 2015).
La dette publique quant à elle devrait demeurer stable et le déficit couran,t qui s’était atténué en 2014, grâce aux dons devrait s’est creusé légèrement en 2015 à cause de la diminution des transferts d’expatriées kirghizes en Russie (30% du PIB) et des IDE russes, qui ont pour conséquences une baisse de la consommation des ménages et donc de la demande.
Les importations en voie de diminution du fait d’une demande plus faible, devraient être compensées par la dépréciation du Som (liée à l’effondrement du rouble et à l’appréciation du dollar) qui favorisera les exportations du pays.
Cette dépréciation du Som n’a pas entraîné, comme on pouvait le craindre, une forte inflation dans le pays. Au contraire, celle-ci s’est stabilisé à un niveau satisfaisant de 2,5% en 2016.
Enfin, le Kirghizstan a été le premier Etat de la CEI à faire partie de l’OMC en 1998 grâce à son engagement dans le processus des réformes, de privatisations (75% du PIB provient du secteur privé) et de la réforme du système bancaire qui reste cependant de taille très modeste. Le pays tire des profits de son activité de réexporte des produits chinois vers la CEI. Depuis janvier 2015, le pays est membre de l’Union douanière avec la Russie, le Kazakhstan et la Biélorussie. Il a demandé un tarif dérogatoire, la création de zone commerciales franches sur ses marchés de réexportation et des compensations financières.
Evaluation du hard power
Le poids du pays dans les institutions internationales (chronologie) :
- 1991 : Création de la CEI (communauté des états indépendants)
- 1992 : Création de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) (vocation politico-militaire)
« Certains experts pensent que l’OTSC serait, à moyen terme, un contrepoids de l’OTAN. » - 1993 : Accord-cadre d’union économique signé entre la Russie, la Biélorussie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghizistan et la Géorgie auquel l’Ukraine et le Turkménistan se sont rajoutés.
- 1995 : Signature d’un traité de défense commune des frontières extérieures avec la mise en place de gardes russes aux frontières par la Russie, la Biélorussie, l’Arménie, le Kazakhstan, le Tadjikistan, la Géorgie et le Kirghizistan.
- 2000 : Création de l’Eurasec poursuivant l’objectif de la CEI voulant créer un espace économique commun dans lequel une commission supranationale légifèrerait sur les relations commerciales et tarifaires entre les pays membres, créant ainsi un véritable bloc économique de libre-échange.
- 2000 : Création d’une force d’intervention (ou force de réaction rapide) par la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, l’Arménie, le Tadjikistan et le Kirghizistan.
Les forces armées kirghizes sont composées d’une armée de Terre, d’une armée de l’air et de gardes-frontières. Le Kirghizistan a consacré 3,8% de son PIB à son armée en 2016. Les 15 000 hommes et 10 000 réservistes de l’armée kirghize sont placés sous le commandement du Président de la République. Les forces armées Kirghizes sont équipés de matériel russe, reliquats de l’époque soviétique, plus ou moins obsolète.
La place du Kirghizistan dans la géopolitique mondiale
La relation du Kirghizistan avec les pays voisins d’Asie centrale est entachée de multiples problèmes. Tout d’abord problème de frontières : il en découle un problème de solutions introuvables par rapport aux enclaves du Sud (Barak, village sous administration kirghize en Ouzbékistan – Sokh et Chakhimardan, enclaves ouzbèkes au Kirghizstan – Voroukh, enclave tadjike au Kirghizstan) qui entretiennent les tensions avec les Ouzbeks et les Tadjiks pour des raisons d’accès à l’eau et aux pâturages dans les zones où la démarcation des frontières n’est pas achevée. Début 2013, des affrontements entre kirghizes et ouzbeks avaient éclatés dans l’enclave ouzbek de Sokh ayant pour répercutions des rencontres régulières entre gardes-frontières pour éviter de nouveaux incidents. Ces tensions sociales tendent à s’empirer, en rapport à la coupure de gaz faite par l’Ouzbékistan (2014), à la crise économique russe (possible retour d’une partie des expatriés kirghizes de Russie), au trafic de drogues, à l’islamisation et à l’accentuation des rapports en forces entre Tadjiks et Kirghizes. Les relations entre les cinq républiques centrasiatiques demeurent tendues du fait de leurs difficultés à résoudre des problèmes essentiels tels que la délimitation des frontières, la gestion des enclaves territoriales, ainsi que la gestion des ressources énergétiques et en eau.
Le pays est très dépendant de l’Ouzbékistan et du Kazakhstan pour son approvisionnement en gaz et en pétrole tandis que ces pays de l’aval dépendent des ressources hydriques kirghizes et de la gestion des barrages hydroélectriques.
En outre, les Etats-Unis possédaient la base (militaire) aérienne de Manas (depuis 2001), dans le principal aéroport du Kirghizistan, située à 25km de la capitale, qui devait être fermée depuis Juillet 2014 (du fait de la pression de l’OCS et principalement de la Russie qui de ce fait avait octroyé au pays un crédit de 2 milliards de dollars, ainsi que par le non-respect de l’engagement financier des E.U envers le Kirghizistan). Elle s’appelle désormais : « centre de transit de l’aéroport international de Manas » dans le cadre du renouvèlement de l’accord avec le Kirghizistan (qui ne devait pas avoir lieu mais qui au final qui reste donc accessible aux Etats-Unis entrainant la fureur de ses opposants). La base aérienne de Manas avait d’ailleurs facilité la surveillance des bases militaires et des principaux sites de lancement de missiles du Xinjiang chinois. A noter que ce fait provienne d’un accord entre Russie et Etats-Unis pour l’utilisation de bases militaires en Asie Centrale (en plus de 10 autres pays dont la France) dans le cadre de « la guerre contre le terrorisme » suite aux attentats de 2001 (ralliement à la coalition anti-terroriste). L’autorisation d’établir des bases militaires en Kirghizistan par Akaïev envers les Etats-Unis et la Russie avait fait suite à la crise financière de la région à la fin des années 90 (1998) et à la régression économique du pays.
A l’époque, la Chine (et la Russie) s’était opposée à l’implantation américaine par l’intermédiaire de l’Organisation du traité de coopération de Shanghai et en lançant un appel au retrait des troupes présentes dans les bases états-uniennes d’Asie Centrale. Au même moment, la Chine réalisait des négociations secrètes en vue d’établir sa propre base militaire au Kirghizistan et de modifier les frontières engendrant des retombés politiques contre Akaïev par la suite. La base servit notamment durant la guerre en Afghanistan en accueillant un millier de soldats américains (pont servant au transfert d’hommes et de matériels), soit l’établissement d’une force militaire permanente en Asie Centrale, étant la stratégie de domination globale de la région (rapport au « Full Spectrum Dominance »), sous couvert de missions de « maintien de la paix » par les Etats-Unis. Cela contribua au positionnement de forces états-uniennes suivant « l’arc d’instabilité », prenant en compte le long de la Méditerranée, de l’Afrique, du Moyen-Orient, du Caucase, de l’Asie centrale et méridionale.
Nous pouvons souligner le fait que la stratégie adoptée pour étendre la militarisation soutenue des Etats-Unis, est de générer des conflits et des insurrections (tribales locales) en Asie Centrale par l’intermédiaire d’atrocités sur les civils (en partie), la terreur des populations et l’encouragement d’actes de résistance désespérés. Cette stratégie de crimes de guerres délibérés (assumée officiellement par les Etats-Unis) vise à perturber au final la Russie et la Chine (par l’intermédiaire de la province du Xinjiang). La guerre contre le terrorisme est de ce fait une excuse valable à la présence permanente américaine en Asie Centrale. Le nouveau centre d’entrainement antiterroriste de Batken situé au Kirghizistan (combiné à la base de Manas) est d’ailleurs un élément clé dans le contrôle de la région eurasiatique dans cette logique de stratégie. La prolifération de la drogue et la lutte antidrogue, les actes de terrorisme et les opérations antiterroristes, la brutalité délibérée de la police locale et la mainmise sur les pipelines eurasiatiques existants ou à venir sont autant d’ingrédients composant la recette explosive des missions de l’OTAN sous tutelle états-unienne projetées hors d’Afghanistan. Durant la Révolutions des Tulipes, les américains empêchèrent l’intervention des forces militaires kirghizes durant le soulèvement afin d’empêcher la répression de la révolution alors qu’ils soutenaient depuis longtemps le régime. En 2005, l’ambassadeur américain du Kirghizistan avait reconnu la responsabilité américaine lors de la révolution des Tulipes (permettant le renforcement des positions américaines déjà présentes dans les pays voisins). Cela était dû en partie au fait qu’il avait eu un renforcement des liens économiques entre la Chine et le gouvernement d’Akaïev, expliquant le désir de l’effondrement de gouvernement prochinois par les américains qui considérait ce rapprochement comme un « obstacle à son programme d’expansion stratégique ». Nous constatons donc l’inquiétude des Etats-Unis face à l’instabilité du Kirghizistan, ceux-ci voulant conserver leurs positions en Asie Centrale. Située entre la Russie, la Chine et l’Asie du Sud-est, l’Asie centrale occupe une position de pivot stratégique sur le continent eurasiatique. Cela en fait une zone de transit majeure pour les échanges régionaux et internationaux et pour l’approvisionnement des forces de coalition présentes en Afghanistan. Le Kirghizistan est un pays important dans la stratégie d’endiguement de la puissance russe par les américains. Il est un élément central du « Rimland » théorisé par MacKinder. De plus, le Kirghizistan est un voisin direct de la Chine. S’en assurer les bonnes augures permet donc aux Etats Unis d’avoir un pied à terre directement à côté de la Chine.
Par ailleurs, la Russie possède la base aérienne de Kant (création de la première base Russe, hors-Russie, depuis la fin de l’URSS en 2003), et a renforcé ses « positions » sur le territoire par un accord économique et financier avec Bichkek. Les accords réalisés étaient aussi l’une des raisons pour lesquelles Washington avait participé à la révolution des tulipes en 2005, dans le but de mettre au pouvoir le régime pro-états-unien de Bakiev. De même, elle possède aussi d’autres bases militaires dont le centre d’essai d’armement anti-sous-marins basé à Karakol, une station-radar réactivée depuis peu (région de Tchouï) et une garnison de 700 soldats russes.
Enfin, depuis la fermeture d’une base américaine en Ouzbékistan, celle de Manas restait l’unique base des E.U en Asie centrale. De par son projet de fermeture, la Russie était dès lors seul « résident » sur l’ancien territoire de l’ex-URSS. Cependant, le renouvèlement de l’accord du Kirghizistan avec les Etats-Unis concernant la base de Manas, a engendré le mécontentement de Moscou. La diaspora russe vivant dans l’ancien état soviétique qu’est le Kirghizistan, représente environ 600 000 personnes et engendre le fait que la Russie veuille défendre les minorités russes de l’Ex-URSS, mais explique aussi l’axe prioritaire de la diplomatie du pays quant au maintien d’une relation privilégiée avec la Russie sachant que 500 000 émigrés kirghizes vivent en Russie. Dans cette idée de consolidation de la relation avec la Russie, le Kirghizistan a favorisé ce rapprochement depuis le retrait de la FIAS d’Afghanistan et des conséquences qu’ils pourraient en découler. Cet évènement fut célébré par la visite du président Poutine en 2012, ponctué par le renouvellement du bail de la base militaire de Kant pour 15 ans, la possibilité d’ouvrir une nouvelle base militaire russe dans le Sud du pays, une coopération économique, des aides financières massives et l’effacement de la dette kirghize. Dans une dimension politique, la Russie a su montré son « influence » en soutenant le président Akaïev (La Russie avait bénéficié de la croissance économique du pays à l’aide des réformes agraires et de l’exploitation de la mine de Kumtor sous le régime d’Akaïev, expliquant des lors ce soutient russe) qui fut détrôné par la Révolution des Tulipes en 2005, mais aussi par la reconnaissance du nouveau pourvoir kirghize par Poutine après le soulèvement populaire du 7 avril 2010 renversant Bakiev et son gouvernement, qui entraina une vague de soupons sur le rôle de Moscou dans les évènements survenus (soutenus par l’envoi de forces armées et d’aides financières pour le nouveau gouvernement Kirghize), d’autant que juste après, la Russie proposait 300 millions de dollars d’aide immédiate à la stabilisation. Finalement, Otunbeava, chef du gouvernement provisoire depuis la chute de Bakiev, se trouve être plus proche de Moscou que de Washington.
Pour finir, la constitution d’un gouvernement pro-russe ou neutre au Kirghizistan permettrait une élévation de la Russie considérable dans les enjeux Eurasiatique mais aussi le développement de zone d’échanges capitale pour les intérêts russes et une stabilisation territoriale de zone stratégique (vallée de Ferghana) au niveau économique. La Russie a d’ailleurs renforcer dernièrement ses investissements dans le gaz Kirghize. Avoir la main sur ce gaz permet à la Russie de tenir en laisse le pays et d’éviter qu’il glisse du côté américain ou chinois. Comme la crise Ukrainienne l’a montré, le gaz est un élément décisif de la diplomatie russe. Une coopération plus étroite avec le Kirghizistan apporterait un bénéfice certain à la Russie ; elle lui donnerait l’occasion de « refouler », comme le disent certains, l’invasion états-unienne de l’espace eurasiatique.
Le Kirghizistan échange avec la Chine essentiellement dans le cadre de l’OCS et par les investissements chinois dans l’économie kirghize (signature d’accords en 2013 prévoyant 3Md $ d’investissements). Le Kirghizistan voit ses importations chinoises augmentées (doublées en 2012) alors que ses exportations y sont largement inférieures. (1,2 Md $ en 2012 d’imports face à 61 M $ d’exports). Toutefois, la Chine joue un rôle en Asie Centrale grâce à d’importantes aides financières aux pays comme en 2009 avec un fond de 10 milliards de dollar destiné aux Nations-Membres d’Asie Centrale (dont Kirghizistan). En 2001 la Chine, la Russie, l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, le Tadjikistan et le Kirghizistan avaient signé l’acte de naissance de l’Organisation du traité de coopération de Shanghai. Peu de temps après, Pékin octroyait un prêt important au Kirghizistan pour l’acquisition de matériel militaire.
L’avenir Kirghize, vecteur d’enjeux pour la Chine : dans un premier temps, la Chine possède une frontière importante avec le Kirghizistan dont une partie longe la province sensible du Xinjiang qui possède d’importantes réserves de pétroles (indispensable à la consommation domestique de la Chine) et se trouve être un carrefour majeur dans l’acheminement de ressources énergétiques entre la Chine et le Kazakhstan ou la Russie. Ensuite, la présence militaire des Etats-Unis sur le territoire est lourd de conséquences pour la sécurité nationale chinoise : l’implantation américaine au porte du territoire chinois permet la réalisation d’opérations clandestines de déstabilisation dans le Xinjiang et une couverture aux activités d’espionnage (surveillance base militaires et principaux sites de lancement de missiles chinois) et de sabotages, ce qui représente une réelle menace.
Dernièrement, la création d’un réseau de distribution du Nord par les Etats-Unis pour approvisionner les zones de combat afghanes, renforce les préoccupations chinoises envers la présence américaine proche de leur territoire. Ce réseau pourrait permettre de générer des attaques simultanées par des groupuscules selon les suspicions chinoises. Enfin, le Kirghizistan joue un rôle majeur dans le développement économique de la Chine et son émancipation en Asie Centrale, par son implication dans divers projets chinois visant à favoriser les échanges comme la création d’autoroutes (rendant les économies des pays voisins dépendantes du réseau routier relié au Xinjiang), le projet d’un immense réseau ferré à grande vitesse en Eurasie ou encore la connexion du port de Gwadar à la province du Xinjiang assurant l’approvisionnement en ressources énergétiques nécessaires à la Chine dans un contexte d’expansion économique. C’est dans ce contexte global que la stabilité politique au Kirghizistan est essentielle à la Chine. Omourbek Tekebaïev avait déclaré devant les médias russes : « Notre politique étrangère va changer… La Russie, le Kazakhstan et nos autres voisins, y compris la Chine, resteront nos partenaires stratégiques. ». Enfin, le Kirghizistan pourrait s’avérer être un élément décisif dans la lutte contre le terrorisme islamique. En effet, comme nous l’avons vu précédemment, la menace islamique est très présente dans la région. Protéger le Kirghizistan de l’islamisme c’est aussi protéger la région. Il faut à tout prix éviter, pour les chinois tout comme pour les russes, que la région ne s’islamise sous peine de voir se créé une base arrière du terrorisme à leurs portes. Un tel scénario pourrait cependant être favorable aux occidentaux s’ils veulent perturber la Russie et la Chine. Attention toutefois à ne pas créé de nouveaux Afghanistan ou Irak.
Conclusion
Le Kirghizistan a une position stratégique entre l’Asie et la CEI et reste plus ouvert que ses voisins en étant le pays le plus libre de la région malgré une dégradation du climat politique, une corruption importante (parmi les pays les plus corrompus du monde), des problèmes sociaux-économiques, des tensions et enjeux géopolitiques majeurs entre les puissances régionales et suprarégionales, ayant pour conséquence un enchainement de crises et une opposition politique nationaliste ponctuées d’un islamisme montant. Il est une clef dans la stabilité de l’Asie centrale. Une déstabilisation du Kirghizistan signifierait une déstabilisation de toute la région et potentiellement l’arrivée au pouvoir d’islamistes radicaux.
Sources
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Site internet du journal La Croix : https://www.la-croix.com/Actualite/Monde/L-Union-economique-eurasiatique-integre-le-Kirghizstan-2015-08-06-1341950 Consulté le 28 novembre 2017.
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