Jusqu’à l’indépendance du Sud Soudan en 2011, le pays est le plus grand de l’Afrique Subsaharienne. La longue guerre qu’il a connu s’est soldée par la scission de l’ancien Soudan en 2, et par la création du Soudan du Sud en juillet 2011. Cette séparation a eu des conséquences désastreuses pour l’économie du pays. En effet, la plupart des ressources se trouve au sud. Le pays est aujourd’hui fortement déstabilisé et se classe au 150ème rang mondial par son indice de développement humain qui est de 0,41. Le Soudan est une république fédérale avec un régime semi présidentiel, constitué de 15 Etats et a pour capital Khartoum.
Les langues officielles sont l’arabe et l’anglais. En 2013, le pays compte presque 38 millions d’habitants, principalement concentré dans la vallée du Nil avec 200 hts/km2 dans celle-ci .La monnaie est la livre soudanaise.
Géographiquement parlant, le pays a un accès à la mer rouge au nord-est, il possède une frontière avec l’Erythrée et l’Ethiopie, le Sud Soudan, La république de Centrafrique, le Tchad, la Libye et enfin l’Egypte.
Le pays se compose de populations locales situées dans les régions montagneuses qui ont conservé leur identité culturelle : Zaghawas au Darfour, Bedjas au Nord-Est et Nubas au centre)
I. Evaluation du risque politique basée sur :
- La stabilité du gouvernement et des institutions
L’actuel président se nomme le général Al-Bachir, il est au pouvoir depuis mars 1996, il a été plusieurs fois réélu. Si les institutions sont bien installées et relativement stables, la légitimité du général Al-Bachir est cependant de plus en plus remise en question. En effet lors des dernières élections, certaines irrégularités ont été observées. Ainsi, de plus en plus de personnes souhaitent un retour à une réelle démocratie. C’est pourquoi en 2012, une coalition des opposants politiques s’est créée par l’adoption une « charte de l’alternance démographique ». Elle porte le nom de « forces du consensus national » (NCF) et rassemble notamment le parti national Umma, le congrès populaire et le parti communiste.
Une autre coalition rassemble les principaux mouvements rebelles dans le front révolutionnaire du Soudan et affiche sa volonté de renverser le régime. En Janvier 2013, ces deux coalitions signent un projet commun avec comme objectif le rétablissement de la démocratie.
En parallèle de ces mouvements politiques organisés, d’autres revendications populaires voient le jour. Ainsi en 2012 et plus récemment en septembre 2013, des manifestations ont éclaté et ont été sévèrement réprimées par le gouvernement.
Enfin la légitimité du général Al-Bachir est également mis à mal du fait du mandat d’arrêt international dont il fait l’objet. En effet, en 2009 et 2010, la cour pénale internationale l’inculpe de crime de guerre, de crime contre l’humanité et de génocide au Darfour.
Il existe donc un réel désir de la population de faire entendre sa voix et d’en finir avec le gouvernement d’Al-Bachir. La volonté de déstabilisation du régime vient également du fait que la corruption est importante.
- Le niveau de corruption
Le pays se trouve au 174ème rang sur 177 des pays concernant la perception de la corruption, avec un score de 11. Ce classement est celui du groupe transparency.
(http://cpi.transparency.org/cpi2013/results/ )
- Les conditions socio-économiques
La population est très pauvre et le taux de chômage est important : 9% en 2013
Près des trois quart de la population est analphabète.
Enfin les changements récents, ont fortement touché l’économie et ont affaibli l’agriculture qui fournit une part importante du PIB. L’industrie n’est pas très développée dans le pays. Enfin, la récente partition a enlevé au pays plus de 75% de ses ressources en pétrole (concentrées dorénavant dans le Sud-Soudan).
- les conflits internes et pressions ethniques
Les conflits au Soudan sont visibles principalement dans la région du Darfour.
Celle-ci est le théâtre de conflit ethnique depuis des années : entre les agriculteurs sédentaires four, massalit et zaghawa et les tribus nomades arabisées.
Mais le principal conflit qui va ensanglanter la région se déroule dans les années 2000 entre les groupes rebelles et le gouvernement. En effet, à la suite de la guerre civile et de l’indépendance du Sud-Soudan, des revendications ont vu le jour dans cette région. Les deux groupes rebelles principaux sont le mouvement de libération du Soudan (MLS) et le mouvement pour la justice et l’égalité (MJE). La crise éclate en février 2003, immédiatement réprimée par le gouvernement. Cela provoque une importante crise humanitaire et oblige des milliers de personnes à se réfugier au Tchad. En 2009, grâce notamment à la médiation d’organisations internationales, le gouvernement et les deux mouvements signent une déclaration d’intention qui doit déboucher sur un accord de paix. Après un renouveau des tensions, la situation s’apaise en février 2013 avec la signature d’un cessez-le-feu.
Compte tenu de ces conflits, le pays souffre d’une forte insécurité.
- Les conditions de sécurité dans le pays lié à la criminalité et au terrorisme
Le pays est considéré comme une zone à risque pour ce qui est du terrorisme. De plus le risque s’est accru avec les opérations militaires dans les pays proches : notamment en Centre-Afrique. Ainsi la criminalité et le terrorisme sont des risques importants dans le pays.
Les analystes de L’Economist intelligence Unit classe le pays à un niveau 3 (sur une échelle de 1 à 5) concernant la criminalité.
- Les conflits externes et pays voisins entraînant un risque potentiel
Le premier point de tensions concerne le Sud-Soudan. Tout d’abord car les deux Etats s’accusent de soutenir les groupes rebelles qui sèment le trouble sur leur territoire respectif. Une deuxième question entretien les tensions : c’est celle des frontières. En effet, la région d’Abyei est revendiquée par les deux pays. Enfin, le contentieux concernant l’exploitation du pétrole nourrit un peu plus le climat de tension. En effet, si le Sud Soudan a hérité des ressources pétrolières il dépend des infrastructures du Soudan pour acheminer celui-ci. Khartoum impose des tarifs que le Sud-Soudan juge trop importants. Cependant malgré toutes ces tensions, les deux pays ont trouvé en 2012 un accord concernant le pétrole. En janvier 2013, une rencontre entre Al-Bachir et Salva Kiir a eu lieu et a montré la volonté des deux pays à normaliser leur relation.
La situation frontalière reste conflictuelle avec un autre pays : le Tchad.
Dans un premier temps, le développement de la crise au Darfour a créée des tensions entre le Soudan et le Tchad : chacun accusant l’autre de soutenir les rebelles de son pays.
Ces tensions se sont peu à peu diminuées, notamment en 2010 et 2011 quand les pays ont signé un accord sur la sécurisation des frontières et un pacte de non-agression.
Enfin on peut souligner que la confiance entre les USA et le Soudan n’est pas des plus parfaite :
Le pays fut longtemps sur la liste des pays terroriste pour les USA, qui lui a affecté des sanctions économiques. Si aujourd’hui la situation se normalise, les Etats-Unis étant intervenu à de nombreuses reprises sur le territoire du Soudan et notamment dans le dossier du Darfour, dans les faits les sanctions économiques n’ont pas été levées. En 2010, un plan de normalisation par étapes a été présenté par les Etats-Unis au soudan en fonction des progrès réalisés dans la résolution de la crise au Darfour, mais aucune étape n’a été réalisée à ce jour. En Octobre 2013, le Soudan réclame la suppression de son nom sur la liste des pays terroristes.
II. Une Évaluation des risques économiques et financiers basée sur :
- PIB par habitant : 1.527 USD
- croissance du PIB : 3,9
- taux d’inflation annuel : 32,1 %
- solde budgétaire : –3.7 % en pourcentage du PIB
- solde courant: –6,5 % en pourcentage du PIB
- dette externe : 43,7 mds USD (en 2012).
- solde commercial : –4,2 mds USD. Les exportations ne représentent en effet que 2% du PIB.
- stabilité du taux de change : 5 SDG pour 1$
- situation bancaire : fragile car présence d’un nombre important de créances douteuses. Les banques limitent leur offre de crédit au secteur privé.
Conclusion : La situation économique est catastrophique malgré des IDE en 2013 de 2,5 mds USD. En effet, les pays arabes voisins investissent dans les actifs agricoles. Mais cela ne compense pas l’endettement du pays et l’inflation galopante qui entretien les tensions internes.
III. Une évaluation des risques géographiques et environnementaux
- Les risques sanitaires et épidémiques
Le paludisme est très répandu (le pays est classé en zone 3), le choléra également surtout en saison des pluies. Il évolue sous une forme endémique, avec des poussées épidémiques dans certaines zones.
Le pays est fortement touché par le sida et la situation est considérée comme préoccupante par le gouvernement.
- Les risques naturels
L’accroissement des besoins et l’agriculture intensive à certains endroits aboutissent à une dégradation des sols. On remarque que le désert a progressé de plus de 100km vers le sud, on peut également noter l’apparition d’auréoles de désertification autour de villages de la zone sahélienne.
IV. Une évaluation du Hard power
- Pouvoir militaire reel
Le pouvoir militaire du Soudan n’a pas d’influence mondiale même si il est important dans la région. Son principal fournisseur d’arme est la Chine.
- Poids du pays dans les institutions internationales
Le Soudan est membre de l’union africaine, du COMESA, de la ligue arabe, de l’organisation de la conférence islamique et du mouvement des Non-alignés. Le soudan appartenait au groupe des 77 + la Chine lors des négociations de Copenhague en 2009.
V. Une évaluation du soft power
Le pays ne possède pas de reconnaissance médiatique importante, ou de rayonnement culturelle quelconque, sauf en cas de crise grave. En effet, la mobilisation internationale a été très forte dans les années 2005, face à la crise humanitaire au Darfour.
La diaspora est peu importante, et ne participe que très peu au flux financier.
Enfin, si le patrimoine du pays n’est pas négligeable, le tourisme y est peu présent du fait de l’insécurité du pays.
Conclusion
Ainsi, on voit que le pays est totalement déstabilisé : il sort en effet de plus de 50 ans de guerre civile et d’une partition du pays. L’insécurité y règne, le gouvernement a perdu sa légitimité et s’impose par la force. Les conflits internes comme externes (notamment avec le Tchad et Le Sud-Soudan) ne sont pas vraiment réglé et si des cessez le feu ont été signé, la normalisation n’est pas encore totale et l’équilibre de paix est très précaire. La situation politique y est donc très instable. D’un point de vue socio-économique, ce n’est pas meilleur et cela apporte des tensions supplémentaires : la population est en effet très pauvre et fortement touchée par le chômage et l’inflation.
Cette situation ainsi que la partition du pays ont mis un frein au développement économique et ont renversé les indicateurs dans le rouge. Le pays a en effet perdu une part importante de ces ressources ce qui met à mal ses exportations. Si il peut compter sur le soutien de son allié Chinois pour investir dans la région, cela n’est pas suffisant et le pays doit réellement redonner confiance aux investisseurs si il veut relancer la machine économique et l’industrie.
Ainsi, le pays est considéré comme à risque pour les investisseurs si l’on en croit le dernier rapport publié par Maplecropft.
Il est donc primordial que le pays renvoie une image plus positive, afin de rassurer la communauté internationale. Cela passe par un rééquilibrage de son économie (notamment sa dette) et par une stabilisation de la situation politique. Aujourd’hui la reconnaissance médiatique que le Soudan possède concerne les conflits violents au Darfour et l’inculpation de son chef d’Etat pour génocide. Ce qui n’encourage pas les IDE.
Nous pouvons terminer cet exposé en synthétisant les forces et les faiblesses du pays :
Sources
Encyclopédie Larousse : http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Soudan/144915
Perspective monde, université de Sherbrooke
OMS : http://www.who.int/countries/sdn/fr/
Direction générale du trésor : http://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/soudan
France Diplomatie :http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays/soudan-12340/
Marion Tondeur
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