I. Généralités

La République de l’Inde est un pays du Sud de l’Asie. C’est une république depuis le 15 août 1947 et le président actuel est Pranab MUKHERJEE (depuis Juillet 2012). Le pays est subdivisé en cinq régions. Sa capitale est New Delhi. L’anglais et l’hindi sont les langues officielles et la monnaie en circulation est le Roupi.

Jusqu’aux dernières élections législatives, qui ont eu lieu le vendredi 16 mai 2014, c’est le Parti du Congrès qui détenait la majorité au Parlement depuis 2004. Mais les élections législatives de mai 2014 ont amené le Parti nationaliste hindou: le Bharatiya Janata Party à la victoire.

Avec une superficie de 3 287 263 km², l’Inde comptait en 2012 1,237 milliards d’habitants, soit une densité de 377 habitants/ m². En 2011, l’espérance de vie est de 66 ans, sachant que près de la moitié de la population à moins de 25 ans. Le taux d’alphabétisation est de 74,04 %. Avec une Indice de Développement Humain moyen de 0,55, l’Inde se place au 136ème rang sur 187 en 2012 selon le classement de l’ONU. La population se compose majoritairement d’hindous (à 80,5%) et de musulmans (à 13,4%).

II. Risque politique

a. Stabilité du gouvernement et des institutions / politique interne
Le gouvernement indien juxtapose un système parlementaire fondé sur le suffrage universel et des droits particuliers pour certaines castes. Cette superposition entraine des tensions au sein du gouvernement.

L’origine des castes provient de la naissance de l’hindouisme en Inde. Les castes s’appuient sur l’idéologie de l’inégalité entre les hommes, d’où la nécessité de hiérarchiser la population en différents groupes. Les intouchables est la caste réunissant les plus faibles. Bien que ce principe ait été aboli en 1950, le concept est toujours présent. Sachant qu’une caste est héréditaire, et qu’à chaque caste correspond une profession, ce qui empêche la mobilité sociale.
Avec plus de cent partis politiques, l’environnement politique est peu stable.

b. Conditions socio-économiques
Malgré une croissance économique positive de 5,5%, le taux de chômage est de 9,9% en 2012 (9,8% en 2010). Cependant, plus de 75% de la population indienne vit avec moins de 2 $ par jour. L’exode rural massif durant les années 2000 est de l’ordre de 59%. Aujourd’hui, ce phénomène se concrétise par des bidonvilles gigantesques, notamment à Mumbay. La population indienne est jeune car la moitié a moins de 25 ans. Cette jeunesse constitue un atout qui durera pendant plusieurs décennies, sans que l’Inde ait à soucier des problèmes de gens âgés.

c. Conflits internes
Depuis la partition de l’Inde en 1947, certaines régions restent en conflit avec le reste du pays.

Le Cachemire est une région qui est disputée par l’Inde et le Pakistan. L’Inde en contrôle les deux tiers, dont la partie la plus fertile, alors que le Pakistan possède la zone montagneuse. Du fait de la cohabitation de peuples d’idéologie différente et de la question de l’attribution des eaux de l’Indus cette zone est sous tension. De plus, des puissances mondiales prennent parti au conflit, ce qui agrémente les tensions existantes : le Pakistan est soutenu par les Etats-Unis puis par la Chine, et l’Inde a bénéficié du soutien de la Russie. En 2005, un accord de paix est établit : « diplomatie de l’autobus ». Cependant, l’entente sera de courte durée car un an plus tard, Mumbay doit faire face à un attentat organisé par le Pakistan. En septembre 2013, les deux premiers ministres de l’Inde et du Pakistan se sont mis d’accord pour améliorer leurs relations.

Les Naxalites : c’est un mouvement de guérilla maoïste qui s’étend sur la moitié orientale du pays. Le mouvement est soutenu par des paysans pauvres et sans terre qui souhaitent installer une multitude d’insurrections paysannes par la force, qui sont censés aboutir à la création de zones libérées. La révolution maoïste se base sur le principe de la « terreur rouge » qui est une tactique d’assassinat de grands propriétaires fonciers et de policiers, en vue de redistribuer des terres. Depuis les années 1990, le mouvement n’a cessé de prendre de l’ampleur : en 1991, 15 districts étaient affectés par la guérilla et en 2010 : 195 districts, ce qui représente aujourd’hui 35% du territoire indien. Ils veulent « libérer la Compact Revolutionary Zone » (CRZ) = zone qui s’étend du Népal jusqu’au Sud de l’Inde. Le mouvement compte plus de 10 000 combattants. Il bénéficie d’aides financières, notamment pour les armes, du Pakistan, des maoïstes du Népal et du Sri Lanka. Les Naxalites ont aussi instauré un impôt sur les sociétés dans le pays, impôt qui représente 15 à 20% de ses bénéfices. Leur budget annuel serait estimé à environ 44 millions d’euros.

 

d. Pressions ethniques
Hindous/ Musulmans : les tensions communautaires sont influencées par le désaccord entre l’Inde et le Pakistan. A ce jour les Hindous sont beaucoup plus nombreux que les musulmans. Cependant, la croissance démographique des musulmans est plus importante pour les musulmans. En outre, il est possible de se convertir à l’islam mais pas à l’hindouisme : on naît hindou, on ne le devient pas. En revanche, certaines hindous de basses castes et des intouchables vont se convertir au bouddhisme ou à l’Islam. On peut alors penser que les Musulmans pourraient prendre le pouvoir de l’Inde dans quelques années.

Avec une population très hétérogène : les grandes villes et les contours du fleuve sont des régions ouvertes à l’international et donc plutôt riches, tandis que la région de l’Est et du Centre-Nord sont désertiques, l’union est difficile et des peuples (notamment la partie du Cachemire) souhaitent leur indépendance. Les conflits et les attentats sont récurrents sur le territoire.

e. Conflits externes et pays voisins entrainant un risque potentiel

Chine : des divergences opposent ces deux pays. L’Himalaya est une des sources de conflits. Cette zone montagneuse a fait l’objet d’une Guerre en 1962, et n’a concrètement toujours pas abouti à un accord commun. De plus, la Chine a mis en place un réseau naval et portuaire dans l’Océan Indien, surnommé « le collier de perles ». L’inde se sent donc envahie et encerclée par la Chine. Malgré tout, il existe des points de convergences : la situation du Cachemire et l’appartenance du Sikkim à l’Inde. De ce fait, les deux puissances coopèrent et trouvent des terrains d’entente. Elles refusent un monde unipolaire dominé par les Etats-Unis et prônent un monde multipolaire. Ainsi, si les deux contrées ont les mêmes positions, celles-ci auront plus d’importance sur la scène internationale.

L’Inde fait partie de la SAARC (South Association for Regional Cooperation) qui regroupe les sept pays suivants : Inde, Pakistan, Bangladesh, Népal, Bhoutan, Sri Lanka et Maldives. Son PIB représente 80% de celui de l’ensemble des pays membres. En partant avec cet avantage, l’Inde ne voit aucun intérêt à renforcer les liens entre les membres. A l’inverse, les six autres états vont au contraire s’unir contre l’Inde. Ils existent des problèmes au sein de cette association, notamment en termes d’énergie et des cours d’eau qui traversent plusieurs territoires. En dehors de cette union, l’Inde est en désaccord avec ses voisins sur d’autres points.

Pakistan : une gêne existe entre ces deux pays ayant des avis divergents. D’un côté, l’Inde accuse le Pakistan de laisser des mouvements extrémistes islamiques attiser des attentats sur l’ensemble de son territoire ou de les organiser lui-même. De l’autre côté, le Pakistan estime que l’Inde viole les droits de l’Homme, notamment au Cachemire. Il dénonce également l’aide que l’Inde apporterait aux mouvements de rébellion. Mais un accord de paix entre les deux pays serait encours, d’autant plus que les échanges économiques entre eux sont en augmentation. Entre 2004 et 2011, le commerce a été multiplié par neuf.

Sri Lanka : Les Tigres de Libération de l’Ilam Tamoul (TLIT) est un mouvement terroriste. Ils veulent devenir un état indépendant dans les provinces du Nord et de l’Est du Sri Lanka. Ils sont soutenus par des Indiens provenant de la région frontalière au Sud, le Tamil Nadu. Le soutien se caractérise par une aide financière, humaine et matérielle. L’Inde a tenté de réconcilier l’état Sri Lankais au peuple Tamoul en 1995, mais cela n’aboutit pas.

Bengladesh : les deux pays se disputent les eaux du Gange. De nombreux clandestins bangladais viennent prendre refuge sur le territoire indien. Ces deux facteurs sont la cause des tensions entre les deux pays.

f. Niveau de corruption, conditions de sécurité dans le pays liés à la criminalité et au terrorisme

Selon l’indice de perception de la corruption, publié par Transparency International, l’Inde est le 94ème pays le plus corrompu en 2013. Dans le domaine politique, la corruption se caractérise par du trafic d’influence, l’abus de pouvoir, les pots-de-vin. La corruption se retrouve aussi dans le domaine cinématographique.
La corruption devient donc un handicap au bon fonctionnement de la démocratie du pays dans la mesure où dans certains Etats les partis politiques sont financés par la mafia. Des députés ont aussi parfois recours aux crimes organisés dans le cadre d’actions judiciaires ou pour menacer les électeurs.

L’Inde doit lutter contre le terrorisme présent sur le territoire causé par les Naxalites, certaines tribus pakistanaises au Cachemire ou les Tamouls.

III. Risque économique et financier

PIB: 1 848 milliards de dollars (2011, Banque mondiale)
PIB par habitant : 1 488 dollars (2011, Banque mondiale)
Taux de croissance : 6,8% (2011, Banque mondiale)
Taux d’inflation : 7,9% (2011, Banque mondiale)
Solde budgétaire : -3,4% du PIB (2011, FMI)
Balance commerciale : -168 milliards de dollars (2011, FMI)

Ses réserves de change s’élèvent à plus de 200 milliards de dollars.

L’Inde est désormais la quatrième puissance économique du monde, après les Etats-Unis, l’Allemagne et le Japon. Vers 2020, elle pourrait passer à la troisième place devant le Japon mais loin derrière les Etats-Unis et la Chine. Son essor est dû au développement du secteur privé.

L’Inde est le premier producteur d’épices et de lait. C’est le second producteur de riz, légumineuses, thé, fruits et légumes et canne à sucre. Et le troisième producteur de blé et de coton. L’Inde peut ainsi nourrir l’ensemble de sa population, même si la malnutrition persiste.

IV. Risque géographique et environnementaux
a. Risques sismiques et géologiques
La mousson touche ce pays et l’agriculture, entre autre, en subit les conséquences. L’eau est de plus en plus polluée et génère de graves problèmes de santé.

La côte Est de l’Inde est touchée par des cyclones de septembre à décembre. Et l’Inde est dans une zone sismique.

b. Risques sanitaires et épidémiques
L’eau, très polluée sur le continent, est source de maladies.

V. Hard power
a. Pouvoir militaire réel
L’Inde consacre en 2013 40 milliards de dollars à sa défense, soit environ 3% de con PIB. Elle dispose d’une armée puissante de par ses effectifs, le bon niveau des officiers mais aussi par la quantité et la qualité des équipements et armements. L’armée de terre comprend 1 200 000 hommes et l’armée de l’air dispose de chasseurs performants comme les Mig 29 et Su 30.

Le pays est une puissance militaire grâce à ses missiles. Le dernier, Agni V, a une portée stratégique, soit 5 000 km. Ainsi, l’Inde rejoint le clan de la Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie (surnommés les P5).

b. Poids du pays dans les institutions internationales
L’Inde n’est pas membre des grandes institutions internationales telles que l’OCDE, AIE, ni membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU. Cependant elle se rattrape par son rôle actif et prépondérant au sein du G20. Le pays a, de plus, une influence grandissante parmi l’OMC.

c. Technologies et innovations
L’inde est une niche technologique. L’Inde possède des pôles d’excellence bien connus, comme les biotechnologies, l’industrie pharmaceutique, la production de logiciels ou l’industrie spatiale.
C’est un compétiteur international dans le domaine spatial. Le pays lance ses propres satellites et un satellite d’observation avec une définition d’un mètre est en cours de réalisation. Pour cela, elle met à disposition des zones économiques spéciales, comme celle de Chenai.

Son potentiel scientifique s’affirme. Pour la seconde fois, la présidence du Conseil international des sciences est assumée par un Indien. 400.000 ingénieurs sortent chaque année des universités et autres établissements d’enseignement supérieur, c’est à dire autant qu’aux Etats-Unis et plus que dans l’ensemble de l’Europe.

d. Puissance nucléaire
Le nucléaire est un complément d’énergie pour faire face à la demande croissante du pays. A ce jour, l’Inde importe 70 % de son pétrole et sa dépendance en hydrocarbures grandira. Le projet IPI Iran-Pakistan-Inde, aussi surnommé « le gazoduc de la paix », n’aboutira pas due à la pression exercée des Etats-Unis. Cependant, un nouveau projet est en cours, le TAPI Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde, même si celui-ci semble être irréalisable dans la mesure où les pipelines passeraient par des zones très mouvementées et dirigées par des guérillas. Le pays possède 21 raffineries dont une au Gujarat, à Jamnagar, qui est la plus grande au monde.

 

 

 

 

 

 

 

VI. Soft power

a. Reconnaissance médiatique et culturelle, vecteurs d’influences (cinéma, médias, diasporas…)
Malgré ce que l’on prêtant, les chiffres ne sont pas d’origine arabe mais indienne. Dès le IIIème siècle avant Jésus Christ, le pays était connu pour sa science. La médecine indienne, ayurvédique notamment, est réputée dans le monde entier. La littérature indienne est un atout supplémentaire pour le pays car en vingt ans, c’est la seconde fois que l’Inde est l’invitée d’honneur de la foire aux livres de Francfort sur le Main, en 2006. Elle a aussi été l’invitée d’honneur en 2007 au salon du livre de Paris.
Il y a une forte présence de la culture indienne dans le monde, notamment par le cinéma, la musique, les arts et les danses. De plus, c’est une grande puissance gastronomique.
En 1998, un économiste indien (Amartya SEN) a reçu le prix Nobel d’économie.
La diaspora indienne est évaluée à plus de 25 millions de personnes. Grâce à celle-ci, les relations commerciales sont davantage développées et il y a d’importants versements d’argent qui étaient évalués en 2010 à 41 milliards de dollar pour la diaspora indienne dans les pays du Golfe. De plus, les Indiens vivant aux Etats-Unis constituent de puissants groupes de pression qui favorisent les échanges commerciaux.
La Silicon valley indienne est concentrée autour de Bangalore, Chennay et Hyderabad et regroupe 52% du PIB.

VII. SWOT
Forces
Puissance démographique grâce à une population jeune très importante
Puissance technologique notamment dans le nucléaire et l’espace
Puissance commerciale car ses échanges s’amplifient
Puissance militaire.

Faiblesses
Problèmes internes qui retardent sa montée en puissance (corruption, criminalité, guérillas, Cachemire, Naxalistes)
La fracture culturelle entre les hindous et les musulmans ne cessera jamais, et cause des émeutes
Création du SAARC : l’Inde n’y voit aucun intérêt et préfère favoriser ses échanges avec les grandes puissances occidentales.
Dépendance énergétique croissante
Avec un IDH faible et une corruption élevée, cela nuit aux investissements étrangers.

Opportunités
En créant des zones économiques spéciales = zones franches, les entreprises ne sont pas imposées, cela permet de faire venir davantage d’investissements étrangers.
D’ici 2020, l’Inde sera la 3ème puissance mondiale. Si le pays devient membre permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU, ce sera une véritable plus.
Trouver un terrain d’entente entre l’Inde et la Chine pour affirmer à eux deux leur puissance face aux Etats-Unis et au reste du monde

Menaces
Face à une population croissante, l’état doit subvenir à ses besoins notamment en termes d’énergie et d’eau pour l’agriculture

VIII. Sources

Sénat.fr
Arte
Diploweb
Diplomatie.gouv.fr
Cartographie.siences-po.fr
Nouvelobs.com
Monde-diplomatique.fr

L’Inde, L’Europe, le monde : une politique étrangère pragmatique – Jean-Luc RACINE (Revue internationale stratégique)