La lutte pour la conquête de l’Arctique devient cordiale

Présentation du journal :

Geopoliticalmonitor.com est un site web canadien de presse et de consultance basé à Toronto. Il offre une perspective canadienne sur des affaires politiques et économiques qui ont un impact signifiant à la fois à l’échelle locale et mondiale.

Présentation de l’original :

L’article original, en langue anglaise, traite de la conquête des territoires de l’Arctique en cette période de débâcle climatique qui laisse entrevoir pour les Etats et les entreprises de nouvelles opportunités économiques (nouvelles routes maritimes, zones de pêche, etc…). L’auteur s’intéresse aux rapports de force existants entre les Etats au sein et hors de la zone Arctique. Il en conclut que malgré les apparences, le conflit reste peu probable et que par le biais du Conseil de l’Arctique, les Etats semblent se diriger vers la voie de la coopération et de l’entente. Il s’interroge également sur la sincérité du discours des Etats impliqués, soulignant l’ambiguïté qui peut en découler de par les intérêts propres de chacun.

Traduction:

                                                    La lutte pour la conquête de l’Arctique devient cordiale

Les règles qui gouvernent la répartition des territoires de l’Arctique commencent à se cristalliser et, chose étonnante, elles indiquent que le processus de résolution du conflit est en passe de se faire de façon pacifique.

Au cours des dernières années, bon nombre d’évènements ont porté à croire que la conquête de l’Arctique mènerait à un conflit militaire : La Russie et son planté de drapeau, le retour des bombardiers de longue portée, la montée en puissance de la flotte aérienne canadienne équipée de CF-18s et les quelques débats brûlants au sein des gouvernements canadiens et américains, pour ne citer que quelques exemples. Cependant, il semblerait que la tendance émergente soit celle d’une entente entre les pays de l’Arctique. Il est probable que cette entente se prolonge car il en va de l’intérêt de tous de négocier sur des sujets critiques dans une atmosphère calme et pacifique, en privilégiant les négociations au sein des institutions tels que le Conseil de l’Arctique. Ainsi, les pays hors de la zone Arctique n’auront aucune chance de s’immiscer dans le débat ou bien pire, de tenter de s’approprier une région de l’Arctique.

Ce sont les opinions du premier ministre canadien Stephen Harper, récemment révélées au grand public, qui sont le plus empreintes de ce thème, à savoir ce retournement de situation en ce qui concerne les relations entre les pays concernés par la conquête de l’Arctique. Ces informations ont été rendu publiques suite aux dernières fuites en date de wikileaks. Il semblerait que Mr Harper soit convaincu qu’il n’y aura pas de conflit militaire dans la région, malgré un discours qui pourrait faire penser le contraire. Il serait même à tel point convaincu de cela qu’il aurait fermement condamné la présence de l’OTAN dans la région, estimant qu’il n’était pas nécessaire de donner aux membres de l’OTAN non présent en zone Arctique une influence au cœur d’une région à laquelle ‘ils n’appartiennent pas’. Les fuites diplomatiques dépeignent un gouvernement moins sensible aux issues géopolitiques induites par le futur statut de la zone Arctique et plus intéressé par l’opinion publique autour du sujet de l’Arctique dans le but de gagner des voix et de justifier la hausse des dépenses militaires.

Le Conseil de L’Arctique se présente comme l’institution idéale pour gérer les conflits entres les pays de l’Arctique sans avoir à intégrer les parties extérieures. Le sommet de la semaine dernière a abouti à un accord permettant aux groupes de recherche internationaux et aux équipes de sauvetage de coopérer sans avoir pour autant les mains liées par des questions de souveraineté. Bien qu’il s’agisse là d’un fait dominant dans l’actualité de l’Arctique, il y a également eu deux autres avancées majeures. Dans un premier temps un accord a été signé pour la création d’un secrétariat permanent du Conseil de l’Arctique en Norvège : une illustration de la montée en puissance de cette institution. Les membres du conseil de l’Arctique se sont ensuite mis d’accord sur les critères permettant aux Etats non-membres d’avoir un droit de regard au sein du conseil (un droit longtemps réclamé par les Etats-Unis et la Chine). Le critère clé à posséder est d’accepter l’idée que les pays de l’Arctique resteront souverain du territoire qui leurs revient. En d’autre terme, pour qu’un pays non-membre possède le statut d’observateur permanent et puissent ainsi avoir son mot à dire, celui-ci devra avant tout renoncer à toutes idée qu’un territoire de l’Arctique puissent devenir un bien commun.

Tout laisse à penser actuellement que la Chine sera probablement promue au rang d’observateur permanent du Conseil de l’Arctique. Les politiciens à Pékin savent parfaitement que leur position concernant le thème de la souveraineté sur la scène internationale lorsqu’il s’agit de l’Arctique ne jouera pas en leur faveur. Même si l’ouverture du territoire renforcera le pouvoir économique et militaire des Etats de l’Arctique, la Chine sait qu’en l’absence d’une frontière avec cette région, la meilleure chose à faire est de limiter la domination russe sur les trajectoires commerciales de l’Arctique ; un scénario qui pourrait être désastreux pour le commerce extérieur de la Chine. La stratégie de Pékin sera donc probablement de mettre en place une politique à deux volets en tentant d’un côté de créer une influence au sein de l’Arctique par le biais de petits Etats comme la Norvège ou l’Islande ainsi que directement en cherchant à obtenir un statut permanent au sein des institutions internationales de l’Arctique.

A la longue, l’analyse des rapports de force au sein de la zone Arctique devra se faire à l’aune des politiques propres à chaque Etats. Moscou s’enquiert-t-il véritablement de la situation militaire de ses frontières avec l’Arctique ou bien le retour des bombardiers à longue portée traduit il plutôt la possibilité de booster facilement et à moindre coût le nationalisme russe ? Quant au premier ministre canadien, est-il vraiment sincère ou bien est-ce seulement une bonne excuse pour justifier l’achat d’avion de chasse F-35 ?

Commentaire :
A l’heure où la société civile et les écologistes sont largement préoccupés par le réchauffement climatique, les Etats voient dans ce phénomène la création progressive d’un eldorado : celui de l’Arctique dont la conquête serait synonyme de création de richesses telles que de nouvelles routes maritimes, zones de pêche ou encore réserves d’hydrocarbures jusque-là inaccessibles. Les intérêts économiques et politiques sont grands, notamment pour les cinq pays riverains de l’Arctique à savoir la Russie, la Norvège, le Canada, les Etats-Unis via l’Alaska, et le Danemark via le Groenland. L’Islande représente également une passerelle non négligeable à l’entrée de l’océan Arctique. Quant à la Chine et la Corée, elles voient dans ce phénomène la possibilité d’élargir leurs zones de pêche.
L’auteur de cet article adopte une position très relativiste quant à la possibilité d’un conflit autour de la conquête de l’Arctique. Certes, le Conseil de l’Arctique se présente comme une instance de conciliation et un rempart face aux menaces de conflits militaires mais ces propos restent tout de même à nuancer aux vu des enjeux économiques et politiques. La carte ci-dessous offre un panorama des nouvelles ressources qui s’offrent aujourd’hui aux Etats frontaliers et passerelles de l’Arctique. Force est de constater que chacune de ces ressources représente un conflit potentiel. Il ne faut également pas négliger le grand nombre et la diversité des parties prenantes. En effet, il ne s’agit pas seulement des Etats, mais aussi des pêcheurs, des pétroliers, des investisseurs, des habitants, etc…

Annexe :

The artic game goes cordial

 

The rules governing the scramble for the Arctic are beginning to crystalize and surprisingly enough they indicate a peaceful process of conflict resolution going forward.

The past few years have provided  us with several instances pointing to potential military conflict over the Arctic: Russia’s flag-planting photo-op, the resumption of long-range bomber flights, the scrambling of Canadian CF-18s, and smatterings of tough talk from the governments of Canada and the United States, just to name a few. Yet, the picture emerging as of late is one of accord among Arctic nations. This trend is likely to continue, as it is in the best interest for Arctic states to deal with conflicting claims in a peaceful and orderly fashion, emphasizing closed organizations like the Arctic Council. This will ensure that non-Arctic players like China and the EU won’t have a chance to assert themselves in the Arctic, or even worse, attempt to classify the region as a global commons in the same vein as Antarctica.

Nowhere is the conflict-turned-cordial theme more obvious than in Canadian Prime Minister Stephen Harper’s recently-revealed private opinions on the region. This information was made public via the latest round of Wikileaks diplomatic cable disclosures. It seems that, despite a public posture that implies otherwise, Prime Minister Stephen Harper is convinced that there is no possibility of military conflict in the region. He is so sure of this that apparently he came down hard against a NATO presence in the region, deciding that it wasn’t worth giving non-Arctic NATO members influence in an area where ‘they don’t belong.’ The leaked diplomatic cables paint a picture of a Canadian government more interested in capitalizing on public anxieties surrounding the Arctic to garner votes and justify military spending increases rather than one that is smitten with geopolitical anxieties over the future status of its Arctic border.

 

The Arctic Council stands out as an ideal institution for handling disputes between Arctic countries without involving outside parties that ‘don’t belong.’ Last week’s summit produced an agreement allowing for international search and rescue teams to cooperate and not be handcuffed by issues of sovereignty. Although this was the factoid that featured prominently in news stories, there were two other developments of far greater importance. First off, there was an agreement to establish a permanent secretariat for the Arctic Council in Norway; a reflection of the institution’s growing importance moving forward. And secondly, Arctic Council members agreed on criteria by which non-Arctic states can achieve permanent observer status in the council (a classification that the EU and China have long sought). Chief among these criteria is the acceptance that Arctic countries will remain sovereign over their corresponding part of the Arctic. In other words, for a non-Arctic country to become a permanent observer and thus pull up a chair at the Arctic game they must first give up all pretensions that the region will be a ‘global common.’

 

This suggests that China will likely ascend as a permanent observer in the Arctic Council. Officials in Beijing are well aware that they are trapped by their own emphasis on sovereignty in international society when it comes to the Arctic. Even though the opening of the region will reap economic and military dividends for Arctic states, China knows that its lack of an Arctic border means that the best it can do is try to avoid Russian domination over Arctic shipping routes; a scenario that could harm Chinese global trade interests. Thus Beijing will likely proceed on a two-track policy of seeking influence in the Arctic indirectly via smaller Arctic states such as Norway and Iceland as well as directly through seeking permanent status in Arctic international organizations.

 

Moving forward, we should be careful to view Arctic developments through the lens of domestic politics in Arctic states. Is Moscow really concerned over the defense implications of its Arctic border, or does the resumption of Arctic long-range bomber flights provide a cheap and easy feel-good boost for Russian nationalism? Does Canadian Prime Minister look north and see conflict, or is the Arctic simply a good fear hypothetical to justify the purchase of F35 Joint Strike Fighters?

 

If one goes by the behaviour of Arctic states,they’re less concerned about conflict amongst themselves and more anxious over the possibility of outside parties trying to stick their thumb in the Arctic pie.

 

Sitographie :

http://www.geopoliticalmonitor.com/the-arctic-game-goes-cordial-4364/

 

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