BAHREIN

Le Royaume du Bahreïn est un Etat asiatique, composant un archipel de 33 îles (dont certaines sont inhabitées) situé dans le Golfe Persique. Bordé par le Golfe de Bahreïn, sans aucune frontière terrestre, au large des côtes de l’Arabie Saoudite et du Qatar, le Bahreïn a une superficie totale de 750 km² (204ème range mondial). 92% du territoire est désertique, expliquant la très forte densité urbaine, et un vaste programme de construction de terre-pleins augmente peu à peu la superficie du pays. Sa capitale est Manama et sa population totale s’élève à 1.32 millions d’habitants (dont 600 000 de nationalité bahreïnie, près de 300 000 travailleurs indiens ou sri-lankais), le pays étant réparti en cinq gouvernorats (Capitale, Centre, Muharraq, Nord, Sud). L’arabe est la langue officielle et l’islam la religion officielle. La monnaie nationale est le dinar bahreïni (1€ = 0.52 dinar) et le pays se place au 42ème range (0.806) sur 187 Etats selon l’Indice de Développement Humain (IDH). Le drapeau du Bahreïn est rouge et blanc, traversé par cinq pointes, représentant les cinq piliers de l’isl

Evaluation du risque politique :

La monarchie bahreïnie troublée par les tensions entre chiites majoritaires et sunnites au pouvoir :

Le Royaume du Bahreïn est une monarchie parlementaire, avec un parlement de deux chambres, de 40 sièges chacun. Hamad bin Issa el-Khalifa est le chef d’Etat depuis 1999 (Emir puis Roi, avec la révision constitutionnelle de 2002) et Khalifa bin Salman el-Khalifa est Premier ministre depuis 1971. La famille royale possède plus de la moitié du territoire bahreïni, à titre privé. Le pays est traversé, comme de nombreux pays arabes, par un fort antagonisme entre chiites et sunnites. Au Bahreïn, la famille royale fait partie du clan sunnite, qui est minoritaire. Les chiites, qui représentent près de 70% de la population, s’estiment marginalisés économiquement et politiquement. Depuis 10 ans, le Roi a engagé une ouverture démocratique, notamment par la nouvelle constitution de 2002, mettant en place une Charte nationale et l’élection de députés au suffrage universel. Dans un mouvement parallèle aux révolutions arabes, une très large agitation populaire est née dans le pays en 2011, réprimée par le Roi, avec l’aide de l’Arabie Saoudite. Le gouvernement a engagé des discussions entre les différentes parties, mais les débats patinent. Il existe encore aujourd’hui une instabilité chronique dans le pays. La liberté politique est faible et la presse très encadrée. Le niveau de corruption baisse dans le pays et Manama a rejoint en 2010 la Convention des Nations Unies contre la corruption. Des trafics et de l’esclavage sexuel ont été découverts dans le pays. La petite délinquance est peu développée et s’il n’existe ni véritable menace terroriste ni opposition directe avec un autre Etat, l’instabilité régionale doit pousser à la prudence.

Un contexte régional incertain marqué par les révolutions arabes :

Le monde arabo-musulman connait depuis trois ans des soulèvements populaires, déstabilisant la région dans son ensemble. Le Bahreïn n’a pas vu son régime changer suite aux troubles de 2011 et a gardé son partenariat privilégié avec l’Arabie Saoudite. Un pont-digue de 25 km relie les deux pays. Les Saoudiens constituent le premier vivier de touristes pour l’île, et un marché considérable pour les exportations d’aluminium. Au niveau de la politique régionale, le Bahreïn s’aligne constamment sur la position saoudienne, sans prendre toutefois partie dans le dossier syrien. Même si le pays soutient officiellement les pays du Golfe, les relations demeurent difficiles avec le Qatar, avec lequel le Bahreïn a eu un différend territorial à propos d’îles (différend tranché récemment en faveur du Bahreïn). Le Bahreïn est très concerné par les questions sécuritaires dans la région et organise chaque année le « Manama Dialogue » sur les problématiques sécuritaires au Moyen-Orient.  

Un pays allié des Etats Unis et inséré dans les institutions internationales :

Le Bahreïn occupe une place stratégique au Moyen Orient et a été présenté par les Etats Unis comme un « allié majeur hors OTAN ». Le pays accueille le commandement de la Vème flotte américaine et le Commandement central des Forces navales. La Grande Bretagne constitue également un partenaire solide, notamment à cause du long protectorat qu’ont exercé les Britanniques sur le pays jusqu’en 1971. Les troubles de 2011 et la violente répression gouvernementale ont toutefois refroidi ces relations privilégiées. Le Bahreïn est membre de l’ONU, de l’OMC, du Mouvement des non-alignés, de la Ligue Arabe, de l’Organisation de la Coopération Islamique et du Conseil de Coopération du Golfe.

Evaluation du risque économique : 

PIB par habitant

24.275 dollars

Taux de croissance du PIB

3.9 % (2012)

Taux d’inflation annuel

2.3 % (2013)

Solde budgétaire (en % du PIB)

-3 (2012), -5 (2013)

Solde courant (en % du PIB)

7.5 (2012), 5 (2013)

Dette externe (en % du PIB)

65

Solde commercial

5.6 milliards de dollars (2012)

Stabilité du taux de change

Taux stable : 1€ = 0.52 dinar (BHD)

 

Une économie diversifiée et attractive reposant sur le pétrole, l’aluminium et la finance :

Le Bahreïn dispose de l’une des économies les plus diversifiées et ouvertes du Moyen Orient. Si le pétrole constitue une part non-négligeable des ressources du pays (3/5ème des exportations), l’épuisement prochain des énergies fossiles et la fluctuation de leurs prix a conduit le gouvernement à développer de nouveaux secteurs de croissance, dont l’aluminium et la finance. Manama est devenue l’une des places financières les plus dynamiques de la région, représentant 25% du PIB. Si l’Etat tient les rênes de l’économie, un mouvement de libéralisation et de privatisation a été engagé. Les compétences locales se sont améliorées (même si une très large part des ouvriers provient d’Inde ou du Sri Lanka), les infrastructures logistiques et de communications sont excellentes (aéroport international, nouveau port pour les portes-containers), l’environnement est attractif pour les investisseurs étrangers. En 2012, le Bahreïn est 12ème au classement des économies les plus libres du monde. La réglementation fiscale est la plus favorable de la région, sans restriction de zone franche et la propriété étrangère à 100% est autorisée dans 95% des cas. Les partenaires commerciaux majeurs du pays sont les pays du Golfe (Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Koweït, Oman, Qatar), les Etats-Unis, le Japon, l’Inde, la Chine et le Brésil.     

Un pays touché par un déficit budgétaire croissant :

Le Bahreïn est le seul pays du Golfe à avoir un déficit budgétaire depuis 2009, ainsi qu’un fonds souverain limité, à hauteur de 9 milliards de dollars. Ce déficit budgétaire s’explique par deux raisons : tout d’abord, la faible production de pétrole, en comparaison des autres pays de la région, et surtout, la hausse croissante des dépenses publiques. Cette hausse s’explique par la volonté politique de calmer les ardeurs et les revendications de la population. Par une hausse des salaires et des pensions du secteur public, par le maintien de subventions au profit des personnes défavorisées et de lourds investissements dans le secteur des logements et des infrastructures, le gouvernement alourdit chaque année ce déficit. Ce poids budgétaire a amené le Bahreïn a demandé l’aide du Conseil de coopération du Golfe qui va fournir au pays près de 10 milliards de dollars sur dix ans. Il existe ainsi une triple dépendance du gouvernement du Bahreïn : envers la majorité chiite, envers les pays du Golfe et envers la volatilité des prix du pétrole. Malgré cela, le tourisme et les activités financières et commerciales ont repris en 2013, avec une des croissances les plus élevées du Moyen Orient.  

 

Evaluation des risques géographiques et environnementaux : 

Risques climatiques et environnementaux :

Le Bahreïn connait deux saisons : une très chaude (mai à septembre), avec une forte humidité et des températures pouvant atteindre 55°C, et une plus douce (octobre à avril), sèche. Des tempêtes de sable sont possibles en été. Largement recouvert de désert, le Bahreïn offre un climat aride.

Risques sanitaires et épidémiques :

Les risques sanitaires sont réduits, bien que l’on rencontre quelques cas de paludisme importé, ainsi que de rage animale. Aucune vaccination n’est obligatoire pour l’entrée sur le territoire bahreïni. Il est conseillé de ne pas boire l’eau du robinet et de préférer les aliments cuits. Des cas de grippe A / H1N1 et d’infections respiratoires li��es au coronavirus ont été décelés, mais sans justifier de mesures de restrictions de voyage.

Evaluation du Hard Power : 

La faiblesse de l’armée compensée par le partenariat privilégié avec les Etats Unis :

L’armée bahreïnie est composée de 13 000 hommes (terre, mer, marine et garde royale), largement équipée par Washington, depuis la première guerre du Golfe de 1991 à laquelle le royaume a participé. La présence de la Vème flotte américaine constitue un pôle important pour la puissance américaine dans la région, et Manama profite de cette proximité pour sa propre sécurité.

Une présence importante dans les institutions internationales et régionales :

Le Bahreïn est impliquée dans les principales organisations internationales (ONU, OMC) et régionales (Ligue Arabe, Conseil de Coopération du Golfe, Organisation de la Coopération Islamique). Ces deux dernières organisations ont pour vocation le développement stratégique de la région. Le CCG est un organe essentiellement militaire et économique, qui fournit des aides financières aux pays dans le besoin, et cherche à contrer la menace iranienne. L’OCI est fondée sur l’islam, notamment autour de la question palestinienne.

Un secteur Recherche et Développement encouragé par le gouvernement bahreïni :

Fort de nombreuses infrastructures d’excellence, notamment dans les transports et les communications, le Bahreïn tente de s’affirmer comme un pôle compétitif, reposant sur les technologies et l’innovation. La création d’un hub technologique, financé par l’Etat, constitue un pilier de ce développement, basé sur les entreprises et les universités d’excellence.    

Evaluation du Soft Power :

Une culture régionale toujours très présente mais au rayonnement limité :

Le Bahreïn entretient ses traditions, artistiques et culinaires, et malgré le développement et l’ouverture économique, les nationaux restent attachés à la culture arabe, largement influencée par l’islam. Un quartier culturel a été créé à Manama, autour d’un musée national et d’un théâtre. L’ambition de devenir une capitale touristique explique ces projets importants.

Une liberté des médias restreinte et une image écornée par les troubles depuis 2011 :

La presse est libre tant qu’elle ne critique pas l’autorité royale, ce qui limite fortement son influence et son rôle potentiel de contre-pouvoir. Un projet de loi protégeant davantage les journalistes et leurs sources a été émis au début de l’année 2014. Les revendications populaires et leur répression ont fortement impacté l’image du pays à l’international. Les ONG de protection des droits de l’Homme ont pointé du doigt les violations du gouvernement. Néanmoins, le tourisme repart à la hausse dans le pays. Le pays accueille chaque année un grand prix de Formule 1.

 

Conclusion :

 

En dépit de la taille réduite de son territoire, le Bahreïn a réussi à se créer une place dans l’économie mondiale. Contraint de trouver d’autres sources de revenus que les hydrocarbures, le pays a développé une économie ouverte et libéralisée, dans le but d’attirer les investisseurs étrangers. La faiblesse du fonds souverain et l’accroissement du déficit budgétaire constituent une menace limitée pour l’avenir du pays, en ce qu’ils cherchent à développer de nouveaux secteurs, comme la finance, l’aluminium ou encore le tourisme. La dépendance envers la main d’œuvre constitue un véritable défi à relever pour les autorités bahreïnies.

Les tensions religieuses et sociales qui ont lieu depuis 2011 ont écorné quelque peu l’image du pays sur la scène internationale, du fait de la violence de la répression gouvernementale. Ces agitations persistantes n’ont toutefois pas empêché une reprise du tourisme et d’une croissance économique forte. Se basant sur d’excellentes infrastructures logistiques, Manama jouit d’un potentiel important, largement appuyé par les Etats Unis qui en a fait une base militaire primordiale dans la région. Les perspectives pour l’avenir sont positives, si l’on considère l’emplacement stratégique en Orient, le partenariat privilégié avec des pays occidentaux et les ambitions économiques du gouvernement. La proximité du pays avec l’Arabie Saoudite, sur laquelle Manama calque sa politique internationale, constitue un pilier non négligeable pour le développement du Bahreïn.

Sitographie :

 

  • Site de la CIA, The World Factbook, Bahrain :

https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/ba.html

 

  • Site de la COFACE, sur le Bahreïn :

http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Bahrein

 

  •  Site du Ministère français des affaires étrangères, Bahreïn :

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/bahrein/presentation-du-bahrein/

 

  •  Site d’Objectif Import-Export, Bahreïn :

http://www.objectif-import-export.fr/fr/fiche-pays/bahrein/presentation-demographie

 

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