Beaucoup se sont déjà posé la question et encore beaucoup se la poseront, car la Russie représente un pays qui fait figure de proéminence dans le monde de la géopolitique actuelle.
En effet, la Russie est un pays immense qui s’étend sur deux continents et avoisine 16 nations (frontières maritimes inclues). Lors de la dissolution de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques en 1991, la Fédération de la Russie est devenue l’héritière de la plus grande république jamais constituée. En tant que grande puissance sur l’échelle de la géopolitique internationale, la Russie s’est impliquée dans diverses démarches au cours des vingts dernières années qui impacteront son futur de manière importante.
Cependant, c’est un pays très enclavé et ayant beaucoup de problèmes sociaux notamment une démographie déclinante du fait d’un taux de natalité inférieur au taux de mortalité, et d’une espérance de vie en dessous de 70 ans, ce qui est, pour un pays développé, très bas. Par ailleurs, la Russie rassemble un grand nombre d’ethnies différentes qui suivent des religions différentes avec presque 80% de croyants pour l’église orthodoxe, et environ 7% de musulmans.
Vladimir Poutine est l’acteur majeur de la Russie actuelle. Il a été président du gouvernement russe de 1999 à 2000 et de 2008 à 2012 ; et président de la Fédération de Russie de 2000 à 2008 et depuis 2012. C’est sur la vision de cet homme que repose toute la politique de la Russie de nos jours. En effet, il a mis en avant une politique de l’étranger proche qui consiste à réaffirmer la puissance de la Russie sur les pays avoisinant et par ce billet nous verrons qu’il veut aussi rétablir la puissance militaire russe. Il a aussi développé la volonté d’indépendance de la Russie. Aussi nous nous sommes demandé si l’avenir de Moscou n’allait pas conduire à un nouvel ordre mondial eurasiatique.
Dans cette optique, nous avons observé la mise en place de la politique de l’étranger proche à travers les différents conflits dans lesquels elle est impliquée. Puis nous nous sommes intéressés à sa volonté de diversifier les débouchées russes pour faciliter l’indépendance du pays.
I. La Russie et les conflits
La Syrie : un conflit diplomatique
La Russie entretient une relation ponctuée avec la Syrie depuis 1956. Au fils du temps, les relations entre les deux pays se sont intensifiées. En effet, une alliance s’est formée sur les similitudes de perspectives que chaque pays détenait à propos des visions anti-occidentales, anti-israéliennes, et anti-conservatrices. Néanmoins, cette alliance harmonieuse s’est montrée éphémère car la Russie, n’étant pas aussi anti-israélienne que la Syrie, développait des relations avec Israël en parallèle. De nos jours, les relations entre l’Israël et la Russie continuent de s’améliorer, en dépit des relations avec la Syrie.
Depuis août 2013, la Russie s’est impliquée dans la guerre civile en Syrie lors de l’utilisation des armes chimiques par le gouvernement de Bachar el-Assad contre l’opposition. Cependant, ces armes, fournies par la Russie, ont attiré l’attention du président des États-Unis qui a alors menacé la Syrie de répercussions. La Russie, en persuadant le régime de Bachar el-Assad de renoncer à ces armes chimiques, a permis à la guerre civile de continuer sans intervention extérieure, en utilisant des armes conventionnelles. Cette action de la Russie est en fait une décision stratégique à l’égard de la soutenance du régime el-Assad. En effet, si le régime de Bachar el-Assad est renversé par l’opposition, les djihadistes sunnites prendront le contrôle du pays. Ceux-ci sont anti-russes et donc susceptibles d’aider les opposants musulmans présents en Russie. Pour la Russie, il vaut alors mieux conserver les dirigeants autoritaires des gouvernements d’Asie-centrale, fidèles à Moscou en raison de liens économiques. Si ces gouvernements constatent une incapacité de la part de la Russie à veiller sur leurs intérêts, ils se tourneront certainement vers la Chine.
La participation russe dans une alliance avec la Syrie, et son soutien au régime el-Assad, porte trois façades. Tout d’abord, c’est un lien économique et militaire avec la Syrie. En effet, la Russie dispose d’une base militaire à Tartous (Annexe1) qui est sa seule installation navale en dehors de l’ex-URSS et est donc un atout stratégique car elle détient ainsi un port sur la Méditerranée. La seconde façade consiste à améliorer l’image de la Russie comme grande puissance capable de défendre ses alliés contre les régimes anti-occidentaux et djihadistes, autant que projeter une image de leader capable de défendre le pays contre les influences occidentales, et veiller aux intérêts du pays. Enfin, la chute du régime el-Assad priverait la Russie de son dernier allié Arabe dans la région ce qui causerait des dommages à l’image de Moscou.
A l’échelle internationale, la régime el-Assad est dénoncé par plusieurs pays musulmans, dont la Turquie. Celle-ci est en faveur d’une gouvernance de composition Sunnite, soit la majorité de la population Syrienne, et pas d’une minorité Alaouite, tel le présent gouvernement de el-Assad. Néanmoins, le commerce entre la Turquie et la Russie est en plein essor, et la participation en Syrie ne semble pas faire pas de tort aux relations commerciales.
En conclusion, la Russie va devoir continuer à améliorer ses relations avec la Syrie dans l’avenir. La déstabilisation voire la chute du régime el-Assad provoquerait de graves conséquences pour Moscou, et ouvrirait la porte aux éclatements de l’opposition musulmane orientés contre la Russie, notamment dans la région du Caucase.
Le bourbier Nord-Caucasien : la Tchétchénie (Annexe 2)
La Russie fait actuellement face à des problèmes graves dans la région du Caucase du Nord qui causent des risques de sécurité non seulement parmi les villes de la région, mais aussi dans le territoire russe. L’instabilité sociale, les attentats, la corruption et le népotisme sont prédominant alors qu’un changement de perspective et de priorités de la part de la Russie allégerait de beaucoup les problèmes de cette région, et faciliterait un mouvement “vers un nouvel ordre mondial”.
Il faut en premier lieu comprendre l’histoire d’une région volatile et marquée par les guerres, l’instabilité sociale, et le manque d’identité par rapport à la Russie. La Russie conquiert la Tchétchénie au milieu du XIX siècle sous la direction de Nicolas I, pour faire prévaloir une continuité avec les régions entre la mer Noire et la mer Caspienne déjà conquises telles que l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Géorgie. À cause d’un côté des intérêts forestiers et pétroliers et de l’autre côté une volonté d’indépendance, deux guerres entre la Russie et les forces insurrectionnelles de la Tchétchénie se sont réalisées au cours de l’histoire avec plus de 100 000 victimes. Pendant les quinzaines d’années de guerre, la violence s’est étendue aux républiques avoisinantes telles comme le Daguestan et l’Ingouchie. Des otages furent pris et des attentats de bombes furent lancés à plusieurs occasions, les exemples du théâtre de Doubrovka et de l’école primaire de Beslan sont les plus connus.
A l’heure actuelle, à cause des très grandes pertes civiles lors des deux guerres Tchétchènes, les insurgés se sont tournés vers une stratégie de guérilla basée sur le terrorisme local voire régional. Afin de diminuer la puissance Russe dans les régions affectées par les instabilités, ils essaient de créer un état pan-caucasien semblable aux groupes radicaux, qui préconiserait l’adhérence à la charia et au suivi des idéaux anti-occidentaux. Ce “pan-caucasienisme” a pour but de forcer les russes à disperser leurs efforts et ressources militaires, pour réduire la pression sur le chef-lieu du mouvement guérilla, notamment la Tchétchénie.
Malgré le rôle joué par la religion, c’est plutôt au niveau des problèmes socio-économiques que se regroupe le sentiment rebelle chez les jeunes faisant parti des insurgés. En effet, la région connaît actuellement de grands déséquilibres au niveau du développement social de la population. Il existe notamment des abus et de la corruption parmi les élites régionaux et les dirigeants. La Russie a par ailleurs mis en place des mesures anti-terrorismes, dont les cibles sont souvent beaucoup plus élargies et n’atteignent donc pas les véritables malfaiteurs.
Cependant, il est à noter que les jeunes, souvent sans emploi du fait d’un chômage important (40%), et vivant dans des situations déplorables, se consacrent à la religion comme une solution aux problèmes de corruption et de népotisme. Elle est donc vue comme un mouvement réactionnaire qui incite les jeunes à vouloir créer des bases plus égalitaires et tolérantes. Les élites par contre voient ce mouvement comme une menace à leur pouvoir et mettent en place une répression de l’Islam au nom de l’opération anti-terrorisme, qu’il soit radical ou non. Cela provoque les insurgés à se fournir des armes pour combattre le gouvernement et se venger des atrocités commises contre eux.
En dépit de grands projets dans la région comme les jeux d’hiver de Sotchi, et les nombreuses stations touristiques dans les montagnes, les inégalités se renforcent. Auparavant, cette région était indispensable pour sa richesse en hydrocarbure et pour le fait d’être le site d’un important oléoduc qui transportait du pétrole de la mer Caspienne vers l’ouest. Alors que l’oléoduc n’est plus indispensable pour la Russie, la raison pour laquelle Moscou veut toujours garder le Caucase du Nord correspond à un profond sentiment d’impérialisme et d’ego par rapport aux grands dirigeants du pays. L’indépendance de la Tchétchénie servirait par ailleurs comme motif pour les républiques avoisinantes de se séparer, ce que la Russie veut en toute vraisemblance éviter.
En somme, une approche différente est nécessaire pour améliorer les conditions de vie dans la région, et bâtir de bonnes relations entre la Russie et le Caucase . Un modèle de gouvernance plus local, et des programmes sociaux permettraient de réduire les problèmes de corruption voire de pauvreté, voire de participation dans des démarches djihadistes. Si la Russie continue de garder sa politique laissez-faire, il n’est pas alarmiste de penser que la situation pourrait provoquer un conflit sur un échelle beaucoup plus élargie. Il faut juste faire exemple de l’attentat de Volgograd de cette année, et celui de Boston en 2013 pour percevoir que les problèmes débordent déjà des frontières du Caucase et présentent des importantes considérations dans l’avenir de la Russie.
L’Ukraine
Les actions entreprises par la Russie suite au déclenchement des troubles civils à Kiev de cette année furent vraiment sans-précèdent dans l’histoire de la Russie post-soviétique. Il est constatable que le coup-d’état en Crimée représente une forme de revanchisme détenue par Moscou et que celle-ci semble être utilisée comme motif vers un “union eurasiatique”.
Au cours des vingts dernières années, suite à la guerre froide, la Russie s’est pliée aux règles du jeu international que les pays occidentaux ont voulu faire prévaloir dans le monde. La Russie s’est pensée mise à l’écart par les règles qui étaient rédigées en sa défaveur. Ainsi, les manifestations ukrainiennes de nature pro-occidentales (révolution Orange, Euro-Maïdan) ont provoqué de fortes réponses de la part de la Russie, notamment son implication en Crimée et en Ukraine orientale.
En effet, en 2004, avec l’élection présidentielle ukrainienne tenue pour frauduleuse de Viktor Ianouvitch, des manifestations furent organisées par son rival russophobe et pro-occidental, Viktor Ioutchenko. Ces événements, appelés la révolution Orange d’après la couleur du parti politique, furent amorcés en novembre de l’année dernière. Des négociations difficiles impliquant l’Union Européenne furent conclues deux mois après, avec la proclamation officielle de la présidence de Viktor Ioutchenko. Seules la Russie et la Biélorussie étaient opposées au troisième tour d’élection qui a amené Ioutchenko à la présidence. La Russie a alors lancé des représailles instantanées, notamment la cessation de vente de gaz russe à l’Ukraine à des prix préférentiels. Ceci conduisit les dirigeants ukrainiens à demander l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, le plus tôt possible. Des sondages effectués montraient néanmoins que la plupart des ukrainiens était contre une telle adhésion, pour éviter de gâter les relations avec la Russie. C’est sur cette base que Ioutchenko refusait de tenir un référendum sur la question, et c’est aussi une des principales raisons qui a causé sa défaite contre Viktor Ianoukovitch lors de l’élection de 2010.
À la fin de l’année 2013, Ianoukovitch préparait un accord d’association avec l’Union Européenne, malgré les menaces de représailles russes. À la dernière minute, Ianoukovitch reporta la conclusion de ces accords, et en même temps accepta une proposition russe d’aide financière et de réduction du prix de gaz. Cette déception a entraîné des milliers de gens à manifester lors de la révolution de l’Euro-Maïdan qui a permis la destitution de Ianoukovitch.
En février de 2014, la Russie a envoyé des troupes pour prendre contrôle de la Crimée. Le lendemain de la prise, un référendum fut organisé pour le 25 mai, puis avancé au 16 mars. Suite aux résultats qui montraient que la majorité des criméens voulaient appartenir à la Russie, des villes ukrainiennes de l’est commencèrent à se faire prendre par les militaires russes.
Il est impossible de préciser un motif exact pour l’intervention de la Russie. Selon toute vraisemblance, il s’agit d’une stratégie réactive qui n’était ni projetée ni mandatée préalablement. Vladimir Poutine semble justifier ses actions sous prétexte de mettre fin à un “début de guerre civile” et de protéger le peuple russe de Crimée. En réalité, Moscou exerce son désir profondément ancré de créer un nouvel ordre eurasiatique. Poutine a fait preuve de cette envie lors d’un discours en février 2000 où il a déclaré : “Ceux qui ne regrettent pas la disparition de l’URSS n’ont pas de cœur. Ceux qui voudraient la refaire de la même manière n’ont pas de tête”.
Les enjeux pour la Russie reposent donc sur deux volets. Le premier c’est d’avoir pleinement l’accès et le contrôle de ses bases maritimes posées sur la péninsule criméenne. Ceci permettrait à la Russie de contrôler la mer d’Azov (Annexe 3), ce qui est un atout stratégique. Deuxièmement, la crise a permis une mise à l’épreuve de grande échelle des forces militaires Russes dites “rebaptisées”. En effet, en 2008, la Russie s’est attaquée à un grand projet de réforme militaire, dans le but de réapprovisionner et rééduquer les forces, et d’augmenter le nombre de militants dans celles-ci. Cependant, la grande limite de cette nouvelle politique prise par la Russie correspond aux sanctions économiques imposées par les gouvernements occidentaux. Celles-ci pourraient devenir très dommageables pour la Russie si elles continuent d’être de plus en plus sévères.
II. Vers une ouverture des frontières ?
La force de la Russie : la manne énergétique
La Russie est le 3ème producteur mondial de pétrole et le 2ème pour le gaz. Elle détiendrait aussi environ 10% des réserves d’uranium et c’en est l’un des principaux producteurs. C’est donc un gigantesque réservoir de matières premières extrêmement variées. Cependant jusqu’à présent on parlait de la malédiction de l’abondance car l’URSS avait tout miser sur l’exploitation de ces ressources afin de compenser les faiblesses intrinsèques de l’industrie soviétique. Plus tard, elles les a utilisé comme une force et s’est affirmée comme une grande puissance de l’énergie, orientée vers l’approvisionnement d’une région particulière : l’Europe. En effet, la Russie exporte 85% de son pétrole vers l’Europe et c’est aussi son premier client en gaz et en uranium. La proximité géographique du pays ainsi que la possibilité de construire facilement des infrastructures terrestres d’approvisionnement (oléoducs, gazoducs : Annexe 4) rendent les hydrocarbures russes particulièrement avantageux. L’Europe semble donc condamné à subir l’influence géo-économique de la Russie en matière énergétique. Ainsi, on peut considérer que la Russie a pu réémerger après les années 90 grâce à sa manne énergétique. Celle-ci est au cœur de la stratégie géopolitique russe, ce qui conduit à un déchirement européen entre deux puissances : russe et américaine. Il est important de noter que la vente de gaz contribue certes grandement au budget russe (26 milliards de dollars en 2013) mais beaucoup moins que le pétrole (196 milliards). En raison des prix bas pratiqués actuellement, le gaz est moins stratégique pour celui qui le vend que pour celui qui l’achète. C’est son abondance qui tire les prix vers le bas et donne un effet trompeur sur son importance stratégique.
Forte de son leadership énergétique, la Russie l’a par ailleurs utilisé comme levier d’influence dans les relations avec ses voisins et les autres puissances. Elle ne l’a mis en avant que récemment avec l’Ukraine comme enjeu principal. Cependant, le fait que l’Ukraine soit un couloir d’approvisionnement de gaz vers l’Europe, certains pays comme la Slovaquie étaient fortement pénalisés par ce conflit. C’est pourquoi, la Russie proposera par la suite la construction d’un nouveau réseau de gazoducs avec une branche nord sous la mer Baltique et une branche sud sous la mer Noire (Annexe 4) ce qui arrimera un peu plus le vieux continent à la Russie. En 2010, l’élection d’un président pro-russe, Viktor Ianoucovitch va rétablir les relations russo-ukrainienne, du moins jusqu’au conflit avec la Crimée où on peut d’ailleurs remarqué que Poutine n’a pas fait pression par l’arme énergétique. Ce levier reste néanmoins à sa disposition. La dépendance énergétique de l’Europe est donc exacerbée par le fait que Vladimir Poutine ai déjà eu recours à l’arme énergétique. En effet, la crise ukrainienne a mis en lumière la volonté de Moscou de faire valoir ses vues sur l’est de l’Europe, aux marges de l’union européenne. Les Etats-Unis ont pris quelques sanctions économiques, mais elles se sont rapidement révélées insignifiantes pour l’économie russe, et contre-productive pour l’industrie américaine. En effet, pour le Kremlin, le résultat obtenu justifie amplement les difficultés économiques potentiellement engendrées par de telles sanctions.
En revanche, contrairement à l’idée commune, la crise ukrainienne n’a que très peu influencé le cours du rouble, celui-ci a été victime comme les autres monnaies de pays émergents, du retrait des liquidités américaines des marchés internationaux qui a commencé en août 2013. En outre la banque centrale Russe a décider à la fin de l’année dernière de laisser filer sa monnaie pour renforcer la compétitivité de son industrie, améliorer sa balance commerciale en roubles et éviter de gaspiller ses réserves en change en maintenant un cours artificiel. En ce qui concerne la bourse de Moscou, sa baisse ou sa hausse a un impact très limité sur l’économie du pays dans la mesure où ses capitalisations principales sont des sociétés de matière première, souvent publiques. Les trois quart des échanges sont faits par des non-résidents. Enfin, la fuite des capitaux a également peu à voir avec la crise ukrainienne puisqu’elle a commencé avant le coup d’Etat du 21 février 2014. Elle est liée essentiellement à la baisse du rouble et à la conversion en euros ou en dollars considérée comme une fuite.
L’Asie une solution face aux sanctions ou une volonté d’expansion ?
La Russie consciente de sa dépendance à l’Europe tente depuis quelques années de diversifier les débouchées en misant notamment sur la hausse des demandes asiatiques : la chine mais aussi la Corée du sud et surtout le japon. Ceci se ressent notamment à travers le développement de nouveau projet tels que le terminal GNL à Vladivostok ou comme Sakhaline II codéveloppé par Gazprom, Shell et les entreprises japonaises Mitsubishi et Mitsui. Même si cette diversification s’opère, elle ne sera effective que d’ici quelques années ne serait-ce que le temps de construire les infrastructures du transport de masse. Dans ce cadre, les Etats-Unis cherchent à se positionner comme une solution concurrente d’approvisionnement en gaz pour l’Europe surtout dans la perspective d’un accord de libre-échange transatlantique. C’est pourquoi il y a eu l’ouverture d’un centre d’excellence pour la sécurité énergétique de l’OTAN (ENSEC-COE) en 2012 en Lituanie. En effet, la manne énergétique engendrée par la révolution du gaz de schiste particulièrement préjudiciable pour la Russie, pourrait devenir un nouveau levier géo-économique pour Washington. Si les Etats-Unis réussissent à faire accepter ce projet par l’Europe, ils pourraient devenir les grands vainqueurs du conflit russo-ukrainien. Cependant, les américains sont presque parvenu à leur pic de production et les coûts engendrés pour l’Europe seraient très conséquents que ce soit pour la construction des infrastructures ou pour le prix du pétrole et du gaz, sans parler des contraintes juridiques. La Russie l’a bien compris et regarde avec scepticisme l’agitation cyclique à ce sujet.
Par ailleurs, les relations économiques entre les Etats-Unis et la Russie sont à un niveau si faible que des menaces d’embargo généralisé de part et d’autre n’ont aucun sens. Dans l’aérospatial, les sanctions se révèlent bien plus pénalisantes pour Boeing et Lockheed Martin que pour le motoriste russe NPO Energomach. De plus, les Etats-Unis sont dépendants des Russes pour l’acheminement des astronautes dans la station spatiale internationale. Dans l’aéronautique, un embargo serait catastrophique pour Boeing qui importe l’essentiel de ses pièces en titane de Russie. Boeing, comme Airbus, doit par ailleurs honorer des commandes passées par la Russie pour des milliards de dollars. De même avec les secteur des hydrocarbures où ExxonMobil est partie prenante avec Rosneft dans le développement du gaz naturel liquide (GNL) et des gisements de l’Arctique. Ainsi, les échanges entre la Russie et les Etats-Unis sont peu nombreux mais stratégiques pour Washington. En sens inverse, la Russie pourrait liquider ses bons du Trésor américain soit 2,6% de la dette acquise par des étrangers. La gravité des conséquences dépendrait de la réaction des autres détenteurs de dette. Dans le pire des cas, cela pourrait entraîner une explosion de plafond de la dette américaine mais l’écroulement du dollars ne serait pas favorable à la Russie d’où la faible probabilité de ce scénario. Ainsi, le plus probable est la « dé-dollarisation » de l’économie russe ce qui a déjà commencé. Visa et Mastercard sont d’ailleurs les premières victimes des sanctions du fait du développement d’une alternative russe. Par conséquent, les Etat-Unis tentent de pousser l’Europe à entreprendre des sanctions importantes face à la Russie ce qui reviendrait pour Washington à affaiblir deux économies concurrentes. Cependant, la Russie n’a jamais menacé aucun pays européen de cesser ses livraisons pour des raisons politiques, au contraire c’est un fournisseur fiable et attentif. De plus, ces dernières années la consommation de gaz en Europe a augmenté , la dépendance au gaz russe va donc s’accroître avec certitude. On peut d’ailleurs remarquer que la part du gaz russe en volume dans l’économie française est très importante. Il faut noter néanmoins que pour les économies européennes, Moscou est un fournisseur mais aussi un client. Même si Moscou ne prenait pas de sanctions en retour, l’appauvrissement de son économie serait une mauvaise chose pour l’Europe et particulièrement pour l’Allemagne, l’Italie et la France. C’est pour cette raison que les sanctions appliquées jusque là sont sans conséquences sérieuses même si à ce jour l’Europe tente de limiter le financement russe, notamment le financement de trois compagnies pétrolières (Annexe 5).
Par conséquents, les menaces occidentales n’ont fait que renforcer le basculement de la Russie vers l’Asie. Avec la Chine, les échanges atteignent 88,8 milliards de dollars en 2013 et de nombreux contrats énergétiques doivent être signés dans un futur proche. La Russie envisage de livrer 38 milliards de mètre-cubes de gaz à la Chine d’ici 2018 puis 60 milliards via une ramification orientale du gazoduc Lakoutie-Khabarovsk-Vladivostok. C’est le projet « power of Siberia ». Par ailleurs, la coopération Moscou-Pékin se traduit aussi par la fondation de l’Organisation de Coopération de Shanghaï (OCS) en 2001 présentée comme un élément fort du monde multipolaire. En réalité, l’OCS peine à dépasser le stade de forum de coopération, chacun poursuivant ses objectifs propres. Pour réaffirmer rôle et présence en Asie centrale, Moscou privilégie donc les structures destinées à palier les insuffisance de la Communauté des Etats Indépendants (CEI). Au delà, l’union eurasienne est censée accomplir le projet russe d’une sphère d’influence en Asie centrale tout comme dans l’est européen et le sud-Caucasien. Cette organisation provient d’accords signés entre Eltsine et la Chine en 1996 qui permettaient d’accroître le pouvoir de négociation de la Russie vis-à-vis de l’Occident et de rehausser sa place. Ainsi la coopération Moscou-Pékin peut être portée sur un plan régional avec la signature à Shanghaï d’un traité de sécurité liant le Khazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan. Les négociations portent sur des accords frontaliers ainsi que sur la lutte commune contre « l’extrémisme, le terrorisme et le séparatisme ». Cette première coopération régionale ouvrira par la suite à l’OCS qui s’est élargie depuis à l’Ouzbékistan. Plusieurs Etats vont s’y rattacher en tant qu’Etat observateur (Mongolie, Iran,…) ou en tant que partenaire de dialogue (Biélorussie, Turquie…) (Annexe 6). La Russie et la Chine utilise aussi cette organisation pour promouvoir un discours anti-hégémonie contre les Etats-Unis et l’OTAN. Schématiquement, le Russie cherche à utiliser l’OCS pour contrôler la poussée énergétique et commerciale de la Chine en Asie-centrale, pour conserver la haute main sur les enjeux de la sécurité et légitimer sa présence régionale, en tant que puissance eurasiatique. En parallèle, les dirigeants ont répondu aux défis de l’après-guerre froide en promouvant à l’intérieur de l’espace de la CEI des formats plus restreints comme la Communauté économique eurasiatique, l’Union douanière Russie-Biélorussie-Kazakhstan ou encore l’Organisation du traité de sécurité collective avec en perspective une Union eurasienne organisée autour de Moscou. Si des manœuvres militaires communes sont organisées dans le cadre de l’OCS, celle-ci n’est en rien une OTAN eurasiatique. Les Etats membres ne sont pas liés ensemble par une clause de défense mutuelle, et les rivalités internes sont multiples. Afin de renforcer leur position au sein de l’OCS, les russes promulguent la candidature de l’Inde qui contre-balancerait le poids de la Chine mais ils s’opposent à la négociation d’une zone de libre-échange qui pourrait concurrencer l’Union douanière Russie-Biélorussie-Kazakhstan que Moscou veut élargir. Les dirigeants chinois veulent faire entrer le Pakistan et subordonnent l’élargissement à des conditions strictes dont l’appartenance géographique à l’Asie ce qui exclut la Biélorussie.
Au niveau de la Corée du Sud, Séoul va devenir l’un des principaux pourvoyeurs de hautes technologies en échange de la sécurité énergétique et l’accès aux technologies spatiales. En effet, le sommet du 13 novembre 2013 dans la capitale sud-coréenne a été le signal d’une coopération accrue. Depuis 2012 les investissement coréens en Russie sont de plus en plus importants. La Corée est partie prenante dans le développement des ressources gazières extrême-orientales russes par le biais de l’entreprise coréenne publique KOGAS. Si les échanges entre la Russie et la Corée du sud paraissent encore relativement faibles, ils ont un potentiel considérable. Enfin, le troisième partenaire de la Russie est le Japon qui est le seul pays à ne pas avoir signé la paix avec la Russie en raison du différend territorial sur les Kouriles. Si politiquement le Japon s’aligne avec les Etats-Unis, il fera passer ses intérêts économiques devant les intérêts stratégiques des Etats-Unis. Ainsi, Rosneft et la compagnie pétrolière japonaise Inpex mènent ensemble un projet d’exploitation en mer d’Okhotsk. En octobre 2013, Vladimir Poutine s’est rendu au Japon pour convenir avec Shinzo Abe de la mise en place d’une plate forme commune d’investissement pour le développement de l’Extrême-Orient russe.
L’impossibilité de l’entente avec l’OTAN et les Etats-Unis
Obama, en arrivant au pouvoir, a une volonté de rétablir de bonnes relations avec la Russie. En 2010, le président américain et son homologue russe Dmitri Medvedev signent le traité New Start de réduction des arsenaux stratégiques nucléaires. Ils coopèrent dans la mise sur pied de sanctions contre l’Iran et les Etats-Unis appuient l’adhésion de la Russie à l’OMC. Cependant, les fondations apparaissent comme fragiles car elles reposent sur une relation cordiale entre les deux présidents. Ils doivent tout deux composés avec des opposants puissant qui voient cette relation comme un capitulation voire une trahison des intérêts nationaux. Le retour de Poutine au Kremlin va se traduire par une dégradation de ces relations. En effet, Obama se méfie de l’ancien agent du KGB. Au delà d’une relation peu cordiale, la question des libertés politiques et la perception par Washington d’une dérive autoritaire du régime de Poutine vont accroître les tensions. Alors que les contentieux s’accumulent, la crise en Ukraine propulse les tensions à un niveau inédit depuis 2008.
En effet, même si elle ne représente aucun enjeu pour les Etats-Unis à proprement parler, pour la Russie, elle représente un Etat tampon face à la puissance occidentale.
L’approche « triomphaliste » structure encore aujourd’hui la politique américaine vis-à-vis de la Russie autour de 2 axes. Tout d’abord, les Etats-Unis n’ont de cesse d’exiger des réformes économiques de la part de Moscou et de dénoncer toute atteinte à la démocratie et aux droits à la personne. Ensuite, alors que Bush avait assuré à Gorbatchev que l’OTAN ne menacerait pas les intérêts stratégiques de la Russie, Washington a fait fi des préoccupations et des sensibilités sécuritaires de Moscou en procédant à des élargissements successifs de l’alliance atlantique jusqu’aux frontières de la Russie. Pendant les années 90, la Russie était trop faible pour contester ces deux axes mais la donne à changer dans les années 2000. En effet, les Etats-Unis obnubilés par la guerre contre le terrorisme et enlisés en Afghanistan et en Irak, ne se sont pas intéressés aux relations avec la Russie ; et le pouvoir a su tirer profit de la hausse des cours du pétrole. De plus, la Russie demeure un acteur majeur sur la scène internationale. Elle dispose du seul arsenal nucléaire capable d’infliger des destructions massives aux Etats-Unis. L’influence diplomatique, le droit de véto au conseil de sécurité et le poids militaire permettent donc à Moscou de peser dans les affaires internationales et d’interférer voire de contrer les intérêts américains.
Par ailleurs, L’OTAN a annoncé le premier avril la suspension de toute coopération civile et militaire avec la Russie, à la suite de l’annexion illégale et illégitime de la Crimée. La crise ukrainienne révèle ainsi la fragilité d’une coopération bancale, entravée par l’incompatibilité de visions stratégiques diamétralement opposées, et déséquilibré par le poids de multiples interdépendances. Malgré la tentative d’inclure la Russie sur un pied d’égalité, la coopération reste selon Moscou une déclaration de « bonnes intentions », limitée à des programmes secondaires. La signature d’un acte fondateur crée en 1997 le conseil conjoint permanent qui deviendra le conseil OTAN-Russie (COR). En 1999, Moscou suspend cependant se participation pendant plusieurs mois afin de s’opposer à la campagne de bombardement aérien du Kosovo. Le partenariat se limite depuis à des échanges d’informations et des exercices communs. En 2001, il y a des avancées significatives avec la lutte contre le terrorisme avec en 2002 l’initiative sur l’espace aérien en coopération. De plus, l’OTAN et la Russie collaborent depuis 2008 pour la lutte contre la piraterie en mer dans la corne de l’Afrique et le Golfe d’Aden. Ils travaillent également ensemble en Afghanistan. Les sujets ensablés minent cependant les avancées, notamment sur la question de défense antiaérienne et antimissile.
Il est à noter que depuis la révolution islamique de 1978-79, les périodes de tensions entre Moscou et Washington vont généralement de pair avec un rapprochement entre Moscou et Téhéran. Le maintien au pouvoir de Bachar el-Assad plus de 3 ans après le déclenchement de la crise est en soi un succès diplomatique pour Moscou et Téhéran , et la médiation Russe de l’été 2013 a permis d’éviter une nouvelle intervention militaire unilatérale occidentale au Moyen-Orient. Cependant, la prise de position russe pourrait conduire la Russie à perdre du crédit auprès des opinions publiques arabes. Pour autant, la stratégie occidentale est restée limitée à une dimension rhétorique en décalage avec les réalités du terrain syrien. Ainsi, le manque de crédibilité occidental a minimisé les conséquences négatives sur la diplomatie réaliste de Téhérant et de Moscou. Les pourparlers « pétrole contre marchandises » entamés en janvier 2014, permettraient à la Russie de renforcer sa position de puissance commerciale de substitution par rapport aux coopérations économiques potentielles irano-américaines et irano-européennes. Cet accord serait donc un atout géostratégique majeur pour Moscou vu l’accroissement des tensions avec l’Occident, cependant il n’est pas dans l’intérêt iranien de l’accepter car la vente de pétrole à un des principaux producteurs engendre une décote du prix de vente. Ainsi, des obstacles à la mise en place d’une véritable stratégie demeurent.
Conclusion :
Depuis maintenant un an, Poutine semble accumuler les succès sur la scène internationale en infligeant des camouflets à la puissance américaine (l’accueil de Snowden), en imposant la Russie comme un acteur incontournable dans des dossiers majeurs (Syrie, Iran) ou en projetant une image de réussite et de prestige (JO de Sotchi). Comme il le voulait, il est arrivé à réaffirmer l’influence de Moscou sur son « étranger proche » (Géorgie 2008, Ukraine 2014) même s’il reste des zones à conquérir (Nord-Caucasien). Cependant ces victoires ne permettent pas de diversifier une économie trop d��pendante des ressources naturelles, ni de résoudre les problèmes graves de démographie. De plus, les européens pourraient chercher à s’émanciper de leur dépendance à un partenaire turbulent. Enfin, même si Obama a manqué de tact dans sa réaction initiale à la crise en Ukraine, il semble définir les paramètres d’une approche plus structurée, il chercherait à mettre sur pied une version modernisée de l’endiguement afin d’isoler la Russie mais de ne pas rompre complètement avec. En effet, à l’OTAN comme ailleurs, l’idée n’est pas d’isoler Moscou car membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, la Russie entretient des liens privilégiés avec des Etats comme la Syrie ou l’Iran, de ce fait elle est un partenaire crucial dans les négociations pour la résolution de certaines crises régionales et internationales. Elle reste également un acteur économique majeur dont dépendent de nombreux Etats membres de l’Alliance. Les sanctions semblent du point de vu des Etats-Unis un bon levier pour parvenir à leurs fins si l’Europe les impose mais cette possibilité reste limitée vu les liens économiques de celle-ci.
Il n’en demeure pas moins que la doctrine de l’étranger proche, l’idéologie eurasiatique et la volonté de poser la Russie comme une tierce puissance ont conduit Poutine à accélérer la formation d’une Union eurasienne dont participeraient les différents états membres de l’OCS à l’exclusion de la Chine. Cette Union est pensée comme une structure de puissance, politiquement intégrée qui permettrait au Kremlin de prendre en main le sort de l’Asie centrale. Cette intégration au continent asiatique est déjà en cours de réalisation et même si elle n’en est qu’aux prémices, elle présente un potentiel conséquent qui pourrait à terme défier plus que les Etats-Unis mais l’OTAN tout entier.
Enfin, il faut remarquer qu’avec le réchauffement climatique, la fonte de la banquise ouvre de nouvelles perspectives économiques. Alors que le territoire arctique de la russie représente 80% du gaz et 60% du pétrole du pays, la souveraineté de la Russie dans cette région constitue un enjeu stratégique majeur. En effet, la Russie espère certainement y trouver de nouvelles ressources mais surtout elle compte valoriser le potentiel commercial de la route du Nord, entre les détroits de Kara et de Béring. Ce dernier permettrait de diversifier les routes d’exportation. Le 20 décembre 2001, la Russie a ainsi déposé un dossier de revendication de plateau continental étendu auprès de la commission des limites du plateau continental. Cependant faute d’éléments géo-morphologiques concluants la demande a été rejetée le 14 juin 2002. On peut donc se demander si la Russie voit là une solution pour se diversifier de manière indépendante que ce soit vis-à-vis de l’Europe ou de l’Asie dans un futur plus lointain ?
Boutonnet Laura, Carmona-Murphy Kevin
Annexes
Annexe 3 :
vidéo sur les sanctions européennes:
http://www.france24.com/fr/20140912-UE-nouvelles-sanctions-contre-russie-economie-petrole-ukraine-union-europenne-france/
Annexe 6:
Bibliographie
Diplomatie GD, Affaires stratégiques et relations internationales, juin-juillet 2014
Géopolitique de la Russie, une nouvelle puissance en eurasie, Pascal Marchand, 2014
http://www.courrierinternational.com/article/2012/02/07/quelques-raisons-qui-expliquent-la-position-de-moscou-vis-a-vis-de-damas
http://www.leparisien.fr/international/syrie-les-violences-font-200-morts-apres-l-attentat-qui-a-frappe-le-regime-19-07-2012-2095267.php
http://www.huffpostmaghreb.com/2014/04/14/ukraine-russie_n_5145192.html
http://geopolitique2010.over-blog.com/article-tchetchenie-et-russie-histoire-d-une-tragedie-58989425.html
graphique Syrie :
graphique Nord-Caucasien
http://www.courrierinternational.com/breve/2010/01/20/nomination-d-un-monsieur-caucase-du-nord
graphique Ukraine
http://www.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Felectrodes.files.wordpress.com%2F2014%2F03%2Fmer_d-azov__azov_sea__map_04.jpg%253Fw%253D600&imgrefurl=http%3A%2F%2Felectrodes-h-sinclair-502.com%2F2014%2F03%2F02%2Fukraine-victime-d-une-arnaque-economique-russie-us-eu-nato%2F&h=504&w=461&tbnid=OvOtwn6yj_1nfM%3A&zoom=1&docid=p2f2H83OyLFVBM&ei=Kg5SVLboCML6PKidgcAJ&tbm=isch&iact=rc&uact=3&dur=760&page=3&start=30&ndsp=15&ved=0CK4BEK0DMCw
graphique gazoducs :
http://www.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fcourrierint.com%2Fimg%2Farticle%2F949RussieGazprom.jpg&imgrefurl=http%3A%2F%2Fwww.courrierinternational.com%2Frevue-de-presse%2F2009%2F01%2F19%2Fle-nouveau-grand-jeu&h=409&w=470&tbnid=S8LoN_87QT0c8M%3A&zoom=1&docid=4RKJsh2tK6dfqM&ei=-iZGVOGvKdPVaoe4gtgC&tbm=isch&biw=1137&bih=527&iact=rc&uact=3&dur=6&page=1&start=0&ndsp=15&ved=0CCgQrQMwAg
graphique OTAN et OCS :
http://www.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fjournal-audible.org%2Fwp-content%2Fuploads%2F2012%2F11%2Fotan-monde-geopolitique-club-shanghai.jpg&imgrefurl=http%3A%2F%2Fjournal-audible.org%2Fotan-et-hollande-on-avait-sans-doute-mal-compris%2F&h=1241&w=1754&tbnid=jhy2nJi9oTsABM%3A&zoom=1&docid=qmIKcjD8NnynkM&ei=qRxGVJTiF9TharingsgP&tbm=isch&iact=rc&uact=3&dur=1317&page=1&start=0&ndsp=10&ved=0CCIQrQMwAA
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