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Qu’est-ce que l’anthropocène

L’anthropocène se réfère à la caractérisation, qui fait encore débat, d’une période de la terre où les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l‘écosystème terrestre. Plus spécifiquement, l’anthropocène serait la période durant laquelle l’influence de l’être humain sur la biosphère a atteint un tel niveau qu’elle est devenue une force géologique majeure capable de marquer la lithosphère. L’anthropocène est une ère géologique qui succèderait à l’holocène. C’est une catégorisation qui fait encore débat, quant à son affirmation même « d’ère géologique » mais aussi quant à sa date de commencement.

D’autres discussions émergent mais tous les tenants des débats reconnaissent la responsabilité de l’Homme. Si tous admettent son impact sur la planète, sa capacité à maîtriser son changement ne fait nullement l’unanimité. En prenant conscience de son empreinte sur la planète, l’Homme devrait en accepter la responsabilité.

Il est trop tôt pour pouvoir juger concrètement de l’empreinte de l’Homme sur la planète. Cependant, certains signes pointent indéniablement sur une origine humaine des transformations environnementales. La question est donc de savoir si nous prenons en mains nos responsabilités et que nous agissions aujourd’hui pour demain. Toutefois, les obstacles politiques liés à des enjeux géopolitiques sont une menace certaine pour aller dans le sens d’une coopération globale pour la préservation de l’environnement.

Les obstacles géopolitiques

L’homme serait donc devenu la principale force de transformation du système. Le défi de cette période est de préserver l’habitabilité de notre planète. Cette cause ne contient pas seulement des problématiques environnementales, mais a bien des enjeux économiques et géopolitiques. Le changement climatique d’origine anthropique est un problème global, au sens géographique, comme au sens littéral. Si le dérèglement climatique est une problématique d’envergure civilisationnelle (changements de nos habitudes et modes de vie et de production), sa résolution aura inévitablement des implications géopolitiques. La transformation de modes de vie déjà bien inégaux ne se fera pas sans tensions.

Une des explications des sources de ces tensions provient du fait que la géographie des émissions ne correspond pas à la géographie des impacts. Nous avons une double injustice qui instille les frustrations. Les États les plus exposés ne comptent pas obligatoirement parmi les plus riches (ni parmi les plus pollueurs), et ne seront pas tous en mesure de mettre en place les politiques nécessaires à la protection de leur territoire, des populations et des activités économiques.

Le changement climatique conditionne donc l’apparition de problématiques géopolitiques en lien avec la nécessité d’éradication de ses causes. Le fait que la géographie des émissions ne corresponde pas à celle des impacts a alors, de ce point de vue, deux implications : l’existence d’une géopolitique de l’atténuation résultant de l’expression de rapports de force internationaux dans le partage du fardeau et celle d’une géopolitique de l’adaptation découlant pour sa part des décisions que prendront les États pour réduire leur vulnérabilité.

Qu’y a‐t‐il de plus dangereux pour un État, quel qu’il soit, que de sentir menacé le modèle selon lequel il est bâti ? Refondre notre approche de la croissance et repenser l’organisation de nos économies mondialisées – qui reste la seule façon d’obtenir un résultat dans la lutte contre le changement climatique – ne se feront donc pas sans heurts, car cela soulève des enjeux colossaux. Ces enjeux engendreront des modifications des rapports de force internationaux, voire des problématiques sécuritaires. De ce fait, si l’énergie, la mondialisation, l’agriculture, le transport ont leur géopolitique, celle du changement climatique se situe au point de confluences.

Trois conséquences du changement climatique sont susceptibles de provoquer des troubles sécuritaires : les migrations écologiques, la compétition pour les ressources (existantes ou à découvrir) et la fragilisation des États.

On sait que des migrations soudaines et importantes conjuguées à des antagonismes historiques suffisent à provoquer un drame humain qui peut dégénérer en affrontement voire en conflit (Darfour). Le chiffre de 200 millions à 1 milliard de migrants « climatiques » d’ici 2050 est avancé, mais reste bien difficile à évaluer.

La raréfaction des ressources (hydriques notamment) sur un territoire, en lien avec les manifestations du changement climatique, peut produire des tensions.

Le potentiel crisogène du changement climatique doit encore faire l’objet d’étude. La définition la plus raisonnable semble être aujourd’hui celle du CNA (Center for Naval Analyses) qui, en 2007, parlait de « threat multiplier » ou multiplicateur de menaces.

L’adaptation au changement climatique fait désormais partie des préoccupations, plus particulièrement la question de son financement, deuxième blocage majeur du processus onusien. En effet, les oppositions Nord/Sud se nourrissent également des lancinants débats autour de cette problématique.

La principale conséquence des négociations ralenties reste la difficulté de faire émerger un front commun Nord‐Sud regroupant des pays responsables et volontaires face aux États récalcitrants à prendre des engagements ambitieux comme les États‐Unis, le Canada, l’Australie, la Russie, mais aussi au Sud comme la Chine ou l’Inde.

Les politiques d’adaptation aux changements climatiques font indéniablement partie de la solution. Toutefois, la volonté de se préserver des manifestations déjà observables du changement climatique peut conduire au développement de politiques aux effets potentiellement néfastes : l’accaparement des terres et la géo‐ingénierie

L’agriculture étant l’activité économique la plus dépendante du climat, l’accaparement des terres peut se concevoir comme une politique d’adaptation au dérèglement climatique. Le phénomène de captation des ressources agraires par certains états soucieux de conserver leur indépendance alimentaire provoque déjà des tensions entre pouvoirs publics, entreprises et communautés locales.

La géo-ingénierie, ou ingénierie climatique consiste pour sa part en la manipulation délibérée de l’environnement via des moyens techniques et technologiques pour contrecarrer le changement climatique d’origine anthropique. Les solutions qu’elle préconise s’appuient essentiellement sur deux méthodes : l’extraction du dioxyde de carbone de l’atmosphère et la modification du rayonnement solaire. Le problème réside dans le fait que les conséquences sur le climat d’un recours massif à ce type de solutions – dont l’efficacité n’est pas démontrée – sont inconnues. Si tous les États commençaient à organiser des expérimentations, la situation pourrait rapidement devenir incontrôlable. Cela pourrait, selon le contexte, provoquer des tensions diplomatiques, voire militaires.

On constate donc que les conséquences géopolitiques potentielles du changement climatique ne manquent pas : tensions entre États, remise en cause du modèle économique dominant, compétition pour les ressources, crises liées aux flux de migrants, conflits découlant des politiques d’atténuation et/ou d’adaptation. Il apparaît de plus en plus évident que l’accord qui sera peut-être signé lors de la COP21 ne proposera pas, en raison des blocages évoqués supra, de réductions drastique des émissions.

 

Sources :

  • BASTIEN, Alex, Changement Climatique, l’Enjeu Géopolitique Majeur de l’Anthropocène, 2015, Observatoire Géopolitique de la Durabilité, IRIS.
  • Center for Naval Analysis, National Security and the Threat of Climate Change, 2007: securityandclimate.cna.org
  • CRUTZEN, J. Paul, Geology of Mankind, Nature, vol 415, Janvier 2002.
  • SEO, Kihwan, RODRIGUEZ, Natalia, Land Grab, Food Security and Climate Change : A Vicious Circle in the Global South, 2012.

Catégorie : Grands enjeux

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