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La guérilla urbaine est une guerre asymétrique opposant des groupes armés à un gouvernement en milieu urbain. Si elle désigne tout d’abord une stratégie militaire aux méthodes et aux objectifs précis, le terme désigne de manière courante tous les combats de type guérilla, mais aussi toute situation émeutière, sans que les mouvements ou événements concernés se revendiquent expressément de la théorie.

Ces manifestations peuvent traduire une opposition idéologique radicale face au gouvernement ou être guidées par des intérêts purement économiques (cas des gangs et mafias qui recherchent le contrôle de zones stratégiques au cœur des villes afin d’y établir leur business).

La guérilla urbaine procure à ces instigateurs de nombreux avantages tactiques permettant de pallier à un manque en termes d’armement ou à un sous-effectif. Parmi ces avantages, on peut citer le fait de se mêler aux parties civiles et par conséquent être difficilement identifiable, ce qui pose des difficultés pour les forces de l’ordre.

Traditionnellement, la guérilla, contrairement au terrorisme, ne vise pas les civils. Cependant la guérilla urbaine, elle, peut même aller jusqu’à utiliser le terrorisme en tant que stratégie militaire.

Nous avons choisi de nous pencher en particulier sur le cas de l’Amérique Latine, continent sur lequel les disparités sociales sont très importantes, notamment dans les grandes villes, ce qui favorise la montée des conflits. Il s’agira de voir de quelles manières évoluent ces mouvements sociaux. Pour cela nous étudierons l’origine politique des guérillas, ensuite nous analyserons le développement de ces mouvements sociaux et enfin nous analyserons une des guérillas des plus connus : la guérilla des Tupamaros.

I. Origines et moyens des guérillas politiques 

La guérilla urbaine est une théorie militaire née dans les organisations d’extrême gauche sud-américaines. L’histoire de l’analyse de l’apparition de ces mouvements sociaux, s’est montrée courte dans le temps mais très dense, en particulier depuis les années 1960.  Cette analyse s’est entachée d’un étrange paradoxe. Nous verrons que ces contestations sociales ont été rapidement associées à d’importantes actions collectives des plus souvent violentes. L’analyse de l’apparition de ces mouvements est théorisée par Carlos Marighella, politicien brésilien extrémiste convaincu de la nécessité de la lutte armée contre les régimes militaires, notamment à travers son  manuel de guérilla urbaine contenant toutes les informations nécessaires à la formation d’un mouvement guérillero.

Les guérillas urbaines sont dirigées par les élites des groupes souvent poussées par la pensée, que la lutte armée est le seul moyen de sortir d’une situation politique bloquée. Ceci est principalement l’idéologie des Tupamaros. Le Mouvement de Libération Nationale-Tupamaros en Uruguay est l’une des rares guérillas latino-américaines qui soit parvenue à conquérir le pouvoir de manière démocratique. D’autres mouvements sociaux, comme les Fuerzas Armadas Peronistas en argentine, s’explique par le fait de vouloir faire tomber la dictature de leur pays.

Ainsi pour exprimer leurs contestations face au régime politique de leur pays, les organisations de guérilleros font appel à d’importants moyens.

En effet les groupes mettent en place des stratégies violentes afin de choquer et marquer les personnes extérieures et permettre la diffusion plus rapide de leurs pensées. La nature et l’environnement de la guérilla urbaine ne permettent pas d’opérations psychologiques par des médias, c’est la raison pour laquelle les organisations se réfèrent plus aux contacts humains directs sur le terrain.  Cette contestation politique et motivation sont rendues possibles grâce à l’utilisation de la propagande pour faire appel au peuple. Par exemple dans son Manuel du guérillero urbain, Carlos Marighella évoque le fait suivant « Le guérillero urbain se caractérise par le courage et l’esprit d’initiative », cela signifie que le guérillero vaincra les forces plus puissantes grâce à son courage mental, sa capacité d’imagination qui lui donnera une supériorité morale en addition aux préparations techniques d’attaques que ce dernier aura apprit avant d’adhérer à un mouvement guérillero. De plus à l’aide d’harcèlements, d’embuscades et de coups de main menée par des unités régulières ou des troupes de partisans sans ligne de front, les groupes guérilleros obtiennent un soutien considérable de la population locale. D’autre part, ces combats menés par des groupes développés et expérimentés en terrains connus permettent aux guérilleros de piéger plus facilement l’ennemi après l’avoir rapidement attiré par surprise dans des points d’étranglements comme les impasses, cul-de-sac, etc….

Enfin nous avons pu noter que les guérillas urbaines naissent communément d’un sentiment de solidarité des peuples et des rebellions. Et ce, face à un contexte national, parfois même international ou la tendance générale est à la révolution contre le gouvernement et la lutte contre la guerre.

II.               Contexte politique favorable au développement des guérillas

La guérilla nait généralement dans un contexte politique bien particulier. C’est en effet essentiellement une guerre politique. Les acteurs de la guérilla urbaine se battent par idéologie et l’on peut constater que ces guerres irrégulières naissent souvent dans un contexte dictatorial.

Ainsi, les principaux mouvements révolutionnaires prônant la guérilla urbaine en Amérique latine voient le jour alors que les gouvernements en place ont été instaurés de manière autoritaire, la plupart du temps dirigés d’une main de fer par des militaires :

–          L’armée révolutionnaire du peuple (ERP), en Argentine, voit le jour en 1970 soit 4 ans après la « révolution argentine » de 1966 imposant une dictature militaire.

–          Le MR8 au Brésil voit le jour à la fin des années 60, le régime militaire ayant été instauré en 1964.

–          Le MIR (mouvement de gauche révolutionnaire) est fondé au Chili en 1965, alors que des militaires se succèdent au pouvoir depuis les années 1930 (à l’exception de Juan Perón, populiste avec qui le partage des richesses est moins déséquilibré au début mais qui va pratiquer à son tour l’autoritarisme dans les années 1950 pour conserver le pouvoir, sera chassé par un coup d’état en 1955)

On peut constater que l’ensemble des mouvements révolutionnaires d’Amérique latine au XXe siècle sont fortement imprégnés par le communisme, bien qu’ils se distinguent en empruntant des voies quelque peu différentes (marxistes, léninistes, trotskistes..).

Expliquons cette emprunte idéologique par un contexte y étant favorable : Nous sommes en effets en pleine guerre froide et l’URSS, porte drapeau de l’idéologie communiste ne s’est pas encore effondré. A l’époque, nombre d’intellectuels, sont convaincus des vertus du communisme comme organe permettant la réduction des inégalités et de la pauvreté. Les grands penseurs communistes ont une toute autre influence que celle qu’ils exercent aujourd’hui puisqu’à l’époque, le recul permettant de constater de l’absurdité d’un tel système politique n’est pas suffisant.

Ainsi, les leaders prônant la guérilla urbaine vont être influencés par ces idéologies antilibérales et seront soutenus par de nombreux intellectuels, y compris en Europe occidentale (Jean Paul Sartre, Louis Aragon..).

Mais c’est le succès de certaines révolutions communistes, et notamment la révolution cubaine de 1959, qui mis fidèle Castro au pouvoir, qui aura le plus d’impact en Amérique latine. Ce nouveau chef de la nation cubaine sera effectivement un exemple.

Institué en 1964, le régime militaire se termine en 1985 après une volonté de démocratisation.

À partir de 1964, l’état de droit est progressivement violé: tandis que, pour beaucoup, le coup d’Etat n’ouvrait qu’une sur “une remise en ordre” anti-communiste provisoire du pays dans le contexte de la Guerre froide, les militaires vont se maintenir durablement au pouvoir et progressivement installer une véritable dictature. Le Brésil précède ainsi de nombreux autres pays d’Amérique latine (coup d’Etat du général Onganía en Argentine, en 1966; coup d’État du 11 septembre 1973 au Chili par Pinochet; coup d’Etat en 1973 de Juan María Bordaberry en Uruguay, etc.). Soutenu par les Etats-Unis, qui reconnaissent immédiatement le nouveau régime, le putsch de 1964 a été préparé par une longue assimilation des officiers de l’armée brésilienne par la doctrine de sécurité nationale et les théories de la guerre contre-révolutionnaire, qui attribuent un rôle politique et administratif aux armées, en accentuant l’importance de la population civile dans la conduite de la guerre.

Bien qu’en 1964, aucune guérilla ni mouvement armé de gauche n’existât au Brésil, ceux-ci étant nés précisément en réaction à la dictature militaire, les généraux justifient leur putsch par l’apparition du communisme, qui a pris après la révolution cubaine de 1959 un relief particulier en Amérique latine. La Constitution est suspendue, le Congrès dissout et le président s’approprie des pouvoirs dictatoriaux, tandis qu’une guerre contre-insurrectionnelle est mise en place, d’abord avec la création, dès 1964, du Centre d’instruction de la guerre dans la jungle à Manaus. Des escadrons de mort sont mis en place par l’État pour traquer toute forme d’opposition. La période s’étendant de 1968 à 1974 est connue au Brésil sous le nom d’années de plomb.

Dès les années 1970, Brasilia a participé à l’Opération Condor, vaste plan de coordination entre les dictatures militaires latino-américaines afin de lutter contre les opposants aux régimes militaires, dans tout le continent. Cette opération a été à l’origine de centaines de morts. On dénombre, au Brésil, un grand nombre de groupes armés révolutionnaires qui se sont formés en réaction contre la dictature militaire. La plupart d’entres eux ont pris forme dans les milieux étudiants. Parmi eux, on peut citer le MR-8, plutôt basé sur Rio de Janeiro, ou l’ALN (Action de libération nationale), basé sur São Paulo. Dès novembre 1969, Carlos Marighella, est assassiné par les forces de l’ordre brésiliennes.

La dictature n’a pris fin qu’en 1984.

Ce régime fut critiqué pour l’augmentation de la dette brésilienne qu’il accumula, ainsi que pour sa nature répressive : des centaines de Brésiliens ont été déportés, emprisonnés, torturés ou tués. La censure était fréquente.

Donc nous avons noté que ces guerres réalisées en milieux urbains engendrent beaucoup de dégâts économiques, sociaux  ainsi qu’une peur général des peuples. Pour limiter la propagation de ces mouvements, les états mettent en place une importante répression exercée par la mobilisation des forces puissantes radicales.

–         La guérilla chez les Tupamaros

C’est suite à la mort de Guevara, apparait en Amérique Latine le mythe de la « guérilla urbaine » en particulier avec le Mouvement de Libération Nationale-Tupamaros né entre 1960 et 1970.  Ce mouvement créé par Raúl Sendic a vu le jour en Uruguay et vanta rapidement, grâce à ses objectifs révolutionnaires le mythe de guérilla ainsi que l’action directe. Les groupements Tupamaros sont fondés sur la lutte des classes et favorisant la lutte armée sous la forme quasi-exclusive du terrorisme dans un pays aux politique non démocratiques. Cette force partisane adopte une stratégie de guérilla ayant pour finalité de renverser la dictature et les rapports de force pour régner ensuite. Les Tupamaros s’opposent aux personnes aisées et apportent de l’aide aux plus pauvres. Les chefs des Tupamaros recrutent des jeunes de gauches ou extrême gauche, des travailleurs, ouvriers, fonctionnaires et quelques bourgeois afin d’attirer un maximum de soutien de toute part de la population. Une fois le mouvement bien fondé, les membres se lancent dès 1963 dans diverses actions de troubles sociaux pour atteindre leur but. Ces actions n’ont pas pour but de mettre  en danger la population civile, uniquement marquer le gouvernement et montrer un fort mécontentement.

Dès la fin des années 1960, d’importants sabotages ont lieu, des vols, des attaques de postes de polices de bases militaires afin de piller armes et munitions. Ces mouvements extrémistes vont même jusqu’à effectuer des enlèvements. En effet dès juillet 1970 une série d’enlèvements a lieu, en commençant par Dan Mitrione, agent du FBI, puis exécuté lorsque le gouvernement uruguayen refusa la libération de Tupamaros. Mais aussi l’enlèvement au début des années 1970 de Geoffrey Jackson, ambassadeur britannique ou encore Nelson Bardesio membre de la police et d’importantes personnalités encore sont kidnappés par les Tupamaros espérant en échange la libération des leurs ou de fortes rançons. Un des principaux chefs des Tupamaros, Eleuterio Fernandez Huidobro participe à l’évasion d’une centaine de prisonniers de la prison de Punto Carretas. Suite à ces violences urbaines sans limites, la police chargée de combattre et capturer les Tupamaros n’est pas suffisante, ce sont à partir de là aux forces armées uruguayenne de réagir. En 1971, le terrorisme contre le gouvernement se poursuit, la police militaire doit rassembler ses ressources et l���armée utilise des répressions sévères, des tortures et autres moyens pour stopper le mouvement Tupamaros.

C’est en 1972 après de longues années de courses derrières ces groupes révolutionnaires prêts à tout pour renverser un gouvernement qui ne leur convenait pas, que l’armée réussie à détruire les Tupamaros. Certains dirigeants seront alors emprisonnés ou contraints à l’exil durant des années.

En conclusion, nous avons pu voir d’après les analyses réalisées que les guérillas urbaines les plus violentes naissent plus facilement dans des pays en difficultés et avec d’importantes disparités. D’autre part la naissance de ces guerres irrégulières n’est pas sans raison, puisque nous avons constaté leurs apparitions en général durant un contexte politique très instable. Enfin, l’étude du cas des guérillas Tupamaros, nous a permis d’observer précisément les principales actions mises en places par les membres extrémistes adhérent à ces organisations violentes. Cependant, ces guérillas urbaines ne touchent pas seulement l’Amérique Latine, mais l’ensemble du monde. Comme la Turquie, le Pakistan, etc..,  mais aussi plus proche de nous, en 2005, la France n’a pas été épargnée par les violences urbaines et l’apparition de gangs organisés qui ont causé des blessés et dégradations de grandes ampleurs.


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